Prototype, ou l'apologie de l'imperfection

Un testeur objectif ? Ça parait être
un pléonasme, et pourtant...                                 
Evidemment lors de mes tests j'essaie d'être le plus objectif possible
mais une part de ma subjectivité se glisse toujours dans mes critiques
c'est inévitable, c'est mon subconscient qui fait des siennes.
Mais aujourd'hui je le clame haut et fort « Je ne serais pas objectif !!!
Je vais faire parler et même crier ma subjectivité ». Je vais la faire
crier car je suis étonné de voir la virulence des critiques autour 
de Prototype,  énervé de voir tous ces « amoureux du jeu vidéo »
critiquer ce soft sur son aspect technique. Non, pour moi le jeu vidéo
ce n'est pas simplement des amas de polygones qui bougent, non ! Le
jeu vidéo c'est avant tout des sensations et pour ce qui est des
sensations Prototype est ébouriffant. Effectivement, niveau scénar'
Prototype accumule les clichés : un super-héros amnésique, une catastrophe
biologique liée à l'armée américaine, mais malgré cela le contenu
narratif de Prototype parvient à vous accrocher durant les 31 missions
qui composent l'aventure (comptez 12 heures de jeu en Normal)

Alex Mercer, un héros en pleine
puberté.

Vous êtes Alex Mercer, un scientifique
un peu trop curieux et le jeu commence quand deux adorables légistes
en blouse blanche s'apprêtent à joyeusement vous disséquer.
Vous comprenez vite que la caresse du bistouri n'est pas une des plus
agréables et vous quittez la salle d'opération après avoir gracieusement
remercié les deux en blouse. Vous voilà dans New York. Et
qui dit grosse pomme dit aussi gros vers, dans ce New York alternatif
il y a trois types de vers : Les militaires, les infectés et un super
héros en pleine puberté : VOUS. En effet Alex Mercer ne connait pas
les plaisirs de l'acné mais d'autres joyeusetés poussent d'un
peu partout sur son corps. Ces modifications font de lui l'arme ultime,
en plus de cela il possède une force surhumaine qui lui permet de sauter
à des hauteurs incongrues (oubliez Super Man, à côté d'Alex c'est
une petite frappe) et d'envoyer valser n'importe quel péquin d'une
simple pichenette. Evidement puisque Alex est un héros de jeu vidéo
il a un but (pas comme 99% des habitants de notre belle planète) Et
son but est simple : trouer la peau à ceux qui ont fait de lui un monstre,
sauver sa copine et accessoirement déjouer le plus grand complot de
l'histoire de l'humanité, tout ça en un mois !

Assez de blabla, parlons maintenant
des sensations manette en main et là je vais être concis : jamais
un jeu ne m'avait donné une telle impression de puissance et de liberté.
Je survole New York tel un aigle assoiffé de sang, j'aperçois ma
proie, je descends en piqué sur elle, la transperce d'un simple coup
de poing puis je me jette sur un building, je cours à plus de 250 km/h
sur celui-ci et pour finir je me remets à voler dans le crépuscule.
Au chrono, j'ai effectué ceci en 12 secondes. Durant ces douze secondes
l'adrénaline a fluctué dans mon pauvre cerveau de joueur, mes doigts
ont tremblé, mes pupilles se sont dilatées et une fois que j'eus
fini ceci j'ai posé ma manette près de moi en laissant Alex Mercer
planer sans mon aide et j'ai eu envie de crier mon amour pour les
gars de chez Radical Entertainment. Prototype, c'est douze heures
de sensations similaires à celle-ci non-stop. Chaque animation du héros
respire la puissance. Alex est en effet un vrai monstre : il peut tomber
du plus haut building de New York atterrir dans un nuage de poussière
et continuer comme si de rien n'était. Malgré toute sa puissance
Alex n'est pas invincible (on le comprend dès que l'on rencontre
le premier molosse : un infecté dont la taille et la force n'ont rien
en commun avec celles des infectés normaux).  C'est pour cela
qu'il va falloir se faire tout petit durant certaines missions. Mais
ne vous inquiétez pas Alex a toutes les capacités nécessaires pour
cela, en effet il contrôle parfaitement toutes les informations génétiques
de son corps ce qui lui permet « d'absorber » n'importe quel être
vivant afin de prendre son apparence. (Bizarrement cela va jusqu'à
modifier ses vêtements afin qu'ils soient identiques à ceux de la
personne absorbée...Qui a dit que les jeux vidéos deviennent de plus
en plus réalistes ?...) Cette capacité permet à Alex de s'infiltrer
dans des bases militaires ou encore de se fondre dans la foule mais
elle lui permet aussi d'apprendre à piloter différents véhicules
(tanks et hélicoptères) car Alex n'assimile pas que l'apparence
de sa cible, il assimile aussi ses souvenirs et par voie de fait ses
aptitudes. Comprenez donc que si vous absorbez un pilote de tank vous
pourrez conduire le dit tank. Dans Prototype, vous avez la possibilité
d'assimiler n'importe quel passant mais cela a relativement peu
d'intérêt, ce qui est intéressant c'est d'assimiler les cibles
liées à l'intrigue (marquées par un gros signe rouge). Si vous
les assimilez vous récupérez leurs souvenirs qui  sont pour la
plupart des fragments de scénario. Tous ces fragments mis bout 
à bout étoffent considérablement l'histoire de Prototype et apportent
une vraie cohérence à son univers.

Malheureusement je ne pourrais pas
faire un vrai test sans parler de ce qui fâche, pourtant j'ai bien
envie d'omettre le fait que malgré quelques effets de poussières
et quelques explosions sympas, le moteur graphique de Prototype est
vraiment à la traîne, il porte le poids des années et témoigne
de la longueur du développement de ce jeu (le projet Prototype 
a commencé il y a plus de trois ans). De plus il est vrai qu'au-delà
de la trame principale les défis optionnels proposés par Prototype
sont bien fades (un peu comme les textures des buildings...) pour ne
pas dire inintéressants.

Prototype vous offre la divinité !

Bref Prototype est un jeu ambitieux,
certains disent même qu'il l'est trop... Mais qu'est ce
qu'on en a à faire ? Une fois la manette en main les sensations
relèvent du jamais vu et c'est bien ça qui compte. Tout le monde
rêve d'être un dieu et voilà ce que Prototype vous offre : la divinité,
ou en tout cas les sensations qu'elle procure et qui peut dire non
à cela ? Alors au diable l'objectivité, les graphismes, la technique,
au diable les critiques trop froides et trop peu humaines ! Pour moi
Prototype est l'un des jeux les plus marquants de 2009 si ce n'est
LE plus marquant !