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À 21 ans, le fondateur et inventeur de l'Oculus Rift Palmer Luckey résistera-t-il au bashing Internet mondialisé qu'il subit depuis son rachat par Facebook (des menaces de morts ont même été proférées) ? Protégé par la somme colossale de 400 millions de dollars versés en cash (sur les 2 milliards de dollars de transaction) et un rêve, semble-t-il, profondément sincère de donner vie à la réalité virtuelle, sans doute que oui.

Mais dans d'autres recoins moins fortunés du web, des jeunes entrepreneurs ou artistes du jeu vidéo résistent moins bien à la tempête Internet quand elle passe au-dessus d'eux pour une raison ou une autre. Et parfois, en croyant limiter les dégâts, leurs réactions en temps réel ne fait que jeter de l'huile sur le feu. Beaucoup résistent, mais certains craquent, se fâchent pour de bon, dépriment, et vont jusqu'à jeter l'éponge. Internet sans filtre, son univers impitoyable.


© Haterz

Touche pas à mon jeu

Devenir figure publique, même modeste, à cause de ses mots, son oeuvre ou son succès, implique tacitement de se retrouver à la merci de l'opinion publique. Les stars célèbres de l'ancien monde (bio analogique) sont condamnées à faire barrage aux paparazzi qui s'arrachent leur image. Les semi célébrités sans visage de l'Internet se font, elles, harcelées dans le monde numérique d'où elles ont émergé et notamment par les réseaux sociaux.

Et la passion jeu vidéo révèle, dans certaines situations virant à l'hystérie collective, un fanatisme n'ayant plus guère de rapport avec une occupation culturelle et de loisirs. Chacun sa rançon d'un succès. Seulement, au moment où de jeunes talents du jeu vidéo auraient besoin d'encouragements et de compliments (ce qu'ils reçoivent aussi), la charge aveugle des meutes embusquées sur les réseaux sociaux et les forums peut ébranler certaines personnalités. Jusqu'à ce qu'éventuellement elles disjonctent, envoient tout balader et se déconnectent - en tous cas leur identité publique - du réseau des réseaux.

Règlements de comptes

Affaire la plus connue, en 2013, Phil Fish créateur du "rétro chic" Fez ne supporte plus les attaques en piqué du public et de certains commentateurs officiels du jeu vidéo. Après d'ultimes échanges envenimés, il annonce non seulement quitter officiellement twitter "qu'il adore pourtant" mais aussi et surtout de ne pas développer Fez 2 comme il s'y était engagé publiquement. (voir : Phil Fish, que penser du sale gosse du jeu vidéo ?)

Arrogant, polémique et provocateur souvent malgré lui et à ses dépends, le personnage fantasque révélé par le documentaire Indie Game : The Movie a cru pouvoir s'exprimer sans retenue sur Twitter, se jeter même sans précaution dans des disputes souvent vaines, parce que, peut-être, se taire c'est souvent laisser la parole, l'insulte ou le dernier mot aux imbéciles. Toujours fâché ou juste prudent, Phil Fish n'est pas sorti de son silence depuis, même si des Vine absurdes apparaissent de temps en temps sur son fil twitter.

Succès surprise

La pression du web peut aussi prendre d'étranges détours. Et le succès monter à la tête, trop vite, trop fort. L'histoire du jeune développeur vietnamien Dong Nguyen qui retire son jeu de la vente parce qu'il ne supporte pas le poids du succès viral de son Flappy Bird téléchargé 10 millions de fois en 22 heures puis 50 millions de fois, selon Rolling Stone qui a entrepris d'aller à sa rencontre à Hanoï.

Au lieu de se réjouir et de se gargariser du succès de son jeu, son fil twitter révèle une humeur sombre :

Je peux dire que Flappy Bird est un succès qui m'appartient, mais le jeu a aussi ruiné ma vie ordinaire. Et maintenant je la hais.

Fortune faite par accident, il aspire au fond à retrouver le silence et l'anonymat. Depuis que Flappy Bird n'est plus en vente Nguyen "se sent soulagé" confie-t-il à Rolling Stone, "je ne peux pas retrouver ma vie d'avant, mais ça va, maintenant." Et il continue à développer des jeux.