Certains éditeurs de jeux vidéo font preuve de ressources insoupçonnées lorsqu'il s'agit de faire comprendre tout le mal qu'ils pensent de ceux qui ont bien mal acquis leurs jeux. Avec humour ou cynisme, les exemples que nous allons voir ne manquent en tout cas pas d'originalité !

Considéré comme un fléau par certains, comme un Eldorado pour d'autres, le piratage de jeux vidéo existe sous bien des formes et depuis bien longtemps déjà. Il n'aura en tout cas laissé personne indifférent à son développement au fil du temps, à commencer par les éditeurs eux-même, bien évidemment, qui sont fort logiquement les premiers à pâtir de cette pratique. Au delà de l'épineuse question « aurais-je acheté le jeu que je viens de pirater si j'en avais eu les moyens? » qui semble être le justificatif favori de bon nombre de pirates, intéressons nous plutôt aujourd'hui aux méthodes pour le moins atypiques employées par les éditeurs afin de contrer les joueurs disposant de copies illégitimes. Et très sincèrement, certaines de ces méthodes drôles et ingénieuses risquent de vous faire tomber de votre chaise ! Mention spéciale aux créatifs de chez LucasArts, réservant dans leurs productions quelques surprises de taille - toujours dans la joie et la bonne humeur - aux malhonnêtes possesseurs de leur softs ! D'autres petits studios, parfois bien moins fortunés, savent également faire montre d'une grande créativité quand ils ne peuvent pas se permettre de mettre une partie importante de leur budget dans de coûteux DRM (abréviation de Digital Right Managment).

Alors ça y est, vous êtes bien installés ? Voici donc sans plus tarder la suite de ma petite sélection des meilleures mesures anti piratage mises en place au cours des 30 dernières années par les éditeurs et développeurs afin de se prémunir contre le vol de leur travail. Si vous l'aviez manqué, retrouvez la première partie du dossier ici. N'hésitez pas à partager et à commenter si vous connaissez d'autres exemples insolites qui m'auraient échappé !

 

Grand Theft Auto IV (PC, Xbox 360, PS3 : 2008)

Chez Rockstar, les pirates et les « déviants » en tout genre, on aime moyennement ça. Même lorsqu'il s'agit de gens payant leur jeu honnêtement mais en avance par rapport aux dates officielles – comme ce fut le cas à la récente sortir de GTAV - l'éditeur américain n'hésite pas à pénaliser ces derniers en les bannissant purement et simplement des serveurs en ligne du jeu. Parenthèse mise à part, Rockstar n'en est pas à son premier coup d'essai, puisque dès la sortie de GTA IV en 2008, les pirates de la version PC avaient la fâcheuse surprise de se retrouver aux prises avec un Niko Bellic fortement alcoolisé, ce qui entrave très fortement son idée du rêve américain. Concrètement, il s'agit en fait d'un mouvement de caméra rendant l'action complètement illisible à l'écran car « simulant » une bonne grosse cuite ! Si vous n'êtes pas irlandais, vous aurez bien du mal à faire plus de 20 mètres sans vous viander lamentablement sur l’asphalte polluée de Liberty City. Quant aux véhicules, j'aime autant vous dire que sans une Super Licence de F1, inutile d’espérer aller plus loin que le drugstore à l'angle de la rue !

 

Alan Wake (PC, Xbox 360 : 2010)

Foutre des DRM partout dans ses jeux pour les rendre injouables ? Has been ! Remedy Entertainment préfère jouer la carte affective du gentil moralisateur, façon Zak McKracken. Pour avoir bien mal acquis le soft horrifique de nos amis finlandais, les vilains bandits de chez Pirate Bay (qui eux sont suédois, vous suivez?) se voient affubler d'un eye patch de... pirate ! Eh, quoi d'autre après tout. Appelons un chat un chat. Puis, à la manière du titre de LucasArts que je citais plus haut, quelques cartons du genre « télécharger, c'est pas bien, vilain! » viennent agrémenter les écrans de chargement afin de bien faire comprendre que le cache-½il de pirate n'a rien d'un accessoire de mode ou d'un easter egg...

 

Alpha Protocol (PC, Xbox 360, PS3 : 2010)

Dans le genre débile profond, Obsidian Entertainment, à qui l'on doit notamment l'excellent Fallout New Vegas (ou bien encore le très récent South Park, le bâton de la vérité) fait dans le... cocasse - pour rester dans la bienséance – puisqu'il remplace tous les sons dans les menus par des AUGH, OOH et autres ARGH ! Il s'agit en fait des cris que pousse le héros ingame lorsqu'il subit des dommages, vous l'aurez compris. Mais le sadisme des développeurs ne s'arrête pas là, (je vous ai dit qu'ils avaient bossé sur New Vegas donc bon...) puisque au moment de lancer une partie, la cinématique d'intro débute normalement avant de finalement décider que non, vous n'en verrez pas plus. Retour au menu principal, avec les effets sonores d'attardé mental cités plus haut pour seule compagnie. La même formule à été choisie plus récemment par Codemasters avec son DiRT Showdown (2012), mais avec une variante encore plus vicieuse : ce ne sont pas les sons qui sont ici remplacés, mais les textes dans les menus ! À gros coup de « Yarr », et autres hurlements suggestifs, représentant sans doute les cris de pirates à l'abordage. Ah la vie de pirate, ce n'est un long fleuve tranquille tous les jours !

 

Sonic CD (Mega-CD, XBLA, PSN : 1993)

Ah, les années 90, que de nostalgie ! Pour faire peur aux gosse à l'époque, il suffisait de les mettre devant le téléfilm « It », (mais si vous savez, celui en deux parties qui passait en boucle sur M6), ou bien... devant Sonic-CD ! Pourquoi donc, me direz vous ? Nous allons nous éloigner un peu – si peu – des mesures anti piratage, car on ne peut pas clairement établir qu'il s'agisse bien de cela, au vu de la bizarrerie de la chose. Bref, figurez vous donc qu'en bidouillant un peu dans les options Sound Test du jeu (comprenez par là les options sonores), il est possible, moyennant une petite manip', de tomber sur un message vraiment troublant, avec en arrière fond une tête déformée et grossière de Sonic. En plus de ça, une petite musique bien flippante pour accompagner le texte à l'écran (dans la version américaine seulement), qui dit la chose suivante : « Fun is infinite with Sega Enterprises. Majin. » Majin signifie « le diable » en français. Un texte donc directement signé de la main du malin. Rien que ça, on n'a peur de rien chez Sega !

Il est à noter tout de même que les versions européennes et japonaises possèdent une musique bien différente, nettement plus festive puisqu'il s'agit d'une sorte de fusion Hip Hop carrément moins hostile, et brisant immédiatement l'effet de surprise (voire de peur) de se retrouver face à un tel écran.

 

The Settlers III (PC : 1998)

Le jeu de gestion concocté par Blue Byte Software n'y va pas avec le dos de la cuillère en ce qui concerne la question du piratage. Au lieu d’empêcher les « joueurs clandestins » de développer leurs colonies comme tout bon prospecteur virtuel qui se respecte, les développeurs optent pour une approche un tout petit plus plus subtile : L'idée est de ralentir la progression du pirate, en lui en faisant baver comme si ce dernier avait décidé d'établir sa civilisation dans l'endroit le plus hostile du monde, genre un marais infesté de moustiques. Vous voyez l'idée. Personne ne vient peupler les villes, la végétation met un temps fou à pousser et les mines de fer ne produisent en fait que des cochons. Oui oui, vous avez bien lu. Des cochons ! Une petite plaisanterie qui ne fera pas forcément rire tout le monde – donner de la confiture aux cochons, haha- , mais qui à le mérite de prendre les pirates à leur propre jeu et qui ne manque pas d'audace.

 

Mirror's Edge (PC, Xbox 360, PS3 : 2008)

Pour se prémunir contre le piratage, les petits gars de chez Digital Illusions C.E - DICE pour les intimes - ont l'idée d'implémenter un système rendant le jeu complètement caduque en cas d'acquisition non légitime : le freinage progressif de Faith, pile-poil au moment ou cette dernière est sur le point d'amorcer un saut ! Et comprenez bien que pour un jeu ou tout le gameplay se base sur la discipline du parkour, c'est assez gênant... ou drôle, ça dépend de quel côté de la barrière vous vous trouvez. Vu que l'on passe 85% (à vue de nez, ça doit bien faire ça) à crapahuter sur les toits et autres édifices de la ville futuriste, cette simple petite modification dans le code du jeu rend donc ce dernier impraticable, sans que cela ne coûte très cher à EA en DRM... astucieux.

 

Michael Jackson : The Experience (Nintendo DS : 2010)

Le roi de la pop, vous aimez ? Il y a quelques années, Ubisoft déclinait la série « The Experience », dédiée à l'univers musical de MJ sur divers supports, dont la Nintendo DS. Et bien laissez-moi vous convaincre de ne PAS pirater ce jeu, et encore moins cette version si vous ne voulez pas revivre les heures les plus sombres de la coupe du monde 2010 (et si vous tenez à votre intégrité morale et physique). Rassurez-vous, rien de dramatique dans mes propos, je fais simplement allusion au doux chant des vuvuzelas qui ont bercé ce mondial sud-africain d'une bande originale cette année-là, et dont les tympans des touristes se souviendront sans doute encore longtemps. Ubisoft à décidé de s'inspirer de ce fait de société pour punir les vilains pas beaux pirates qui voleraient leur jeu. Résultat : tous les morceaux de Michael Jackson sont recouverts par des vuvuzelas hurlantes, privant le joueur malhonnête de profiter des compositions inspirées du musicien afro-américain décédé en 2009. Même s'il s'agit d'un moyen comme un autre de luter contre le piratage, ce n'est pas très subtil de venir salir les musiques du King of pop de la sorte ! M'enfin moi je dis ça...

C'est quoi la prochaine étape chez Ubi, un jeu de danse Madonna avec du bérimbau Brésilien sur toutes les pistes pour les versions sous le manteau ?

 

Dragon Quest : La Fiancée Céleste (Nintendo DS : 2008)

Aller, on revient aux grands classiques avec ce chef d’½uvre JRPG de la série Dragon Quest, j'ai nommé l'épisode La Fiancée Céleste, qui débarque en 2008 sur la DS. De manière relativement classique – mais néanmoins assez ironique si j'ose dire – , le premier voyage en bateau censé amorcer l'aventure n'aboutit à rien s'il s'agit d'une version pirate. C'est à dire que le navire errera sans but et n'arrivera jamais à bon port... voilà sans doute une mesure qui laisse le temps aux petits filous de penser aux conséquences de leurs actes, seuls perdus au milieu d'un océan de remords ! Ou pas.

Dans le même genre, et chez le même crémier, il y a aussi Final Fantasy Crystal Chronicles : Ring of Fates (Nintendo DS : 2007) qui balance ni vu ni connu - au bout d'approximativement 20 minutes de jeu sur une version pirate - un « Thank you for playing ! » transformant de fait le jeu en simple démo ! Ah ils sont sympas chez Square Enix, même pas de petit message condescendant pour inciter à l'achat ! Rien ne dit que cela soit plus efficace au final...

 

EarthBound ( Super Nintendo : 1994)

Dans la catégorie « vicieux de première », je crois qu'on tient là le champion incontesté. EarthBound, connu sous le nom Mother 2 au japon, est un RPG contemporain signé Ape et HAL Laboratory et paru sur Super Nintendo qui vous mets dans la peau de Ness, le petit garçon chargé de sauver le monde. Bon, vous me direz, ça sent le scénario RPG classique, et vous n'auriez pas tort. Bref, après un petit message de départ indiquant que le piratage c'est le mal, les développeurs ne privent pas pour autant les pirates du jeu, puisqu'ils peuvent quand même lancer une partie. Seulement voilà, cette aventure illégitime se veut sans pitié : Il y a bien plus d'ennemis que dans une copie « propre », et cela à pour conséquence de rendre le déroulement de la partie proprement ahurissant de difficulté ! Et si par je ne sais quel miracle le petit malin arrive tout de même à passer entre les mailles du filet et parvient à se hisser péniblement jusqu'au boss final, quelle n'est pas sa surprise de voir le jeu purement et simplement freezer, sans autre forme de procès ! Ah oui, et aussi de supprimer la précieuse sauvegarde de l'usager malhonnête dans la foulée ! Si vous n'avez pas peur des spoilers, vous pouvez toujours regarder par vous même ce que cela donne ici.

 

Dark Souls (PC, Xbox 360, PS3 : 2011)

Comme s'il n'était déjà pas assez dur comme ça, l'intransigeant Dark souls se donne encore moins facilement aux pirates ! Enfin pirates, oui et non puisqu'il s'agit avant tout de pénaliser les « early adopters » pour être exact, comme on dit de l'autre côté de la manche. Si vous n'avez jamais entendu parler de ce terme, il englobe tout simplement les personnes ayant fait l’acquisition - illégale ou non, c'est bien là l'inconnue - du jeu avant sa date de sortie officielle. Les petits filous impatients ayant séché les cours pour s'en payer une bonne tranche s'en souviendront sans doute encore longtemps, et pour cause : lesdits joueurs voyaient leur monde envahi par des Black Phantoms de niveau 145 et ce, dès le tout début du jeu ne laissant pas la moindre chance de pouvoir progresser de manière sereine dans les bas-fonds de Lordran. J'avoue que là, ça a du piquer un poil...

 

Batman : Arkham Asylum (PC, Xbox 360, PS3, Mac : 2009)

Vous vous êtes toujours demandé de quoi serait capable Bruce Wayne (a.k.a Batman) sans sa technologie de milliardaire et ses gadgets James Bondesques ? Essayez donc cette copie piratée d'Arkham Asylum (à condition d'avoir acheté l'original, cela va sans dire) et vous en aurez un très bon aperçu... au prix de la vie même de notre justicier solitaire. En effet, pour les petits malotrus ayant téléchargé illégalement le premier jeu de la franchise de Rocksteady Studios, l'ami Batman se voit dans l'incapacité totale d'utiliser sa cape afin de planer dans les airs, comme c'est le cas dans la version normale du soft. Résultat : le sombre héros s'écrase violemment au sol à la moindre tentative de déploiement de ladite cape volante. De quoi mettre un point final à la partie de manière plutôt radicale, façon Mirror's Edge. Dans les versions crackées, c'est la pègre qui fait la loi à Gotham City !

 

Crysis Warhead (PC : 2008)

Je vous l'ai gardé bien au chaud pour la fin celui là, et croyez moi, il n'est pas piqué des hannetons. Chez Crytek Budapest, la filiale Hongroise des studios Crytek, on a un sens de l'humour un peu particulier. Remarquez c'est bien, ils prennent le piratage avec philosophie. Bon, revenons donc à nos montons... enfin, poulets pour être exact. Ah parce que oui, dans la version volée sur le net de Crysis Warhead, il est impossible de tirer le moindre coup de feu, les munitions ayant été subrepticement remplacées par des poulets par leurs facétieux développeurs. Oui oui, des poulets. Après les cochons de The Settlers III, voici les cartouches-poulet ! À moins de bosser dans un KFC, je ne suis pas sur du caractère pratique de la chose dans une situation de crise. De quoi donner lieu en tout cas à des situations bien tordantes, comme celle de ce youtuber, persuadé qu'il s'agit d'un glitch... c'est ce qu'on appelle êtes pris la main dans le sac non ? En tout cas c'est rigolo, et ça me fait penser aux mecs qui se plaignaient d'être en faillite dans Game Dev Tycoon sur les forums officiels du jeu.

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