Parler sans arrêt, c'est pas nécessairement communiquer. Peut-être certains développeurs ont eu en tête cette idée, déclamée dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind, lorsqu'il a été question de donner ou non la parole aux protagonistes de leurs jeux. Parce que des muets, on en compte un certain nombre.
Certain(e)s sont né(e)s dans des jeux d'action où leur langue n'avait pas besoin d'être bien pendue et sont demeurés aphones depuis. D'autres n'ont pas eu droit à un doublage, par manque de moyens, par désir de laisser le processus d'identification au joueur ou pour que l'on se contente de réagir à ce que les PNJ pouvaient exprimer. Enfin, quelques-un(e)s ne parlent pas pour respecter une atmosphère.
Vous les préférez volubiles ? Eh bah ce n'est pas le propos. Ici, nous avons décidé de réunir les plus célèbres taciturnes du jeu vidéo - qui jamais ne s'expriment par des phrases intelligibles - dans un TOP assez particulier. En effet, ne voyant pas comment établir un classement pour départager une dizaine de héros silencieux, nous avons opté pour un ordre chronologique d'apparition. C'est l'Ecole des fans, tout le monde y gagne.
Comme toujours, en espérant que vous lisez cette intro : il s'agit d'une sélection qui n'est pas assénée comme la vérité universelle et est le fruit de discussions au sein de la rédaction. Vous ne trouverez pas Chell de Portal, Corvo de Dishonored, The Kid de Bastion ou les protagonistes de certains RPG japonais. Nous vous incitons à nous faire part de ceux que vous verriez plus volontiers ou que vous estimez injustement oubliés. Toujours dans le respect. Et le silen... Euh, non, oubliez ça.
Bonne lecture !
Sommaire
Link, depuis The Legend of Zelda (NES, 1986)
Si l'on met de côté le dessin-animé Zelda et les affreuses versions Philips CD-i, on n'a jamais entendu l'hylien vêtu de vert. C'est même pour cela qu'on se souvient de lui. Bon, en réalité, il y a des exceptions. D'abord Zelda II où la découverte d'un miroir et d'une entrée souterraine ouvrent sur une boite de dialogue à la première personne. Puis Wind Waker, où un "Come On" s'échappe distinctement de la bouche du héros. M'enfin, en près de 30 ans, ça fait peu.
Ajoutons à cela que dans Skyward Sword, on a l'impression que la sélection de réponses, qui ne débouche pas vers une boite de dialogue personnelle, fait bouger les lèvres de notre blondinet. Comme s'il parlait. Et si tout cela nous menait carrément à une pipelette sur Wii U ?
Lester Knight Chaykin, dans Another World (Amiga, 1991)
Pas besoin de phrases ni de long discours. Le jeu d'Eric Chahi change tout dedans, il change tout autour. Ce que traverse son héros, qui se lie d'amitié avec une créature d'un autre monde, n'a guère besoin que l'on emploie des mots. C'est l'une des grandes forces de ce titre miraculeux.
Chrono et Serge, dans Chrono Trigger et Chrono Cross (Super Nintendo, 1995 et PlayStation, 1999)
Impossible de dissocier les deux héros du dyptique de Square. Les deux appartiennent à la caste des stars de RPG auxquelles on propose des réponses écrites qui se traduisent par des gestes dès lors qu'ils les expriment. Et surtout, dans les deux cas, il s'agit de monuments du genre avec des trames incroyables. Et à aucun moment nous n'avons à subir un tempérament qui ne nous correspondrait pas.
Crash Bandicoot, depuis Crash Bandicoot (PlayStation, 1996)
Encore un personnage auquel on a coupé la parole sous prétexte d'identification. Et là, il faut nous expliquer ce qu'ils fumaient chez Naughty Dog à l'époque. Parce qu'imaginer qu'on peut s'identifier à un marsupial (qui porte le doux nom de péramélidé dans notre langue) cartoonesque au cerveau cramé , faut vraiment que ça aille mal. Reste qu'on serait contents de le revoir, le petit Crash.