GAMEBLOG : Duke, ça n'est pas passé loin face à Fnatic Academy en playoffs des Challenger Series. Que vous a-t-il manqué pour accéder au tournoi de promotion des LCS ?

Duke : L'avantage que Fnatic Academy avait, c'était son expérience du jeu sur scène. C'était différent de ce à quoi nous étions habitués pendant la saison régulière, à savoir jouer depuis notre gaming-house. C'est important, surtout à ce niveau-là. On l'a vu dans les Challenger Series, où les équipes ont beaucoup de mal à se qualifier pour les LCS. Fnatic avait de nombreux joueurs avec énormément d'expérience là-dessus. Leur expérience aussi des BO5 (rencontres au meilleur des cinq matches) était aussi une approche différente des matches classiques. Ensuite, in game, ça ne s'est pas joué à grand-chose.

À quel moment la partie a véritablement basculé selon vous ?

Je pense notamment à la game 3, qu'on aurait pu gagner si on avait joué un peu plus proprement. On n'est passé loin, mais ils avaient une meilleure maîtrise de la stratégie en 1-3-1 (qui permet de mettre la pression aux quatre coins de la carte avec des champions et d'éviter les rendez-vous groupés), contre laquelle on n'a pas toujours brillé à l'entraînement. C'est ce qui nous a fait défaut contre eux pendant la saison régulière et pendant les playoffs.

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Pour votre directeur sportif, Bora "Yellowstar" Kim, vous aviez de meilleurs éléments sur le papier que ceux de Fnatic Academy. Pourquoi l'alchimie n'a-t-elle pas opéré ?

Individuellement, on avait peut-être des meilleurs joueurs, oui. Mais Fnatic Academy, de toutes les équipes en Challenger Series, était celle qui jouait le mieux ensemble. Ils avaient un meilleur jeu d'équipe. C'est là qu'ils nous ont baladé. Sur la carte, ils étaient plus efficaces dans leurs prises de décisions, ils suivaient le même mouvement, quand nous parfois on n'avait pas la bonne coordination. On n'est encore qu'une équipe Challenger, on joue ensemble depuis trois mois, on a deux joueurs coréens (Blanc et Pilot), donc pour la communication, ce n'est pas aussi facile. C'est vraiment ça qui a fait la différence, le jeu d'équipe. Nous, on était une équipe, mais une équipe pas coordonnée.

Dans la tête des gens, on était favoris parce qu'on s'appelait le PSG

Vous parlez des différences de nationalités au sein de l'équipe (deux Coréens, un Finlandais, un Suédois, un Néerlandais et un Français composent le roster, ndlr). Y avait-il des "clans" ?

Non, il y a toujours eu une bonne entente entre les joueurs. De devoir se remettre en question et de travailler ensemble dans l'adversité, ça a vraiment créé un esprit de groupe. Progressivement, on s'est amélioré, jusqu'à cette fin de saison où on a commencé à jouer pas mal.

Revenons sur le début du Winter Split. La pression s'installe d'entrée sur vos épaules, avec deux défaites lors de vos deux premiers matches.

Il y a eu un moment assez dur, c'est vrai. On craignait que ça arrive. J'ai toujours essayé de remonter le moral des troupes, même s'il y a eu des moments assez durs, je pense à la deuxième défaite contre Schalke. On se remettait en question en permanence. On savait que dans la tête des gens, pour les gens de la communauté, on était favoris parce qu'on s'appelait le PSG, alors qu'on avait un niveau quasi équivalent à celui des autres équipes, à part Schalke. On était dans une période de doute. Ça nous a permis de construire un meilleur projet pour la suite. Pendant les demi-finales contre Fnatic Academy, on ne s'est pas écroulé à la première difficulté, même si on a fini par perdre. On n'a pas démérité.

Puis vous avez procédé à un changement de joueur, avec l'arrivée d'un nouveau toplaner, WhiteKnight...

Ça a été un moment-clef. Il nous a apporté la confiance qui nous manquait. C'est un joueur qui est assez playmaker (meneur de jeu, capable d'initier des mouvements pour les autres, ndlr). Notre problème, c'est qu'on avait de très bons résultats à l'entraînement mais qu'on n'arrivait pas à reproduire ça en match. Cela a aussi été un déclic collectif au bout d'un moment. Quand on a enfin réussi à développer notre jeu et à avoir quelques résultats, on a moins joué dos au mur. Mais c'est sûr que WhiteKnight nous a apporté beaucoup de choses au niveau de la confiance.

Sera-t-il titulaire lors du Summer Split ?

A priori, il devrait le rester. Pour le reste, on verra. Il y aura aussi des remises en question individuelles. On va regarder ce qu'il est possible de faire pour améliorer l'équipe et être meilleur pour le prochain split. Cela peut passer par le même groupe. Après, s'il y a des changements à faire, on les fera.

Du changement, c'est possible

En parlant de changements, "Yellowstar" confiait récemment vouloir compter sur une doublure à chaque poste. On peut donc s'attendre à un recrutement massif dans les semaines à venir ?

Avoir des remplaçants à chaque poste, c'est le rêve de tout le monde. Mais malheureusement, cela pose des problèmes matériels et financiers qui ne sont pas forcément jouables, surtout pour une équipe Challenger. On n'a, a priori, pas la place dans la gaming-house. C'est vraiment intéressant en tout cas et c'est ce qui s'est passé d'ailleurs entre WhiteKnight et Steve (titulaire avant l'arrivée du nouveau toplaner). On a un joueur qui est un challenger pour le titulaire et cela les oblige tous les deux à devoir prouver qu'ils ont leur place dans l'équipe. C'est un petit peu le problème de l'eSport. Quand on a une line-up, on a assez peu de prises sur les joueurs pour leur imposer des contraintes, à partir du moment où ils n'ont pas de risques de jouer ou pas.

Mais doit-on s'attendre à un recrutement de la part du PSG eSports ?

On y pense, notamment pour un poste au moins. On ne pourra certainement pas le faire pour tous. Du changement, c'est possible. Mais il n'y a aucune décision de prise.

Finalement, cet échec face à Fnatic Academy a fini par permettre à l'équipe de montrer une vraie montée en puissance et une certaine marge de progression. Après coup, c'est plus une déception ou une belle promesse d'avenir ?

On est tous un petit déçus d'avoir échoué aussi près du but. Le tournoi de promotion était vraiment ouvert... Fnatic Academy et nous étions les meilleures équipes à ce moment-là de la saison. Mais c'est aussi assez prometteur. On partait de très loin et après les deux premières semaines, on ne savait pas si on allait accrocher les playoffs. Quand on voit la dynamique de groupe, les joueurs qui ont également progressé individuellement... tout cela me fait dire qu'on a des bonnes méthodes de travail. Le projet est sérieux et très bien encadré par le PSG. On a tout ce qu'il nous faut pour travailler correctement. Ça reste prometteur. Et puis, il ne faut pas oublier qu'il est plus dur d'aller en LCS que d'y rester.

On est bien plus rodé pour la saison prochaine

Pourquoi ?

En Challenger, on est obligé de tout gagner, alors qu'en LCS, on ne doit pas tout perdre. On voit des équipes se maintenir en LCS en ayant perdu quasiment toute la saison. Même si le niveau est moindre en Challenger, ça se discute quand on voit les équipes de ce niveau et le bas de tableau en LCS.

Comment abordez-vous le Summer Split ?

On va encore passer un split très difficile, je pense. La progression de l'équipe n'en sera que plus intéressante et plus forte. On va continuer de progresser. Comme ça, si on arrive en LCS en 2018, on pourra peut-être avoir directement des ambitions en LCS, même en venant des Challenger Series. On s'est beaucoup amélioré. On est bien plus rodé pour la saison prochaine. Après, encore une fois, le challenge sera plus difficile pour nous la saison prochaine en Challenger Series que si on avait été en LCS... même si on n'aurait pas visé le top des LCS. Il faudra encore une fois qu'on refasse nos preuves et qu'on regagne tout mais cette fois, on aura les armes pour le faire. Je sais qu'il y a un nouveau club de foot qui va débarquer (Manchester United), avec une line-up assez prometteuse. Il y aura de la concurrence mais je ne sais pas quelle équipe il y aura en Challenger Series.