Les opinions et vues exposées dans les éditos ne reflètent pas forcément
celles de l'ensemble de la rédaction de Gameblog.


Lecteurs, gamers. Si pour jouer vous êtes satisfaits de votre PlayStation 4 ou de votre Xbox One ou même si vous vous échinez encore avec plaisir sur PS3, Xbox 360 ou Wii U, passez votre chemin. Vous n'avez sans doute pas envie d'entendre encore une fois l'histoire d'une nouvelle box audiovisuelle hybride qui fait du gaming à petits pas. La révolution du jeu vidéo n'est pas sur Apple TV version 2015. Pas tout de suite.

En revanche, si votre curiosité high-tech est en éveil, si vous aimez les surprises cachées, et les espoirs de lendemains qui changent, et qui chantent, alors restez ici. Car nous allons vous raconter une histoire. Celle du Cheval de Troie.

Vous la connaissez ? Version high-tech. Oui ? Et vous savez qui a gagné et comment ? Et, surtout, est-ce que l'Histoire se répète ?

Le Cheval de Troie ne galope pas

Tout le monde connait de réputation le Cheval de Troie. L'histoire mythologique qui raconte l'acheminement jusqu'à la ville de Troie, assiégée, de la sculpture géante en bois creux où se planquait une partie de l'armée grecque qui décimera la ville. À quelle vitesse le dit cheval géant a donc été trainé et poussé jusqu'à la ville ? Très lentement certainement. Lentement mais sûrement.

Ainsi va l'Apple TV. Petit et sombre, discret, voire invisible sous l'écran, un "hobby" disait jusqu'à aujourd'hui Apple en fausse négligence (25 millions vendus depuis le 1er modèle en 2007), l'Apple TV dit de 4ème génération se glisse comme ses prédécesseurs sans méfiance dans le salon sous l'écran de télé. Là exactement où Microsoft rêvait d'installer son média center dans les années 2000, où le même Microsoft a crashé en 2014 sa Xbox One "TV TV TV" de Don Mattrick et sa troupe.

Sans autant le déclarer, les PS2, PS3 et PS4 ne pensent aussi qu'à ça depuis toujours avec leurs lecteurs de DVD puis de Blu-ray Sony. La Wii ne présentait-elle pas elle-même ses jeux et services sous forme de "chaînes" façon TV ? Et la Wii U n'a-t-elle pas aussi pêché d'arrogance ou d'opportunisme avec son Gamepad supposément capable de contrôler la tété et ses chaines avec son service TVii interactif mort né en Europe ? Que l'on ne nous demande pas ensuite ici de rappeler le fiasco des micro consoles Android ou de justifier l'arrivée prochaine des Steam Machines.

L'Apple TV 4ème génération, c'est quoi ?

Une mini box audiovisuelle susceptible de fournir à son écran TV de nombreux services et loisirs sous forme d'applis : jeux vidéo, chaînes vidéo, VOD, musique en provenance d'iTunes et radios, applis de shopping en ligne, éducatives, etc. Comme un iPad mais destiné à l'écran de télé. Apple considère que le "futur de la télévision" (par opposition au vieux modèle de chaînes en flux continu direct) passera par les applis et de nombreux acteurs du secteur le pensent aussi. Les deux modèles en vente depuis novembre 2015 comprennent respectivement 32 ou 64 Go de mémoire pour 179€ ou 229€. Ils incluent la télécommande tactile inédite Siri mais pas de câble HDMI pourtant indispensable. La Siri Remote, comme la Wiimote avant elle, est tout à fait apte au jeu vidéo mais quand les jeux sérieux débarqueront (on y croit), l'achat d'une manette compatible (MFI : Made For iPod/iPhone/iPad), telle la Nimbus SteelSeries (60 €) disponible simultanément, deviendra vite indispensable et augmente le budget.

Les jeux développés sur iPad/iPhone ne sont hélas pas émulables automatiquement sur Apple TV comme l'ont été les jeux iPhone vers l'iPad à sa sortie. Apple nous a expliqué que les développeurs doivent légèrement retoucher leur code pour fonctionner sur écran géant avec la Siri Remote. Libre à eux de faire à nouveau payer leur jeu ou d'offrir la version Apple TV si on a déjà acheté la version iPad/iPhone (voir plus loin mon expérience). Ou inversement on présume.


Pour faire taire une rumeur persistante : les jeux Apple TV ne sont pas limités à 200 Mo de stockage. Apple nous a réexpliqué que ce chiffre concerne le plafond maximum du premier paquet de données à télécharger lors de l'achat et qui permet de lancer le jeu sans attendre. Le même jeu télécharge ensuite en tâche de fond ou lors des écrans de loading (parfois longs sur les jeux les plus gourmands actuellement disponibles) les éléments complémentaires que le jeu requiert. L'absence de compatibilité 4K ou même de 3D déçoit les observateurs high-tech mais seule une minorité bien équipée s'en plaindra. L'appareil peut néanmoins diffuser 7.1 canaux sonores via son cable HDMI ou sans fil via Airplay. Le bon fonctionnement d'Airplay sur amplis compatibles (ou mêmes des box comme celle de Free par exemple) peut éventuellement justifier la disparition de la sortie audio optique (S/PDIF) des précédents modèles.

L'Apple TV 2015 vise tous les publics, et donc le "grand", mais, comme l'Apple Watch, ne captera d'abord que les early adopters, les curieux et clients Apple gros consommateurs de films et séries en VOD (iMovie notamment) déjà bien immergé dans l'écosystème Apple. En s'appuyant sur un inédit tvOS évolutif entièrement dédié, la nouvelle Apple TV espère renouveler sur grand écran le succès des App Store sur iPhone puis iPad. Plusieurs dizaines d'applis et de jeux vidéo (pas nouveaux ou passables) sont déjà disponibles et il en arrive de nouveaux chaque jour. Quant à ceux qui se plaignent de l'écosystème fermé d'Apple et de la pseudo impossibilité de lire des vidéos venant d'autres sources (non, pas piratées bien sûr), nous n'aurons qu'un indice légal à donner pour clore le débat : Air Video HD (4€).

Sans jeu qui tue, mais...

Jusqu'à aujourd'hui, Apple ne produit pas de programmes, ni de jeux vidéo évidemment. Sans jeu majeur exclusif - de killer app disait-on il y a quelques années quand sortait à coup sûr un Mario, un WipEout, un Zelda ou un Halo avec une nouvelle console - l'Apple TV 4e génération arrive donc orphelin pour un gamer traditionnel. Aucun jeu emblématique ne peut associer ses qualités avec le savoir-faire Apple et vendre la marque. Dans le storytelling hérité du monde console depuis 30 ans, c'est un vrai manquement, et une opportunité ratée. Quand bien même Apple met en avant un inédit de Harmonix (très moyen Beat Sports) et quelques jeux de qualité déjà connus sur iPad/iPhone. Si le seul regard que l'on veut porter sur l'Apple TV est le jeu vidéo traditionnel, alors celui-ci continue d'être dispensable. Mais. Car, oui, il y a un mais...

L'Apple TV n'a pas de killer app mais a bel et bien deux killer features. La première, si vous avez lu quelques tests ici et là, est en effet la Siri Remote, la télécommande tactile/gyro/micro qui rejoue la partition chef d'orchestre de la Wiimote. La seconde killer feature est le... multitâche. Même pas déclaré en tant que tel (il faut appuyer deux fois sur le bouton écran pour s'en rendre compte !), le multitâche permet de passer d'une application à l'autre sans fermer la précédente. Y compris les jeux !

Télécommande Siri touchante

"Une télécommande pour les gouverner tous"
(One ring to rule them all : Le Seigneur des Anneaux)

Qui ne s'est pas retrouvé à faire défiler plus que de raison des pages d'apps ou de jeux sur iPad poussé par la curiosité et le simple plaisir à voir glisser toutes ces vignettes pleines de petites promesses ou de tromperies ? Eh bien ce plaisir inlassable là se retrouve pour la première fois sur son écran de TV. Les effleurements du pouce sur la surface feutrée et glissante de la télécommande Siri associée au défilement hyper rapide, fluide et précis des lignes ou colonnes d'applis sur l'écran de la TV provoquent la même petite ivresse tactile. Elle chatouille le même nerf que les irrésistibles jeux de Match 3 (Zoo Keeper sur DS étant mon préféré) et renoue avec celui déjà bien assimilé par le cerveau du lèche vitrine tactile sur iPhone/iPad (ou sur appareils mobiles Android si vous en êtes satisfaits).

La nouvelle télécommande Apple TV n'a sur le papier aucune aptitude originale, ni ses fonctions gyroscopique ou d'accélération de mouvement, ni la connexion Bluetooth qui n'oblige plus à pointer vers l'écran, ni le micro capable d'entendre et de répondre aux ordres et demandes. Nintendo l'a fait avant pour jouer, les fabricants de smart TV et de box multimédia aussi pour piloter leurs machines. Il faut alors s'incliner devant l'Apple... touch puis effleurer pour de bon la télécommande pour vite comprendre la différence et, surtout, l'amélioration flagrante de toutes ces fonctions. La surface tactile mat est un petit plaisir sensuel sous le pouce que chacun se devra d'expliquer à lui-même. La réactivité de l'interface donne confiance à chaque moment, et si elle est parfois glissante entre les mains, ou à l'écran, il existe un réglage pour accéder ou ralentir le suivi de la surface Touch.

L'UI qui tue

Le savoir faire Apple se prolonge naturellement de la télécommande Siri jusqu'à l'interface sur l'écran de la TV. Le malin petit effet parallaxe d'affichage 3D sur chaque vignette d'applis ou de jeux, d'affiche de film ou de jaquette musicale, envoie lui aussi au cerveau des petites ondes de satisfaction non identifiables. L'aptitude multitâche presque cachée de l'appareil bouscule d'un coup toute la hiérarchie d'accès auquel nous sommes habitués. Que ce soit sur nos box opérateurs ou nos consoles de jeux pourtant désormais capables de mettre jeu et console en pause avant reprise. Mais un seul à la fois.

Sur cet Apple TV on passe en un clin d'oeil d'une app à l'autre et donc d'un jeu à l'autre, voire d'un film Netflix en cours à un jeu en cours de partie. On a voulu testé les limites de cette aptitude parallèle en lançant donc l'un après l'autre, puis en repassant de l'un à l'autre sans rien interrompre de la position de lecture ou de jeu :

Netflix + Ocean Horn + Shadowmatic + Vimeo + Badlands + Canabalt...

... et le système a "plié" en jouant à Canabalt. C'est à dire que chacune des applis a juste rebooté. Pas si mal pour un début et l'effet est magique. Les digital natives qui zappent d'une appli à l'autre comme hier les anciens zappaient sans scrupule d'une chaîne TV à l'autre vont adorer. On adore déjà. Et il s'agit bien là d'une killer feature qui bouscule les perceptions et n'appartient qu'à la RAM de l'Apple TV.

LIRE la 2ème page de notre dossier ici...


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