.................................................................................................................................................................

Tout comme ce fut le cas pour la PS2, la Playstation 3 nous promettait monts et merveilles. Pourtant sortie en novembre 2006 au Japon, il faudra attendre le juin 2008 pour découvrir la première véritable killer aps de la console, le jeu qui doit révéler les possibilités d'un console si difficile à exploiter. Impression de déjà-vu ? Peut-être.

Quelques années plus tôt, MGS2 offrait à la PS2 son premier jeu d'ampleur. L'Histoire est belle car ce sera Metal Gear Solid 4 qui va réitérer la chose, 6 ans plus tard.

________________________________________________________________________________

________________________________________________________________________________


L'effet d'attente était d'autant plus renforcé par plusieurs éléments à prendre en compte. Tout d'abord, la fin plus que frustrante de MGS2, qui interrogeait plus le joueur qu'elle ne le comblait par des réponses claires. Ensuite, les révélations faîtes dans MGS3. Ces dernières nous donnaient en effet une belle idée de ce à quoi ressemblait le mystérieux Big Boss, mais ne répondait à aucune des questions que les plus déçus ou curieux d'entre vous pouvait se poser à la fin du deuxième épisode.

Enfin, un premier trailer nous apprenait une chose. Snake n'est pas immortel, et c'est les cheveux gris, les rides prononcées, et arborant une fière moustache le faisant ressembler à Lee Van Cleef, que Old Snake se lance dans ce qui est annoncé comme sa dernière mission. Les premières rumeurs affirment que ce MGS4 annonce la mort de Solid Snake. Difficile de ne pas penser autrement, tant le héros à pris un coup...de vieux.

Pour l'anecdote, souvenez-vous que Kojima continuait à épaissir la brume autour de cette conclusion de la saga en révélant dans un trailer l'existence d'un nouveau Snake, beaucoup plus jeune d'ailleurs, que celui de MGS2. Mais tout ça n'est que diversion, cela est en partie vraie, mais ne correspond à aucun temps du scénario. Une nouvelle malice de la part d'un auteur si atypique et qui, sur ses épaules, supporte une pression d'enfer, qu'il contribue à alourdir par ses actes.

________________________________________________________________________________

________________________________________________________________________________


Metal Gear Solid 4 va finir par débarquer en France, et autant vous le dire, les avis de chacun vont s'opposer. Certains clament au génie, et affirment qu'il s'agit là d'un épisode " énorme ", d'autres se montrent particulièrement déçus par un opus qu'ils jugent plombé par l'envie de trop en faire, et dont le goût s'est altéré, face à la nécessité de réussir enfin un jeu sur " next-gen ". Personnellement, je fais partie de la seconde catégorie. Ayant terminé le jeu il y a quelques jours, je peux vous certifier que MGS4 est loin d'être le meilleur volet de la saga. Je vais vous expliquer pourquoi.

Tout d'abord, une chose est claire. L'ouverture du gameplay supprime déjà l'effet de l'huis-clos, ce qui change pas mal de choses. L'aventure vous baladera un peu partout dans le monde. Au Moyen-Orient, en Europe Centrale, en Amérique du Sud, et même sur une certaine île théâtre d'événements très importants de l'histoire de Metal Gear Solid. Cette variation des lieux est d'ailleurs est un des bons éléments de ce MGS4. Même si l'on perd en intensité, les émotions étant plus dispersées, les événements plus distants les uns des autres, le rythme est tout de même maintenu, mais surtout, le gameplay en est considérablement enrichi.

Là ou ça fait mal, c'est dans le character design. Même si la saga nous avait réservé quelques mauvaises surprises, comme ce fut le cas pour Fatman, ou certains boss de MGS3, on était tout de même plutôt habitué à une excellente qualité d'écriture des backgrounds et de design des personnages. Or, dans MGS4, on voit que Kojima retombe parfois dans ses travers. Côté ennemi, les B&B, Beauty & The Beasts, ces femmes soldats traumatisées durant leur enfance, devenues machines de guerre afin de se sentir vivantes. On ne va pas y aller par quatre chemins, je trouve ces boss anti-charismatiques au possible. Leur passé est certes sombre, mais trop farfelu pour être crédible, et le fait qu'elles soient la modélisation de mannequins ne joue pas en leur faveur, ces femmes n'étant pas souvent d'une beauté marquante, à défaut d'être incontestable. Quand j'ai découvert ces femmes avides de sang, j'ai été déçu. Seule une, Praying Mantis, faisant de nombreuses références au boss mythique de MGS, va laisser des souvenirs aux amateurs. Les autres ne sont que de simples troufions surarmés, rien de bien intéressant.

________________________________________________________________________________

________________________________________________________________________________


Mais les " alliés " ne sont pas pour autant épargner. Sans spoiler, je trouve les membres de la Rat Patrol, dirigée par Meryl, eux aussi, inintéressants, sans histoire, ne prononçant aucun mot. Celui qui s'en détache, Akiba, alias Johnny Sasaki. Vous savez, ce soldat qui souffre perpétuellement de problèmes gastriques ? Bref, sachez qu'il va en profiter pour étoffer son personnage, ce qui va, à mon goût, dénaturer la fin du jeu. Ce n'est que mon avis, mais il y a des scènes dans le dernier chapitre plus proche du Mr & Mrs Smith que d'un James Bond. Voilà un détail, qui nuit au caractère sacré d'un jeu qui aurait dû être plus irréprochable.

Car oui, le gros problème de ce Metal Gear Solid, c'est qu'il souffre de sa volonté de combler les fans boys. C'est bien sympa de vouloir opposer REX et RAY dans un combat digne d'un Ali / Frazier, ou de ramener le joueur à Shadow Moses, où tout a commencé pour beaucoup, mais faire de Raiden un cyborg ninja surpuissant, totalement dégoûté de la vie et de tout les sentiments humains, je trouve que c'est too much. MGS The Twin Snakes surprenait par sa mise en scène, MGS4, lui, effraie parfois par son aspect créatif, pourtant l'un des points forts de chaque jeu de la série. Certains seront eux-aussi déçus par la fin que nous réservait Kojima, mettant Snake face à son passé, à ses origines, tant ce genre de scènes ressemblent plus à des clichés cinématographiques qu'aux réels coups de génie dont était capable Hideo-sama.

Fort heureusement, MGS4 conserve une grande qualité, qui ne peut lui être amputée. Il s'agit et il s'agira toujours de la conclusion d'une des plus grandes série du jeu vidéo, l'une des plus inspirées, en tout cas. Et par conséquent, le titre est riche en révélations, très riches. Elles ne sont pas toutes aussi géniales que ce à quoi on aurait pu s'attendre mais certaines d'entre elles vont enfin permettre à certains amateurs de s'endormir soulagés. Enfin, on sait pourquoi Vamp est immortel. On connaît désormais la véritable nature, la véritable ambition de Liquid Ocelot. Et enfin, on va savoir d'où vient Snake, pourquoi il est aujourd'hui un héros, et comment sa carrière de soldat va s'achever pour aboutir sur celle de l'homme qu'il est, mais qu'il n'a jamais souhaité découvrir.

________________________________________________________________________________

________________________________________________________________________________


MGS4 va en effet être la conclusion d'une histoire mais avant tout celle de Solid Snake, et celle de tous ses compagnons, ceux qui l'ont accompagnés, soutenus, autant que pour ceux qui l'ont affrontés, trahis. Le jeu va par le truchement de nombreuses scènes cinématiques concentrer tout le sel du scénario. Ces dernières vont occuper, on va dire, les deux tiers du jeu, mais sont plutôt bien réparties durant les trois premiers actes, coupées par des séquences de jeu assez longues, pour ne pas se sentir éloigné de la manette. En revanche, on pourra regretter que les deux derniers actes du titre ne soient narrés que par le moyen des scènes cinématiques. Beaucoup trop longues et omniprésentes lors des dernières heures de jeu, elles ont au moins le mérite d'être bien mises en scène et d'être riches en émotion, même si l'on peut regretter ce choix quasi-impardonnable de ne plus laisser le joueur interagir avec l'oeuvre.

Le jeu dispose bien évidemment d'un scénario complet, et qui va enfin révéler les secrets préservés par son créateur. Tout se déroule quelques années après le scandale du Big Shell. L'informatisation des informations par le biais du net a permis a des IA particulièrement influentes de concentrer les émotions des soldats référencés et de contrôler leur hormones, leurs vitamines, afin de les rendre plus performants au combat. Dans ce contexte, Snake est envoyé une dernière fois à la demande de Roy Campbell, l'éternel, afin de retrouver Liquid Ocelot, qui affine son plan au Moyen-Orient, assisté pour cela, des PMC - Private Military Companies - des groupes de mercenaires qui offrent leur service aux plus offrants. Etant le vendeur de la licence de création des Metal Gear, Ocelot est à la tête d'un armée et d'une fortune énorme, et va tenter encore une fois d'établir son plus doux rêve, celui si cher à son père génétique : créer Outer Heaven.

C'est durant cette dernière mission que Snake va tenter d'épargner aux générations futures le danger que pourrait représenter un monde dirigé par des soldats. Il sera équipé pour son opération d'une nouvelle combinaison OctoCamo, qui permet de revêtir l'apparence du lieu précis où il se trouve, afin de paraître invisible aux yeux des autres. Il disposera aussi d'un équipement des plus conséquents, et beaucoup plus imposant que celui des autres épisodes.

________________________________________________________________________________

________________________________________________________________________________


Le gameplay, a contrario du héros du jeu, a lui pris un coup de jeune. La caméra est désormais libre, Snake peut s'accroupir et se déplacer en même temps, ce qui facilite beaucoup les phases d'infiltration. Il a aussi accès au CQC apparu dans MGS3 - anachronisme - et peut affronter ses adversaires en face à face, sans risquer grand chose. En revanche, les ennemis sont toujours aussi cons, incapables de vous apercevoir à plus de dix pas devant eux, ce qui donne parfois lieu à des scènes assez cocasses. Mais bon, ça fait partie des charmes de la série, alors on va passer dessus.

Par contre, la vraie bonne idée, c'est cette vue TPS. Le jeu ne reste pas un modèle de fluidité, Snake pour son grand âge toujours un peu rigide, mais il est appréciable de pouvoir se déplacer tout en visant. Une révolution pour la série. Après, faut être clair, MGS4 n'atteint pas les sommets aperçus dans les nouveaux TPS sortis ces dernières années, comme les Ghost Recon, Gears of War et consorts.

Au final, le jeu en tant que tel, n'est pas mémorable. Certains effets, notamment dans les deux premiers actes du jeu sont impressionnants, avec beaucoup d'effets d'explosion, et quelques scènes de gameplay pure, très agréables à parcourir. Mais ce n'est pas la force de MGS4. Ici, le but était de conclure la rude aventure de Solid Snake, qui dans sa dernière mission, sera soumis à rude épreuve. Tout sera prétexte à mettre en valeur un héros si imposant, si marquant, mais qui va connaître ici de grands moments de souffrance physique, chose assez touchante. Tous vont souffrir, tous vont y perdre, autant du côté de Ocelot que de celui de Old Snake.

________________________________________________________________________________

________________________________________________________________________________


On pourra juste regretter les quelques fautes de goût de la part des créateurs. L'Histoire était tellement belle. Conclure de cette manière suffit au joueur, à celui qui connaît la vérité, mais ne bouleverse pas. En tout cas, pas comme le faisait les trois premiers MGS. Trop d'ambition, trop de pression, voilà ce qui a du altérer la formule. Mais on est tout de même heureux de découvrir les derniers moments de Solid Snake, de Otacon, et de l'issue du monde dans lequel ils vivent, pourtant promis à un avenir sombre.

MGS4 n'est clairement pas le meilleur épisode d'une série prestigieuse, mais il a cette chance de garder les attraits propres au dernier volet d'une saga, opus qui a toujours un goût particulier. MGS4 n'échappe pas à la règle, pour notre plus grand bonheur.