Nouveau pan de l'univers Marvel qui s'offre à nous avec la découverte des Arts Mystiques et du Multivers...En plus clair, la Magie et la Sorcellerie débarque dans le MCU!
 
DOCTEUR STRANGE
2016
 
 
 
Réalisateur: Scott Derrickson (celui qui commit le remake 'Le Jour où la Terre s'arrêta' de 2008)
Le Héros: Benedict Cumberbatch
Les Grands Noms: Mads Mikkelsen, Tilda Swinton
La Demoiselle en Détresse: Rachel McAdams
Autres Apparitions Notables: Benedict Wong, Chiwetel Ejiofor
 
Tout est toujours une question de temps. Quand sortons nous notre film? Quand se déroule t-il? Quand commence t-il? Quand se termine t-il? Comment appréhendons-nous notre quotidien? Toujours à courir? A flâner? Combien nous reste t-il à vivre et comment décidons nous de le combler?
Le Temps est au cœur de Docteur Strange, qui narre la chute d'un chirurgien de renom sans cesse pressé qui suite à un grave accident de voiture voit sa vie bouleversée. Ses mains en miettes. Consacrant jusqu'à son dernier dollar dans sa guérison, il finit presque malgré lui dans une quête spirituelle qui le mènera à Kamar Taj, sorte d'école de la magie secrète de Katmandou, au Népal. Là il apprendra à maîtriser les arts mystiques et leur possibilités, dans le but de trouver la voie de son ancienne vie. Mais les Grandes Vérités du Multivers sont parfois impénétrables et il se pourrait bien que le Destin est d'autres plans pour notre bon docteur...
 
 
Le temps mais aussi l'arrogance d'un homme et son apprentissage de l'abnégation. Car Stephen Strange ne se prends pas pour du caca de pigeon. Imbu de lui même et fier comme un paon de son incommensurable culture, on ne peut pas dire que le bonhomme inspire la sympathie de prime abord. Et certaines de ses réparties sont véritablement cassantes voir véritablement blessantes, surtout envers Christine, avec laquelle il entretient une drôle de relation, sa seule amie et parfois plus...
 
 
En terme de récit, rien de bien marquant dans cette nouvelle 'Origin Story', on est dans le classique du genre. Là ou Strange sort son épingle du jeu c'est sur son aspect visuel. Dès le prologue on est captivé par ses effets spéciaux qui se joue de l'architecture et de la gravité. D'autres séquences sont du même acabit, comme l'incroyable course-poursuite dans cet espèce de New-York façon puzzle, qui malheureusement est trop brouillon et surchargé pour qu'on puisse réellement saisir l'ensemble de ce qui s'y passe. Cela reste Dingo cependant à visionner (prévoir une aspirine si vous êtes sujet aux maux de tête). Le passage en mode rembobinage dans le troisième acte est également hallucinant dans sa mise en scène et les idées qui y sont développées. Je n'ose imaginer le bazar pour réaliser une telle prouesse sans se mélanger les pédales! Aussi l'expédition spirituelle de Strange lorsque L'Ancien le balance dans le multivers, qui donne droit aux plans les plus psychédélique du MCU, rappelant grandement d'où vient le personnage. A savoir toute la culture Hippie mystico-défoncée des années 70.
L'Ancien justement. Il y a des choses à dire sur lui. Ou elle.
A l'origine le personnage est Tibétain, et Kamar Taj situé dans les montagnes sacrées. Mais de nos jours Hollywood ne peut pas courroucer la Chine et par conséquent la moindre évocation du Tibet signerait l'interdiction total du film sur le territoire impérial. Et donc une perte directe importante sur les revenus d'exploitation. C'est déplorable mais c'est comme çà. De l'aveu même de l'équipe du film c'était impossible pour eux de faire autrement, le blockbuster moderne pour rentrer dans ses frais à besoin de la Chine. Alors la Chine dicte son bon vouloir - sans même imposer quoi que ce soit ouvertement - et d'un homme tibétain on passe à une femme Celte. Et bien que Tilda Swinton soit une très grande actrice on perds beaucoup en symbolique et folklore avec ce remplacement. Triste.
 
 
On rencontre d'autre membres de l'établissement secret, dont les deux principaux alliés de notre héros. D'un coté nous avons Mordo, au passé trouble et douloureux mais droit dans ses bottes (magiques). Combattant hors-pair et maître exigeant, il ne voit pas d'un bon œil les écarts du docteur sur son enseignement. Et de l'autre Wong, le bibliothécaire taciturne en remplacement du précédent tué par décapitation il y a peu par Kaecillius, le renégat. Un second rôle marquant (et muet) aussi en la personne de Maître Hamir, intendant de l'institution qui j'espère aura droit à un rôle plus étoffé dans la suite.
 
 
Revenons sur notre brebis galeuse, Kaecillius. Joué par un Mads Mikkelsen sous-exploité, ses motivations ne sont pas des plus recherchées: libérer Dormammu le Dieu de le Dimension Noire qui dans son infinie sagesse dotera toute l'humanité de la vie éternelle. Une immortalité sous la forme de spectre décharné au service d'une divinité dévoreuse de monde mais immortalité quand même. L'absurdité d'un tel projet laisse perplexe sur l'écriture de ce personnage. Il fallait un méchant on en à fait un vite fait, voilà.
 
 
 
Prenons un petit moment pour évoquer Kamar Taj et ses trois sanctuaires. Situé à Londres, New-York et Hong-Kong, les trois lieux saints ne sont pas si difficile d'accès depuis Katmandou étant donné les trois portes magiques qui permettent de s'y rendre instantanément. Si j'étais Hamir, responsable financier de l'institution, je monterai direct une agence de voyage! Imaginez un peu: 20$ le passage de porte magique. Avec 40$, vous pourriez aller de Londres à Hong-Kong en seulement quelques pas et tout autant de secondes! Le centre de Katmandou accessible depuis New-York, au 177 Bleecker Street en moins de deux minutes...il y a une idée à creuser moi je dis! Cela ferait un formidable gain de Temps...
 
 
Le temps, justement. Parlons-en.
Il y a deux façons d'interpréter temporellement Docteur Strange. Deux théories qui s'affrontent et qui à la sortie en salle animèrent quelques débats houleux dont je fis parti. Les théories dites du Temps Long et du Temps court.
La première estime que le récit se déroule sur des années. L'homme dont il est question quand Strange est au téléphone dans sa voiture serait le cobaye de Justin Hammer qui se fait broyer la colonne et que nous avions découvert dans Iron Man 2. Puis l'accident de voiture qui mène notre héros dans une période convalescente de plusieurs mois, durant laquelle il enchaîne les opérations couteuses qui le mènera à sa perte financière. Puis finalement il tombe sur Jonathan Pangborn, ce qui le conduit jusqu'à ses études à Kamar Taj. Là aussi son enseignement à la magie se répartit sur des mois et des mois, avant de devenir un élément brillant de l'institut secret, comme il le dit lui-même on devient un expert dans son domaine "Par l'étude et la pratique, des années durant". Puis enfin les événements de tentative de destruction des lieux Saints par Kaecillius qui amènent à clore l'aventure. En conclusion, on voit un 'Docteur Strange' accompli, sur un plan iconique du personnage devant la baie vitrée caractéristique du Sanctum Sanctorum. Plus tard, Jasper Sitwell cite son nom car l’algorithme d’Armin Zola à déceler le potentiel dangereux de cet individu pour leur projet et est donc une cible à abattre. Cette théorie à le mérite de rendre vraisemblable la durée de la guérison et l’apprentissage de la magie et de renforcer le background de l'univers en l'inscrivant sur plusieurs années. Les sorciers sont bien présent depuis le début du MCU mais on leur propre problème à résoudre.
En clair, seule la scène port-générique avec Thor serait contemporaine de la Phase 3. Tout le reste serait un Flashback qui commencerait durant Iron Man 2 et se terminerait avant 'Le Soldat de L'Hiver'. C'est ainsi que personnellement j'interprétai le film lorsque je le vis la première fois.
Mais face à çà il y a la théorie du Temps court.
L'homme de 35 ans qui "s'est fait exploser la colonne avec en prime une belle fracture thoracique" serait en fait James Rhodes, lors de sa chute dans Civil War. L'entièreté du film se déroulerait donc en 2016...le prologue, l'introduction, l'accident, la convalescence, l’apprentissage magique, les attaques et l'affrontement de Dormammu. Balèze, Blaise. Il faut que Stephen Strange fasse part de ses capacités exceptionnelles de guérison et d’assimilation au reste du monde. Cette interprétation, malheureusement celle qui prévaut ne me satisfait guère et accorde à notre sorcier en cape rouge de trop grandes capacités hors-norme. En quelques mois - semaines? - il aurait appris ce que ses camarades mettent des années à maîtriser et deviendrait le gardien du Saint des Saint de New-York sans que quiconque n'est rien à redire?
Plus incroyable, il récupère de son terrible accident de voiture en quelques mois seulement? Passant d'un état catastrophique à un type capable de se battre contre trois sorciers expérimentés en à peine un ou deux trimestres?
 
 
Un plan sur une récompense en début de métrage indique bien l'année 2016. Un autre nous fait voir la Tour Avenger en pleine forme (en fait elle est montrée deux fois). Quand il est cité par Sitwell dans Captain America 2 c'est uniquement car le programme 'repère' les futures éventuelles menaces...(Pour moi la plus grosse incohérence! Déjà en quoi un chirurgien aussi doué, intelligent et très cultivé qu'il soit représente une menace réelle pour Hydra et pourquoi citer son nom à lui? Pourquoi pas Mr Tartenpion de la 5ème Avenue ou le jeune Parker qui se fera piquer par une araignée d'ici quelques années?).
 
 
L'explication de tout ça est comme d'habitude très prosaïque: rien n'était écrit à l'avance et une grande part d'improvisation se dessine derrière tout çà. Kevin Feige le dit souvent, aucun film ne s'écrit 'par-dessus' un autre. Quand Strange est évoqué durant la Phase 2, l'écriture du métrage éponyme n'est même pas commencée, à peine est-il en pré-production, et encore en mode léger. Ce qui amène à quelques incohérences de ce type.
Mais c'est là qu'entre en scène notre bon vieux pire ennemi. Le Temps. Il existe un moyen de concilier tout ce désordre de temporalité, et qui de surcroît est le thème même du film. La notion du temps qui passe et de notre interprétation de celui-ci. Peut-être tout cela est une manière de briser le quatrième mur, de faire comprendre au public (qui se serait penché sur cette ô combien épineuse question) que chacun à sa propre compréhension de celui-ci, sa manière d'y faire face. La relativité que l'on appelle çà. Pour corroborer ceci, deux scènes. La première -sans doute la plus belle du film - ou l'Ancien fait dérouler un moment le plus longtemps possible...pour littéralement vivre sa dernière seconde à fond. Pour observer une dernière fois la neige. A la fois passation de pouvoir et acceptation de la mort si longtemps repoussée. L'autre est encore plus symbolique, la montre cassée de Strange. Comme une métaphore de la temporalité du film assez confuse, le temps est brisée. Il est peut-être étiré, il y a peut-être une brèche, une instabilité, une anomalie voir même une boucle temporelle qui expliquerait parfaitement toute cette confusion... le temps ne serait-il pas 'en suspens' à Kamar Taj? Ce qui serait une possibilité et une raison satisfaisante de résoudre ce dilemme, peut-être est ce même Agamotto Himself qui créa cette bulle grâce à sa source de pouvoir...Mais au final peu importe. La raison pour laquelle Strange porte cette montre n'est pas pour apprivoiser le temps, le contrôler ou courir après. C'est pour l'inscription qui est gravée au dos...
C'est sans doute ça, le plus important.
 
 
Le point sur les Pierres: on apprends que l’œil D'Agamotto est en fait la Pierre du Temps, l'une des gemmes de L’Infini. On n'ignore par contre totalement comment le sus-nommé est parvenu à mettre la main sur la pierre mais cela s'est produit il y a des millénaires et il fonda l'école magique probablement suite à l'étude de l'artefact cosmique. Deux pierres était donc sur Terre durant des siècles...l'une au Népal et l'autre en Norvège. Midgard, au centre de l'Yggdrasil n'est pas importante pour rien...
Mais donc où en sommes nous?
-Le Tesseract (Pierre de l'Espace) dans la salle aux trésors d'Odin sur Asgard
-L'Ether (Pierre de la Réalité) chez Taneleer Tivan, dit le Collectionneur, sur Knowhere
-L'Orbe (Pierre de Pouvoir) dans le coffre des Cohortes de Nova sur Xandar
-Le Joyau (Pierre de l'Esprit) orne le front de la Vision, qui vit près de New-York, sur Terre.
-l’œil d'Agamotto (Pierre du Temps) trône sur son piédestal, à Kamar Taj, à Katmandou, sur Terre également.
Reste la Pierre de l'Âme, dont on ne sait rien. La meilleure hypothèse reste Heimdall qui avec ses yeux oranges et sa capacité à déceler toutes vie dans l'univers est sans doute lié à cette gemme. A voir dans Ragnarok...
 
 
Les Scènes Post-génériques: comme depuis quelques films, il s'agit d'un extrait d'un prochain épisode à venir. En l’occurrence ici Ragnarok, le troisième volet centré sur Thor. Sympa mais qui du coup fait doublon avec ce qu'on verra plus tard. Pure fainéantise, manque de motivation et teaser déguisé. Je ne suis pas très fan de ce genre de 'scène cachée'.
La seconde, elle, est bien plus intéressante. Mordo débarque dans l'atelier de Jonathan Pangborn, ancien élève de Kamar Taj qui lança Strange dans la quête de l'établissement secret. Après une brève discussion, Mordo use d'une technique pour voler la magie de Pangborn, qui de fait retrouve alors son statut paralytique. Il lance ensuite une menace contre les sorciers du monde entier...
 
Le Caméo de Stan Lee: Dans un bus, hilare à la lecture d'un livre de philosophie spirituelle sous psychotrope, 'The Door of the Perception' qui inspira de fait le dessinateur de Docteur Strange Steve Dikto pour les aventures fantasques de ce dernier.
 
 
Bonus:
 
Il est je pense important de faire voir un peu quelques planches du comics d'où est tiré ce film, pour montrer un peu d'où il vient et pourquoi il adopte ce style visuel un peu particulier. Voici donc quelques exemples, parmi de nombreux autres!
 
 
 
En 1978, un téléfilm est réalisé avec Peter Hooten dans le rôle de Stephen Strange. Ceci devait être un pilote pour une éventuelle série, un peu à l'instar de Hulk avec Bill Bixby mais le projet ne convint pas. Je reste curieux et je vais tenter de visionner la chose.