La saga Assassin's Creed, je la connais depuis ses débuts, et j'entretiens avec elle une sorte de relation amour-haine tant à la fois j'aime de moins en moins ses mécaniques datées, et j'aime cet aspect profondément historique des histoires développées. AC c'est un fantasme absolu pour le passionné d'Histoire que je suis. Je pouvais enfin balader à pied dans des villes recréées à certaines époques avec une fidélité historique trop rare de nos jours. C'est encore pour cette raison que j'ai craqué sur AC III... du moins au début.

Parce que oui, AC III, j'étais très sceptique au début. Marre des mécaniques trop semblables entre les différents épisodes, marre d'une métahistoire à 2 sous absolument nulle, et surtout marre qu'on nous vende ce troisième épisode comme la révolution alors que tout portait à dire (avant sa sortie) que le principe allait être le même.

 

Et pourtant au début, la sauce a prise. D'abord grâce à une époque que je ne connais que trop peu, et puis grâce aussi à la Frontier, cet espace sauvage qui changeait tant des villes.

Alors oui l'introduction est extrêmement longue (5h) mais tout dépend de votre posture : On peut hurler au scandale si on part bille en tête en pensant jouer Connor dès le début, ou l'accepter et y voir une bonne mise en place de l'histoire du nouveau héros. Je fais partie de la 2ème catégorie. Le personnage d'Haytham est d'ailleurs probablement un des meilleurs persos du jeu. C'est d'ailleurs avec cette intro que j'ai rapidement compris quels allaient être les points forts et points faibles du jeu. Tout de suite, on se rend compte de l'énorme travail de recherche historique qui a été réalisé pour le jeu. Malheureusement c'est aussi là qu'on comprend que les mécaniques de jeu n'ont pas évolué, mais nous y reviendrons plus tard. En tout cas, cet intro est un point fort pour moi, et si elle est un pari narratif risqué, elle augure sur le moment du meilleur pour la suite de l'aventure.

 

L'intro est longue, mais c'est un pari risqué que j'ai apprécié... et puis Haytham est juste le meilleur perso du jeu

Comme je l'ai dis, elle dévoile une période passionnante qui est en fait le gros point fort du jeu. La profusion de détails historiques dans chaque est d'ailleurs la principale raison pour laquelle je continue à suivre à la saga. Chaque épisode était l'occasion de découvrir une nouvelle époque, souvent une époque ignorée dans la plupart des jeux vidéos. Et encore une fois, Ubisoft a réussi à insuffler un souffle historique à son monde. L'Amérique des colonies est parfaitement représentée, sale, primitive, et surtout encore teinté de cet accent British parfois incompréhensible, parfois désespérément classe. Boston ressemble à  ce qu'elle devait être : Une ville construite sur rien, entièrement nouvelle, mais aussi sale et pleine de vie. Si les 2 villes (Boston et New York) sont bien moins intéressantes et belles à parcourir que Florence, Venise ou même Constantinople, elles n'en sont pas moins vivantes. On ressent presque ce souffle des pionniers du Nouveau Monde. C'est donc là dessus que le jeu réussit le mieux : Nous faire vivre une époque, ressentir son ambiance.

Les villes sont sales, uniformes, et l'accent anglais résonne partout : L'ambiance est un des gros points forts du jeu

Cette époque, on la ressent dans les fameuses batailles navales. Véritable plus de ce AC III ces batailles sont superbement réalisées et l'ambiance est bien présente. On se croirait aux côtés de Nelson à Trafalgar à certains moments, d'autant qu'une mer agitée renforcera fortement l'immersion. Clairement ces phases, simples d'accès, mais par forcément évidentes, sont une excellente nouveauté de cet épisode. Dommage qu'il n'y ait que 2 missions « obligatoire », néanmoins, on en retrouve pas mal en quête annexe.

 

Les batailles navales sont très réussies, dommage qu'il y en ait si peu d'obligatoire dans l'aventure

Il me faut également parler de la Frontier, qui est en réalité, avec l'époque passionnante, la seule vraie nouveauté de cet épisode, ainsi que son autre point fort. Plutôt très grande, la frontier est superbe en plus d'être vivante. En la traversant (je ne suis pas un adepte des fast travel), je me suis imaginé la vie de ces pionniers, de ces colons venus d'Europe pour s'installer sur une terre qu'ils ne connaissaient pas et qui était alors vierge de toute culture occidentale. En se baladant dans ce monde sauvage, on ressent cette ambiance, et ça je l'ai vraiment apprécié. Ajoutons à cela un voyage dans les arbres définitivement classe (quoiqu'un poil trop prévisible quand on regarde les branches) et on obtient un vrai changement par rapport aux villes. On passe d'ailleurs avec plaisir de l'un à l'autre, histoire de varier les sensations, chacune étant la bouffée d'air frais après l'autre. Bref la frontier, j'ai aimé, et ça change vraiment du reste.

 

La Frontier est très réussie, et permet de varier les phases de jeu vite redondantes en ville

Parce que malheureusement, plus j'ai avancé dans le jeu, et plus j'ai été confronté à ses limites, ses incohérences, ses aberrations même. Contrairement à Seblecaribou qui avait dés le début été rebuté par le jeu, j'ai d'abord commencé par apprécier le jeu...avant de le détester, et ceci pour de nombreuses raisons. 

Tout d'abord, et Seb l'avait bien compris, les mécaniques de jeu sont EXACTEMENT les mêmes depuis AC II. On nous vend AC III comme la révolution, mais ce n'est absolument pas le cas. On le remarque dès le début : Le héros est un aimant qui va se jeter dans un tas de foin si on passe trop près, ou alors se ruer sur un mur alors qu'on voulait poursuivre quelqu'un dans une ruelle. Les mêmes grosses ficelles et les mêmes erreurs sont là. Après 4 jeux, ça commence a faire redondant (to say the least).

Les mécaniques de jeu sont les mêmes depuis AC II, et ça commence à faire long !

Pareil pour l'IA qui reste toujours autant aux fraises avec ses ennemis qui ne vous voient pas alors qu'un mec encapuchonné est clairement penché pour les épier à 2 m... Il en découle qu'on se balance comme de l'an 40 de l'infiltration : On bourre dans le tas. Cet état de fait est d'ailleurs renforcé par le « nouveau » système de combat. Il y a bien un effort pour se rapprocher du système (génial) de Batman, mais alors on en est encore méga loin ! Connor devient une brutasse invincible capable d'enchainer sans les mains une quarantaine de soldats sans problème. Ça en devient presque risible à certains moments. Bref, il n'y a pas quasiment pas d'évolutions en termes de gameplay, et ça commence très sérieusement à devenir lassant voir inquiétant, à tel point qu'aujourd'hui ne je joue plus à un AC que pour son univers et son époque.

Que dire des quêtes annexes... Si un effort a été fait sur leur variété, l'intérêt reste minime. Franchement elles ne m'ont pas donné envie de pousser plus loin. La chasse se révèle barbante passé le dictaticiel, comme le système commercial est proprement inutile. La palme de la quête la plus ridicule revient quand même celle qui fait de Connor un facteur... On donne du courrier à certaines personnes (qu'on croise un peu partout), le type nous dit merci... et c'est tout... Franchement, en dehors du Trésor du capitaine Kid, les quêtes annexes sont vraiment mineures...

 

Si les quêtes annexes sont variées, la plupart n'ont aucun intérêt : Connor peut-même être facteur...

Un autre gros point noir ce jeu, c'est son histoire. J'ai pu lire un peu partout que Connor était un assassin compliqué, intéressant, travaillé. J'ai lu également que le scénario d'AC III était le mieux écrit de tous, qu'il n'y avait pas de manichéisme, et que la métahistoire était un gros pan du jeu. J'ai acheté le jeu pour ça ! Le souci, c'est que quand je termine AC III, je me demande si on a bien joué au même jeu, et surtout si ce ne sont pas les éléments de langage d'Ubisoft qu'on nous a ressorti depuis le début ! 

Si le début du jeu est intéressant scénaristiquement parlant et que j'ai bien aimé le twist à la fin de l'intro, le reste de l'aventure a été en ralentissant. On nous a vendu Connor comme un perso travaillé, et bien j'avoue que je préférais largement Ezio qui avait un tant soit peu de gueule tandis qu'ici Connor se laisse porter par le vent, se fait manipuler. Alors oui il y a eu un effort de fait sur le manichéisme avec des templiers pas si cons que ça, mais toujours méchants. Plus l'histoire avance, plus elle s'enlise dans les clichés qui culminent à la fin. La mort de certains personnages est extrêmement banale, sans aucune gloire. La palme revient au prologue où on s'attend à un twist de dernière minute et ou en fait on débloque un succès (The End) après avoir vu 2 pauvres cutscene de 15 secondes chacune. C'est pareil pour les thèmes abordés : L'esclavage est évacué en une cutscene, et je m'attendais vraiment à un développement plus poussé de l'étau dans lequel sont pris les indiens d'Amérique. Vraiment l'histoire de Connor m'a laissé sur ma faim, et n'est pas aussi intéressante que ce à quoi je m'attendais !

 

Connor est très loin d'être le perso intéressant et complexe qu'on nous a vendu

Et alors la métahistoire... Déjà que cette histoire de tempête solaire et d'extraterrestre je trouvais ça littéralement à chier à partir du 2, mais là on repousse les limites. Desmond est d'ailleurs toujours aussi inintéressant comme héros. Le comble étant que le seul perso de l'Univers AC capable d'avoir plus de charisme que lui (Daniel Cross) est honteusement expédié. D'ailleurs ce passage est suivi par un autre « moment fort » de la métahistoire (on va éviter les spoils) qui est justement un monument du WTF. Ca a d'ailleurs été le moment ou je me suis dis que ça partait complètement en vrille. Le twist final n'est pas intéressant en soit, mais juste expédié en 15 sec... Certains trouvaient la fin de Mass Effect 3 bâclée, ils n'ont pas vu la fin d'AC III !

La encore j'attendais pas mal de la métahistoire, le retour de perso connus et important de cet univers, la fin de la trilogie Desmond, Daniel Cross. Et là encore je suis tombé de haut devant la nullité de certaines scènes.

 

Plus encore que dans les autres épisodes (c'est déjà un exploit en soit) la métahistoire est d'une nullité sans nom

Et alors on critiquait Skyrim pour la tetrachiée de bug qu'on pouvait trouver dans le jeu, mais AC III est au moins du même niveau,  si ce n'est pire. Clairement, le jeu n'a pas été fini. Ma première semaine de jeu, j'ai découvert au moins un bug majeure par session de jeu : Les arbres qui s'illuminent d'un seul coup sans raison, Connor qui freeze, ou qui passe dans une dimension parallèle (semi animus, semi Amérique) dans un cri strident, je crois que j'ai tout eu ! Généralement je ne suis pas trop chiant sur les bugs, il y en a toujours un peu, et aucun jeu n'est parfait. Mais là, y'a des moments ça devenait totalement intolérable tellement c'était fréquent et révélateur d'une finition à l'arrache.

 

AC III, c'est le royaume du bug. C'est limite honteux de sortir un jeu dont on dirait qu'elle est encore en beta...

A lire ce (long) test, on pourrait croire que j'ai détesté le jeu. Ce n'est pas vrai, l'époque passionnante, l'ambiance travaillée, la frontier vivante, m'ont accroché dès le début. Néanmoins, plus j'ai avancé dans le jeu, plus je me suis aperçu de ses énormes limites. Entre des quêtes annexes pas terribles, une métahistoire qui touche complètement le fond, une écriture finalement pas extraordinaire et surtout des bugs trop nombreux, AC III est plombé par ses trop nombreuses faiblesses. Je le conseillerai donc au final aux purs fans de la saga. Pour ma part, si elle continue sur cette voie, alors ce sera sans moi.