Virginia commencé... et terminé dans la foulée.

Verdict ?
Waow.
Juste waow.

Je n'aurais pas pu choisir jeu plus différent d'Uncharted pour poursuivre mes aventures next gen, mais c'était le but et il est atteint dans les grandes largeurs.

Et si les premières minutes souffraient de la comparaison, de par leur mollesse et leur dirigisme (on est loin de Nathan Drake qui saute de falaise en falaise en canardant tout ce qui bouge), en moins de temps qu'il ne m'en aura fallu pour rédiger ce semblant de review, j'ai été embarqué.

Bien sûr, si on l'envisage comme un jeu, Virginia est un naufrage : un walking simulator, privé de ce qui fait l'attrait de ce genre de productions - la liberté de mouvement et l'éclatement narratif -, dans lequel l'interaction se réduit au minimum sans que jamais on ne vous laisse vous écarter des rails ou aller à l'encontre de ce que commande le script (et pourtant, Dieu sait qu'on voudrait, par moment). De ce point de vue, inutile de dépenser votre argent, regarder un walkthrough sur Youtube reviendrait au même.

Envisagé en tant qu'oeuvre, et plus particulièrement en tant qu'expérience narrative, par contre, Virginia est magnifique de bout en bout. Pour les yeux, bien sûr, même s'il aliase souvent et si le motion sickness n'est pas toujours loin. Pour les oreilles, ensuite, grâce à ces partitions sublimes, transfigurées par l'orchestre philharmonique de Prague, qui donnent aux scènes qu'elles illustrent une force émotionnelle peu commune. Pour le coeur et pour la raison, enfin, grâce à ces personnages auxquels on s'attache plus vite qu'on ne le pressent, et cette intrigue alambiquée qui vous prend aux tripes et qui ne vous lâche pas avant d'avoir fait un paquet de noeuds avec. Et quelle audace indécente, encore, dans le choix d'un récit muet pour porter un récit aussi complexe !

Autant dire, alors, qu'en dépit de sa courte durée de vie, l'oeuvre vaut son pesant d'euros.
On a beaucoup parlé de David Lynch, à raison : l'influence est manifeste, surtout lors du final (magnifique). Mais c'est surtout à Memento qu'on pense pendant les trois premiers quarts du voyage, tant ce film-jeu parvient à installer le même genre d'ambiance, la même forme de désorientation, tout en suscitant la même curiosité et les même gambergeages à fond les turbines.

Alors oui, arrivé en bout de course, on n'a pas tout compris, c'est certain. On a quelques grandes lignes, si on a été attentifs, mais il reste à démêler l'écheveau de rêves, de visions, de flashbacks pour donner (peut-être ?) du sens à l'ensemble.

On pourrait s'en fâcher. Crier à l'escroquerie.

Seulement ce serait oublier que même sans tout comprendre, on a tout ressenti. Et que ce qu'on a ressenti était tellement fort, et beau, et brillant, qu'on n'a pas forcément besoin d'y mettre du sens.

On y reviendra, c'est certain.
Parce que contrairement aux walkings simulator, on peut y revenir, encore et encore, comme on regarderait un excellent film.

Or gageons que comme un excellent film, l'expérience Virginia s'enrichira de chaque nouveau visionnage.

Encore, et encore.

 

Et encore.