Si vous avez un smartphone, vous avez sans doute téléchargé ou tout du moins entendu parler de Draw Something. Tôt ou tard, ça vous tombera dessus. DrawSome, selon l'abréviation que j'aime utiliser, est contagieux. Et pourtant, ce n'est qu'un "Dessinez c'est gagné" sur iPhone smartphone, le Pictionnary mobile que tout le monde attendait miraculeusement. Mais vous ne trouverez pas vraiment de tests, au mieux du ressenti.

"Act of Creation"

Dans la presse jeu vidéo et ce depuis Mario Paint, on est toujours un peu ennuyé de tester ce genre de produit "créatif". La vérité, c'est que les journalistes savent jouer au jeu vidéo, dans le meilleur des cas, ils savent parfois en parler, mais dès qu'il s'agit de partir d'une feuille blanche, il n'y a plus personne.

Il n'y a qu'à voir la réaction de mes collègues à leur premier contact avec le vétéran PictoChat sur DS : ils commencent toujours par dessiner des bites. Les edit mode (de cartes, de modes) des jeux sont souvent survolés dans les articles et de grands jeux tels que le Do It Yourself de Wario Ware ne sont pas traités avec la dignité qui leur est due. Ce dernier est d'ailleurs conceptuellement génial : après 10 ans passés à jouer à des mini-jeux un peu débiles, Nintendo nous propose enfin d'en créer de toutes pièces. Et pour ce faire, chacun des éléments du jeu est devenu casse-tête. Et du coup, Do It Yourself a retransformé le processus créatif en jeu. Partir de rien pour faire du LoL, ça c'est un programme qui me convient.

Les meilleurs tests de Draw Something viennent finalement du public emballé, qui note à coup de petites étoiles sur le store d'iTunes. Son score est anormalement élevé par rapport à la qualité globale du produit. Draw Something n'est certainement pas l'appli la mieux conçue du genre.

Ses possibilités sociales sont encore limitées : pas de sauvegarde des dessins à moins de faire une capture d'écran à la barbare, possibilité d'inviter ses potes Facebook à jouer mais pas ceux de Twitter, pas de bouton "Undo" pour annuler la dernière action... Cela nous apprend à y aller franco avec la couleur, limitée elle aussi à quelques teintes, mais on pourra en acheter de nouvelles grâce à des pièces que l'on obtiendra en trouvant des mots. Ou en claquant quelques sous en plus pour la version complète de l'appli.

Mais ces limites rendent l'expérience assez sympathique, comme un bac à sable où tout est permis, où l'on va devoir faire deviner "pink" sans recourir au rose. Ou essayer de faire comprendre des concepts (toujours en anglais) à l'aide de quelques gribouillis. "Trouble" (souci, tracas) en dessin ? Bon courage, les mecs.

Fun ultimited

Déjà vendu à Zynga pour une somme comprise, selon les estimations, entre 150 et 200 millions de dollars, le futur de Draw Something va se jouer dans la manière d'entretenir une communauté, comme l'a fait Instagram. Collection, "Like", liste d'amis. Peut-être un système de score ? Malgré ces défauts de jeunesse, DrawSome a été adoubé par la majorité aussi radicalement que GMail. C'est un canevas qui reste à remplir de la manière qu'on le souhaite. Pour ma part, j'hésite souvent entre l'humour et le croquis détaillé que mon pote va devoir regarder se dessiner en détail, sans pouvoir en zapper le processus créatif. Comme un bâtard, je rajoute l'élément important, celui qu'il fallait trouver, en dernier. Et puis je prie pour avoir des mots rigolos pour mes potes. Le jackpot étant, pour moi, de tomber carrément sur Batman. Quelques exemples de ma production ici et . Mon "jeu dans le jeu" étant de mettre Batman ou Goldorak dans le maximum de dessins.

C'est sans doute ça, la force de Draw Something : de proposer un peu de malice dans nos tête-à-tête virtuels. Addictif, chronophage, il n'est finalement qu'une autre manière de s'amuser avec une feuille blanche et quelques crayons, en partant de rien. Une autre manière de nous sentir tous ensemble.