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2000. Electronic Entertainment Expo. Los Angeles. Un trailer rode sur les grands écrans du Convention Center.

Toutes les heures, l'E3 s'arrêtait de vivre

Voilà l'exploit qu'à su réaliser Hideo Kojima. La bande-annonce en question mettait en scène un Snake plus actif et plus fort que jamais, infiltrant un navire sous la pluie battante de New York. Un saut de l'ange devenu culte, et une vidéo qui aura bouleversée les esprits. Alors que la Playstation 2 ne dispose d'aucun jeu d'ampleur, MGS2 est la promesse de passer à la nouvelle génération, d'enfin exploiter les possibilités d'une console qui a la réputation d'être difficile à programmer. A la baguette de la musique, Harry Gregson-Williams, qui signe ici un thème digne des plus grands films du cinéma. Envoutant.

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Tout cela a contribué à renforcer l'attente autour de MGS2. Un an plus tard, c'est une démo disponible avec Zone of Enders, qui va encore attiser la flamme de ceux qui ne juraient plus que par Metal Gear Solid. Autant dire que l'attente se faisait presque oppressante.

En novembre 2001, la jaquette se montre enfin sur les étalages américains et japonais. Et fort heureusement que Internet n'était pas encore ce qu'il est aujourd'hui, car MGS2 était très riche en surprise.

C'est avec MGS2 que Hideo Kojima va se révéler aux yeux du monde, en étant le créateur fallacieux qui aura retiré Snake des mains des joueurs et des amateurs. En le remplaçant qui plus est par un rookie, un bleu, un débutant. Désormais, on ne contrôle plus le héros légendaire qu'est Solid Snake, pourtant plus charismatique que jamais. Cette sensation relève de l'ordre du kidnapping, et rarement dans le monde du jeu vidéo, un tel effet aura été accompli.

Le trailer ne nous avait, en revanche, pas trahi sur un point. Le jeu est une tuerie pour les yeux. La pluie n'aura jamais été si réaliste, Solid Snake n'aura jamais été aussi détaillé, le tanker sur lequel vous évoluez prend presque vie. Le premier jeu à avoir enfin démontrer le potentiel de la PS2.

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Cependant, il ne faut tout de même pas oublier une chose : ce MGS2 était le prolongement des événements de Shadow Moses. Après cela, Snake et Otacon ont fondé ensemble une ONG, Philantropy, censée lutter contre la prolifération des Metal Gear. Lors de leurs recherches, ils vont découvrir l'existence de RAY, un nouveau modèle de Metal Gear, transporté sur un bateau controlé par l'Armée. Alors qu'ils vont tenter d'infiltrer le navire, et révéler aux yeux du monde le danger d'une telle arme, Ocelot, aux commandes d'une faction de militaires russes, va prendre possession de l'équipement, couler le bateau et laisser Snake pour mort.

La suite, vous la connaissez déjà. Quelques mois plus tard, un groupe d'assaut indépendant, la Dead Cell va enlever le Président des USA, et réclamer au gouvernement, une rançon importante, sous peine de faire exploser dans l'atmosphère une ogive nucléaire, capable de perturber les équipements électriques et ruiner le système économique mondial.

Un nouveau Snake sera envoyé en mission sur une station de purification nommée Big Shell, au large des côtes américaines, afin de régler cette affaire. Il disposera par la suite d'un nouveau nom de code : Raiden.

Et c'est à partir de ce moment, que le MGS2 entre dans la légende. Jack est un nouveau membre de FOXHOUND et se voir investi de la mission de sauver le Président et de mettre fin au danger que représente les terroristes de la Dead Cell. Blond platine, particulièrement discipliné mais en manque d'expérience car formé par Réalité Virtuelle, assez fade, en réalité, le joueur va connaître la plus grande surprise de sa vie en contrôlant ce personnage plus que tendre, surtout quand il apprend la présence de Solid Snake, sous les traits de Snake Pliskin, sur la station. Toutefois, on confie rapidement une seconde chance au personnage. Car c'est aux travers des autres protagonistes qu'il va se révéler.

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Par Rose, sa compagne, dont il est fou amoureux, mais qui va lui apprendre le contenu de secrets qu'il n'aurait jamais dû connaître. Par Snake, également, qui va le prendre sous son aile et le guider dans sa mission afin qu'il puisse l'accomplir le plus rapidement possible. Ainsi que par Solidus, le troisième frère, le clone parfait de Big Boss, grand initiateur de l'opération, responsable des maux de Raiden, qui l'empêchent de croquer la vie à pleine dent.

En effet, le passé de Raiden contribue aussi à donner du caractère à ce nouveau venu. Enfant soldat devenu machine à tuer, à la manière d'un Franck Jaegger, tout ses actes restent en mémoire, et Solidus n'hésitera à jouer du traumatisme du bleu afin de mener à bien ses ambitions.

Au final, bien que la surprise fut de taille, la découverte de Raiden s'intégrait parfaitement à l'histoire de MGS, et a permis au joueur de participer à l'histoire Metal Gear Solid, par des yeux différents. Depuis toujours, le héros était Solid Snake, MGS2 nous le rappelle encore, car jamais dans un épisode de la série le personnage nous aura autant manqué.

On retrouve aussi d'autres membres de Shadow Moses. On pense évidemment à Otacon, devenu le grand ami de Snake, et qui met à son service ses qualités de scientifique et d'informaticien, et qui est lui aussi, mouillé dans le scandale du Big Shell. Sans oublier non plus Revolver Ocelot, qui revient porteur du bras de Liquid Snake, dont l'influence psychique se fait ressentir sur le cowboy russe.

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Evidemment, de nouveaux venus font leur apparition. Notamment parmi les membres de la Dead Cell. Fortune, cette femme dotée d'une chance extraordinaire qui lui permet de neutraliser tout les balles filant en sa direction. Vamp, qui reviendra dans Metal Gear Solid 4, qui comme son nom l'indique, est un slave devenu vampire, suite à une crucifixion, et qui l'a rendue immortel. Et enfin, Solidus Snake, le troisième clone de Big Boss, qui dirige le soulèvement et qui va tenter lui aussi de ramener le monde à un état primaire, dans le but d'accomplir le rêve de son défunt père, mais aussi pour échapper à l'emprise des La-Li-Lu-Le-Lo, compris par certains par le mot " Patriotes ", qui seraient la véritable organisation directrice mondiale, les vrais maîtres du monde.

En résumé, le casting est plutôt intéressant, même si je le trouve inférieur à celui de Metal Gear Solid, premier du nom. Vamp est classe, certes, mais reste tout de même assez particulier, exécutant de nombreux pas de danse. Fortune, elle, est un perso dont je regrette l'absence. Du fait qu'elle n'ait jamais connue la douleur de par sa chance, elle souffre de dépression, et cherche absolument à mourir, ne supportant plus de voir souffrir ses proches.

En revanche, on frôle parfois le pire, comme c'est le cas avec Fatman, horloger amateur des explosifs, gros et amateur de bon vin, pas charismatique pour un sou, et qui n'arrive même pas à la cheville d'un Decoy Octopus, que l'on ne voit pourtant jamais dans MGS.

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Metal Gear Solid 2 marque aussi un tournant dans la série, car c'est vraiment dans cet épisode là, que Metal Gear Solid devient une histoire, avec ses secrets, avec sa volonté de nous cacher la vérité, et de la conserver inconnue jusqu'à la fin. Par conséquent, MGS2 est l'épisode est à la fois un épisode très riche en découverte, mais aussi très frustrant car beaucoup de nouvelles informations ne nous seront pas expliquées ici. Je pense que nombre d'entre vous ont été plutôt déçus, ou plutôt, surpris par la fin du jeu, dont on ne tire rien, en fait, et qui laisse en suspends de très nombreuses questions.

Autre spécificité de ce volet, le virage " philosophique ". A de nombreuses reprises, Solidus, Snake, Otacon, Rose, voire même Campbell, encore présent - ou pas... - vont se lancer dans des considérations sur l'être humain, son existence, sa place dans la société et sur les valeurs qui la caractérisent. Alors que MGS était très réaliste, en ce sens, focalisé sur l'aspect militaire, politique, social, sa suite s'amuse à prendre la tête du joueur, à le faire réfléchir. Je sais que cela n'aura pas été apprécié par tous, et malgré cette philosophie parfois de bas étage, de comptoir, MGS2 va devenir grâce à cela l'opus le plus " spécial ", au bon sens du terme. Personne ne peut nier que cette suite est particulière, très particulière.

Les cinématiques et les phases de CODEC y prennent d'ailleurs encore plus d'importance, laissant au joueur un très faible temps de jeu ( 3 - 4 heures de gameplay pour une douzaine d'heures de jeu totale ). On sent que jamais le cinéma n'aura autant influé sur un épisode de la saga. C'est à partir de MGS2 que la saga va se rapprocher du septième art, avec ses longues scènes riches en dialogues, chargées d'émotion, souvent bien mises en scène.

Le gameplay, quant à lui, n'a pas bougé d'un iota. Seuls certains plans mettent le personnage de dos, mais grosso modo, la vue de dessus est conservée, le SOLITON Radar est toujours présent, permettant de repérer les ennemis. Quelques nouveautés permettent tout de même d'apporter une touche de modernité au gameplay. Désormais, il est possible de passer en vue à la première personne et de cibler avec précision ses adversaires, sachant que la localisation des dégâts est prise en compte. On peut aussi se suspendre aux barrières, ce qui offre de nouvelles possibilités d'infiltration. Sinon, rien de bien nouveau.

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En tout cas, il est clair que MGS2 aura marqué les esprits. Je ne le considère pas comme mon préféré, MGS restant pour moi un épisode complet à tout les niveaux, et plus accompli, au global. En revanche, il permet à la série de prendre un nouveau virage. L'histoire devient un monde, faisant référence à des notions du passé, mais ouvrant aussi la série sur l'avenir, en laissant planer dans l'atmosphère de la Big Shell de nombreuses questions. Le traitement cinématographique aura aussi frappé le début des années 2000, car jamais un jeu n'avait encore proposé un rapprochement avec ce milieu de manière si prononcée. Cela paraît banal aujourd'hui, mais à l'époque, cela était impressionnant, et le reste encore de nos jours.

On peut presque affirmer que MGS2 est un titre d'auteur. Kojima s'est amusé à prendre les joueurs de revers, a fait en sorte de poser sa signature sur la saga. Une oeuvre marquante, controversée, évidemment. Cependant, on peut le louer pour une chose. Metal Gear Solid va devenir une série majeure du jeu vidéo. Sans aucun doute.