Mars
2000, la Playstation
2 sort enfin et balaye tout sur son passage, les concurrentes comme la Dreamcast et même les
joueurs. Littéralement. La sortie de la console a créé, en France, une
véritable émeute au Virgin Megastore des Champs-Elysées de Paris. Ceci est le
résultat, d'après moi, d'une annonce d'une pénurie plus ou moins réelle par
Sony, d'un événement organisé par des responsables chez Virgin ayant
sous-estimé l'ampleur du phénomène, des agents de sécurité débordés et des
clients complètement aveuglés par leur soif de consommation. Ce n'était pas
beau à voir mais au moins les gens concernés retinrent la leçon. La PS2 a tout de suite bien marché
mais, de chez moi, je me demandais bien comment c'était possible. Comment une
console à 3500frs et qui sert surtout de lecteur DVD pouvait rattraper aussi
rapidement, dans les ventes, une Dreamcast et sa superbe ludothèque. Le pouvoir
de la marque. Pour moi, cinéphile dans l'âme, possesseur d'un lecteur de DVD
depuis déjà plus de 2 ans, l'attrait de cette console était loin d'être
évident. Ce fut pourtant un facteur de pénétration du DVD important, surtout au
Japon. Mais ce qui me freinait le plus, c'était la pauvreté du line up de la Playstation à sa
sortie. Il y a bien quelques bons jeux comme SSX ou Dead or Alive 2 mais le
reste est soit moyen soit ne m'intéresse pas. Et je ne vous parle pas de
Fantavision, la simulation de feu d'artifice qui est le titre emblématique de
ce line up.

Mars
2002, les programmeurs commencent à maîtriser la machine et les premiers
jeux m'intéressant sortent enfin. Je ne souhaitais pas particulièrement acheter de
Playstation 2 mais en l'espace de 6 mois, 5 jeux intéressants sortent dont 3 en
mars (bien sûr, les années suivantes, d'autres jeux continueront à entrer dans
ma ludothèque). J'aurais pu résister à la sortie de l'un d'entre eux mais cette
attaque groupée a raison de mes dernières réticences. Le prix de la console
ayant en plus baissé, il n'en fallait pas plus pour que j'en achète finalement
une. Je me risquai même à en prendre une d'occasion, téméraire que je suis. Je
ne devais pas avoir peur des problèmes techniques. Finalement, grand bien m'en
prit puisque je l'ai toujours et qu'elle fonctionnait l'année dernière encore.

Mais
détaillons cette première salve d'armes de destruction massive de mon
portefeuille. Tout commence le 23 novembre 2001 avec la sortie attendue de Pro
Evolution Soccer sur la nouvelle génération de console. Bien sûr, les
« pros » savent maintenant que cet opus PS2 est moins bon que le
précédent sur PS1 mais je ne suis qu'un amateur enthousiaste des jeux de
football. Outre Sensible World of Soccer et ISS64 dont j'ai déjà parlé, il y
eut ISS sur SNES, un peu de Kick Off sur Amiga et pas mal de Nintendo World Cup
sur NES (avec ses personnages en SD et ses « coups spéciaux ») mais je
n'avais presque jamais joué assidûment à un jeu de football. Ceci prit fin avec
PES. Comme beaucoup le savent déjà, PES marque l'arrivée d'une véritable
simulation de football, avec gestion des stratégies, un vrai toucher de balle
et une excellente physique. Bien sûr, je suis plutôt du genre à pester lorsque
le joueur adverse passe plusieurs minutes à gérer son équipe avant le match
mais cela ne m'empêche pas d'apprécier la justesse du jeu que l'on peut
développer dans PES qui permit aux développeurs de FIFA de découvrir qu'un
match de football peut se terminer par un match nul et être tout de même "beau". Il faudra 10 ans à EA pour rattraper son retard.

En
mars sortent donc Metal Gear Solid 2, ICO et Kengo. Les deux premiers sont très
connus. MGS2 fait suite au premier sur PS1 et développe encore un rapport
spécifique entre Hideo Kojima et le joueur via un Colonel qui lui réservera une
petite surprise, des boss à nouveau hauts en couleurs et surprenants (mais
malheureusement pas au niveau de Psycho Mantis) notamment Vamp ou Fortune. Mais
ce qui défraya la chronique à l'époque, c'est le changement de héros après le
prologue. Snake cède sa place à Raiden, petit blondinet au charisme d'une
huître. La surprise étant d'autant plus totale que Kojima et les équipes
marketing de Konami avaient fait exprès de ne communiquer que sur Snake en
cachant l'existence même de Raiden. Et ils ont magistralement joué le coup en diffusant un trailer de présentation  du jeu à l'E3  mémorable. Le salon s'arrêtait littéralement à chaque passage dudit trailer (c'est aussi ce que relate JulienC dans le podcast 188 de Gameblog à 24:32). Personnellement, cela ne m'a pas dérangé
outre mesure. J'attache finalement plus d'importance au gameplay et à
l'histoire en elle-même, peut-être plus d'une façon globale, à l'ambiance que
les développeurs mettent en place ou aux sentiments que le jeu procure via son
scénario qu'aux personnages à proprement parler.

ICO
est un jeu d'aventure développé par Fumito UEDA dans lequel le joueur incarne
un jeune héros un peu perdu qui doit accompagner une jeune fille diaphane,
Yorda, vers la sortie de sa prison. Ici, il y a tout un jeu d'ombres et
lumières avec les ennemis, sorte de masses d'ombre, qui s'attaque à Yorda. Le
gameplay est essentiellement basé sur une fuite sans fin pendant laquelle on
doit rester aux côtés de la jeune femme, sous peine de la voir se faire
enlever. Évidemment, le level
design est souvent réalisé pour les séparer. L'ambiance est féérique et
magique, mêlant onirisme et plates-formes (pas toujours très réussie
d'ailleurs, pour cette dernière partie), fuite et combats, blanc et noir. Un
jeu qui ne laisse pas indifférent et qui influencera plus ou moins directement
des jeux comme Fable
III
, Uncharted
3
ou Amy.

Quant
à Kengo, c'est particulier. Ce n'était pas une priorité pour moi, par rapport
aux autres, mais il est dans la droite lignée des Bushido Blade de Squaresoft,
duo de jeux sortis sur PS1 dont seul le premier est sorti en Europe en 1998.
Ici, les combats de samurai sont très rigoureux. Le principe est pratiquement
celui de « un coup, une mort ». On peut trancher des membres et le
gameplay s'en ressent tout de suite. C'est ce gameplay que je recherchais dans
Kengo et il s'en est tiré avec mention assez bien.

Enfin,
en mai 2002 sort Final Fantasy X. Bien qu'ayant découvert la série tardivement,
avec le 7ème épisode, comme je l'évoque dans la section sur la Playstation 1, je suis
rapidement devenu fan de cette saga. Finalement, vu le tournant pris par
Squaresoft puis Square Enix (Squix pour les intimes) depuis FF7, je ne demande
pas plus qu'à ce qu'ils continuent : des graphismes enchanteurs, des
musiques orchestrales de toute beauté, des cinématiques affolantes et un
système de combat dynamique. Avec ce 10ème opus, la recette fait
toujours mouche. Malgré un jeu dans le jeu assez décrié, le Blitzball (et je
comprends pourquoi) et une version qui sort en France avec uniquement le
doublage anglais, l'histoire m'a pris aux tripes avec cette société embourbée
dans ses traditions et le mélange des civilisations. L'éternel cycle de recommencement
m'a aussi touché. Le sphérier, bien qu'un peu complexe au début et pas au
niveau d'un système des matérias de FF7, est un système d'évolution qui permet
de développer ses personnages de façon diverse et complémentaire. Il reste l'un
de mes Final Fantasy préférés.

Laissez-moi
maintenant vous parler de mon histoire avec la saga God of War. On m'avait
prêté le 1er qui était sorti en 2005. Je ne connaissais absolument
pas, jamais entendu parler. Et je n'ai pas accroché de suite. Le début du jeu,
avec le passage dans le bateau ne m'a pas fait vibrer plus que ça et j'ai donc
arrêté. Pourtant, j'ai recommencé le jeu plus tard et c'est là que j'ai
découvert les vraies qualités du jeu. Plus que la violence, plus que les
combats et l'évolution des armes, c'est d'abord le scénario. La façon dont le
passé de Kratos était égrainé tout au long de l'histoire m'a finalement bien
tenu en haleine. Ensuite, c'est l'équilibre entre les combats, la plate-forme
et les énigmes qui me plaît dans cette série. Des ÉNIGMES dans un Beat Them All
??!! Ça pourrait paraître saugrenu voire déplacé, mais j'ai trouvé cette idée
géniale : ça met de la variété et permet de bien rythmer le jeu. Le joueur
peut ainsi se « reposer » entre deux combats pour que le jeu puisse
mieux exploser plus tard. Bref, j'ai mis un peu de temps mais la sauce a bien
pris. Résultat, pour sa suite, j'étais impatient qu'il sorte sauf que....
j'étais au Japon !!! Et oui, pour une fois, ce n'était pas une bonne chose :
j'ai dû attendre 6 mois qu'il sorte là-bas ! Et encore, à sa sortie
occidentale, il n'était même pas officiellement annoncé au Japon. Mais la
recette était aussi efficace dans ce 2ème opus avec peut-être un
scénario un peu trop long. Malgré cela, God of War, c'est l'explosion des
rétines avec une maîtrise de la console admirable, quelle qu'elle soit :
PS2, PS3 avec le studio fondateur de la série de Santa Monica, ou même PSP
grâce au travail de Ready At Dawn. L'impression d'échelle est immense grâce à
la mise en scène incroyable et maîtrisée. Les combats sont épiques. On aime ou
pas les QTE mais ils sont ici toujours utiles au spectacle. Enfin, le son est
vraiment une réussite, que ce soit les bruitages, les doublages (du moins en
VO) ou les musiques. Je ne remercierai jamais assez Sony d'avoir donné l'OST de
la trilogie pendant un certain temps.

En
2006, le 2ème jeu de l'équipe de Fumito UEDA sort. Il s'agit de Shadow of the Colossus. Ce
jeu dans lequel on affronte des colosses pour ressusciter sa bien-aimée est
fantastique ! Épique, tonitruant, les affrontements sont colossaux. Je vous
parlais à l'instant de la sensation d'échelle dans God of War, mais SotC, pour
les intimes, n'est pas en reste. Si certains des premiers colosses ne sont
« que » de gros animaux de 4 ou 5 fois la taille du héros, le dernier
colosse mérite bien d'être qualifié d'immeuble ! Le système de jeu est
simple, mais on en redemande avec l'ingéniosité qu'il faut déployer pour tuer
les colosses, ça me fait penser aux boss de Zelda : c'est un concentré des
phases de boss dans les Zelda. Le tout est servi par une ambiance magique
pleine de contemplation et de solitude pour l'âme sœur perdue et la réflexion
sur soi en tant que héros... et joueur. Même si le jeu met la PS2 à genoux, le résultat est
sublime. Mais plus que le gameplay ou l'ambiance, c'est le questionnement même
des motivations du héros et donc du joueur qui est ici central. Pourquoi se
bat-on contre les colosses ? Parce que « on » nous l'a dit.
Pourquoi croire ce « on » ? Parce que ce serait le seul moyen de
ressusciter sa bien-aimée. Mais qu'ont fait de mal ces colosses ?
Attaquent-ils seulement le joueur, finalement ? Petit à petit, ces
questionnements s'installent dans la tête du joueur comme un refrain lancinant.
Mais alors, que faire ? Ce serait là le seul reproche que je ferais au
jeu : et si finalement, le joueur est convaincu que c'est lui le méchant
du jeu, que peut-il faire ? A-t-il le choix ? On a l'impression que
ce n'est pas prévu par la Team ICO... sauf qu'il reste toujours le choix d'éteindre sa
console. En tout cas, j'attends avec impatience l'édition du remake « ICO
Collection » pour les refaire !

 

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