On aura beau dire ce que l'on veut : les émissions consacrées - de près ou de loin - aux jeux vidéo à la télévision ne sont toujours pas légion en 2014, alors même que ce médium génère plus d'argent que l'industrie du cinéma et de la musique. Pire encore : le jeu vidéo est responsable dans 9 cas sur 10 de tous les malheurs de l'humanité, lorsque malheureusement survient dans l'actualité un événement incluant de jeunes gens déséquilibrés faisant feu sur leurs camarades de classe. Du massacre de Columbine à celui d'Utoya, c'est le même refrain : Le jeu vidéo et sa violence caractérisée sont les responsables indirects de la pulsion de mort des forcenés, sans autre forme de procès. Facile, messieurs les journalistes, trop facile.

Il faut bien admettre qu'il y a donc un problème quelque part : Lorsque les autres arts – cinéma, musique et littérature en tête - sont célébrés dans la dignité et la diversité de leurs expériences via de nombreuses émissions de qualité (de moins en moins cela dit), le jeu vidéo lui, pâtit toujours de sa nature, et reste hélas encore bien trop souvent cantonné à un loisir pour enfants, tout du moins destiné dans l’inconscient collectif à un public jeune. Le « jouet » vidéo est encore présent dans trop de mentalités, ce qui ne l'aide pas à sortir de ce carcan destructeur pour son image. Il faut aussi observer que de par le caractère chronophage du jeu vidéo, la télévision ne le voit jamais d'un très bon oeil, puisqu'il constitue une alternative majeure à ses programmes, à partir du moment où il lui « vole » du temps d'activité. La télévision a en effet tout à y perdre.

De ce fait, le jeu vidéo peine à séduire les grands groupes de télévision, et prolifère davantage sur internet que sur le petit écran. Les audiences phénoménales du site Jeuxvidéo.com – et dans une moindre mesure celles de ses concurrents les plus proches Gamekult et Gameblog - peuvent témoigner de l'intérêt toujours plus grand des gens pour les activités vidéoludiques. La désertion du médium sur la petite lucarne est-elle pour autant une fatalité ? Peut-être pas tellement, étant donné que la culture se dégrade à vue d’oeil de façon générale. Depuis l'avènement de la télé réalité depuis près de 15 ans, la télévision a pris un tournant très nettement orienté vers le voyeurisme et glorifie le plus souvent la bêtise et la méchanceté humaine. Il n'y a qu'à allumer son poste de télévision aux heures les plus propices pour se rendre compte de ce qu'est devenue la télévision moderne : un ramassis de programmes tous plus scabreux les uns que les autres, dont le but avoué – les producteurs ne s'en cachent même plus – est de capturer le peu de temps de cerveau disponible qu'il nous reste après une dure journée pour mieux nous vendre le dernier produit de consommation du moment. Et le pire dans tout cela, c'est que cela fonctionne ! Que l'on regarde ces télé-poubelles pour « critiquer », se distraire ou par simple curiosité intellectuelle, le résultat est le même puisque l'on donne du crédit à ces cirques pathétiques de par le simple fait de rester sur la chaîne en question.

À quelque chose malheur est bon, pourrait-on dire, puisque le jeu vidéo, même s'il est dépeint de manière majoritairement négative, reste plus ou moins constant dans la représentation qu'en donnent les grands médias dominants. Bien maigre consolation, certes, mais au moins son image, à défaut de s'améliorer, ne se détériore pas davantage. C'est toujours ça de pris. En de rares occasion, il est même amusant de constater que ce dernier bénéficie parfois des faveurs de ces chaînes de télévision habituellement promptes à lui tirer dessus à boulets rouges. Tantôt le jeu vidéo sera célébré pour ses vertus thérapeutiques  - lorsqu'il permet à des enfants malades de penser l'espace d'un instant à autre chose qu'à leur triste maladie - , d'autres fois il sera mis en avant comme un accessoire de luxe à la perte de poids (Wii Fit et Your Shape par exemple). En tout cas, ce sont très rarement ses vertus esthétiques et artistiques qui sont mises sur le devant de la scène, et c'est bien là le point le plus noir de ma démonstration d'aujourd'hui. 

En dehors de publireportages à peine déguisés et d'opérations marketing en tout genre, que reste-t-il du jeu vidéo à la télévision française ? Pourquoi n'a-t-on pas droit à une émission du type Le Cercle Cinéma pour décortiquer l'univers pourtant artistiquement si riche du jeu vidéo ? À quand une émission dédiée aux enjeux artistiques, esthétiques, économiques – ou que sais-je encore – du jeu vidéo tant ce dernier n'en manque pas, et quand est-ce que ce dernier cessera d'être simplement vu comme un divertissement pour ado boutonneux ? Le terme paraît excessif, mais à en juger le traitement grossier qu'on réserve au jeu vidéo, catalogué sous la simple et ô combien réductrice bannière de loisir numérique la plupart du temps, je commence à me demander - doux rêveur que je suis - s'il faut continuer d'espérer attendre quoi que ce soit de la télévision pour en promouvoir les bienfaits  !

Peut-être que le jour ou ces chers journalistes et politiciens auront compris que le jeu vidéo, ce n'est pas simplement Fifa, Call of Duty et Candy Crush, les choses pourront évoluer dans le bon sens. J'ai malheureusement l'impression qu'il va falloir attendre quelques années, histoire que cette génération disparaisse pour laisser place à d'autres personnes plus ouvertes d'esprit, afin que le jeu vidéo ne soit plus simplement vu comme un sous-fifre de la culture populaire mais comme un art à part entière