HA le jeu vidéo !...Ses aventures exotiques, ses personnages emblématiques, son action trépidante, ses tueries de masse, sa violence exacerbé, sa maturité pleine de noirceur…Heureusement le média n’offre pas que cela et propose de temps en temps des titres plus poétiques et chatoyants. Citons bien entendu la ribambelle de jeux estampillés Nintendo tels que les Mario, Animal Crossing, Pokemon et compagnie. Du coté des indépendants on évoquera Flower, Gris… sans oublier le désormais grand classique Journey. Dans un tout autre genre se trouve les Simulator, qui font jaser notre petit monde de gamers par leurs qualités intrinsèques bien souvent au ras des pâquerettes (avec toutefois de notables exceptions). En clair toute une série de jeux qui nous rappelle que le videogame, ce n’est pas que du sang et des tripes. Bee Simulator se trouve un peu au croisement de ces trois visions vidéoludiques, nous mettant dans la peau d’une abeille pour nous faire voir le monde avec un nouveau regard. Et à l’occasion nous en apprendre un peu plus sur cette petite bête indispensable à l’écosystème général…

LE MIEL ET LES ABEILLES

À peine sorti du berceau que déjà il est temps pour notre abeille de se mettre au boulot. Petite virée virevoltante pour qu’une ainée nous enseigne les rudiments de la vie d’insecte volant, visite à la Reine pour se faire assigner une tâche – Butineuse, car vivre une vie d’abeille sage-femme aurait été un peu limité comme proposition – et nous voilà rapidement dehors avec la clé des Champs. On découvre alors notre environnement, un parc très inspiré du Central New-Yorkais. Notre ruche est située dans un arbre mort lui-même présent à l’intérieur de l’enclos d’un zoo. Nous découvrons alors lors de notre premier vol à l’air libre toute une panoplie d’animaux plus ou moins exotique. Mais c’est qu’on n’est pas là pour faire du tourisme, on à du boulot !

On croise toute sorte d'animaux dans le parc

Butiner se révèle d’une grande simplicité (comme tout le reste du jeu d’ailleurs), il suffit de passer de fleur en fleur pour collecter le précieux pollen. Un stock se constitue au fur et à mesure et quand celui-ci est plein, il faut aller déposer son butin à la ruche. Quelques subtilités sont ajouté avec la vue ‘abeille’ qui permet de distinguer les différentes catégories de fleurs par rareté selon un code couleur établi. Quand on enchaîne une même catégorie, une réserve de ‘turbo’ est engrangée. Bien sur, plus vous enchainez sur une couleur rare plus votre boost se remplit rapidement. L’autre moyen d’accumuler cette vitesse et tout bêtement d’aller se servir sur les friandises laissé par les humains ici et là, comme les sucettes ou autres cupcakes…

La vue d'abeille permet de distinguer les fleurs 'spéciales', comme cet exemple ne le montre absolument pas...

En dehors de votre boulot principal viendront se greffer d’autres tâches annexes, qui constitueront alors le gros de ce qu’il y a à faire dans le jeu en mode libre. Plusieurs types de sous-missions vous seront alors proposé une fois que le mode histoire aura présenté en quoi elles consistent.

Défi de collecte : ramassez un nombre défini de fleur de tel ou tel type de rareté. Votre job de base mais avec une spécialisation en quelque sorte.

Voir le monde du point de vue d'un petit insecte fait relativiser les perspectives...j'ai retrouver un peu la sensation que j'ai eu en rejouant à Toy Commander, entre émerveillement et bien-être.

Défi de Danse : il faut reproduire la danse d’une comparse qui vous indique le chemin d’une fleur remarquable, ou bien pour simplement l’aider à retrouver son chemin. Rien de bien compliqué il s’agit en fait de mémoriser une suite de mouvement et de l’effectuer correctement. Il n’y a que quatre mouvement possible (haut, bas, gauche, droite) et entre trois et sept étapes pour chaque danse. Un petit jeu de mémoire quoi…

Défi de Combat : ne vous attendez pas à du Mortal Kombat, on en est loin (très loin). Dans les faits il s’agit de petites séquences de QTE à deux touches. □ pour se défendre et ∆ pour attaquer. Une fois la séquence achevée une petite scénette montre alors l’épique combat. Puis séquence suivant jusqu’à ce que l’un des adversaires voie ses points de vie atteindre zéro. Si vous enchainez les séquences parfaites, vous emplissez l’attaque éclair et quand cette dernière est pleine vous lancer une séquence spéciale d’attaque qui dégomme salement l’olibrius qui vous fait face. A l’inverse si vous ratez complètement une séquence c’est l’attaque chargé de l’adversaire qui se remplit. Mais faudrait vraiment le faire exprès tant cela se révèle d’une simplicité enfantine.

Les phases de Fight ne sont pas des plus palpitantes mais on se prends au jeu 

Défi de poursuite : il faut tout simplement suivre à la trace un concurrent qui vous lance un challenge de vitesse. Des cercles verts faisant office de checkpoint apparaissent et vous n’avez que quelques possibilités d’en louper avant que cela n’amène à votre défaite. J’avoue ne pas avoir parfaitement saisi toute les subtilités de ces défis, qui se révèlent parfois anecdotique mais d’autre fois quasi impossible ou tout au moins très aléatoire. J’ai gagné certaines courses sans savoir pourquoi, d’autres m’échappent complètement sans raison particulière…très étrange.

Quêtes annexes : Et bien comme leur nom l’indique il s’agit de petites aventures en dehors du contexte de l’histoire principale. On y rencontre bien souvent d’autres animaux auxquels il faut rendre un service plus ou moins compliqué. C’est surtout l’occasion pour notre petite héroïne de faire connaissance avec d’autres espèces et d’en apprendre plus sur elles.

Ajoutez à cela quelques items à découvrir, comme les jetons d’information pour compléter le carnet de curiosités, les abeilles perdues planquées à droite à gauche, les épreuves de toiles d’araignées dont il faut s’extirper avant de se faire alpaguer par la propriétaire. Au final il y a pas mal de petites activités pour s’occuper entre deux butinages. Il y en a même certaines où je suis complètement passé à coté, comme ce truc des ’50 petites abeilles à nourrir’ indiqué dans l’onglet des statistiques et qui reste sempiternellement à 0 en ce qui me concerne. Je n’ai pas la moindre idée de ce dont il s’agit…

On apprends pas mal de choses au travers des petites leçons dispensées via les textes et le carnet

Toutes ses occupations rapportent des ‘points de connaissance’ qui servent à obtenir des petits bonus bien sympathiques, comme des modèles 3D des différents animaux ou bien compléter son carnet. Mais le plus intéressant c’est de dépenser son magot dans la mode ! Car oui il est possible de personnaliser son abeille, avec différentes skins et quelques accessoires bien rigolo (chapeau de cowboy, écouteurs, casque de chantier…). Il y a même le choix de la ‘trainée de poudre’ que l’on laisse derrière soi quand on met le turbo (fumée de différents coloris, des étoiles, des étincelles…). Tout cela fait que l’on peut customiser son abeille pour la rendre un peu plus fofolle et déjantée, ce qui est assez fendard et plutôt chouette.

ANTROPOMORPHISME

Cette simulation de vie d’abeille se veut donc éducative, et elle y parvient… partiellement. Car bien qu’elle à pour ambition d’apprendre à nos chères têtes blondes les rudiments de ce que sont les pollinisateurs jaune rayés de noir, elle enjolive un peu trop la réalité, occultant les parties un peu plus ragoutant de ce que la nature a à offrir. L’exemple le plus frappant est bien entendu la fabrication du miel en lui-même, jamais explicité clairement…pareil pour le fait que lorsque qu’une abeille pique elle va forcément mourir. C’est vaguement évoqué mais dans le jeu vous pouvez piquer à tout-va sans souci. Idem pour les prédateurs… au début je me suis dis qu’il fallait mieux éviter les oiseaux et autres bestioles insectivores… mais non, le jeu ne prends pas en compte cet aspect-là. Vous pouvez à loisir gambader auprès des mouettes, corbeaux voir même lézard sans souci. Pour le réalisme éducatif on repassera. Le plus ‘agaçant’ reste cependant cette notion de ‘famille’ pour la ruche qu’on inculque à grand coup de prêche bien gnangnan… En clair le titre impose des caractères humain à des insectes qui n’en on cure. Alors cela peut marcher évidemment mais dans une œuvre clairement stylisé (à la 1001 pattes) mais pas dans un titre qui se veut factuel. On se retrouve alors entre deux visions de narration antinomique, ce qui créé un sentiment ambigu, voir malaisant (du point de vue d’un adulte, un enfant ne verra pas cette double lecture bancale).

Le jeu oscille constamment entre naturalisme et divertissement enfantin, ce qui finit par créé un décalage un peu bizarre. Plus haut, en médaillon: la blague du clown au ballon rouge devient un peu trop récurente dans le jeu vidéo...

Mais ce qui m’a le plus frappé c’est clairement cette séquence du Deus Ex Machina un peu trop moralisatrice qui intervient dans le dernier tiers de l’histoire. Alors oui c’est beau et un message porteur pour les enfants, nul doute là-dessus. Mais qui se ballade réellement constamment avec une pipette et un morceau de sucre sur soi pour venir en aide à une abeille en difficulté ? Encore une leçon de morale facile mais qui dans le monde réel ne se concrétisera jamais car trop absurde. J’imagine bien un mioche balancé un morceau de sucre trempé à une pauvre abeille carbonisé en houspillant « Mais pourquoi elle se réveille pas ! ». Quelle tristesse…
Mais c’est un vieux cynique qui parle, qui as perdu sa naïveté sur la beauté de Mère Nature. Bien entendu que Bee Simulator se doit d’être un brin candide et de faire rêver les petits gamins et les petites gamines, quitte à s’arranger avec la vérité bien plus morbide. Mais les ondes de positivités qu’envoie cette simulation plus que légère sur ce qu’est la vie d’une abeille permet de se dire qu’après tout il est pas si mal notre monde, et qu’on ferait bien d’en prendre soin, parce qu’on en a pas de rechange.

Notre petite abeille admire la ville qui l'entoure

J’avoue quand même un brin de regret quand à la direction artistique enfantine prise, avec sa voix principale toute fluette et son univers trop feutrée, pour ne pas dire niais. Le même concept avec une ambiance plus mature et ancrée scientifiquement m’aurait tellement fait kiffer. Je me suis même amusé à imaginer Benoit Allemane doublant la petite abeille, passant de sa tonalité guillerette à un timbre sombre et grave. Effet garanti !

L'intégralité du mode histoire. Qui dure donc 3 heures :^)

UN JEU QUI NE SE RUCHE PAS

Passons à la partie plus technique en commençant par la précision que Honey Park n’est pas entièrement visitable, mais une partie seulement, délimité par une bordure invisible (un ‘champ de force’ bleuté quand on s’y cogne). La zone allouée à notre florissante aventure est cependant plus que convenable, surtout quand on mesure 2 cm et qu’on à la capacité de voler. Visuellement c’est beau, le moteur Unreal faisant une fois de plus parfaitement son travail (et d’y reconnaitre certains éléments utilisés dans Shenmue III au passage). Cependant il y a un manque évident de finition dans les petits détails ici et là, dû là aussi selon toute vraisemblance à une production au moyen financier limité. Mais c’est du chipotage car en gros tout roule de manière plutôt correcte.
La maniabilité elle est au poil. Il m’a juste fallu régler l’axe horizontal de la caméra, qui était bien trop sensible. En dehors de ce petit détail aucun souci majeur à signaler. Bon bien entendu il arrive qu’on se coince dans quelques rebords à l’occasion, mais c’est souvent parce qu’on est parti farfouiller dans un coin où l’on n’aurait pas dû aller…De manière générale tout se passe parfaitement bien avec les déplacements de la petite dame en jaune. Cette sensation agréable est complétée par une musique exquise, parfaitement dans le ton et qui apporte un certain degré de relaxation lorsqu’on vole de fleur en fleur. Vraiment, cela détends l’esprit.


Il y a un coté relaxant à virevolter tranquillement dans un environnement agréable.
Plus haut: Et oui parfois même les abeilles on bien besoin d'un plan pour se repérer!

J’ai été surpris par la présence de nombreux animaux, je n’en croyais pas mes mirettes, il y en a plus que ce que je pensais (ce n’est pas l’Arche de Noé quand même mais il y a une variété assez respectable au vu de la production). Il y a également un paquet d’humains…mais là notre premier véritable Hic. Leur animation est plus que sommaire, limite grotesque. Exemple parfait avec le ‘joggeur’, il faut le voir trottiner autour du parc, c’est à mourir de rire. Tant pis pour l’immersion ! De nombreuses fois les PNJ (appelons les comme çà) on cessé de se déplacer tout en continuant à se mouvoir (en gros cela faisait un effet à la ‘Moonwalk’). Sachez aussi qu’il y a un nombre de modèles limité, mais là ce n’est pas si grave, on n’est pas là pour détailler les humains, qui au fond sont assez anecdotiques. Ils réagiront tout de même à votre présence – comme les animaux d’ailleurs – et tenteront de vous chasser par quelques mouvement de bras. Possibilité de les piquer bien entendu. Un truc assez notable avec le fait que leurs discussions sont incompréhensibles. Il s’agit de borborygmes indistincts, de quelques interjections ou de rires d’enfants. C’est plutôt bien vu. Quand vous êtes à proximité de l’un d’entre eux, vous entendez sa respiration de manière très exagéré (mais allez savoir si ce n’est pas ainsi que les petits insectes nous perçoivent…), mais dommage il n’y a pas d’effet d’appel d’air quand vous passez devant son inspiration/expiration.

Exemple d'une famille d'humains. Leur représentation est assez sommaire mais ils ne sont pas le coeur du jeu. Notez l'apparence robotique de ma petite bestiole...

Je finirai ce petit tour d’horizon par quelques problèmes de bugs qui on un peu terni ma partie. Quêtes qui se finissent pas ou revenant sans cesse malgré qu’on l’ai terminé…quelques soucis de sauvegarde également, heureusement mineurs. Des ‘petits riens’ mais qui bloque la progression générale et qui fait que malheureusement j’ai abandonné l’idée de le finir à 100% (ce que je fais rarement en JV, mais là j’étais chaud…pas de pot !).

 

Une phase de l'aventure se déroule de nuit, et vous pouvez observez l'arbre dans lequel se trouve notre bonne vieille ruche.

~€~

Bee Simulator est de ces petits jeux qui font du bien dans une industrie devenue souvent trop lourde. Plaisant, relaxant, amusant, absolument pas contre le joueur mais au contraire à ses cotés pour partager au mieux cette minuscule épopée pas aussi insignifiante que ce que l’on pourrait croire. Malgré sa narration un peu trop portée sur la ‘morale’ tendance Disney, il n’en reste pas moins une belle opportunité pour faire découvrir à des enfants le monde merveilleux des petites vies qui nous entourent en permanence, et leur importance dans la ‘cohérence globale’ de notre belle planète. La volonté éducative du titre peut cependant paraître tronquée, car présentant la nature sous sa forme la plus chatoyante, effaçant ses facettes les plus cruelles. Mais au vu du public très jeune à qui s’adresse cette simulation, il en est peut-être mieux ainsi. La vie aura bien l’occasion plus tard de leur apprendre que tout n’est pas aussi simple que de passer son temps à butiner de jolies fleurs…

Bonus:
il existe un mode deux joueurs avec des maps spécifiques (la Palmeraie,  le Moulin à eau, Bzzz City) mais à l'intérieur de cette dernière on peut clairement y voir un plan du métro New-Yorkais, confirmant par là même que Central Park devait bien être le lieu de l'action à l'origine...