En 2009-2010, la bonne fée des gamers me sourit enfin et m'accorde -ô Grâce!- le bonheur inédit d'entrer en possession de deux consoles concurrentes de nouvelle génération: la Nintendo Wii d'abord, puis la Sony PlayStation 3 quelques mois plus tard.

 Jamais dans ma vie de gamer cela n'était arrivé, avec pour causes évidentes jeunesse et argent de poche limité. Ecumant les rayons occasions de toutes les boutiques croisant mon chemin, d'aubaines en aubaines par paquets de 10, me voila, à l'aube de la saison des marrons 2010, propriétaire d'une ludothèque plus fournie que jamais auparavant sur les précédentes générations, forte de plusieurs dizaines de galettes soigneusement alignées dans mes étagères; moitié Wii, moitié PS3. Soit des centaines d'heures de joies videoludiques -potentielles-. Mais.

Un gros MAIS, même.

Car il semblerait qu'en ce premier dixième de millénaire, les développeurs ont fini par oublier ce qui aurait dû faire l'essence de leur métier. Les joies videoludiques sus-mentionnées se voient rapidement estropiées d'un suffixe d'importance: le ludique. Video, je vois. Certes. Ludo, je m'amuse. Beaucoup moins déjà.
Alors, je pourrais feindre l'étonnement, fût-ce par clémence envers ma bourse et les deniers investis ces derniers mois dans cette passion. Hélas.

Signe des temps? De plain-pied et jusqu'au cou dans une société où le bling-bling se fait président, où le cinema Hollywoodien préfère cacher sa honte derrière des lunettes d'obfuscation mettant en relief la cruelle absence de pensée et de scenario, le jeu video suit la tendance et fonce tête baissée, comme tout le reste de cette société de mal-consommation, dans l'inepte; à grand renfort de budgets pharaoniques. Quitte à remplir des poches et non des têtes, autant en mettre plein la vue, mieux briller pour mieux aveugler.

J'ai voulu tous ces jeux video. Pour voir et jouer. Pas pour regarder et écouter des salades et reposer la manette toutes les 5 minutes en attendant que ça se passe.

 Il y a même des leurres parfois. Vous croyez que c'est à votre tour? Oui! profitez-en, après 1 minute 53 de bang!bang! paf!pif!pouf! La cut-scene suivante. 10 minutes de bla-bla, les vilains terroristes, l'américain mal rasé qui ne fait que son job et qui aimerait rentrer chez lui, la bonnasse tombe sous le charme, bla-bla, bla-bla. Ah ça y est le jeu repr... WTF? zigouillage de 10 gugusses, re-cut-scene. Rho punaise! les conspirations terroristes visaient à détruire le chez-lui de l'américain mal rasé OMG quelle surprise des armes de destruction massive sont pointées pile poile sur sa cabane dans le troisième platane en bas à gauche en partant de la route de Water Falls, dans le désert aride du Nevada, le long du Mississipi. L'emprise de la dictature communiste de l'axe du mal ne saurait avoir lieu sans menacer le second amendement du bon redneck.

Si vous rajoutez 30 millions au budget du jeu, les programmeurs auront la délicatesse de rajouter de la profondeur scénaristique: remplacer les terroristes par des aliens. Qui n'auront qu'une chose en têt... euh, en tentac... euh, en bidule, là, le truc qui sert à penser (si, si le truc dont les dév croient que ça ne sert qu'à tirer dedans, remarquez, ça explique bien des choses...). Des aliens, donc, dont l'objectif sera d'envahir notre belle planète libre (oui, libre depuis que l'axe du mal anarcho-tsigane Nord-Coréen des pays de l'Est fût vaincu par les Services d' Elite du président américano-hongrois Nickson W. Blingus). Et logiquement, comme première cible tactique pour commencer leur invasion, les aliens visent pile poile sur une cabane dans le troisième platane en bas à gauche en partant de la route de Water Falls, dans le désert aride du Nevada, le long du Mississipi.

Rajoutez encore 10 millions au budget du jeu, et la team de développement mettra le paquet en rajoutant des bonus débloquables: une fois l'aventure terminée, l'heureux pigeo... consommateur aura la possibilité de...

...revoir les cut-scenes.