Je
n'ai pas acheté la Playstation 1ère du nom
tout de suite parce que j'étais suffisamment occupé avec la N64. J'ai attendu 1999 que le
prix baisse et que les jeux m'intéressent plus comme sa future petite sœur, en
somme. De toute façon, je pus même en profiter avant son achat car un ami avait
cassé sa tirelire pour une PSX (c'était le nom
de projet
de la Playstation avant sa sortie, bien avant la création du Media Center basé sur
la PS2) provenant
du Japon. Il avait payé 3500frs si je me souviens bien pour la console avec
TohShinden et Ridge Racer. Très cher mais ça aurait pu être pire puisque je
crois me rappeler que certains magasins d'import autour de République ou de
Jussieu étaient montés jusqu'à 7000frs.

Quoiqu'il
en soit, je pus ainsi profiter des dérapages de Ridge Racer ou des armes
blanches de Tohshinden. Mais la première claque fut surtout Tekken.
L'introduction en images de synthèse était magnifique et la maniabilité bien
plus réussie que son compère de Takara qui n'était là que comme grosse démo
technologique. Tekken était plus beau, plus fluide, plus varié, plus profond.
Bref, il n'y avait pas photo.

Nous
sommes maintenant en 1999, je suis à la fac et j'achète enfin ma Playstation.
Il était temps, diront certains. Je dois avouer ne pas me souvenir des jeux que
j'avais achetés avec la console. Je me souviens par contre, comme beaucoup, de
la mise de la console à la verticale, voire le retournement de celle-ci pour
faire fonctionner les jeux. Selon moi, à force de jouer et de faire tourner les
CD, le plastique entourant la lentille de lecture et le laser du lecteur CD de
la console se mettait à chauffer plus que de raison et se ramollir. Ainsi, sous
son propre poids, la lentille avait tendance à s'affaisser et donc à faire
varier la distance entre elle et le CD. Or, afin de lire les données contenues
sur ce dernier, les ingénieurs de tout appareil lisant des disques compacts
doivent calculer très précisément cette distance dite « focale » à
laquelle le rayon laser se concentre pour réduire son diamètre à une dimension
égale à celle des « trous » composant le sillon du CD. Cette
dimension est de l'ordre de la longueur d'onde, ou la couleur, du laser
utilisé, soit 780nm pour le CD dans l'infrarouge, 650nm pour le DVD dans le
rouge et 405nm pour le Blu-Ray et le HD-DVD dans le bleu. Plus la longueur
d'onde est petite et plus il est possible de stocker des données sur un disque
de même taille. À de telles échelles, la moindre variation perturbe le système,
le laser ne se focalise plus exactement à la bonne distance et les données ne
sont plus lisibles. Retourner la console permettait donc de remettre la
lentille à la bonne distance.

Grâce
à Daniel Ichbiah, un ami de mes parents et accessoirement célèbre journaliste et écrivain dans le domaine du
multimédia, j'ai pu poser mes petits doigts boudinés sur un certain nombre de
jeux Playstation. J'ai découvert la série Final Fantasy avec le 7eépisode, j'ai aussi apprécié Castlevania : Symphony of the Night sur le
tard en l'achetant sur le PSN de la PS3 en 2007. Je me suis également découvert une petite
passion pour les T-RPG, genre de jeu se rapprochant le plus d'un mélange entre
un Jeu de Rôle et le jeu d'échec avec Vandal Hearts, Final Fantasy Tactics ou
Front Mission 3. Wild Arms est un autre RPG que j'ai beaucoup apprécié. Concurrent
de Final Fantasy 7 et injustement sous-estimé, ces personnages attachants et
son ambiance Western le rendaient vraiment original. Wild Amrs utilisait une approche graphique en 2D presque cartoon pour l'exploration et les visites de villages mais les combats étaient entièrement en 3D. Contrairement à Final Fantasy VII, les graphismes 2D ne sont pas réalisés en CGI mais ont l'air tout droit sortis d'une Super Nintendo surboostée. Ce qui pouvait paraître comme sa faiblesse à sa sortie est pour moi une de ses plus grandes forces maintenant. Les graphismes 2D de bonne facture comme ceux de Wild Arms vieillissent en effet moins vite que la 3D calculée avec les capacités d'une PS1.

Mais
quand je repense à cette console, la première expérience qui me vient à
l'esprit, ce sont quelques passages mémorables de Metal Gear Solid. Après des
épisodes en 2D sur MSX ou NES, Hideo Kojima revient sur Playstation avec le
premier épisode d'une nouvelle entrée dans la saga. Et ce fut pour moi une
entrée fracassante puisque ce premier opus reste mon préféré. Outre les
qualités d'ensemble du jeu, que ce soit au plan technique qu'au niveau du
gameplay, je me souviens surtout de deux passages marquants. Parmi les joueurs,
ce sont toujours les mêmes qui reviennent et je ne dérogerai pas à la règle. À
un moment donné dans le jeu, un code nous est demandé et il est précisé qu'il
se trouve sur le boîtier. Pourtant, on a beau chercher dans l'inventaire du
héros, il n'y a aucun boîtier ! Incompréhensible. Jusqu'au moment où l'on
réalise que le boîtier en question est celui du jeu, le vrai, le réel, le
physiquement palpable : il y a vraiment un numéro inscrit au dos de la
boîte de jeu ! L'autre moment incroyable de ce MGS est évidemment la
rencontre avec Psycho Mantis. Ce redoutable boss prenait carrément contrôle de
Meryl, soldat que l'on a rencontrée plus tôt et que l'on doit protéger. Le
problème est que Psycho Mantis lit nos moindres mouvements, il est par
conséquent impossible de le toucher. Mais, plus fort que ça, il est capable de
deviner certains traits de caractère du joueur comme la prudence, l'audace ou
même les goûts personnels du joueur. Il ira même jusqu'à faire avancer la
manette toute seule, simplement en nous demandant de la poser par terre !
Tout ceci n'est évidemment qu'une habile utilisation des données qui sont
disponibles dans le jeu : les statistiques de MGS, le temps mis pour
arriver à ce point, le nombre de sauvegardes, la lecture des
« input » de la manette et le réglage précis des 2 moteurs de
vibrations pour la faire bouger. Les développeurs sont même allés jusqu'à
repérer des sauvegardes d'autres jeux Konami dans la carte mémoire. Le seul
moyen pour le vaincre sera de couper littéralement le lien que Psycho Mantis a
avec le joueur en débranchant la manette du port n°1 pour la brancher sur
l'autre port. Effet garanti.

Afin
de s'amuser toujours plus, j'étais prêt à tout pour pouvoir profiter d'un
maximum de jeux au plus vite et avais donc recours à l'import. Sony avait
pourtant zoné sa console afin de limiter ces imports pour des raisons
commerciales. Les jeux ne sortaient pas en même temps ou presque comme
maintenant. Il fallait souvent attendre plusieurs mois, notamment dans le cas
des RPG, probablement à cause de la traduction. Par conséquent, ne pas zoner
une console, c'était s'exposer à une importation massive des jeux. Les filiales
locales étaient donc  absolument contre
cette importation puisque ça équivalait une perte nette sur leur chiffre
d'affaires. Bien évidemment, le joueur lambda comme moi ne se souciait guère de
ce genre de considérations. Par conséquent, en apprenant qu'il existait une
technique gratuite permettant de jouer aux jeux originaux achetés à l'étranger,
je voulus la tester. Sa force était sa simplicité. Il suffisait en fait de
commencer par mettre un jeu européen dans sa console française puis de changer
ce disque par celui du jeu américain ou japonais au bon moment. Il se trouve
que la PS1 vérifie
l'origine du jeu au tout début, lors de l'affichage du logo PlayStation. Et une
fois ceci fait, la tête de lecture revient à sa position initiale et on a donc
une petite seconde pour changer de disque. Et là, vous me dîtes que je suis
bien gentil mais qu'il est impossible de faire cette manipulation puisque le
capot de la console doit être fermé pour lire un disque. Je vous l'accorde,
c'est pour ça qu'a été inventée le fil d'étain ! Plus sérieusement, en
prenant un morceau de fil d'étain, métal souple, il est possible de le rouler
dans la forme d'un ressort et de l'appliquer entre l'ergot à l'intérieur du
capot et le bouton sur lequel ce dernier appuie afin d'indiquer à la console
que le capot est fermé. Cette technique deviendra vite obsolète lorsque les
puces pour PS1 deviendront disponibles sur le marché. Malheureusement, à cause
du détournement de leur utilisation pour des pratiques illégales, je préfère ne
pas en parler ici.

 

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