Dans la vie, il y a les gens qui aiment que tout fonctionne, facilement, et tout de suite. Ceux-là sont plutôt des joueurs sur consoles, parfois également adeptes d'appareils nomades, habitués à des hardwares fermés, et à des installations propres et simples, où la manipulation la plus compliquée se résume généralement à trouver un menu "Installer le jeu" après avoir appuyé sur quelques touches. Ceux-là ne le savent pas, mais ils touchent à la béatitude, et trouvent dans cette simplicité volontaire une tranquillité d'esprit qui échappe à une autre catégorie de joueurs, plus volontiers installés devant un clavier présentant une centaine de touches et un moniteur à temps de latence réduit. Ces joueurs PC, puisque c'est d'eux qu'il s'agit, se divisent eux-mêmes, en gros, en deux catégories : il y a d'abord les "lambda", qui veulent profiter de certains titres à l'acmé de leurs possibilités techniques, mais ne savent pas faire grand-chose hormis mettre à jour leurs pilotes de cartes graphiques (on compte dans cette catégorie beaucoup de femmes et de sportifs). Et puis, il y a les "perfectionnistes", qui n'hésitent pas à mettre les mains dans le cambouis, savent les richesses que peuvent cacher certains fichiers .ini, et surveillent toujours d'un œil expert le gestionnaire de tâches qui apparaît sur leur moniteur d'appoint, parce que si tu n'as pas un affichage dual screen à 30 ans, tu n'as pas réussi ta vie. Oui, le perfectionniste aime fouiller, triturer, optimiser...

Et là, souvent, c'est le drame.

C'est l'arrivée imminente - et peut-être effective au moment où vous lirez ces lignes - du ICEnhancer v. 2.0 pour GTA IV, couplée à la mise à disposition par Bethesda d'un pack officiel de textures hautes résolutions pour Skyrim qui m'ont convaincu que les mod(ification)s n'étaient définitivement plus "mineurs", et que, en dépit de leur caractère accessoire, ils pouvaient sublimer certaines productions. Du ICEnhancer, on retiendra la prouesse esthétique, qui donne à tout fan de GTA la furieuse envie de réinstaller le dernier opus de la série pour profiter d'un rendu qui risque bien de ridiculiser GTA V à sa sortie (grosse config bienvenue). Quant au pack de textures made in Bethesda - et leur Creation Kit qui va permettre à la communauté de proposer, de façon plus souple, du contenu additionnel - il traduit la reconnaissance par l'éditeur d'un phénomène d'ampleur qui, depuis Morrowind, a fait le bonheur des joueurs les plus pointilleux. Et leur a parfois arraché de douloureux cris de lamentation. Je me souviens ainsi du temps infini passé à modder correctement mon Oblivion, voilà quelques années, les yeux usés par la lecture de fichiers READ_ME.txt, et l'estomac noué lorsqu'apparaissait une incompatibilité, jurant mes grands dieux que l'on ne m'y reprendrait plus. Vaines paroles : pour Fallout 3, ce fut la même chose, et c'est les yeux rivés sur les différentes vidéos de Gophers que j'ai passé des heures, nombreuses, à optimiser mon Fallout New Vegas pas plus tard qu'hier soir, chaque modification, des plus visibles (modification de la météo, rendu graphique...) aux plus subtiles (réglage du comportement des PNJ, de l'interface...) s'accompagnant d'un soupir teinté d'angoisse pour tout ce temps "perdu"... en même temps qu'un sentiment de satisfaction, voire d'excitation, montait en moi. Parce qu'un jeu correctement moddé, c'est un peu la fille de vos rêves qui répond, après que vous l'ayez courtisé dans les règles, à tous vos désirs. La belle n'est pas forcément facile à séduire mais lorsque c'est fait, quand vous lui cliquez dessus, vous savez que vous allez passer une putain de bonne soirée...