Arte nous a fait plaisir, en diffusant durant trois semaines les films d'animation cultes du maître nippon en la matière : Hayao Miyazaki, à raison de deux soirées par semaine, pour un total donc de 6 diffusions. S'il manque certaines productions comme le récent "Ponyo sur la falaise", Arte a fait en sorte de proposer des films très différents pour mieux apprécier la richesse des univers fantastiques crées. Alors que l'opération inédite en France s'est achevée hier, je pense qu'il serait intéressant de donner mon ressenti sur les différents films du maître.

 

LE VOYAGE DE CHIHIRO (2002)

Pour débuter en trombe, Arte a sélectionné celui qui est selon moi le meilleur Miyazaki jamais sorti, mais aussi le plus récent de tous. Rappelons au passage qu'il a gagné un Oscar... L'univers est ici fantasmagorique, les créatures étranges rencontréessont issues du folklore japonais mais aussi de l'imagination galopante du génial créateur. On suit le parcours initiatique d'une petite fille attachante et émouvante. Si certains plans font avancer l'action, d'autres ne sont là que pour le plaisir des yeux : plans aériens colorés, et scènes poétiques. Il y a tout un jeu sur le contraste entre les scènes animées au milieu de la foule, et les instants de solitude, loin de tout repère, au milieu d'un océan imaginaire. Un film complexe qui pose de simples questions, mais qui reste avant tout une aventure poétique, drôle et divertissante, tout en réprésentant le nirvana technique du film d'animation.

 

MON VOISIN TOTORO (1988)

Petit retour en arrère avec ce conte pour enfant, traitant de l'amitié au travers de Totoro, l'ami parfait qui restera comme l'emblème du studio Ghibli. Faussement naïf, cette production légère, presque sucrée, se regarde avec des yeux d'enfant. Le Japon rural apparaît verdoyant. Le conte écologique distille ses messages progressivement, mais il faut prendre Totoro comme un film d'animation poétique et beau, mais visant un public plus jeune qu'à l'accoutumée.

 

LE CHATEAU AMBULANT (2005)

Décidément, Arte n'a pas suivi de progression chronologique ! On connait Miyazaki pour ses univers parfois surprenant, mais on est ici face à un film renversant. L'imaginaire du réalisateur transpire de toute part. Peut de scènes contemplatives, mais une action féerique et narrativement unique. La deuxième partie du film est un délire maîtrisé qui enchaine les scènes ou l'on de distingue plus le rêve, la réalité, l'imagination. Une réfléxion sur la vieillesse permet au film de ne pas s'éparpiller en chemin même si certains rebondissements extraordinaires viennent chambouler à nouveau le spectateur. Difficile d'être plus créatif...

 

NAUSICAA ET LA VALLEE DU VENT (1984)

Peut être l'oeuvre la moins connue diffusée. Si l'univers est ici en pleine SF, la technique et l'esthétique sont à mon avis bien moins réussies que dans lmes autres Miyazaki. L'animation est moins fluide, l'intrigue plus simple. Ici, l'action prédomine, avec comme fond des questions écologiques mais également sur la guerre. Si l'on échappe pas au bestiaire de l'imaginaire du studio Ghibli, ce dernier est plus sombre, le tout apparaît plus terne. Si certaines scènes aériennes (récurrentes chez Miyazaki) se révèlent être très poétiques, la bande son est plus simple, moins recherchée. J'avoue ne pas avoir complètement accroché.

 

PRINCESSE MONONOKE (1997)

Le lien avec la nature est encore une fois le thème principal. Esprits de la forêt, princesse sauvage élevée par les loups, démons... On retrouve une mythologie traditionnelle, dans un film d'animation assez sanglant parfois, mais la pkupart du temps d'une rare beauté. L'animation est à couper le souffle, les couleurs toujours très jolies. La force de ce Miyazaki est de n'avoir aucun personnage stéréotypé? Il n'y a pas vraiment de méchants, ou de bons, mais plusieurs forces en présence ayant leurs propres intérêts. C'est aussi le seul film d'animation diffusé qui a un jeune homme au personnage principal, et non une petite fille, quoi que la princesse Mononoke occupe le devant de la scène, devenant une héroïne complexe, tiraillé par des choix incompatibles. L'industrialisation, la guerre, la nature sont abordés successivement, sur fond de fable sombre et poétique épique et grandiose. Un vrai chef d'oeuvre !

 

LE CHATEAU DANS LE CIEL (1986)


Le dernier choix d'Arte est allé pour une des plus vieilles productions de Miyasaki. On est ici face à un film d'animation techniquement impresionnant pour l'époque, qui décide de ne pas faire dans l'orgie de détails et de couleurs pour épurer une aventure initiatique fantastique et fabuleuse encore une fois tournée vers le ciel, énième preuve de la fascnination de Miyazaki pour les engins volants. La recherche du pouvoir, la guerre, l'amour, tout se confond dans ce film d'animation dans lequel on suit deux petits enfants. La petite princesse est d'ailleurs très attachante, sous ses peurs et son apparente fragilité. Si les personnages rencontrés sont assez manichéens, soit gentils, soit méchants, ils servent tous la cause de cette histoire poétique, notamment lors de la découverte de la cité dans les nuages, tout simplement culte à mes yeux.

 

CONCLUSION

Merci à Arte pour cette diffusion inédite en France des oeuvres de Miyazaki. Je n'ai pas beaucoup parlé de la musique, mais elle est tout simplement magistrale, à l'image du spectacle visuel qui nous est offert. Cette rétrospective prouve bien que Miyazaki est un artiste complet et exigeant envers ses équipes qui livrent à chaque fois un chef d'oeuvre du cinéma d'animation.