«Je suis un homme. Je suis au milieu de ma vie. Je n'ai jamais été emprisonné. Je n'ai jamais suivi de traitement psychiatrique. Je n'entends pas de voix. Je n'ai pas de visions. Je ne consomme ni alcool ni drogues illicites. Je n'ai pas de maladie organiques.
Mon QI est très élevé, pourtant mon intellect est impuissant face au vils besoins qui s'emparent de moi.

Un croyant,
Qu'on surnomme le tueur des autoroutes.»

Jonah Wrens est un homme d'exception ; il est le plus grand psychiatre et le tueur le plus recherché des États-Unis. Il n'y a aucun lien entre ses victimes, il n'y a jamais deux meurtres aux mêmes endroits et cela fait trois ans que l'enquête est en cours. Il faut que cela cesse. Le Docteur Clevenger est psychiatre criminelle régulièrement sollicité par le F.B.I. mais qui a actuellement des soucis avec son fils adoptif, Billy. Quand le tueur des autoroutes propose à travers les journaux du Times une thérapie avec Clevenger celui-ci va devoir pousser le tueur dans ses retranchements pour l'obliger à commettre des erreurs tout en ménageant sa vie privée.

Différents points de vue

On partage le point de vue de plusieurs personnes dans Psychopathe. D'abord, on fait la connaissance du tueur, on pourrait croire que c'est pour introduire l'histoire à l'aide de l'un de ses meurtres mais, en réalité, c'est un protagoniste à part entière et le lecteur suivra son évolution au fil du récit. Puis, on verra le point de vue Clevenger qui permet d'assister à toute l'impuissance du F.B.I. en continuant les conséquences de cette chasse à l'homme sur sa vie privée. Des conséquences qui se manifestent aussi par le point de vue de Billy, le fils adoptif de Celvenger presque majeur. N'oublions pas non plus Withney McCormick, psychiatre du F.B.I., présence féminine dans cette histoire d'homme pour... Non, rien.

Un style plaisant

Il y a quelques avantages d'avoir des psychiatres comme protagoniste déjà l'auteur peut introduire des analyses sur la personnalité des personnages sans que ça semble laborieux. Dans un autre livre, on aurait cru que les personnages ne sont là que pour déballer leurs existences, pour qu'on cherche le quand du pourquoi, qu'ils ne sont que des histoires que l'auteur aurait malencontreusement placé dans une enquête policière. Ici, il n'en est rien. Clevenger a besoin de comprendre son seul fils adoptif même s'il doit le traiter comme un patient, il a besoin d'analyser les faiblesses de l'équipe du F.B.I. et de remémorer ses traumatismes pour trouver la force de se confronter au tueur des autoroutes.

L'autre avantage d'avoir le meilleur psychiatre comme tueur : C'est plaisant toutes ces thérapies. Elles se font particulièrement présente au début de l'oeuvre pour disparaître au profit de rebondissement scénaristique. Jonah représente même une question existentiel (à mon sens) du psychologue : plonger dans les souffrances de l'autre, traquer cette peine jusqu'à devenir une sorte de pervers. Et Keith Ablow ne joue surement pas sur le non-dits, non, on assiste à des thérapies, à des meurtres et on voit bien de nos propres yeux tout le talent dont fait preuve cet homme. Par la suite, on sera un peu désenchanté, le personnage perd les pédales, les références à Dieu - renforçant le fanatisme et la folie - se font plus présente et les introspections seront faussées. Ce n'est pas très grave puisque les rebondissements se multiplient pour maintenir l'intention du lecteur.

Un bon scénario

Bien qu'on aurait très bien pu se passer d'un bon scénario avec le quotidien de Jonah il faut admettre que celui-ci est bon. Au niveau crédibilité et rebondissement, c'est fort. Très fort. On n'a pas l'impression que cette confrontation - qui aurait pu durer des années - a eu une fin précipitée, tout est parfaitement calibré. Je me demande juste comment Frank Clevenger a pu passer à côté de la profession du tueur. En effet, Son côté PROFILER est rarement expliqué en réflexion, il n'y a que des suggestions, que des paroles, sans doute pour ne pas faire de redite à côté de Jonah, mais du coup il ne semble pas être un adversaire à sa hauteur. Comment ne pas pester aussi contre le F.B.I. incapable de retrouver ce tueur fou malgré la présence de ses empreintes partout. (je suis trop habitué à l'idée qu'il y ait des gigantesques bases de donné façon les Experts ou N.C.I.S.)

J'ai appris après la lecture du livre que Keith Ablow avait écrit (beaucoup) d'autres histoires avec Clevenger. Bon, personnellement, je trouve cela un peu ridicule d'écrire plusieurs histoires extraordinaires avec le même protagoniste, ça nuit à la crédibilité des histoires. On est obligé de constater, par contre, que cette histoire se lit très facilement, il n'est pas nécessaire d'avoir lu d'autres titres et admettons que cela apporte un gros plus à la crédibilité de l'histoire. Je m'explique : Un personnage qui a plusieurs aventures extraordinaires, on a du mal à y croire, seulement en faisant écho à d'autres enquêtes, en citant des noms inconnus aux néophytes la vie de Clevenger gagne en épaisseur. Ces non-dits accidentels, ce background involontaire est particulièrement plaisant pour le lecteur (quelle ironie tout de même).

Point faible

Enfin, le récit n'est pas exempt de défaut. Je ne citerais qu'un seul, le plus gros selon moi. Le climax est mou. Il se suffit à lui-même, mais le cercle vicieux n'est pas à nouveau évoqué. On parle pendant de longtemps que la vie est une lutte sans fin pourtant la dernière confrontation du récit veut poser une fin, une belle fin. Alors que l'idée du double négatif aurait pu explosé, alors que la vérité sur les capacités de Jonah aurait pu être dévoilé aux autres perso, il n'en est rien. Pourtant, on sent que la fin a voulu être romancé, n'a pas voulu être crédible pour être crédible. Je ne crierai pas au pétard mouillé mais je hurlerai bien à une fin un poil trop faible comparé aux restes du livre.