CHAPITRE I : La Vie Avant La Mort

J’ai eu une vie avant de mourir. Elle ne fut pas des plus passionnantes. J’éclos dans la fange d’un village misérable aujourd’hui disparu du nord-ouest de Vvardenfell, où je passais toute mon enfance entre boue et vermine. Peu de souvenir d’une période qui ne mérite pas que l’on s’y attarde. Je n’avais pas atteint mes 10 ans lorsque mes parents, poussés par la faim, me vendirent à un navire de passage. C’était la grande époque de l’esclavage, et dans mon malheur, j’eu la chance d’être doté d’une agilité fort utile au Capitaine Derunner, qui au lieu de me vendre au premier marché aux bestiaux venu me garda à son bord. J’écumai toutes les mers du globe durant les longues et difficiles années qui suivirent, me rendant utile à l’équipage comme je le pouvais, nettoyant par-ci, souquant par-là. Considéré comme une sorte d’animal de compagnie du Capitaine, on me tolérait à coup de bottes. Je ne posais pas le pied à Terre de toute cette période.

Puis Morgan Derunner mourut. J’aimerai vous raconter qu’il trouva la mort lors d’une épique bataille navale, emportant avec lui sur le chemin de la Camarde des dizaines de ses ennemis, eux implorant, lui riant à gorge déployé sous un orage dantesque. Il n’en fut rien. Tout simplement un matin il ne se réveilla pas. Peut-être fut-il empoisonné par l’un de ses seconds ? Je n’en sus jamais rien. Alors que je me voyais déjà jeté par-dessus bord juste derrière le cercueil du Capitaine, en compagnie de ses effets personnels, on m’ignora contre toute attente totalement. Pas un mot, pas un regard, pas une pitance. Je m’en accommodai et subsistai de quelques rapines effectué dans les réserves. Et c’est ainsi qu’à l’escale qui suivit, je quittais pour la première fois le Mékina depuis mon arrivé à son bord pour retrouver le plancher des vaches. Par la passerelle, sans que quiconque ne m’en empêche. Je crois que l’équipage fut heureux de se débarrasser de moi, et je les en remercie en retour de ne pas m’avoir livré aux puissantes mâchoires des eaux profondes.

Dans la force de l’âge et sans un sou en poche, j’ai fait ce que chacun aurait fait à ma place : je suis entré dans l’armée. Hmm ? Oui ? Et bien que voulez-vous ?! Sur le coup cela m’a paru une bonne idée ! J’ai très vite déchanté. Mais j’en ai gardé une expérience du maniement des armes et le fait de ne plus trembler au moment de donner la mort. J’ai combattu sur bien des champs de bataille, sur des ordres de généraux dont j’ignorai tout. J’ai tué des hommes qui la veille étaient nos alliés et estropié des malheureux qui le lendemain furent dans notre camp. Je conserve de ce temps là une balafre qui me traverse le visage et me prive de l’usage d’un œil. Au vu de toutes les horreurs auxquelles j’ai assisté et des milliers de fois ou j’ai frôlé la Faucheuse, je ne m’en sors pas à si mauvais compte finalement.
Mais la guerre…La Guerre ne finit jamais. Et il y aura toujours des raisons d’aller chercher des noises à ses voisins pour je ne sais quelles causes absurdes. Et pour les fantassins comme nous, l’issue est bien souvent la même…Et je ne fis pas exception. Pas la peine de tergiverser des heures autour du pot: une escarmouche au milieu de mes compagnons, un grand BOUM. Puis le trou noir.

 

Ceci fut donc ma vie avant de mourir. Il y eu ensuite un long moment de flottement, comme un sommeil sans rêve. Cela dura entre quelques minutes et une éternité, dans ses eaux-là. Une vague sensation de froid pas désagréable et une ambiance tamisée bleutée flottait autour de moi. Une odeur de café aussi peut-être…

Et tout à coup une grande Blonde qui me secoue et me demande de la suivre. Un peu pataud et décontenancé je m’exécute sans trop réfléchir. Je me retrouve dans un environnement visiblement hostile, ou fort heureusement Lyris (la grande blonde) semble être comme chez elle. Elle terrasse les assaillants souhaitant empêcher notre évasion – car oui nous sommes de toute évidence dans une prison – tandis que je patauge avec ma serpette pour tenter d’occire quelques quidams malveillants. Nous progressons pour parvenir dans une vallée, si l’on peut qualifier ainsi ce lieu de cauchemar. Des âmes errantes nous entourent, lasses et gémissantes, mais non-hostiles. La femme veut visiblement retrouver quelqu’un, qui réclame ma présence (mais qui ?) et à besoin pour cela d’un type visiblement un brin dérangé, la casserole lui servant de couvre-chef étant un sérieux indice dans l’établissement de ce  diagnostic. Ses renseignements s’avéreront tout de même précieux car en les suivants nous parvenons très vite là où nous devions nous rendre : devant une cellule magique emprisonnant un vieil homme encapuchonné. Seul moyen de l’en sortir : que quelqu’un accepte de prendre sa place et de subir les tourments évidents qu’il endure. Je m’apprête discrètement à me faire la malle, sentant le coup fourré, quand Lyris se précipite et échange sa liberté contre celle du vieux ! Époustouflant.

Me voici donc dans un lieu inconnu et terrifiant, avec dans les bras un vieil aveugle se présentant sous l’humble sobriquet de ‘Prophète’ (mais QUI se présente ainsi ?!) et qui me demande de l’aider à le faire évader d’une prison démoniaque. Fastoche ! Le plus dingue c’est que c’est lui qui me somme de le suivre ! Laissant Lyris à son sort peu envieux nous gagnons un énorme puits qui d’après mon prophétique nouvel ami nous emmènera loin d’ici. C’est sans compter sur l’énorme démon-squelette qui n’a visiblement pas l’intention de nous laisser voir du pays ! Mais alors que muni de mon fidèle opinel je tente vainement une attaque désespérée, l’homme à la capuche réduit à néant le monstre sans visiblement grand effort. N’en reste qu’une parure qui fera office pourquoi pas de collier. C’est qu’il semble avoir de la ressource le papy ! Et il le prouve une fois de plus en créant un puissant portail magique que nous ne tardons pas à utiliser…

CHAPITRE II : Premier Pas Du Vestige

J’ouvre les yeux dans une confortable chambre mitonnée. J’ai un horrible mal de crâne. Était-ce réel ? Encore engourdi je me lève et tombe nez-à-nez avec un Horrible Spectre !! Passé mon hurlement d’effroi je me rends compte qu’il s’agit en fait de mon mystérieux vieux qui par voie astrale se réjouit de me voir de retour parmi les vivants. Je m’en réjouis tout autant ! Il me demande de le retrouver aussi vite que possible ‘au Port’, son fief, où nous débâterons de la suite des événements et me promets toutes les explications. J’ai hâte. Mais pour le moment me voilà sur Morneroc, une île de Morrowind, qui s’apprête à subir une invasion de l’Alliance. Il me laisse là, après m’avoir demandé d’apporter mon aide aux habitants, sans plus de cérémonie. Les écailles à l’air, sans armes, n’ayant aucune idée de ce que je dois faire, me voilà livré à moi-même en ce bon vieux Tamriel…

Je me trouve de fait dans le bâtiment principal du village central de Morneroc, ou je fais rapidement connaissance du Capitaine Rana et de son second la sergent Seyne, deux femmes elfes noires de l’armée du Pacte de Coeurébène. On m’a amené ici après qu’un villageois m’a retrouvé échoué sur la plage. Elles soupçonnent un navire approchant de dissimuler des troupes de l’Alliance prête à débarquer sur l’île pour tout saccager. Leur faible contingent ne pouvant rien faire pour les en empêcher. Je confirme alors leur crainte, sans révéler ma source. Pour une raison que j’ignore les gradées me font d’emblée confiance, me pensant sans doute victime d’une rixe malheureuse avec le dit navire suspect. La Capitaine nous charge alors chacun d’une mission d’importance. La Sergent devra surveiller et faire état de l’avancée des envahisseurs tandis que je serai chargé de ramener tout les habitants auprès du mausolée, qui dissimule en son sein une voie secrète menant à un port ou la Capitaine se chargera de dresser un navire en partance pour le continent. Ma tâche d’apparence la plus simple se révélera bien alambiqué, devant rendre des services plus ou moins absurde à des villageois encore inconscient du danger qui les menace. Retrouver un disparu grâce à son fidèle chien, débarrasser un ancien temple d’un nécromancien ou bien encore voler des documents dans le camp de base de l’Alliance sur l’île (ou je récupérerai une tenue d’infiltration qui me sied à merveille soit dit en passant), ce genre de choses. Mais je fini par m’acquitter de ma besogne sans trop de difficulté. Ces quelques mésaventures furent l’occasion de découvrir mes capacités naissantes et d’acquérir de l’expérience dans cette nouvelle vie, ou je dois tout réapprendre comme si je sortais à peine de l’œuf. Lorsque je rejoins le mausolée avec les derniers habitants (une petite troupe d’archéologues inexpérimentés) il est plus que temps de mettre les voiles. L’ennemi est à nos portes et il me faudra se frayer un chemin à coup d’estoc et de boules de feu pour allumer les feux d’alertes signalant le Grand Départ. Quelques séides squelettes tenteront en vain de barrer la route de notre fuite dans les tunnels sombres et visqueux de l’antique tombeau en pierre massive mais globalement notre cavalcade se déroula sans accroc. Tout comme notre traversée dans cette embarcation trop petite, d’où les fuyards regardèrent les yeux emplit de larmes leur foyer partir en fumée.

Si j'étais un mammifère la Sergent Seyne ne me laisserai certainement pas indifférent...

Notre destination fut le Guet de Davon, où nous arrivâmes là aussi en pleine bataille. L’Alliance visiblement avait lancé une grande offensive sur les côtes du Pacte. Sitôt les pauvres hères de Morneroc placés à l’abri, nous voilà reparti la Capitaine Rana, la Sergent Seyne et moi-même au front. J’y ferai la rencontre de Tanvall Indoril et son fils Garyn, qui fomentent un plan insensé pour repousser l’envahisseur. Ils souhaitent invoquer l’un des frères de la discorde, démon protecteur de la région pour ravager le camp adverse. Ils me charge ‘d’emprunter’ une relique dans le tombeau familial de leurs ancêtres, préférant envoyer un non-membre du clan pour que la malédiction ne les afflige pas. Me voilà vernis. Je me rends donc utile en combattant fantômes colériques et autres esprits affligés pour récupérer un crâne ancestral, tandis que mes compagnons luttent contre des hordes assoiffés de sang sur la plage. Quand je rapporte mon tribut, le cérémonial n’attends déjà plus que moi et très vite il surgit des flammes de l’Enfer : Balreth ! Tout aussi rapidement il se débarrasse des soldats de l’Alliance, déployant un véritable déluge de flammes et de rage sans retenue. En moins de qu’il en fallut pour que l’on s’en rende compte la victoire nous est acquise.

Ma modeste participation me vaudra pourtant le surnom de ‘ Héros du Guet de Davon’. C’est étrange les réputations, des camarades on prit de bien plus grand danger que moi mais c’est à ma personne que l’on décerne les mérites. Je les prends volontiers, non sans adresser quelques confuses au Capitaine et au Sergent, qui ne m’en tiennent pas rigueur. L’heure du bilan est toutefois assez lourd, bon nombre de compagnons on trépassé et le démon refuse de regagner son lieu de villégiature, causant quelques dommages collatéraux sur son passage. Aux dernières nouvelles Garyn Indoril tentait de le renvoyer de force dans son infernale habitation au pied du volcan que l'on appelle La Flèche Tourmentée. Il faudra que j’aille lui donner un coup de main lorsque j’en trouverai le temps…

Garyn Indoril n'est certes pas particulièrement expressif mais il est efficace et sérieux. Ce qui au vu de ses responsabilités est plutot une bonne chose!

Pour le moment, après les adieux de rigueur, me voilà parti pour ce fameux Port, où m’attends mon mystérieux vieillard mystique. Bon alors de Port, ce lieu n’en possède de fait que le nom, car une fois sur place, il s’agit ni plus ni moins que d’une grotte de toute évidence magique. Là j’y retrouve mon ‘Prophète’ (je ne m’y ferai pas à ce statut autoproclamé…) qui comme promis me révèle toute l’histoire via des visions astrales…que je suis bien incapable de vous retranscrire ici. En gros un groupe de cinq élus plus un ‘Grand Élu Suprême’ tentèrent un truc ‘méga-magique’ qui se révéla être un piège du traître sorcier, ce qui libéra le pouvoir de Molag Bal, l’un des pires Daedras – pour ne pas dire le pire – sur Tamriel. Ce dernier tente désormais d’ouvrir des passages d’Oblivion partout sur le continent pour tout réduire en cendres et amasser un nombre incalculable d’âmes pour HavreGlace son royaume. Voilà en gros. Prophétos (c’est le surnom que je lui donnerai désormais) m’expliqua en vérité bien d’autres choses, que je ne retins pas. Il parle beaucoup, et nombre de ces mots ne signifient rien pour moi. Tous ses délires mystico-ésotérique ne m’intéresse guère. Je me demande au fond pourquoi je lui file un coup de main à ce type. Mais il est à l’origine de ma résurrection, alors sans doute que je lui dois bien çà…Une fois son interminable laïus terminé, il m’informe qu’il cherche à libérer Lyris de la Prison des Lamentations, où elle doit toujours subir le sort qui lui été dévolu. En attendant qu’il trouve un moyen de me renvoyer là-bas (ben voyons !) il ne me donne qu’un seul conseil : « Vis ta vie ».

Le Prophète dans toute sa splendeur...

Je le quitte donc et une fois dehors j’ai tout le Morrowind qui s’offre à moi. Par quoi vais-je bien pouvoir commencer ?

À suivre…