Depuis
qu'il a ouvert le bal en HD avec son quatrième épisode, GTA est
resté le maître étalon des jeux à univers ouvert. Saints Row a
bien proposé une alternative intéressante, Mafia avait également
pu séduire par son style bien particulier. C'est aujourd'hui la
seconde itération de Mafia sur support haute définition. Les
mafiosos sont attendus au coin de la rue, la qualité des images de
préversions laissait envisager le meilleur.

L'histoire
commence au début du 20ème siècle. Vito Scaletta est le fils d'un
immigré italien qui a fui le régime fasciste pour chercher fortune
à New-York. Il n'y trouvera que la pauvreté et la misère. Enrôlé
dans l'armée Vito retournera au pays pour débarquer en Sicile. De
cette période il retirera une blessure et une certaine expérience
des armes. Démobilisé grâce à l'aide et aux magouilles d'un ami,
il sera vite attiré par l'argent facile des petites combines. Petite
combines qui vont se transformer en grand banditisme. Vito est en
pèlerinage dans la Mafia.

Ambiance Dick Tracy

L'escapade
dans l'armée tient lieu de didacticiel musclé pour apprendre à
manier le personnage. Les phases d'action sont classiques mais
efficaces. Le système de couverture permet de se mettre à l'abri
derrière divers objets. Murs, caisses, voitures... Il faudra même
parfois faire preuve de discrétion en restant accroupis et hors de
vue. Cette formalité expédiée, Vito retrouve le pays. Et les
années 40 possèdent un charme bien particulier, tout d'abord
installé par une bande sonore de qualité. La tracklist fait la part
belle aux morceaux des années 50 (pour la seconde partie du jeu) et
de grands classiques se chargent d'habiller les années 40. Trois
radios offrent au joueur la possibilité de passer des morceaux dits
classiques ou plus pop.

La
ballade dans le New-York (la ville n'en porte pas officiellement le
nom, mais tout le monde l'aura reconnue) des années folles est
immersive. Cet univers est bien vivant et pour peu que l'on souhaite
flâner et observer tout ce petit monde on peut même intervenir dans
certaines conversations. Par exemple ce couple qui s'enguirlande
joyeusement pendant 5 minutes
finit par se quitter fâché. Monsieur
laisse madame se débrouiller avec la panne moteur de la voiture.
Vito ne tarde pas à proposer ses services et à réparer l'engin. Un
acte presque gratuit, puisqu'en dehors d'un succès, il ne change
rien au déroulement de l'histoire. Des débuts prometteurs, mais on
ne trouve malheureusement que trop peu ces apartés alors que le
décor et les personnages qui le peuple s'y prêtent à merveille. Le
nombre de véhicules frise la cinquantaine et leur comportement est
variable en fonction de leur type (coupé sport, cabriolet, utilitaire,
camion et même bus).

Quelques
magasins offrent leurs prestations aux mafiosos. Restaurant pour se
refaire une santé, garages pour repeindre ou améliorer une voiture
(la personnalisation des plaques est une option sympathique),
armureries pour faire le plein de munitions. Il y a même des
stations services qui ne servent à rien, puisqu'il est presque
impossible de tomber en panne d'essence (on peut y faire le
plein...). Ah si, il y a une mission de livraison dans ces endroits.

Ce décor
et les intérieurs qui le concernent vont évoluer en changeant de
décennie. Le travail d'archives et de reproduction est
impressionnant. Techniquement le résultat est au dessus de la
concurrence sur le secteur. Les expressions et les mouvements des
personnages sont du même acabit.

Un goût d'inachevé

Les
péripéties de Vito et de son acolyte bénéficient d'une narration
impeccable. Les dialogues font mouche, la psychologie des personnages
est développée. L'excellent doublage n'est pas étranger à ce bon résultat.  Revers de la médaille, si on est bien plus
intéressés par l'histoire de Vito que de celle de Niko (GTA 4), il
n'y a pas grand chose à faire dans la ville. Le côté bac à sable
manque de développement. Cette ville est tellement belle que l'on
aimerait pouvoir flâner et faire quelques courses, rentrer dans un
cinéma, boire un verre dans un bar... D'autant que le potentiel est
présent ! Toutes ces devantures riches en détails sont autant
d'invitations à entrer pour découvrir l'envers du décor. Sous la neige, la pluie, de nuit, de jour, la photographie est belle !

Les
phases d'action elles aussi globalement satisfaisantes souffrent de
défauts qui auraient pu être corrigés avec un développement plus
long. Certains adversaires font mouche à des distances incroyables,
puis restent stupidement immobiles à découvert. Selon l'orientation
du personnage principal, il se plaque contre le mur ou la caisse
adjacente. Mais ce choix est parfois empirique entraînant une
hésitation fatale en pleine fusillade. La boxe à mains nues fait
exception tant son système est équilibré et exempt de défauts.

Tout
au
long du jeu, la même impression. Il y a tellement de bonnes idées,
de lieux modélisés, de principes intéressants à exploiter qu'on
se demande bien pourquoi 2K Games n'en a pas profité. Surtout qu'il
s'agit d'une suite et non d'une nouvelle licence. L'absence de mode
multijoueur vient encore renforcer ce goût d'inachevé. Du coup, la
douzaine d'heures pour terminer le jeunous laisse également sur notre
faim. Il y a bien quelques photos de charme à chercher ça et là pour
l'anecdote et il est amusant de noter la différence de traitement de
nudité en photographie de charme.

L'explication des carences de Mafia 2
est toute simple : le développement a très certainement été soit
amputé soit déterminé sur un délai trop court. On peut imaginer
toutes sortes de raisons (un manque d'ambition ?) dont la plus optimiste serait d'envisager un
Mafia 3 hyper complet et donc déjà en chantier. Ce qui est
appréciable en tout cas, c'est de proposer un jeu au tarif très
compétitif de 40€. C'est d'ailleurs ce qui sauve complètement
Mafia 2. Au prix fort, il eut été scandaleux de proposer un contenu
manquant de finition (non sur la forme, mais sur le fond). Mais à
40€, c'est un divertissement agréable et une aventure dépaysante
dans les années folles américaines et la Mafia New-Yorkaise.

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