Né le 16 novembre 1952 à Sonobe, petite bourgade de la préfecture de Kyoto, Shigeru Miyamoto aura connu une trajectoire impressionnante au sein de la société Nintendo, société qu'il a rejoint il y a maintenant près de 40 ans, en 1977. Du talent pur, de la persévérance, ce qu'il faut de chance, le tout saupoudré de génie marketing, et le voici devenu une icône.

Père de figures mythiques de l'entertainment mondial (Mario, Donkey Kong, Zelda...), l'homme jouit d'une réputation et d'une aura incontestable. Le fameux "Spielberg du jeu vidéo" comme aiment à le qualifier certains médias généralistes. Alors même si ces dernières créations (Pikmin 3 ou encore Wii Music) n'auront pas su transcender joueurs et critiques comme par le passé, Miyamoto demeure encore aujourd'hui le plus intouchable des acteurs de l'industrie du jeu vidéo.

Actuellement Directeur et gestionnaire Général de Nintendo Entertainment Analysis and Development (EAD), l'homme que l'on connaissait généralement assez posé, a récemment surpris en prenant la parole avec fermeté. Simples réactions ou prise de position pour marquer son territoire et préparer l'avenir ? En parlant des joueurs occasionnels, même s'il ne renie pas l'héritage de la Wii, Miyamoto se montre ainsi étonnement sec.

C'est le genre de personne qui, par exemple, peut vouloir regarder un film. Ils peuvent avoir envie d'aller à Disneyland. Leur attitude c'est "OK, je suis client. Vous devez m'amuser". C'est une posture passive qu'ils prennent, et en ce qui me concerne, c'est quelque chose de pathétique. Ils ne savent pas à quel point c'est intéressant d'aller toujours plus loin, de se mettre au défi.

Dans le même temps, au delà de la sphère du développement de jeu, l'homme évoque ouvertement des choix d'entreprise :

Nous voulons créer, et les joueurs veulent faire l'expérience de quelque chose d'inédit. Et ce, en permanence. Pour atteindre ces objectifs, nous avons besoin de machines dédiées conçues pour assouvir les besoins des joueurs avides. Certaines personnes diront que les jeux se suffisent à eux-mêmes. Non.

Alors que Satoru Iwata est régulièrement mis en difficulté par certains actionnaires, que l'actuel président se remet d'une opération pour une tumeur des voies biliaires (il a semblé affaibli lors du Nintendo Direct de la semaine dernière), que le nom du fils de feu Hiroshi Yamauchi circule de plus en plus pour prendre sa relève... et si Shigeru Miyamoto était tenté de jouer sa carte personnelle ? Et si c'était justement la meilleure chose qui pouvait arriver à Nintendo...

L'homme providentiel ?

Prenons un instant de recul. Qui mieux que Miyamoto incarne aujourd'hui Nintendo ? Qui mieux que Miyamoto semble doué pour porter cette double casquette, à la fois créative et business ? Qui mieux que Miyamoto dispose du charisme et de l'autorité pour apaiser certains actionnaires inquiets ? Personne.

Même si en l'état il s'agit évidemment de politique fiction, l'arrivée de Shigeru Miyamoto s'inscrirait d'ailleurs dans la lignée d'un Iwata, à savoir un président possédant un passé dans le développement. Loin du CV de pur business man.


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Certes Miyamoto évoquait il y a quelques mois sa retraite, mais il a depuis tempéré ses propos. Le fait d'accéder à la présidence lui permettrait ainsi de prendre du recul sur la partie créative, tout en laissant enfin pleinement s'épanouir une nouvelle génération de producteurs. Une transition saine, mais claire. Presque rassurante.

L'époque est mouvante. Evidemment l'avenir de Nintendo n'est en rien menacé. L'arrivée de titres majeurs pour la Wii U fin 2014 et 2015, couplé à une future baisse de prix (fin 2014 ?) pourrait même accélérer la dynamique positive actuelle. Sans parler de l'impact des Amiibo, véritable cash-machine et futur trésor de guerre de la firme de Kyoto.

Mais à une époque où Nintendo est bougé dans ses fondamentaux, retrouver une certaine sérénité dans l'organigramme pourrait se montrer salutaire. Il est certain que les ventes de fin d'année de la Wii U et de la 3DS seront scrutées de près... et en cas de résultats en dessous des attentes, le siège de Satoru Iwata pourrait alors devenir plus que bouillant. Et là... tout semblera possible.

Alors, Shigeru Miyamoto futur président de Nintendo ? Simple fantasme ou hypothèse plausible ?

Encore faudrait-il que l'intéressé soit candidat au poste. Et pour le moment, la réponse se trouve dans un autre château...