La nuit est tombée alors que nous roulons depuis des heures au milieu du désert. L'obscurité est totale. Les phares de notre Buick éclairant le bitume apportent un semblant de lumière dans ces ténèbres interminables. Enfin notre route en rejoint une autre, un peu plus fréquentée. Puis très vite on se retrouve sur une deux-voies, où la circulation semble s'agitée. Alors on scrute l'horizon, à la recherche de cette folie faite ville. On croit l'apercevoir derrière chaque rocher, derrière chaque butte. Mais non. Il ne s'agit que de quelques constructions éparses, d'enseignes décrépies ou d'îlots d'habitations plantés dans le sable infini. Puis en plein de milieu de nulle part, un carrefour. Un vrai de vrai. Avec feux tricolores des quatres cotés (mais pas de passages piétons). Dès qu'un feu passe au vert, un torrent de véhicules se déverse sur cette désormais quatres-voies. On regarde çà d'un oeil mi-amusé mi-abasourdi. Il n'y a pas 20 minutes nous étions seuls au monde en plein No Man's Land. On reprends notre route, voiture parmi des centaines d'autres. Il y a un désert à gauche. Il y a un désert à droite. Surréaliste. Je crois être en plein rêve.
Lorsqu'elle apparaît enfin le doute n'est plus permis. C'est Elle.
Comment décrire avec des mots cette époustouflante vue qui erre encore dans mes pensées. Imaginez un lac de Lumière, vivantes et vascillantes, au mileu d'une noirceur insondable. L'horizon constellé d'éclairages artificiels et le ciel étoilé se confondent. Malgré la distance vous parvenez à distinguer ses artères principales, ses highways, sa périphérie. Plus inconcevable encore vous distinguez venants de toutes les directions les milliers d'autres badauds qui vont et viennent sur les autres routes perdues au milieu du désert. Tous venus pour les mêmes raisons que vous: admirez l'incroyable. C'est un spectacle fascinant, et aujourd'hui encore je suis ravi d'avoir pu la découvrir ainsi. Puis comme pour vous prouver que tout cela est bien réel, un panneau annonce fièrement que vous venez bel et bien d'arriver à Las Vegas.
Techniquement, Las Vegas ne fait pas parti des étapes de la mythique Route 66. Mais comme ce n'est pas tous les jours que vous passez dans le coin, "le détour fait parti du circuit". Nous resterons trois jours dans la cité du Vice, et bien que j'en garde quelques souvenirs éparses (c'était durant l'été 2007) je ne peux pas dire être tombé sous le charme de la ville. Pas mon style. Du tout. Mais quand même, il faut y aller je pense au moins une fois dans sa vie, ne serait-ce que pour le voir pour le croire. Car si il y a bien un mot pour décrire cette dinguerie c'est "Incroyable".
Mais Sin City est également une belle métaphore du rêve américain et un condensé de ce que sont les Etats-Unis: un show. Quoi qu'il arrive.
PARTIE 1: Le STRIP (l'aller)
Les planches de ce thêatre, c'est la rue principale bien entendu, appelée 'le Strip'. Là ou se concentre la totalité du tourisme de la ville et des photos qui composeront cet article. Qui d'ailleurs je le précise maintenant ne sont pas de moi mais de mes compagnons de route (je n'avais pas d'appareil photo). Cette Main Street est un condensé de tout ce que peut faire la folie humaine quand elle a trop d'argent à dépenser. De la FOLIE PURE.
Première vue sur le Strip, la rue principale qui abrite tout les fameux casinos de la ville
Ce pourrait être la devise du coin...
Restaurant panoramique, sur le modèle de celui de SeattleL'une des fameuses - et nombreuses - chapelles de Las Vegas
Meilleure vue du délire...et nous n'en sommes qu'au début...
HA! Un endroit intérressant pour nous. J'aurai l'occasion d'y revenir aussi.
Le Camelot, l'un des plus originaux à la fois à l'extérieur et à l'intérieur Le Luxor. Tout est dans le nom...et la facade.
En tout premier lieu, sachez que Las Vegas n'est PAS une ville pour les enfants. Partout sur les trottoirs, à la queue-leu-leu durant des kilomètres sont présent ce que j'ai surnommé les 'Flic-Flac': des hommes et des femmes distribuant des flyers pour les strips-bars, les maisons de passes, qui vous alpaguent pour vous proposer une 'adresse'...ce surnom leur vient du bruit que font leur flyers quand ils s'éventent avec. Car ces personnes - en grande majorité issu de la population mexicaine (légale ou non) - sont donc debout des heures durant sous une température de plomb, voyant passer devant eux des milliers de gens peu intérréssé par leur business fallacieux. Autre 'détail' qui renseignent sur l'esprit de la ville, les distributeurs de journaux. Comme partout aux USA il y a ces fameux distributeurs que nous avons appris à connaître via le cinéma et les séries. Sauf qu'ici point de NY Times ou de Washington Gazette...TOUT les distributeurs sont remplis de magazines porno. La première fois qu'on en voit un, sourire tendu. La seconde fois, gêne embarrassé. La troisième fois, on en parle plus...au-delà on n'y fait plus attention...A Las Vegas il se vends énormément de choses mais ce qui se vends le plus, c'est le sexe. Et de loin. Lors de nos virées nocturnes nous ne comptions plus les 'dames de la nuit' que nous avons croisé, des jeunes et des moins jeunes...et parfois sans doute un peu trop jeunes. De nature très pudibonde j'avoue avoir été assez mal à l'aise dans cette ambiance de Luxure et de Stupre.
PARTIE 2: Le STRIP (le retour)
La grand-rue vue depuis un bus
Un trottoir. Rien de plus à dire. ^^ Et un hotel aux formes épurés
Petit bolide croisé au hasard de la rue..
Et oui il pleut même parfois à Las Vegas
L'autre péché très présent, c'est bien entendu le Pognon. Partout des casinos et surtout partout des pauvres bougres prêt à tenter leur chances. Croyez le ou non mais je n'ai pas dépensé un centime dans une quelconque machines à sou. Ce n'est tellement pas moi qu'honnêtement les salles de jeu je ne m'y suis même pas arrété. Et franchement quand vous en avez vu une, vous les avez toutes vues. Les casinos se ressemblent tous.
PARTIE 3: LE STRIP (by night)
Là ou cela devient véritablement gênant, c'est quand on comprends l'envers du décor de ce thêatre 'fabuleux'. Las Vegas est une ville pauvre. Oui oui, pauvre. Un habitant de la ville nous apprendra même que la nuit il ne fait pas bon trainer dans certains carrefours des arrières-rues de la grande artère, tenu par des 'gangs' de SDF prêt à détrousser les pauvres hères passant innocement par là. Des centaines de laissés-pour-compte vivent là; à quelques emcablures d'autres qui dépensent des fortunes dans des jeux de hasard ou des parties fines.
Quel contraste je vous assure de croiser des camps de sans-abris sous les ponts a 200 mètres à peine d'un casino remplit ras la tronche de machine à sous blindé de pièces...je trouve cela indécent et pathétique.
Cependant il faut aussi savoir que comme pour tout, les clochards se sont adapté et qu'il existe une sorte de 'Strip parrallèle' ou ceux ci on appris à se servir dans les buffet à volonté de certains établissement, à aller utiliser les douches des piscines des hotels etc...
Une autre façon d'apprécier la cité...de manière plus authentique peut-être . Allez savoir.
Une simple vue sur la rue, toujours bondée quelque soit l'heure de la nuit ou de la journée.
Circulation nocturne. Le reflet provient des baies vitrées de la passerelle
Détail du décor du Palace. Tout le lieu est à l'avenant
Et c'est là que je voulais en venir quand je parlais plus haut de métaphore: Las Vegas est un miroir grossisant des Etats-Unis dans son ensemble. Le Strip est la représentation des grandes villes (New-York, Chicago, Los Angeles, San Francisco etc...): beau, vivant, joyeux, poli, entraînant, qu'on visite les yeux éblouient. La belle vitrine.
Et le reste de la ville, caché, inconnu, sombre serait lui tout le reste du pays, ce fameux centre rempli de patelin que personne ne connaît. La fameuse amérique profonde qui aujourd'hui est redécouverte par les américains des Big City cotières.
Reste alors de cette visite un sentiment ambigu. Déjà que je ne suis guère attiré par le strass et les paillettes, découvrir cette face cachée de la ville laisse un arrière-goût amer. Le rêve américain laisse avant tout autre chose beaucoup de monde sur le carreau, et Las Vegas est un catalyseur de cette vérité.
...qui la nuit devient un écran géant au-dessus de nos têtes! Avec publicités et tout le toutim!
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Et c'est ainsi que se termine cette première partie. A l'origine il ne devait y avoir qu'un seul article mais j'ai peur qu'en faisant cela il ne soit trop indigeste, donc je coupe la poire en deux. La seconde partie se concentrera sur des casinos spécifiques, attendez vous à du lourd...
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Bonus de la partie 1: