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Rien n'est vrai, tout est permis.

C'est la première chose à laquelle beaucoup pensent quand on parle du Credo des Assasins, une phrase qui fait bien sûr partie de l'héritage de la série. Pour mieux la comprendre, j'appelle mon vieil ami Ezio Auditore da Firenze à la rescousse.

Dire que rien n'est vrai, c'est prendre conscience que les fondements de la société sont fragiles, et que nous devons guider notre civilisation.

Dire que tout est permis, c'est comprendre que nous sommes les architectes de nos actes, et que nous devons en assumer les conséquences, qu'elles soient glorieuses ou tragiques.

Live By The Creed

Le sens de cette phrase est globalement respecté par tous les protagonistes Assassins, et parfois même Templiers, de la série. Même Edward Kenway, malgré son désintérêt pour la chose au départ, assume parfaitement les conséquences de ses actes avant de mûrir et de devenir un véritable Assassin. C'est en effet ce que l'on peut comprendre dans l'excellent roman Assassin's Creed Forsaken que je vous invite à lire si ce n'est déjà fait.

Toutefois, le credo des Assassins ne se limite pas à cette phrase du Vieux de la Montagne, et contient trois règles de base. Des règles qui furent jadis oubliées par Altaïr durant sa jeunesse pour ceux qui se souviennent encore du prologue d'Assassin's Creed. "Ton épée ne versera pas le sang d'un innocent". Une chose difficile à concevoir, notamment et surtout d'un point de vue immersion du joueur, en incarnant un pirate portant sur lui quatre pistolets, deux épées et j'en passe, n'est-ce pas ?

"Montre-toi, mais reste invisible. Mêle-toi à la foule et ne fais plus qu'un avec elle". Très facile dans les rues de Damas, de Venise et bien sûr de Paris, beaucoup moins sur un bateau ou en plein milieu de la plage de Nassau. Et enfin, "Jamais tu ne mettras la fraternité en danger". Tout le contraire de ce qu'a fait Edward Kenway par exemple, car c'est justement pour avoir compromis l'intégrité de la Confrérie et mis les Assassins en danger que le pirate qu'il était sera poussé à agir pour les aider ; et ce même s'il a ça dans le sang, puisqu'il fait partie de la lignée paternelle de Desmond Miles.

Considérons donc maintenant AC Unity et voyons voir s'il porte bien son nom, aussi bien du côté Assassin's Creed que du côté Unity. En cette fin d'année, vous aurez l'occasion d'incarner Arno Victor Dorian, un nouveau protagoniste qui fera ses débuts dans la série. Il s'agit d'un homme en quête de rédemption dont l'histoire le conduira à se battre pour le peuple de Paris.

Bien que la Révolution soit une période très sanglante de l'Histoire de l'Humanité et de la France, l'immersion du joueur en tant qu'Arno, et j'insiste sur le mot immersion, devrait bien plus respecter le fait de ne pas tuer d'innocents que ce qui a été fait récemment dans la série. Arno, dont le prénom renvoie étymologiquement à l'aigle à l'instar d'Altaïr ou Ezio, est inspiré des deux premiers héros de la saga ! Par opposition aux Kenway qui essayaient eux de se démarquer, alors qu'ils sont pourtant des descendants de la lignée d'Ezio et de William Miles.

Arno est issu d'une famille de noble aristocrate, et dispose d'une attitude très similaire à celle d'Ezio Auditore, que ce soit au niveau de son humour ou de son ouverture d'esprit. D'ailleurs, même la coupe de cheveux de notre héros français n'est pas sans rappeler celle de l'Assassin italien lors de sa jeunesse.

Tout comme Ezio qui disposait de sa villa, Arno dispose lui de son propre café-théâtre dans Unity, avec de nombreuses activités et missions à la clé. Tout comme c'était possible dans Assassin's Creed II avec Ezio, Arno pourra s'équiper de différentes pièces d'armures de la tête aux pieds en influant sur les skills et les caractéristiques de votre personnage : défense, attaque, agilité, furtivité.

Cela était en effet déjà possible dans AC2 qui introduisait la chose pour la première fois, en influant toutefois uniquement sur la santé de l'Assassin. La personnalisation du héros s'était perdue au fil des épisodes les plus récents qui ne proposaient que des skins de personnages souvent sans intérêt. C'est donc avec plaisir que l'on constate que la customisation de son Assassin fera son grand retour dans Unity, et ce avec un système des plus complets.

De même, tout comme dans Brotherhood et Revelations, il est de nouveau possible de conquérir des districts ou d'acheter des monuments et autres cafés. Cela permet d'obtenir de nouvelles missions annexes scénarisées et donne lieu à un changement de la population locale des différents quartiers, souvent à votre avantage.

Tant de bonnes idées déjà présentes auparavant, et qui avaient disparu... pour mieux nous revenir ici dans un Paris plus vivant que jamais. Le retour aux sources se fait donc fortement ressentir dans le système de jeu et le gameplay en lui-même, sans pour autant être du réchauffé, mais bien quelque chose de neuf et de frais proposant un véritable feeling Assassin's Creed, ce qui conviendra aussi bien aux fans qu'aux néophytes.

Play By The Creed

Concernant la personnalisation d'Arno dans Unity, celle-ci sera valable à la fois pour la partie solo et la partie co-op. Cela implique l'achat d'armes (plus de 85 réparties en différentes catégories) et d'éléments d'armure (plus de 200, là encore dans des catégories distinctes) modifiant directement les statistiques de son personnage au niveau des piliers principaux de la série que sont la navigation, l'infiltration et le combat. Des piliers qui ont tous été repensés, à l'image de la navigation beaucoup plus fluide et permettant un véritable contrôle des escalades, aussi bien ascendantes que descendantes avec un mapping des touches différent. Il est ainsi recommandé de modeler son personnage à l'image de son propre style de jeu. Au-delà de l'équipement d'Arno, cela passe également par des compétences à acquérir, à l'image de ce que l'on peut retrouver dans Far Cry ou encore Watch Dogs pour citer d'autres productions Ubisoft.

De nombreux skills seront ainsi disponibles à l'instar d'une capacité de déguisement qui en visant un PNJ dans la foule vous permettra de prendre son apparence. Cela afin de mieux vous dissimuler, aussi longtemps que vous le souhaitez à partir du moment où vous n'entrez pas en profil actif, autrement dit en free-run ou en combat, ce qui est somme toute logique le but étant ici de rester discret. La célèbre vision d'aigle est également une capacité que vous aurez la chance de pouvoir améliorer durant votre partie. Pour la petite anecdote, celle-ci est de nouveau affiliée à la touche tête haute (Y/Triangle), comme c'était le cas à l'origine dans Assassin's Creed et Assassin's Creed II.

Le système de jeu de Unity a donc été totalement revu et refondu de façon à toujours proposer au joueur le sentiment de bien jouer un Assassin qui lui correspond, tout en respectant le fait qu'il s'agit bien d'un Assassin et non pas d'un "Assassinator". Même en investissant dans des skills pour obtenir un personnage plutôt doué pour le combat, il sera en effet désormais difficile de s'en sortir lors de rixes contre des ennemis en supériorité numérique.

Un système de parade est toujours mis à disposition du joueur pour déstabiliser l'adversaire et créer des ouvertures fatales, mais fini les contre-attaques ou les enchaînements qui tuent en un coup. On retrouve d'ailleurs la même approche dans Unity que dans Revelations, avec des factions ennemies et des factions alliées pouvant entrer en conflit et attirer l'attention d'une faction neutre : la Garde Nationale. La Garde Nationale, milice de Paris faisant office de police, devrait proposer les gardes les plus puissants de la série, rappelant les fameux Janissaires du Sultan d'ACR. Les combats doivent donc être considérés comme un échec et une punition pour un Assassin, qui se doit d'agir dans l'ombre sans risquer la vie d'innocents.

La difficulté des combats revue à la hausse s'accompagne d'une classification des missions, sanctionnant la difficulté de ces dernières. Ajoutez à cela les missions jouables en co-op qui peuvent aussi être jouées en solo, en le payant au prix d'une difficulté plus corsée (vous avez dit Destiny ?), et vous obtiendrez un challenge qui n'était pas vraiment présent auparavant. Une bonne chose en somme, notamment pour ceux qui s'en plaignaient.

Pour compenser les combats, l'infiltration a été quant à elle grandement repensée et on dispose désormais de la possibilité de passer en mode discrétion à sa guise et surtout quand on le souhaite, fournissant ainsi tous les outils dont le joueur à besoin pour s'en sortir. La séparation de la navigation et de l'infiltration évite aussi les problèmes liés au parkour qui étaient récurrents dans les précédents opus, à l'image du "Je veux me cacher là, et je me retrouve à escalader ce mur". Une infiltration plus poussée qui nous conduit ainsi à la deuxième règle du Credo des Assassins.

"Montre-toi, mais reste invisible. Mêle-toi à la foule et ne fais plus qu'un avec elle". Cette règle n'aura jamais pris autant d'ampleur dans la série que ce qui s'annonce dans AC Unity. Oui, il était possible de se mêler à la foule auparavant, et au tout début cela avait même un certain intérêt. S'infiltrer dans un bâtiment à l'aide des moines que l'on venait tout juste de sauver avec Altaïr dans AC1, se faufiler dans un groupe de courtisanes en compagnie d'Ezio pour mieux suivre sa cible dans AC2... Puis rien. Comment diable se mêler à la foule, qui n'existe presque pas, dans les rues de Nassau ou de New-York ? Surtout lors de missions où l'on doit suivre deux personnes tout en faisant attention à rester dans un cercle dont la sortie pénalise le joueur d'un game over si on ne suit pas un chemin quasiment prédéfini par le jeu.

Le credo n'avait plus aucun sens, le gameplay se retrouvait totalement incohérent par rapport au sujet principal et à la marque Assassins, et pour finir, le joueur finissait inévitablement frustré. Or, la foule est un des atouts de taille d'Assassin's Creed Unity, un atout qui couplé à certaines nouveautés de gameplay comme l'infiltration, en font véritablement une alliée pour l'Assassin Arno.

Technique Next-Gen au service du gameplay

Vous n'êtes pas sans savoir que le moteur Anvil Next qui a fait ses débuts dans Assassin's Creed III était avant tout pensé pour la Next-Gen. Les milliers de soldats livrant bataille en monde ouvert promis pour AC3 sont toujours aux abonnés absents, mais il semblerait que ces derniers se soient reconvertis en citoyens parisiens pour l'occasion. Anvil Next permet à AC Unity de bénéficier d'une ville de Paris modélisée à échelle 1:1, la plus grande ville jamais crée pour la franchise.

Paris propose des monuments entièrement modélisés à l'échelle, comme la Cathédrale de Notre-Dame, mais aussi d'autres environnements à l'image des Catacombes de la ville, pouvant sous-entendre le retour de missions type "Tombeaux d'Assassins" introduites dans Assassin's Creed 2.

Encore mieux, vous pourrez parcourir bon nombre d'intérieurs, et des milliers de personnages seront cette fois-ci bien présents dans les rues, de façon seamless et sans aucun temps de chargement. Tout cela donne envie et a en plus le mérite de concorder totalement avec la période historique couverte par Unity.

Se mêler à la foule dans une ville européenne urbaine et immense, comme jadis dans AC1 ou AC2, prend donc tout son sens dans le contexte de la Révolution Française et du Paris de la Révolution. Paris est donc à l'image du Jackdaw de Black Flag un personnage à part entière du jeu.

Paris, Versailles, Vendée, Saint-Denis

Toutefois, la révolution ce n'est pas que Paris, et l'on pourra retrouver également Versailles, mais aussi... La Vendée. Un environnement plus rural que Paris, dans l'Ouest de la France, et qui permet de traiter la Guerre de Vendée de la Révolution Française ! C'est en tout cas ce qui ressort de la récente fuite des trophées et succès du jeu. Un leak qui semble plus que crédible avec par exemple un trophée nommé "Viva la Vendée", clin d'oeil à la chanson "Viva la Vida" de Coldplay qui est explicitement liée à la Révolution Française et à Louis XVI. Le genre de clin d'oeil dont Ubi a l'habitude pour les achievements de ses jeux. Et en parlant du terrain de jeu de Unity, l'extension Dead Kings qui paraîtra après la sortie du jeu vous proposera quant à elle de visiter Saint-Denis, sur les traces des anciens rois du Royaume de France.

Hormis la foule et ce vaste open-world incluant Paris, Versailles et a priori la Vendée, c'est l'IA et le système de détection des gardes qui ont été totalement redéfinis pour plus de réalisme et d'accessibilité. Auparavant, en vous faisant détecter, c'était simple : soit l'Assassin était désynchronisé de la partie, soit tous les gardes de la ville lui couraient après en sachant exactement où il était. Ce dernier cas de figure ne se représentera plus, puisque Unity adopte la même approche que Splinter Cell. Pour rappel, Ubisoft Toronto et Jade Raymond, à qui l'on doit les dernières aventures de Sam Fisher dans Blacklist, travaillent également sur AC Unity. Notamment au niveau du mode co-op.

En pratique, le jeu génère un fantôme de vous-même correspondant à votre dernière position connue. Les gardes vont alors tenter de vous chercher, parfois en provoquant les civils, parfois en enquêtant autour de ce point et des cachettes à proximité. Libre à vous donc de vous fondre dans la foule et de vous échapper loin de là, ou bien de profiter de ce fantôme pour prendre les ennemis à revers et les attaquer en fonction de votre style de jeu.

Quant aux désynchronisations intempestives pour des raisons parfois très douteuses, cela devrait également être corrigé dans Unity. La plupart des missions s'adaptent en effet aux joueurs, et ce n'est donc plus aux joueurs de se plier au jeu, mais bien l'inverse, ce qui est une très bonne chose.

Si vous voulez foncer dans le tas, soit, libre à vous, on ne vous pénalisera pas par une désynchronisation directe, mais par des combats ardus qui vous compliqueront la tâche. Notez que vous êtes parfaitement libre de vous attaquer à une mission de difficulté élevée avec un personnage d'Arno peu entraîné, à vos risques et périls. Si au contraire vous voulez la jouez fine et vous cacher dans la foule telle une ombre traquant sa proie, ce qui est fortement encouragé par le jeu qui récompense plus ce play-style qu'un autre, vous disposez de tous les outils pour, encore plus si vous avez fait progresser votre Assassin dans ce sens.

Toutes ces améliorations au niveau du gameplay sont pour la plupart des nouveautés inspirés d'autres productions Ubisoft, ainsi qu'une mise à jour de ce qui se faisait déjà, mais en beaucoup mieux. Et enfin et surtout, le retour de certains systèmes qui étaient présents à l'origine et qui avaient disparu par la suite. Même le tout nouveau mode coop peut être vu comme un retour aux origines, puisqu'un gameplay coopératif était déjà pressenti pour la série, alors qu'il ne s'agissait encore que d'un prototype PoP sur PS2 : Prince of Persia Assassins.

Venons-en donc au fait. Le retour de ces mécaniques de jeux associées à ces nouveautés de gameplay permet une chose de taille : la renaissance du gameplay à l'ancienne façon Assassin's Creed premier du nom ! Bien entendu, sans les défauts qu'on pouvait trouver à cela.