Bonjour à tous, c'est Denys de Wayô !

je suis mi-journaliste, mi-compositeur. Dans le domaine de la musique de jeu, je suis content d'avoir pu interviewer une partie des compositeurs que j'admire le plus : Nobuo Uematsu, Yasunori Mitsuda et Hirokazu Tanaka, entre autres. Avec Jonathan de Wayô, j'ai également l'honneur de m'occuper de la traduction française du blog de Yasunori Mitsuda depuis trois ans, une période qui correspond par ailleurs au temps que j'ai passé au Japon, d'où j'écris ce message.

Aujourd'hui, je vais vous parler de Masashi Hamauzu, le premier compositeur avec qui Wayô Records a travaillé.

Partition de Masashi Hamauzu

« J'adorerais faire un concert en France »

La première fois que je l'ai rencontré, c'était à Tokyo au printemps 2010. À l'époque, il était encore très rare de le croiser, mais j'en ai eu l'opportunité grâce à Yasunori Mitsuda (eh oui, c'est pour ça que nous avons cité son nom dans les remerciements  du concert !).

Mes souvenirs de cette première rencontre ne sont pas très précis mais je me rappelle qu'après une conversation sur l'harmonie (un point que j'admire dans sa musique) et sur certains compositeurs français, Hamauzu-san a indiqué qu'il aimerait bien faire un concert dans notre pays un jour. À l'époque, Wayô n'existait pas encore, j'étais journaliste salarié et domicilié au Japon et je m'imaginais mal organiser seul un concert en France.

Par la suite, nous avons échangé des mails qui m'ont permis de suivre en direct ses projets : la sortie de la bande originale de Final Fantasy XIII, l'enregistrement de son album piano, plus tard la naissance d'Imeruat. C'est justement quelques jours après le lancement de ce dernier projet que Masashi Hamauzu m'a demandé si un concert en France était envisageable cette même année. Si j'ai été un peu effrayé au départ, j'ai vite eu envie de relever le défi et c'est ainsi que j'en ai parlé à l'équipe de Wayô, pas encore réunie à l'époque.

La suite, vous la connaissez : deux concerts à Paris en mai 2011, un album édité en France, puis deux concerts pendant l'hiver 2012.

Historique

Avant toute chose, il convient de rendre hommage à Jérémie, de Wayô. C'est grâce à lui que j'ai découvert Masashi Hamauzu il y a de ça presque dix ans, sur le légendaire Squaremusic. Etant donné que je n'ai joué à quasiment aucun jeu dont Hamauzu a composé la bande son, c'est directement à travers sa musique que je suis tombé amoureux de son style.

Les albums piano, en particulier, m'ont toujours impressionné, et en 2006, je me rappelle avoir joué le morceau γ+3 (Saga Frontier 2) au sein de l'atelier piano quatre mains de l'université où j'étudiais la musique. Par ailleurs, j'avais un ami qui jouait admirablement Besaid Island de FF X Piano Collections, de même que les arrangements pour piano de Sailing to the World !

À cette époque, j'admirais le compositeur dans mon coin sans imaginer que j'aurais un jour l'opportunité de le rencontrer, et même de travailler avec lui !

En 2011-2012, c'est en qualité de photographe que j'ai assisté aux premiers concerts d'Imeruat à Tokyo. Ensuite, c'est en tant que remplaçant de Mitsuto Suzuki (en 2012 et 2013) que j'ai poursuivi l'aventure avec le groupe. Le dernier épisode date du 5 avril 2013, à l'Omotesandô Ground. Imeruat étant le clou de cette après-midi musicale, le créneau était court (40 minutes environ), mais Masashi Hamauzu a décidé de lui donner un impact particulier en limitant les interventions parlées au strict minimum et en nous demandant d'enchaîner les pistes sans temps mort. Le résultat a été à la hauteur de nos espérances et les réactions du public très enthousiastes.

Sur scène

J'ai pourtant failli tout gâcher ! Cinq minutes avant de monter sur scène, j'ai laissé tomber mon contrôleur MIDI, dont la prise USB s'est cassée sur le coup... Heureusement, comme je suis un garçon prévoyant, j'avais prévu une doublure de ces contrôles sur le mini-synthétiseur que j'utilisais en plus ce jour-ci et tout s'est bien passé. Bon, puisqu'il faut trouver des bémols, sachez que j'ai laissé une piste de cymbale muette pendant Black Ocean. Heureusement, les musiciens sont des professionnels et ils n'ont pas du tout été troublés par l'absence de cet effet !

C'était mon troisième concert sur scène avec Imeruat, mais j'ai été très touché de voir des visages connus me saluer à la fin de ceux-ci, que ce soit en France ou au Japon. Les fans, écrasés par l'idée qu'ils se font des artistes sur scène, ne se rendent pas toujours compte de l'importance de leurs sourires et de leurs mots gentils !

Concrètement, que fait donc cette personne cachée derrière son écran, hormis se dandiner et taper dans les mains de temps en temps ? À vrai dire, c'est de cet ordinateur que sortent tous les sons qui ne sont pas joués par les musiciens : percussions, synthétiseurs, voix aditionnelles, effets, etc. Ce qui représente des centaines de pistes en tout ! Pour faire simple, s'il y a un problème de synchronisation, y compris avec l'image (gérée en direct par le VJ Tomoyuki Sugimoto), c'est sur moi qu'il faut taper ! En dehors des pistes à lancer, il s'agit parfois de soutenir les musiciens sur quelques phrases. Pour le concert d'Omotesandô, par exemple, je reprenais le motif répété des sources de  Sulyya au moment où Hijiri Kuwano, le violoniste, le laissait pour passer à la phrase suivante. Dans le cas de la tour de Taejin, je devais suivre les indications de Hamauzu-san pour moduler le son du synthétiseur, tandis qu'Ippiqui Takemoto et Mina improvisaient aux percussions et au mukkuri.

Last but not least, ce statut de membre ponctuel du groupe me permet d'assister à un tas de discussions tantôt passionnantes (Y a-t-il une flûte alto dans Daphnis et Chloé ? Trackball ou souris ?), tantôt amusantes (Quelle est l'influence d'un tour de rein sur un concert ?), lors des répétitions ou des repas du groupe, ce qui est un vrai trésor.

Hors champ

Avant les premiers concerts parisiens du compositeurs, je me suis occupé avec Jonathan de la communication avec Masashi Hamauzu et Mina. C'est ainsi que j'ai découvert en avant-première toutes les partitions, ainsi que les premières maquettes. Croyez-moi, c'est grisant mais aussi un peu étrange que de se savoir la seule personne en France à écouter telle ou telle musique, surtout quand on est avant tout un fan !

Dans un autre registre, j'ai filmé et monté les vidéos d'annonce des concerts, par exemple celle-ci :

Cette rencontre dans un studio de Tokyo a été très impressionnante puisque c'est là que j'ai vu le compositeur au piano pour la première fois. C'est aussi là que j'ai entendu la chanson Imeruat pour la première fois.

Avec Wayô, nous nous efforçons d'offrir aux fans l'opportunité de rencontrer les compositeurs qu'ils admirent, parce que nous sommes nous aussi des fans et que nous avons nous aussi frémi avant de rencontrer nos compositeurs préférés pour la première fois ! Votre enthousiasme est un vrai moteur pour nous mais aussi pour les compositeurs, n'hésitez jamais à envoyer un message de sympathie si le cœur vous en dit !