C'est cette étrange conversation que j'ai eu avec un ami, avec lequel je parle énormément jeux-vidéo du moment et rétrogaming, qui m'a inspiré cet article. Ce fameux soir du drame où il m'a lâché comme une bombe qu'il allait mettre un terme à ses achats de jeux et machines rétro, « parce que de toute façon, à côté de gros collectionneurs vus sur les forums ou à la TV (oui, c'était peu après l'émission des Collectionneurs de l'extrême, avec le Rétrogamer du Sud de la France), il resterait toujours un "petit joueur". »

Ce cri d'alarme traduisant une certaine "crise identitaire de gamer" m'a, sinon arraché une larme (Comédie Française Mesdames et Messieurs !), renvoyé à mes propres questionnements de Rétro-joueur pasionné.

En ce qui me concerne, je me considère "rétrogamer" depuis que j'ai refusé de revendre ma Super-Nintendo pour passer à la génération Playstation, parce que j'adorais me replonger régulièrement dans ses hits que je possédais, et que même si ça serait plus long (BEAUCOUP plus long même parfois, lorsqu'on voit le prix de certaines machines de rêve "NEXEUU-GENEUUU") de financer intégralement la nouvelle bécane, pas moyen de me séparer de ma 16 bits, pour moi l'emblème de l'apogée du jeu vidéo encore aujourd'hui.

     Bon, évacuons tout de suite les cadavres de mon placard personnel : je suis un homme faible moi aussi, et il y'a eu une époque où je me suis débarrassé de quelques consoles avec leurs lots de jeux en excellent état, comme  l'Atari 2600 ( j'ai connu le jeu vidéo avec elle, vous comprendrez peut être le traumatisme ;-), ou la Nintendo NES (qui pour moi ne fonctionnait définitivement plus ; depuis j'ai trouvé des tutos sur le Net qui auraient certaiement pu la ressusciter, ouinnnnn !!!!). Ou encore la Game boy originale parce que je ne pouvais plus suivre ses sprites minuscules depuis une violente baisse de ma vue d'aigle !

Et pour achever les collectionneurs les plus radicaux d'entre vous (parce que oui, toutes les consoles précitées sont partis dans un état impeccable du matos et des boîtes : je suis un maniaque compulsif avec tout ce qui concerne mes Jeux - vidéo), il m'arrive encore de revendre des machines qui font doublon, par manque de place, à force, ou de la question de leur utilité désormais (par exemple, la PS2 qui émule parfaitement les jeux ps1 - et même les améliore visuellement ainsi qu'au niveau des temps de chargement - , ou la 3DS  qui accepte les cartouches de la Nintendo DS initiale). Bref moi aussi, parfois,  je suis vilain, je suis vilain, je suis vilain !

     Et bin ça c'est fait ! Maintenant que j'ai "lavé mes péchés" (Et je précise qu'aucune de ces bécanes abandonnées n'a été stupidement offerte en sacrifice au broyeur de déchetterie : j'en ai donné la plupart à des associations au profit de moins chanceux que moi, et plus tard j'ai revendu les dernières, ou leurs jeux... souvent pour une somme misérable par contre...), je dois dire que ma passion pour mes anciennes générations de consoles ne s'est pas éteinte avec les années, au contraire ! Encore aujourd'hui j'ai régulièrement besoin de m'aérer l'esprit en alternant les jeux bourrins pullulant sur les machines actuelles, avec un bon jeu 2D cuvée 16Bits minimum ! (Oui, ma tolérance au rétro à une limite, j'ai désormais un peu plus de mal à accrocher pleinement au graphisme d'une NES, SEGA Master System ou antérieur, sauf sur portable, avec lesquelles je suis étrangement plus tolérant... )

Mais jusque là, je tournais un peu en boucle avec mes trésors d'enfance précieusement gardés, et quelques jeux supplémentaires acquis de temps en temps au hasard d'une envie de découverte. Je ne suis rentré dans la catégorie des collectionneurs que récemment, en achetant une Megadrive sur une brocante, après pas mal d'hésitation.

Et cet achat a été un véritable déclic psychologique, allez savoir pourquoi.

C'est comme si j'avais passé un cap entre me contenter d'investir uniquement dans les indispensables et les rares coups de cœur de toute ma vie de joueur uniquement, ou donc prendre le risque de découvrir des machines et leurs softs que j'avais manqués à regret à leur grande époque.

Au risque flippant de commencer à entasser tous ces "oldies" chez moi. Tant pis, avec cette console, j'ai accepté d'ouvrir la boîte de Pandore de la collectionnite, et peut être de mourir étouffé par claustrophobie : cerné par des tas de consoles aux designs aujourd'hui improbables, boîtes de jeux cartonnées, crystal ou DVD, ou bien encore joypads et câbles multiples...

Enfin ça c'est une projection dans un « BAD ENDING » catastrophe, car je reste un très modeste collectionneur, comme je vous l'expliquerai un peu plus loin.

 

Après ça, les mois qui ont suivi ont été un véritable "festival" d'acquisitions de jeux, accesoires et bécanes de générations précédentes, certains d'entre vous se reconnaîtrontj'en suis sûr !

En ce qui me concerne, j'ai principalement redécouvert le monde SEGA, j'étais plutôt dans le camp du Big N. à l'époque de ces machines.

Je dirais même que ces derniers mois, j'ai vécu une véritable boulimie d'achats rétrogaming  par rapport à mon budget loisirs habituel!

 

     Mais MOI, POURQUOI JE COLLECTIONNE TOUS CES JEUX LA ? C'est ce que j'en suis arrivé à me demander pour garder un cap clair dans mes acquisitions (ne serait-ce que compte tenu de mes limites financières, forcément aussi !)

On s'est tous déjà dit qu'il existait certainement plusieurs catégories de collectionneurs de jeux-vidéo : ceux qui aiment collectionner l'objet pour sa beauté, pour sa rareté, pour son époque ou parce qu'il appartient au "set" de sa console fétiche. Ou celui qui veut obstinément toutes les pièces de sa collection en état complet (boîte et notice) et d'apparence nickelle, voire carrément sous blister d'origine parce que c'est un vrai défi de les trouver figés dans leur état original d'époque...

Et en général, ils accumulent tout ça soit pour les contempler à l'envie, soit pour y joueur et découvrir tout ce patrimoine.

     Moi je fais plutôt partie de ceux qui  se sont lancés dans une collection de jeux pour y jouer. Je dirais même qu'à la base, pour moi, la valeur ajoutée du jeu vidéo comme sujet de collection, c'est que ce n'est pas un objet inerte (contrairement aux cartes de jeu, figurines ou autres pin's, timbres et cartes postales, pour les plus anciens d'entre vous qui avaient déjà ce démon de la collectionnite).

De la même façon qu'on accumule naturellement, pour la plupart, un patrimoine de chansons en CD ou MP3, ou bien des DVD de films généralement pour les consommer au quotidien, j'ai personnellement beaucoup de mal à comprendre qu'on puisse stocker des jeux-vidéo sans avoir envie de les découvrir et parcourir, ne serait-ce qu'une fois. Ou lire leur notice ou booklet inclus sur les sorties de jeux du même éditeur aux toilettes, par exemple (mais là je m'égare !). Ce n'est pas que je sois réfractaire à qui ne pratique pas comme moi, j'ai moi aussi plusieurs connaissances qui vivent comme ça leur collection (plutôt une fierté contemplative du trésor amassé depuis toutes ces années), mais j'ai du mal à voir ça autrement que comme un put... de potentiel ludique gâché !

Désolé je m'énerve, mais 'faut le comprendre le jeu vidéo : c'est sa raison de vivre d'être déblisté, joué un peu, beaucoup, passionnément... puis revendu, ou jeté à la poub... euh non ça on oublie ! J). Sinon il est tout triste le Jeu, vous voyez l'idée!

     Et concernant ma propre collection de jeux, aussi bien les rétro. que mes softs de la génération actuelle, l'idée depuis quelques années maintenant c'est non pas de collectionner et recueillir à tout va, comme par exemple le rétro-testeur de "l'Antre du Meeea" que j'affectionne particulièrement (et dont je vous recommande super chaudement ses vidéos amateures sur le web !!!) qui est un excellent exemple de jusqu'au-boutisme en terme de quantité amassée sans trop de sélectivité (il n'y-a qu'à voir  son avis rapide sur beaucoup de ses softs dans les vidéos de présentation de ses collec, héhé).

Non, moi j'ai décidé d'écrémer ma collection, en ne gardant non pas les plus neufs d'aspect ou les plus légendaires, mais simplement ceux qui ont marqué ma vie de joueur, personnellement. Mais aussi, et c'est une seconde condition drastique, seulement si je compte revenir dessus au moins une fois dans le futur.

Pour l'anecdote, ça pourrait déclencher parfois le terrible et trivial « Mér il é fou » d'incompréhension de mon entourage gamer de longue date, mais je préfère parfois avoir dans ma collec' un jeu défoulant, simplement fun ou convivial plutôt qu'un "indispensable universel" de la console. Prenons un exemple parlant criant choc : sur super Nintendo, pour un gameplay assez proche dû au moteur de jeu identique, j'ai choisi de garder un Batman Forever à la réputation cataclysmique, parce que les parties sont potentiellement plus durables en solo ou a deux, (et il nous a procuré personnellement beaucoup de fun dans notre jeunesse, un bon pote et moi), plutôt que le pourtant excellent et populaire Mortal Kombat 2, reconnu comme le meilleur de la série à sa grande époque.

Dans le même ordre d'idée, on ne retrouvera pas Mario World chez moi, tout simplement parce que bien qu'unanimement salué par la presse, les joueurs, les femmes épleurées et j'en oublie, ben moi il ne m'a pas touché ce volet de Mario. Mais alors pas du tout.)

 Bref, loin de moi l'idée de créer un débat sur la qualité ou non de ces jeux, cela avait surtout pour but d'illustrer que dans mon cas, ma collection se forge avant tout sur mon ressenti personnel dans le temps, et moins sur la côte populaire historique du soft, ou sa rareté et valeur supposée (import, peu d'exemplaires, jaquette d'un illustrateur célèbre et je passe d'autres possibles raisons... )

 Du coup j'ai revendu beaucoup de mes jeux ces dernières années, quasiment la moitié de ce qui me reste, et au moins le tiers de tous les jeux qui ont pu me passer entre les mains, depuis que j'ai défini clairement mon projet de collection : me constituer une ludothèque, à taille raisonnée et sélective.LUDOTHEQUE : le mot est lâché. Oui, je veux donner à cette collection le même sens que la filmothèque ou bibliothèque de tout un chacun : un présentoir dans lequel je me fais toujours plaisir à chercher, et des jeux que je prendrai toujours plaisir à parcourir. Comme un bon film mais pour des séances plus longues, s'étalant sur une semaine ou plus...

Ben oui, vous laissez souvent vos films / livres pourris polluer vos armoires (ou vos disques durs, petits piratins High tech  ;-) ad vitam eternam, vous ?

Pour les sacrifiés, je me dédouane de mes scrupules en me disant que ca fera toujours plaisir à un autre joueur  trainant désespérément sur les sites de revente à la recherche d'un des jeux de sa vie, comme ma pomme auparavant...

 

     Et pour en revenir à mon ami désespéré par ce qu'il pense être une minuscule collection alors, songeant à « assumer l'entière honte publique  d'une possible comparaison (de collection de jeux-vidéo NDLA), et se retirer définitivement du Rétrogaming » (tiens j'ai déjà entendu un truc comme ça  quelque part !), quelles sont les motivations à l'origine de sa collection du coup ? 

Et comment peut-il mettre un stop cinglant à une partie de sa passion d'un coup, comme ça : les jeux rétro et toute la culture/anecdotes personnelles sur ces jeux qui s'y rattachent ?

 Pour deux joueurs comme nous, les oldies du jeu, c'est une expérience vidéoludique  différente de celles  proposées sur les machines d'aujourd'hui, bien-sûr, mais ces séances de retour à une autre époque distillent aussi des méthodes et valeurs de l'Industrie du Jeu bien différentes de celles d'aujourd'hui (du scénario alors prétexte au gameplay simple voire simpliste au premier abord....), des sensations et un contexte d'époque, bref une inévitable nostalgie (quoique dans le cas de mon ami, celui-ci n'est pas spécialement sensible aux charmes de cette dernière...)

     Alors c'est quoi le problème ? Est-ce que c'est la concurrence féroce liée au "hype"du rétrogaming et à son armée de nouveaux collectionneurs sur les dents et prêts à tout (surtout à dépenser des sommes encore délirantes pour nous) pour arracher la produit convoité en premier, qui lui met cette pression soudaine ? 

Ou la perspective inacceptable d'être "inférieur à" lors d'une comparaison avec un autre passionné ?  (Quelle ironie : est ce qu'on ne collectionne pas pour nous, dans un petit plaisir égoïste, à la base et avant tout?)

A moins que ça ne soit une soudaine maturité, qui nous guette tous, et nous fait abandonner notre collection péniblement acquise pour d'autres prérogatives de la vie : famille, budget limité et nécessaire à d'autres impératifs, carrière professionnelle, déménagement pour une nouvelle vie, ou mêmes simplement l'émergence d'autres passions...

 Et moi, est ce que j'aurai encore à l'avenir l'occasion des débats passionnés sur le J.V. avec ce "poto" si il met à exécution cet ultimatum ??

      Finalement on s'en pose des questions quand on est un joueur, et on n'est pas à l'abri d'une crise de conscience: nous sommes des Hommes nous aussi, avec un p'tit cœur qui bat (et tout), snif !

Mais je vous le demande : y'a t-il un psy pour sauver notre média ?

 

 En Bonus  pour cette "édition collector" de l'article : mes questions existentielles perso. sur le rétrogaming :

 

- les prix qui enflent abusivement vont-ils finir par créer un distingo entre des collectionneurs fortunés qui seront les seuls à pouvoir se procurer les raretés ou les hits les plus populaires, et les autres, parfois les plus passionnés mais moins nantis ?

 

- la durabilité des consoles dans le temps, et que faire de notre collection de softs sans support de jeux quand les stocks seront épuisés ??