25 ans après la fin de la trilogie à jamais associé à la Megadrive, les petits français de Dotemu et Lizardcube ressuscitent la licence culte du Beat’em All en produisant un quatrième épisode pour console moderne. Retour donc dans les ruelles putrides et autres bars de seconde zone pour à nouveau imposer la Loi et la Justice auprès des gangs à grands coups de tatanes dans les parties et de patates dans la tronche (à un moment, ça va bien finir par rentrer !). Tout en remontant par là même la piste de ce mystérieux syndicat du crime qui semble avoir mainmise sur les bas-fonds de la ville. Mais qui peut bien être à la tête de la mafieuse organisation, sachant que le mystérieux Mister X est mort depuis 10 ans ?

ON PREND LES MÊMES…

Car oui, Streets of Rage 4 se déroule une décennie après le troisième, mais cela n’empêche pas de retrouver notre duo central composé d’Axel Stone et Blaze Fielding, cette fois-ci entouré de Cherry Hunter, fille Rock’n’Roll d’Adam et Floyd Iraya, apprenti du Pr Zan et muni d’une paire de bras bio-mécanique suite à un drame lors de sa carrière de maçon. À cette équipe viendra s’ajouter très rapidement Adam Hunter en personne puis en hommage à la série, seront déblocables tout les protagonistes des jeux précédents, dans leurs magnifiques versions toutes pixélisés. Au total pas moins de 17 personnages seront sélectionnables pour parcourir l’aventure. Malheureusement on constate un absent notable car il ne semble pas que Roo le kangourou soit de la partie, en tout cas à l’heure actuelle personne ne semble l’avoir débloqué. Ash n’est également pas là, mais là c’est l’inverse qui aurait été étonnant. Les deux font cependant un petit caméo dans le jeu.

L'écran de sélection de personnage, une fois ceux-ci tous débloqués

Au niveau des niveaux, on à droit ici à 12 stages au lieu des 8 habituels. Certains sont cependant assez rapide et servent surtout de ‘zone de transition’ entre deux niveaux plus grand (le cargo, le métro..). On retrouve la progression propre à la série avec son début sur l’asphalte cabossé des rues malfamées qui petit à petit s’élève pour finir dans un lieu luxueux – mais tout aussi malfamé. On à droit à quelques passages devant des lieux déjà visité dans les opus précédent, comme le Pine Pot ou la fête foraine (dans un bien piteux état désormais). Il y a quand même bien plus de nouveaux décors que de redite, par exemple c’est la première fois que l’on découvre le commissariat et sa flicaille pourrie jusqu’à l’os, y compris le Commissaire en charge. Car bien entendu comme à l’époque à chaque fin de stage nous devons faire face à un boss qu’il faut vaincre. Ceux-ci se révèlent tout aussi coriace et disons-le ‘pète-bonbons’ que ceux de la ‘Grande Époque’ (D’ailleurs il existe un moyen de se confronter à certains d’entre eux via un petit secret combinant borne d’arcade et taser, je n’en dis pas plus mais cela vaut le coup pour les vieux de la vielle dans mon genre)... Certains niveaux proposent parfois aussi un mid-boss qui là aussi peuvent se révéler assez frustrant. Dans l’ensemble il faudra apprendre à identifier les patterns et les mouvements des hordes adverses pour pouvoir s’en dépatouiller sans trop de casse…

J'avoue avoir eu du mal avec Cherry lors de la présentation du personnage...avec sa guitare et son style, elle semblait ne pas être en accord avec l'univers du jeu. Mais une fois manette en main, elle se révèle vraiment excellente, avec des coups rapides et efficaces..et surtout ses attaques puissantes. En clair elle m'a convaincu.

Cette image est un dessin préparatoire qui fut montré à l'époque de l'annonce du jeu. On constate quelques changements avec le produit fini, comme Abadede qui n'est plus présent mais surtout une barre de Rage qui à elle aussi tout simplement disparue.

On en vient maintenant au gameplay proprement dit. Quid des ajouts dans la maniabilité trois décennies plus tard. On conserve les bases du tabassage en règle de loubards avec distribution de coups de poings, de coups sautés et d’attaques spéciales. Ces dernières grignotent sur la barre de vie et je ne suis toujours pas fan de ce système…mais désormais on peut restaurer sa vigueur en effectuant des combos sur les ennemis. Concrètement notre barre possède désormais 3 couleurs : la jaune indiquant notre vie, la noire ce qu’on a perdu et donc désormais une portion verte qui elle peut être restaurée suite aux attaques spéciales, mais si on se prends une mandale c'est définitivement perdu. Cela est donc moins contraignant qu’auparavant. Sachez que chaque perso possèdent deux attaques spéciales, une défensive et une offensive. Il y a aussi l'attaque Blitz qui elle est plus puissante que les coups de base et s’effectue le plus souvent en avant de notre héros. Celle-ci ne consomme pas d’énergie et est bien pratique pour débarrasser le terrain lorsqu’on est acculé de toute part. On retrouve toujours nos chopes et nos projections de l’ère classique et pour finir nous avons les fameuses super attaques étoiles qui comme leur nom l’indique, dépendent du nombre d'étoiles en notre possession. Il s’agit du coup le plus puissant de notre protagoniste et il s’agit donc d’en faire usage au moment le plus judicieux. Précisons enfin que les personnages issus des précédents épisodes conservent eux leur gameplay des années 90. Y compris pour les versions du tout premier jeu ‘l’appel à la police’, qui voit alors débarquer les collègues dans leur bagnole de flics pour arroser la zone comme à l’époque. Jouissif !

Que de souvenirs...

…ET ON RECOMMENCE.

Là où l’on voit qu'on a affaire à un jeu moderne, c’est sur son aspect d’adaptabilité. C’est bien simple : tout ou presque est paramétrable en fonction de ses attentes. Que ce soit le simple mappage des commandes, les informations visibles à l’écran, le niveau de difficulté…tout est réglable pour vous rendre le titre le plus agréable possible. Ils ont même était jusqu’à donné aux items de récupérations de vie (les mythiques Pommes et Poulets rôtis) plusieurs designs pour coller aux gouts de chacun. Dingue. Il y a également un menu d’aide si jamais vous vous retrouvez trop en difficulté pour passer un niveau. En échange de vies et/ou d’étoiles vous ne gagnerez qu’un pourcentage des points engrangés au cours de ce même niveau. À vous de jauger de la pertinence du prix à payer. Sachant que certains passages du jeu sont d’une atroce dureté, un coup de main est parfois plus que bienvenue.

Le mode Histoire propose un menu d'aide si jamais un niveau vous donne du fil à retordre, avec comme condition d'engranger moins de points...

Ces fameux points on pour principale fonction de faire grimper le score historique, ce qui permet de débloquer les personnages des anciens jeux. Chaque icone au-dessus de la barre du score correspond à un héros déblocable. Une fois la barre pleine, la suivante se mets en place, une barre correspondant à un jeu en particulier. Ici il s'agit de celle de Streets of Rage 2.

Évoquons à présent le scénario…que l’on qualifiera pour respect poli de sommaire. Il n’est qu’un prétexte pour lier entre eux les différents stages. En soi il n’est ni mieux ni pire que les précédents mais ne vous attendez pas à grand-chose de ce coté là. On est clairement dans un désir de série B bas de plafond. Malgré tout on sent la volonté de ne pas trahir ce qui avait été fait auparavant et rien ne contredit les événements d’antan. On peut même dire que cet épisode amène une plus grande cohérence globale à la saga car il relie des références et des idées venues des trois premiers. En clair il s’agit clairement d’une suite et non pas d’un remake ou un reboot.

Nous serons amener à croiser d'anciennes connaissances au cours de notre périple nocturne

Le script est volontairement simpliste - voir un peu bêbête - mais on est clairement pas là pour çà. Il fait cependant son office en permettant d'enchainer les stages dans un semblant de cohérence scénaristique...

Musicalement parlant…Alors. Je ne suis sans doute pas le mieux placé pour en parler objectivement, n’étant pas du tout spécialiste ni connaisseur de quoi que ce soit dans ce domaine, mais surtout je suis de ceux qui estime quela musique du premier épisode est un chef-d’œuvre et il m’arrive assez régulièrement d’écouter son OST juste pour le plaisir. C’est ce qu’on appelle l’une des Bandes Originales de ma vie comme disent les poêtes. Et bien que le travail d’Olivier Derivière (l’un des plus grands !) soit de bonne qualité, on est en deçà du travail d’Yūzō Koshiro effectué en 1991. D'autres artistes de talents on collaboré à la création des musiques mais vraiment je n'y accroche pas... Le jeu proposant de plus les anciennes musiques, j’avoue ne pas m’être fait prier longtemps pour les mettre en lieu et place de la BO actuelle. Pour ma plus grande joie.

La carte du jeu, pointant les différents stages que nous allons devoir 'pacifier'

Ah ! Il est temps de parler du contentieux. Les graphismes. Alors que beaucoup trouvent la relecture moderne assez stylé, pour d’autre cela est tout simplement hideux…et je peux le comprendre. Le style visuel adopté peut déconcerter par son coté trop dessin animé et surtout ses personnages trop ramassés sur eux-mêmes. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas mais encore une fois j’admets volontiers que ce  nouveau chara-design puisse grandement désappointer. Coté animation en revanche c’est aux petits oignons. Il suffit de voir Cherry et ses dizaines de petits mouvements qui lui donnent vie pour s’en convaincre. Ses cheveux, ses vêtements…le rendu est tout simplement sublime. Un personnage que j’ai trouvé particulièrement réussie visuellement c’est Estel, la lieutenant de police. Dommage qu’elle ne soit pas jouable…pour l’instant. Car il se pourrait bien que des DLC voient le jour devant le succès critique et public de cet épisode. Voir pourquoi pas dans un cinquième à venir…

Chacun se forgera son opinion mais en ce qui me concerne, je trouve la direction artistique réussie, sans doute mon coté lecteur de BD...d'autres en revanche estime cela particulièrement moche, surtout le chara-design. Le style peut en effet déconcerter...

Estel est une antagoniste cool et au look qui marque. Dommage qu'on ne puisse pas l'incarner.

MÊME JOUEUR JOUE ENCORE

Mais une fois tout cela dit, qu’en est-il de mon impression personnelle ? Car même si je considère ce Streets of Rage 4 comme un plutôt bon jeu, je suis loin de dire qu’il s’agit du meilleur épisode. Il se situe quelque part entre le 2 et le 3 de mon point de vue. Alors attention, dans son ensemble, la saga Streets of Rage est bonne, voir très bonne, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dis. Mais je ne retrouve pas dans ce dernier opus en date le plaisir que j’ai quand je (re)joue au premier, c’est comme çà. D’ailleurs je joue au 4 avec les persos débloqués du 1…plus concis, plus efficaces, plus rapides…plus puissants aussi il me semble. Je m’en sors bien mieux avec Axel, Blaze et surtout Adam - mon Main Character - en pixels que leur version moderne. Je ne sais pas…les versions du 4 sont très bien mais elles ont tellement de coups et de possibilités qu’elles en perdent leur simplicité d’usage. Dans le premier, le gameplay basique et sans fioritures permettait de maîtriser très vite son héros, tandis que dans le dernier on à la sensation de tâtonner à chaque instant, hésitant sur quel coup sera le plus efficace sur le moment.

Retour aux sources

Après je précise que je suis une vraie brêle et pas du tout un grand joueur de SoR ou de jeux de baston en général. Quand je vois les vidéos sorties sur le jeu avec des types qui joue en Mania (la difficulté la plus élevée) sans dommages et en rushant les niveaux, je suis éberlué. Une telle maîtrise est loin d’être à ma portée. Et dans un certain sens, tant mieux. Quand on écoute les spécialistes, Streets of Rage 4 est un excellent jeu aux subtilités très poussées qui permettent de prendre un plaisir monstre à chaque instant. S’ils le disent moi je les crois…mais ce n’est pas mon trip. Moi je joue au jeu en ‘Facile’ ou tout au plus en ‘Normal’, et c’est déjà pas mal . Je me prends des avoinés comme pas permis par les détrousseurs de grands chemins, je peste contre les mecs aux boucliers-lasers (à en croire les mecs sur Youtube, ils sont faciles à vaincre…il suffit de faire Zou! et Chu! et Paf! et voilà !…ouais ouais, si vous le dites!), les motardes m’énervent, les donzelles avec leur fioles me rendent fou, les types avec leur couteaux je leur balancerai ma manette dans la…Hum!, oui bon je m’emporte mais vous voyez le genre quoi !

Exemple d'un excellent joueur qui effectue un Run en Mania avec Axel. Je ne connais pas ce gamer mais j'ai un indice pour vous: ce n'est pas moi. J'ai testouillé ce mode extrême, j'ai réussi le premier stage mais dès le commissariat ça part trop en vrille...

Alors j’apprécie ce quatrième épisode à mon petit niveau, retrouvant une licence qui m’est chère depuis près de 30 ans maintenant. J’avance et je corrige les malandrins sur ma route par quelques baffes et autres coup de genoux pour les remettre dans le droit chemin. Je souris en voyant les clins d’œil au passé, voir aux tacles à l’art contemporain ‘subversif’ qui tente de se faire passer pour des décorations de Noel auprès des imbéciles de la Mairie de Paris. Je prends plaisir à castagner à tout va dans un jeu qui n’a rien perdu de son Fun au fil du temps, ou si peu. Ce dernier épisode vient se greffer sans aucune honte à la saga initiale et complète de manière fort agréable cette trilogie dantesque. On pouvait craindre une suite qui abaisserait le niveau général de Streets of Rage et il n’en est rien, bien au contraire. En soi c’est déjà un formidable exploit !

Ma partie en mode découverte et facile. Je vous rassure je joue mieux désormais...un peu.

Faire suite à une saga culte aurait pu être une gageure dans laquelle ce quatrième épisode aurait pu se perdre. Mais le travail effectué, la rigueur apportée et le respect éprouvé à la trilogie phare des années 90 à porter ses fruits. On se retrouve donc devant un Street of Rage 4 qui porte fièrement son prestigieux titre et l’amène avec classe dans les années 2020, pour le faire connaître à toute une nouvelle génération, qui on l’espère se penchera sur les anciens opus pour voir d’où tout cela provient. Rapide, nerveux, plus subtil qu’il n’y paraît, adaptable aux attentes de tous, de nombreux personnages-hommages à débloquer, concept toujours aussi simple mais terriblement efficace, éternellement Fun et agréable à prendre en main…dans la droite lignée de ses illustres ancêtres en somme.
Seules petites failles aux niveaux des musiques, bonnes mais en dessous des compositions cultes d’il y a trente ans (mais le challenge était loin d’être évident !) et peut-être une trop grande diversité des attaques qui fait que l’on perds un peu de l’efficacité et de la sobriété de naguère (mais c’est un vieillard de 40 ans qui s’en plaint, bien sur que la licence se doit d’évoluer). Aussi la charte graphique, qui clairement n’a pas fait l’unanimité, pour des raisons que l’on peut comprendre. Au-delà de çà, que du bon et si jamais vous aviez des doutes sur cet épisode de la renaissance, estompez les et tentez l’aventure en vous replongeant de nouveau dans les Rues Enragées, comme à la grande époque. OouuyaahHH !!

PS : Il est plaisant de constater un renouveau du Beat’em All ces derniers temps, avec des jeux comme SoR4 ou River City Girl (voir le King's Tales de FFXV), un genre un peu remisé en arrière-salle durant un moment mais qui revient de plus en plus souvent en vitrine ces dernières années. Et avec le maître-étalon qui revient en force comme à su le faire ce Street of Rage en mode Cocorico, on peut espérer revoir de beaux produits refaire surface d’ici peu. On à hâte.