Après Heavy Rain, le style cinématographique de plusieurs jeux m'a attiré. En tête de liste, j'ai tout de suite pensé à L.A Noire. Grand fan de l'adaptation en film de L.A Confidential, l'ambiance Los Angeles des 40's du jeu ne pouvait que m'attirer.

 

Développé en 7 ans, au terme d'un parcours plus que chaotique, on pouvait s'attendre à une catastrophe. Il n'en est rien, même si on sent parfois ce developpement tumulteux dans l'intrigue. Ça ne m'a en tout cas pas empêché de prendre mon pied en jouant à ce Ace Attorney pour adulte. Comme d'habitude, je ne ferai pas l'impasse sur les points noires du jeu (il y en a malheureusement), mais sachez déjà que L.A Noire est un de ces jeux auquel il FAUT avoir joué, et qui a toute sa place dans votre ludothèque.

Des cadavres, vous allez en fouiller !

Le jeu est une sorte de point & click, ou le joueur incarne donc un inspecteur de la police de Los Angeles. Passage de scène de crime au peigne fin, interviews musclées, poursuite de suspects et fusillade seront donc votre pain quotidien. La partie la plus intéressante reste bien sur la collecte d'indice et les interrogatoires qui suivent. Durant ces interrogatoire, vous devrez essayez de savoir si le suspect ment, s'il bluffe, ou bien s'il dit la vérité. Vous pourrez le secouez un peu pour lui faire cracher le morceaux, mais une accusation de mensonge devra toujours être étayée par une preuve. Le gameplay est intéressant, sans être bouleversant, mais je reviendrai dessus plus en détail quand j'aborderai les points négatifs. Ce n'est en tout cas pas l'intérêt majeur du jeu, même si j'ai aimé jouer les enquêteurs en costard cravate et feutre.

 

Beaucoup de visages connus, et diablement bien modélisés

La raison principale qui fait que L.A Noire vaut le coup, c'est sa technologie d'animation faciale. Autant le dire tout de suite, les visages sont les plus humains, et les plus réalistes que j'ai pu voir dans un jeu vidéo. Le moteur d'Heavy Rain, et même je pense de Beyond, est à mes yeux surpassé, et de loin. Jamais je n'ai vu une telle fluidité, un tel réalisme dans les traits des personnages. Le fait que le jeu soit servi par un casting impressionnant avec de nombreuses têtes connues, renforce un peu plus ce "wow effect" qu'on a la première fois qu'on joue. Au delà du côté purement esthétique de l'animation, l'effet renforce considérablement cette impression de regarder une série, avec des vrais acteurs. C'est également ce point qui me fait dire que les acteurs de cinéma ont absolument toute leur place dans le processus de création d'un jeu vidéo. Il est indéniable que sans cette technologie, mais aussi ses acteurs qui la soutiennent, le jeu serait un peu plus communs. Jamais la frontière entre un jeu d'acteur et un visage digitalisé n'a été aussi fine, et on aime ça ! 

Alors oui, c'est parfois un peu surjoué, peut-être à cause des capteurs et du fait qu'on demande parfois aux acteurs de surjouer la scène pour que les mouvements du visage soient bien captés par les instruments. Je n'ai par contre pas vraiment ressenti le syndrome Uncanney Valley développé dans plusieurs tests et selon lequel plus on se rapproche du réalisme, plus on a tendance, à repérer les imperfections des visages et des réactions. Franchement, à part le côté surjoué de certaines scènes, ça ne m'a pas choqué.

 

La femme fatale, une histoire de flic, des meurtres : Tout les ingrédients du film noir

L'autre gros atout de L.A Noire, c'est son ambiance. Je suis moi-même un grand fan de ces films noirs et de l'époque des 40's à Los Angeles. Entre les flics corrompus, les belles chanteuses, les belles voitures et une bande son de dingue, L.A Noire m'a littéralement séduit. Certes la ville n'est pas toujours très vivante et il n'y a rien à y faire de réellement intérassant en dehors des enquêtes, mais elle conserve, dans les lieux visités, les paysages représentés, une forte identité à la L.A Confidential. Et puis les acteurs, comme leurs personnages, ont des gueules, des vrais, comme dans les films du genre. Bref, la direction artistique est géniale, comme la musique qui nous transporte véritablement dans l'époque. Encore une fois, je pense qu'on peut remercier Rockstar pour cette bande son hautement inspirée.

 

Elsa, la femme fatale, est également chanteuse et illustre parfaitement la qualité de la bande son du jeu

 Parlons un peu du scénario, le dernier gros point fort du jeu. Là ou Heavy Rain s'apparentait plus à un film, L.A Noire est plus une série à la Mad Men ou Boardwalk Empire. Chaque enquête est un épisode, certains sont liés entre eux, d'autres non. Au final, ils s'imbriquent (presque) tous dans la grande histoire qui est celle de l'ascension et la chute de Cole Phelps, ancien marine désabusé, et desormais inspecteur de police.

Le scénario regroupe les grands clichés du film noir américain : les flics pourris, les alcooliques, les femmes fatales, les producteurs de cinéma libidineux, les jeunes filles naïves, ils y sont tous ! Mais bon sang que c'est bon de se sentir au milieu de tout ça. Les dialogues avec vos coéquipiers sont délicieusement cyniques (à la GTA) et ces derniers le plus souvent assez charismatiques. Mention spéciale à Roy Earle le flic des mœurs et à Elsa Lichmann, la chanteuse d'origine Allemande, que j'ai adoré.

Les enquêtes sont de petites histoires, qui permettent de faire avancer la grande, celle de Cole Phelps

Les histoires racontés dans chaque enquêtes sont très souvent intéressantes (pas toujours), et très largement inspirées des faits divers de l'époque. En effet, le studio a épeluché les journaux de Los Angeles datant de 1947 pour s'inspirer des grosses affaires et faits divers de l'époque. Il en résulte des histoires le plus souvent crédibles et donc passionantes. De plus l'histoire à le bon gout de nous faire passer dans plusieurs services de la police de Los Angeles, ce qui va nous amener à traiter d'affaires aussi différentes que plusieurs homicides, un traffic de voitures volées, la poursuite d'un pyromane en série ou un traffic de morphine.

 

 

Les personnages secondaires ne sont pas en reste, et ont tous une vraie gueule

Maintenant, voyons les points noirs du jeu, parce qu'ils existent, et qu'on les ressent malgré la qualité de l'ensemble.

D'abord l'histoire. En effet, si chaque enquête est généralement accrocheuse, la grande histoire, celle qui les relie toutes, l'histoire de Cole, à tendance à mettre un peu de temps à décoller. Je vise ici particulièrement le deuxième tiers du jeu ou on se demande un peu ce qui se passe puisqu'on enchaine les enquêtes sans réel développement de la grande histoire. Néanmoins, ne vous arrêtez pas à cette baisse de rythme, le dernier tiers étant passionnant de bout en bout. 

Le gameplay est un peu léger. La ville par exemple est belle, mais vous n'aurez pas grand chose à y faire tant les quêtes annexes se limites à des fusillades qui se suivent et se ressemblent. Autre point les interrogatoires. A chaque réponse du suspect à vos questions, vous aurez le choix entre 3 propositions : Verité, doute, mensonge. Si la vérité et le mensonge sont assez bien délimité, le doute est plus bancale tant votre personnage va parfois se mettre à engueuler le suspect comme du poisson pourrie alors que vous aviez juste un léger doute sur sa déclaration et que la personne n'est apparemment pas suspecte. Un léger recalibrage des réactions aurait ainsi été nécessaire.

 

Los Angeles est un peu vide, et offre peu de quêtes annexes. Dommage, l'ambiance y est pourtant

Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé L.A Noire. Sa technologie inégalée, ses acteurs impliqués, son ambiance jazzy et sombre, comme ses histoires accrocheuses m'ont tous séduit. Il faudra passer sur quelques défauts de gameplay, et sur un rythme pas toujours régulier pour pleinement l'apprécier, mais il en vaut tellement la peine.