Il y a environ un an, je défendais dans un de mes articles coup de gueule les consoles de salon contre le « tout dématérialisé ».  Je pensais alors que le démat c'était le mal, qu'il allait détruire nos chères consoles de salons, nos chères boites de jeu, et surtout que cela allait nuire à notre plaisir de jeu.

 

Depuis, il y a eu Walking Dead, Trials Evolution, de nombreux DLC, et quelques belles découvertes d'anciens jeux via les stores online. Depuis j'ai pratiqué, profité et surtout encore plus joué grâce au démat. En 1 an, ma position de joueur mais aussi d'analyste amateur de cette industrie a évolué de « réticent voir méfiant » a « convaincu ».

C'est en écoutant le podcast sur l'affaire Game que ce constat m'est apparu évident : Il y a un an, j'aurais hurlé au scandale devant la fin d'une chaine physique que j'apprécie et chez qui j'effectue une grande partie de mes achats. Aujourd'hui, cette fin, que je regrette toujours, m'apparaît comme une évidence face à un marché qui évolue vers le dématérialisé. Car si je compatis avec les employés des magasins qui disparaissent, une chose est certaine, je ne pleure pas Game. D'ailleurs, que Micromania se rassure, ils seront les suivants malgré leur meilleure santé financière. Game ne sera pas le dernier à tomber, tout simplement parce que les revendeurs indépendants n'ont plus d'avenir.

Grandes surfaces ou webstore ont un modèle plus intéressant financièrement à la fois pour le vendeur mais aussi pour le consommateur 

D'abord et surtout parce que financièrement parlant, ce n'est plus un modèle tenable. On apprend dans le podcast que la vente d'un jeu neuf ou d'une console neuve ne rapporte ainsi que 5 € et que les plus grosses marges se font sur les jeux d'occasions. En prenant en compte le fait que les sites webs du type amazon vendent un jeu neuf aux alentours de 55€ et qu'un magasin du type Game vend ce même jeu 70€, on voit mal comment le joueur renseigné qui compte un tant soit peu son argent privilégiera le Game au détriment d'Amazon (valable également pour PriceMinister et autres ! je n'ai pas d'actions Amazon !). Donc d'office, le magasin ne fera qu'un chiffre d'affaire minime sur ces jeux et consoles neufs. Lui reste donc les jeux d'occaz. Là encore le site web sera révèlera souvent plus intéressant financièrement sur un jeu d'occasion. Mais l'argument le plus valable, c'est la fin de l'occasion pour laquelle Sony et Microsoft tâtent régulièrement le terrain chez les joueurs. Si une telle restriction devait se mettre en place, le marché de l'occasion, qui est le seul à faire encore tenir ces boutiques, disparaitrait complètement.

On me dira alors que les Fnac et autres grandes surfaces auront le même problème, mais non ! Comme la rédac le précise dans le podcast, ces grandes surfaces peuvent rogner sur leurs marges sur d'autres produits pour compenser d'éventuelles pertes, ce que fait la FNAC avec sa politique prix agressive pour les jeux.

Financièrement donc, ces boutiques ne sont pas rentables face à des boutiques dématérialisées ou à de grandes surfaces et la situation ne devrait pas s'améliorer avec l'avènement du jeu dématérialisé.

 

Walking Dead, Journey, Mark of the Ninja : Maintenant une partie des meilleurs jeux de l'année ne passe plus par les boutiques

Le dématérialisé, c'est l'autre gros argument qui me faire dire que les boutiques indépendantes ne survivront pas. D'abord parce que Microsoft et Sony ont compris qu'ils pouvaient proposer leur propre magasin aux joueurs, avec leurs propres jeux mais aussi leurs propres promos. Si le prix d'un jeu neuf récent n'est certes toujours pas intéressant sur ces stores (oh le beau 70€ pour un jeu démat !), les vieux jeux sont carrément plus intéressants puisqu'un Deux Ex (PS2) se trouvera à moins de 5€ là ou on le retrouvera à 15€ en magasin (si on le trouve !). Des offres comme le PSN + courcircuitent déjà l'occasion en offrant de nombreux jeux pas trop vieux gratuitement (après abonnement bien sûr). Encore une fois financièrement, le PSN ou le XBLA proposent au pire au même prix qu'un magasin et au mieux à des offres parfois super intéressantes.

Mais au delà de l'aspect purement financier, on trouve désormais de plus en plus de jeux exclusivement en démat : Les Walking Dead, Trials Evolutions, Journey, Mark of the Ninja, sont introuvables en magasins. Il faut se rendre à l'évidence qu'une partie croissante de notre media préféré ne sort plus qu'en online et que l'achat en magasin passe totalement à côté.

Maintenant les Stores Online aussi font des soldes, parfois bien plus aggressives que les boutiques

Enfin, il y a tout simplement « le pouvoir de la flemme » ! C'est tellement plus simple d'appuyer sur un bouton que d'aller dans un magasin ou au final, on n'est pas toujours certains de trouver le jeu d'occaz qu'on cherche. La simplicité d'accès couplée au prix parfois plus faible vaincra progressivement la barrière psychologique du « je veux la boite ».  J'ai personnellement encore cette barrière, mais je sens qu'en un an, elle s'est déjà affaiblit et que bientôt, elle disparaitra.

Je ne dis pas que la vente matérialisée va disparaître, tout du moins pas tout de suite. Les marques comme la FNAC ou les grandes surfaces continueront de commercialiser des boites et peut-être quelques jeux d'occasions si cela est toujours possibles, jusqu'à une marginalisation progressive du support matériel qui ne disparaitra pas pour autant.

Mais ce dont je suis certains, c'est que les magasins indépendants sont voués à disparaître, parce qu'ils ne sont plus en phase avec le marché et que leur business plan ne tient plus la route. Ils font face à une double concurrence de « grossistes  web» à la Amazon qui vent du support matériel à bas prix via le web, mais aussi des « stores propriétaires » des fabricants de consoles qui proposent d'autres jeux, à des prix attractifs. N'oublions pas la tendance au dématérialisé qui réduira progressivement, sans les faire disparaître, les volumes de ventes matériels.

Ces gens sont une espèce en voie de disparition 

Game a certes été victime de grosses erreurs de gestion et d'une direction maladroite, mais je pense sincèrement qu'il y a des causes plus profondes, plus structurelles à ce déclin de la boutique indépendante telle que nous la connaissions.

Alors quand Julien Chièze (ou d'autres hein !) vous parle d'acte militant en allant acheter dans les boutiques, je me dis qu'il a raison, après c'est à vous de voir si vous aimez militer pour les causes désespérées...