La Saga Zelda Un Lourd Héritage

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Tandis que la série s'épanouit sur consoles portable avec des épisodes plus légers mais toujours aussi complets, le passage de la Nintendo 64 à la GameCube ne satisfait pas les attentes des fans de la série. Si The Wind Waker et Twilight Princess sont deux titres de très bonne qualité, l'exploit accompli par Ocarina of Time n'est pas vraiment reproduit.

Et si les deux jeux déçoivent quelque peu pour des raisons bien différentes, on ne peut s'empêcher de commencer à noter les limites d'un gameplay qui sent légèrement le réchauffé. De plus, l'avènement de la nouvelle génération de console permet la production d'oeuvres particulièrement ambitieuses, une ambition qui semble s'être atténuée chez les Zelda.

 

GameCube The Legend of Zelda The Wind Waker

A voir [ Musique Maestro ! ] The Legend of Zelda The Wind Waker

The Wind Waker est un cas très particulier dans la série. Raillé par certains à ses débuts pour son identité graphique inattendue et jugée opportuniste, le toon shading ayant le vent en poupe à l'époque, il profite de nos jours d'une bien meilleure image, les fans jugeant que jamais une ambiance esthétique et une atmosphère aussi légère n'auront autant séduit.

Ce désamour relatif, ce premier épisode sur GameCube le doit tout d'abord à ce trailer diffusé lors du Spaceworld de 2000 où Link et Ganon s'affrontaient avec violence. La vidéo était superbe, annonciatrice de grandes prouesses techniques et les amateurs commencent à fantasmer sur ce que pourrait donner un jeu aussi beau.

Un an plus tard, les fans sont pris à revers. Un nouveau trailer est diffusé et surprise, le titre est en cell shading. Link récupère sa taille d'enfant, l'histoire doit se dérouler sur les îles d'un vaste océan. Rien ne laissait présager d'un tel revirement de situation. Beaucoup seront déçus par de tels changements, l'attente d'un nouvel épisode de la trempe d'un Ocarina of Time étant extrêmement forte.

 


Nommé The Wind Waker, en référence à la capacité du héros de jouer avec les courants du vent, ce premier jeu sur GameCube s'attire les foudres des amateurs.

Pourtant, à sa sortie fin 2002, début 2003, le jeu fait l'objet de très bonnes critiques. Il faut avouer que les atouts en sa faveur sont très nombreux.

Tout d'abord, ce choix esthétique fonctionne parfaitement. Extrêmement charmeur, accompagné de belles animations, baignant dans cette ambiance marine originale, The Wind Waker finit par conquérir le coeur de nombreux joueurs. Qui plus est, ce jeu est graphiquement parfait. Pas d'aliasing, pas de brouillard typique des anciennes générations, framerate nickel, The Wind Waker peut se vanter d'être encore parfaitement jouable aujourd'hui.

En dehors de cet attrait esthétique, ce premier titre de la série sur GameCube propose aussi un monde extrêmement vaste. Alors qu'en 1998, la Plaine d'Hyrule semblait immense, là, c'est à une autre dimension que l'on a à faire. Avec sa vingtaine d'îles à explorer, le titre offre une sensation de liberté encore jamais atteinte. Toutefois, cette grandeur à l'effet pervers d'obliger le joueur à traverser la carte de part en part, chose qui finit parfois par être extrêmement lassante, l'océan n'étant finalement qu'un vaste enchaînement de vague du même bleu.

 


Ensuite, phénomène nouveau, le jeu est simple, trop simple au goût de certains. Les game over se font rares, tout comme les donjons moins nombreux qu'à l'habitude. Enfin, pour blanchir encore le tableau noir des défauts, The Wind Waker souffre d'un très gros problème de rythme. Si les quinze premières heures se révèlent épique, offrent un beau voyage sur les mers d'Hyrule, la deuxième partie du jeu, celle consacrée à la recherche des différentes parties de la Triforce disséminée aux quatre coins de l'océan, est d'un ennui frappant. Rarement un opus de la saga n'aura proposé de quête aussi lassante. Fort heureusement, ce passage douloureux est rattrapé par une fin mémorable.

The Wind Waker aura tout de même réussi à rénover instantanément l'image d'une série pourtant sérieuse. D'ailleurs, cette ambiance graphique sera reprise pour la conception des épisodes DS à venir, Phantom Hourglass et Spirit Tracks, ce qui montre bien l'affection des fans pour ce monde immergé. The Wind Waker propose cependant une expérience incomplète, une aventure brutalement interrompue par une mauvaise idée de quête obligatoire. De plus, le rêve des amateurs de voir dans quelques années un nouvel épisode qui reprendra les codes esthétiques de Ocarina of Time subsiste toujours.

 

GameCube - Wii The Legend of Zelda Twilight Princess

Twilight Princess était supposé combler les attentes de fanatiques qui n'attendaient que de voir le trailer du Spaceworld de 2000 devenir un titre à part entière. C'est à l'E3 2004 que Regie Fils-Aimé, première apparition, qu'une première vidéo d'une nouvelle itération de la série est dévoilée. On y voit un Link plus âgé affronter une armée de créatures hideuse à dos d'Epona. L'influence de la trilogie des films Le Seigneur des Anneaux est évidente et le fantasme devient de plus en plus entêtant.

Twilight Princess sortira toutefois plus tard que prévue. A l'origine conçu uniquement sur GameCube, l'apparition de la Revolution ( renommée Wii ) va inciter Nintendo à adapter le jeu sur sa nouvelle console. Les promesses commencent déjà à s'évanouir quelque peu, surtout que les premiers jeux de nouvelle génération épatent graphiquement.

Sorti fin 2006 sur GameCube et Wii, Twilight Princess va à la fois satisfaire les amateurs de la saga mais aussi leur indiquer une chose : si la formule Ocarina of Time est désormais à son apogée avec cet épisode, elle atteint aussi clairement ses limites avec celui-ci. Un paradoxe auquel on ne s'attendait pas. Et si Twilight Princess se révèle être un excellent épisode, l'image de celui qui annonce un léger déclin de la recette lui colle à la peau.

 


Ce dernier titre sorti sur Wii et GameCube proposait pourtant tout ce que les fans attendaient. Le ton sérieux revient, le monde adopte une esthétique plus réaliste, l'aspect fantasy est renforcé. Bref, la volonté de donner naissance à un successeur de Ocarina of Time est claire. Twilight Princess est d'autant plus intéressant que la maniabilité à la wiimote apporte sa dose de nouveauté et un certain exotisme dans la manière de jouer. L'aventure a aussi le mérite d'être longue, plutôt riche en donjon et agréable à parcourir, plus rythmée que celle de son prédécesseur The Wind Waker.

Grande nouveauté, Link a désormais la capacité de se transformer en loup et de plonger dans un monde parallèle où il peut voir les âmes des défunts et affronter des créatures nocturnes. Si cette alternance est imposée entre les deux formes est imposée lors de longues séquences lors de la première partie de l'aventure, la possibilité de changer librement de posture offre de bonnes idées de gameplay comme ce fut le cas pour Majora's Mask.

Extrêmement classique dans sa conception, ce dernier jeu offre une expérience dynamique, au cours de laquelle les séquences très travaillées entre deux donjons s'intercalent, permettant de développer un scénario léger mais cohérent. La mise en scène fait d'ailleurs l'objet d'un certain soin, chose plutôt inhabituelle chez Nintendo, ce qui n'est pas pour déplaire. Link gagne en charisme tout comme les nombreux personnages rencontrés durant le voyage, des passages plus scriptés font leur apparition ( sauvetage, poursuite, combats à dos de cheval... ) ce qui donne l'impression de participer à une véritable aventure.

 


Mais la fin d'un âge d'or se fait sentir. Twilight Princess offre au final peu de surprises bien qu'il soit complet, les quêtes annexes véritablement intéressantes se font rares et paradoxalement, l'expérience finit par légèrement traîner en longueur vers la fin, les donjons s'enchaînant peut-être trop rapidement dans la deuxième partie du jeu.

Accompli, Twilight Princess annonce cependant la fin d'un succès. Les énigmes commencent à être connues, l'équipement change peu malgré quelques nouveautés ( boulet, aérouage... ), tout sent légèrement le déjà-vu. Le souffle épique bien que présent contraste avec l'ambition moindre d'un titre supposé sublimer Ocarina of Time et certains se voient même regretter le charme disparu d'un Wind Waker.