Comment te sens-tu après cette victoire ?

Ce match était plus facile que ce à quoi on s'attendait. On pensait que les Evil Geniuses allaient contrer nos stratégies ou notre style de jeu, mais j'ai été surpris de les voir jouer de la même façon qu'à chaque fois. De notre côté, nous avons analysé leur façon de faire et nous avons pu contrer ça, ce qui a bien fonctionné pour nous.

Ce match avait déjà eu lieu au Six Invitational de Montréal et vous aviez déjà gagné. Depuis, comment as-tu évolué ?

En tant que joueur, aujourd'hui, je suis beaucoup plus calme en match. Mon problème est que j'ai tendance à trop forcer mon jeu. J'ai dû apprendre que je n'ai pas besoin de prouver quelque chose à qui que ce soit : je dois bien jouer pour mon équipe et elle fonctionne très bien avec moi, c'est tout ce qui importe. Tant que je fais ce qu'il faut pour mon équipe, je ne dois pas "surjouer". Je dois faire mon travail même s'il ne se voit pas à travers les statistiques.

Quand j'ai rejoint l'équipe, il y a quelques années, j'avais le rôle d'"entry fragger", j'étais le joueur agressif de l'équipe. Mais maintenant, j'ai le rôle de flex/support. C'est une bonne chose qu'on ait des joueurs qui peuvent être agressifs mais qui peuvent aussi jouer en soutien : comme ça, en partie, chaque joueur peut saisir une opportunité quand elle apparaît, et le joueur agressif se placera en rôle de soutien.

Joonas a marqué le match avec une interrogation de Caveira, ce qui est rarissime.

Quelle a été votre force pour remporter cette finale ?

Notre capacité à s'adapter. En attaque, quand on tente de prendre un chemin et qu'on a l'impression d'être coincés, on se dit très vite : "passons de l'autre côté". Pengu et Fabian nous donnent de très bons calls. On leur donne les informations en partie et ils arrivent à rassembler tout ça pour savoir ce qu'on doit faire ; ça marche à chaque fois !

Si votre match contre Evil Geniuses n'était pas le plus difficile du Six Major, lequel était le plus difficile à disputer ?

Définitivement celui contre Team Secret.

Cette capacité à s'adapter, Fabian disait que c'était également une force que tu avais toi, en tant que joueur.

Je suis d'accord. Je pense que notre force est que l'on s'écoute tous et quand on me dit de jouer tel opérateur de telle façon, je le fais. Et ça marche, car chacun dans l'équipe sait ce qu'il doit faire sur son opérateur ; c'est aussi simple que ça.

Le documentaire officiel "Another Mindset" se focalise sur le travail du coach de G2.

Dans quelle mesure le travail de Shas, votre coach, vous a-t-il mené à la victoire ?

Il a un rôle très important pour l'équipe. En coaching, il ne nous donne pas directement la solution à nos problèmes, mais il nous donne les outils pour les régler en équipe. Par exemple, pour un match, il va nous dire qui a quel opérateur et quel lieu à protéger pour la bombe : comme ça, on sait exactement ce que les adversaires vont faire et ça nous aide en tant que joueurs. Après, c'est à nous de réagir à ces informations.

La synergie que vous avez est également un atout à ne pas négliger ?

Oui ! En fait, nous n'avons aucun joueur dont la langue natale est l'anglais dans l'équipe. Aucun d'entre nous ne parle parfaitement anglais. Du coup, la synergie est quelque chose dont on a absolument besoin. On doit savoir parfaitement comme chacun d'entre nous joue, car notre communication en pâtit forcément, contrairement aux Evil Geniuses qui parlent tous anglais, par exemple. Grâce à ça, nous avons beaucoup travaillé notre synergie et elle est vraiment forte dans l'équipe.

Le public était largement pour votre victoire. Est-ce que leur enthousiasme t'a aidé sur ce match ?

Pour moi, ça m'a mis une pression supplémentaire. En fait, nous avons eu le titre d'underdogs en match pendant très longtemps, et j'ai toujours aimé être dans cette position. Mais là, être favoris du public, c'est comme quand on lit des choses sur nous sur Twitch ou sur les réseaux sociaux : ça crée une pression, car c'est comme s'ils avaient une trop grande opinion de nous, comme si on était surhumains. Mais nous sommes des êtres humains et nous faisons des erreurs !

Alors tu n'es pas du genre à lire Reddit après un match...

Oh que non, je préfère éviter. C'est vrai que parfois, il y a des bons points qui sont abordés sur Reddit. Mais la plupart du temps, ce n'est pas vraiment conforme à la réalité.

Joonas a été introduit dans une vidéo par sa structure, G2.

Pour toi, que représente le fait de rejoindre une organisation importante comme G2 ?

Cela représente le début d'une nouvelle ère pour l'équipe, un renouveau ! On ne se tourne pas vers le passé, mais vers l'avenir, désormais. Je suis très heureux que nos carrières se développent et je suis heureux d'être chez G2.

Le jeu évolue beaucoup chaque année. À quoi t'attends-tu pour l'année prochaine ?

À du beau jeu ! Et à de bonnes compétitions. La scène de Rainbow Six est déjà allée tellement plus loin que ce que j'avais imaginé. C'est juste génial d'être ici à Paris, sur une scène aussi grande. Je n'arrive pas à l'imaginer, mais peut-être que l'année prochaine, on pourra jouer dans quelque chose de plus grand encore...

Rainbow Six Siege est le jeu qui t'as apporté les plus grandes opportunités ?

Oui, exactement. Avant ça, j'étais semi-professionnel sur Call of Duty 2, puis sur le 3. Ensuite, je suis passé sur CS:GO, mais là encore, je n'étais qu'à un niveau intermédiaire, donc R6S est mon premier jeu où je suis réellement joueur professionnel, et j'en suis très heureux.

Comment allez-vous vous préparer pour le prochain événement ?

Ce sera sûrement les finales de Pro League, à Rio de Janeiro. Je pense que nous avons un bon momentum et qu'on se préparera de la même façon que pour le Six Major.

Et pour finir, un clin d'oeil à la scène française... quels sont les joueurs français que tu vois au meilleur niveau ?

C'est très dur de penser à quelques joueurs français seulement... mais je dirais BiBoo et BriD de Vitality, ils sont vraiment très forts.

Merci à Joonas d'avoir répondu à nos questions ! Vous pouvez retrouver son actualité sur son Twitter.