En lisant le très intéressant article de Chronicart qui voit des confessions partout, je me suis soudain interroger sur le regard que tout à chacun a sur cette industrie vidéoludique, et sur l'évènement qui en est peut-être le plus grand symbole.

L'E3 nous a montré encore cette année qu'il était revenu en grande forme après quelques années de déclins : conférences, annonces, showfloor, babes... Même s'il garde quelques stigmates de sa chute passée (un showfloor un peu faiblard avec quelques absences remarquées, un troisième jour quasi fantôme), la résonance médiatique a égalé celle des meilleures éditions.

Et si comme l'écrit bien Bliss dans l'article cité plus haut, l'industrie connait de fortes contradictions, il faut aussi souligner les contradictions des observateurs et des investisseurs de cette industrie.

Si les 3 grands constructeurs ont souvent fait le grand écart, c'est autant à cause d'investisseurs qui demandent du léger pour profiter des effets de mode : du F2P, du Facebook, de l'App à 0.79€ (cf. la Bourse réserve un accueil glacial à Nintendo ) que des medias qui demandent toujours plus de lourd, du AAA, de l'exclu pour contenter les joueurs à qui ils s'adressent, ceux qui sont prêt à acheter du papier ou de l'abo web pour s'informer sur leur passion.

Au bout de la chaîne, il y a les consommateurs qui votent avec leurs sous. Quand ils achètent massivement un produit non adoubé par les médias, ceux-ci les appellent le "Grand Public". Quand c'est un produit reconnu par les médias, ce sont les "fans", voire les "gamers".

 

 

Ménage à 4

C'est le produit de ce jeu entre industriels/financeurs/observateurs et consommateurs qui vient de se dérouler sous nos yeux à Los Angeles. Quand Microsoft annonce un Gear ou un Halo, il parle aux médias et aux gamers. Quand il fait 45 minutes sur Kinect, il parle à ses investisseurs et au grand public. Sony, qui n'a pas réussi à faire reconnaitre son Move par le grand public est condamné à l'innovation technologique par ses investisseurs (c'est son coeur de métier) et aux jeux AAA pour se faire une place au soleil. Nintendo enfin, qui après avoir parlé seulement au consommateur pendant 5 ans et risqué une quasi scission avec l'industrie, essaye tant bien que mal de changer son fusil d'épaule avec ses nouvelles consoles orientées gamers et casuals.

 

Le bordel quoi

Le problème soulevés par ce fonctionnement est que le consommateur est souvent le moins entendu. Vendez 20 millions de Call of Duty et 20 millions de New Super Mario Bros wii, secouez le tout, et vous obtiendrez par une logique implacable une trentaine de shooters et 1 jeu de plateforme 2D (Rayman origins).  Vous ne comprenez pas la logique ? Faites vous la expliquer par des gens qui manieront mieux que vous les concepts de hardcore/casual gamers,  de ratio de  jeux/console, de ration budget marketing/jeu/cible... Oui, ces mêmes gens qui n'ont pas vu venir les Farmville, Dr Kawashima ou Wii fit, qui ne rentraient dans aucune des cases de leurs grilles de lecture...

 

Cet E3, aussi réussi fut-il, me fait penser que, peut-être, une partie de la solution serait que cet écosystème s'ouvre un peu plus sur l'extérieur, et arrête de se raconter sa propre histoire en permanence. Car à force de bégaiements, de répétitions, d'uniformisation et de conformisme, le risque de lasser les consommateurs vidéoludiques est réel, et les fantômes de cartouches enterrées dans le désert ne sont pas aussi loin que l'on pourrait le croire...