Ceci est une critique personnelle d'un amateur (dans le sens qui aime) de l'animation, je ne suis ni expert en musique, ni en dessin, ni en design et je suis bon public la plupart du temps. Prenez donc ceci comme mon avis sur le dessin-animé présenté et pas une vérité absolue. ;)

Avatar : The Last Airbender est une série d'animation américaine pour ado et pré-ado qui fut diffusée entre février 2005 et juillet 2008 outre-Atlantique sur Nickelodeon (la chaîne des Razmoket et de Bob l'éponge entre autres). Elle comporte 3 saisons et 61 épisodes. Chaque saison fait explicitement référence à un des quatre éléments fondamentaux du monde d'avatar. Ces quatre éléments sont les éléments d'Empédocle [lien vers wikipédia] à savoir air, eau, terre et feu.

Dans le monde d'Avatar ces quatre éléments sont représentés par un peuple chacun. Les Nomades de l'Air, les Tribus de l'Eau, le Royaume de la Terre et la Nation du Feu. Chacun de ces peuples provient d'une culture bien réelle. Les Nomades de l'Air font référence par leur habit et coutumes aux Tibétains, le Royaume de la Terre nous rappelle la Chine avec son empereur et sa cité interdite, la Nation du Feu représente le Japon surtout à cause de son besoin expansionniste, l'exception étant les Tribus de l'Eau qui s'inspire de la culture Inuit en même temps des peuples emblématiques qui vivent aux pôles il n'y en a pas 150. Et bonus chacune de ces nations possède un style de combat particulier lui aussi tiré de notre monde avec un ajout de mouvements acrobatiques et de la maîtrise de l'élément associé.

 

Justement au niveau arts martiaux, si les différents peuples sont des références à des peuples bien réels et distincts ce n'est pas le cas pour les disciplines utilisées pour se foutre sur la tronche. Chacune des disciplines utilisées par les maîtres (le titre qu'on donne à ceux qui maîtrisent les éléments) dans le dessin animé sont chinoises, d'ailleurs l'écriture utilisée dans l'univers est chinoise mais passons. Les Nomades de l'Air ont un style provenant du Bagua Zhang qui je vous l'accorde n'est pas le style de combat chinois le plus connu. C'est un style qui dans le dessin animé est très défensif en rapport avec le caractère très pacifique des nomades de l'air. En réalité c'est un style très rond, et quand je dis rond c'est pas pour rien, l'exercice de base du Bagua Zhang c'est la marche en cercle. Après ben c'est le corpus classique d'un art martial chinois. Les arts martiaux chinois c'est pas trop mon affaire mais j'imagine bien que coups de pieds haut et cabriole c'est pas ce qu'on trouve le plus. Dans le dessin animé, la marche en cercle est utilisé plusieurs fois et les utilisateurs du style de l'air sont très sympa à voir, on ne sent pas de violence dans leur intention.

 

De la marche en cercle pour bien visualisé.

 

Pour les Tribus de l'Eau, les créateurs et leur expert, Sifu Kisu (Sifu voulant dire maître, c'est l'équivalent japonais de Senseï) se sont portés sur le Taichi Chuan. Oui vous savez la gym pour vieux qu'on voit souvent à la télévision. A la base c'est tout de même un art martial, je rentrerais là aussi pas trop dans les détails parce que ma connaissance de la chose est pas des plus importante mais dans le dessin animé les mouvements respectent assez bien l'image qu'on se fait de cet art martial. Des mouvements amples, des positions larges mais des gestes très fluides et doux mais pas lent ça serait un comble en combat tout de même.

 

Du Taichi Chuan


Pour le Royaume de la Terre on a choisi le style de combat Hung Gar. Style très fort sur les appuis et très sec. Il a beaucoup influencé le Karate d'Okinawa (oui car le Karate est avant tout d'Okinawa avant d'être Japonais) notamment dans le style Uechi-ryu, mais passons. C'est un style qui fait très fort, très solide, bref tout ce que représente la terre. Si vous avez pratiqué du Karate plusieurs déplacements de maître de la terre sont très semblables à certains Kata (notamment Seishan).

 

Démonstration de Hung Gar.


Enfin pour la Nation du Feu, le choix s'est porté sur un style spectaculaire et très vigoureux : le Wushu de Shaolin. Je vous ferais grâce de mes sentiments quant au bien fondé de cette école et de ces pratiquants les très connus moines de Shaolin. Un système de combat très aérien et agressif en rapport avec l'élément concerné. Coups de pieds sautés, mouvements larges beaucoup de puissance ressort dans les mouvements des maîtres du feu.

 

Une démonstration à Bercy.


D'autres systèmes de combat sont utilisés dans le dessin-animé autant à mains nues qu'avec des armes. Un soin tout particulier a été d'ailleurs porté aux combats qui sont très réussi. C'est l'une des forces de ce dessin-animé, le tout reste assez bon enfant puisqu'on verra pratiquement personne mourir à la fin d'un combat mais l'ensemble est dynamique et très beau (le rendu du feu et de l'eau est quand même phénoménal).

Après cette rapide mise en bouche je vais tout de même parler de l'histoire. Au début de la série le monde d'Avatar est en proie à une guerre initié par la Nation du Feu depuis 100 ans afin d'établir sa domination sur les autres peuples. En effet, l'Avatar, maître des quatre éléments et lien entre le monde des esprits et celui des hommes, sensé maintenir l'équilibre du monde a disparu au début de la guerre contre la Nation du Feu. C'est à ce moment là que Sokka et Katara, deux membres de la Tribu de l'Eau du pôle Sud découvre Aang un maître de l'air et réincarnation de l'Avatar. Nos trois compères partent donc en quête pour qu'Aang puisse maîtriser les quatre éléments (en l'occurrence plus que trois si vous avez bien suivi). Manque de bol, étant donné qu'ils ne sont pas doués ils arrivent à se mettre à dos Zuko, le fils banni du Seigneur du Feu, qui les poursuit à travers le monde. Le plus gros reproche qu'on puisse faire à la narration d'Avatar est son côté roadtrip où les personnages avancent d'épisodes en épisodes sans trop rester sur place, bien sur c'est justifié par le scénario et les tribulations des trois compères sont toutes sauf chiantes mais c'est un (petit) défaut à souligner. Malgré tout l'histoire avance et la présence de Zuko met une certaine tension dans le voyage (sinon ça serait trop facile) avec ce grand méchant à la recherche de son honneur perdu et de l'affection paternelle (oui c'est pas Jessie et James de Pokemon, mon dieu que je déteste ce dessin-animé).

 

 De gauche à droite Sokka, Karata et Aang.


En ce qui concerne les personnages pour un dessin-animé pour ado ou pré-ado j'ai été assez surpris par leur caractère. Bien sur, on est pas avec des personnages super torturés à la Jin-Roh (le contraire aurait été étonnant) mais c'est pas Pokemon non plus. Ici, on a des ado/pré-ado qui ont leur doute, leur peur, leur envie de liberté et leur histoire de cœur. D'ailleurs ces dernières sont typés pour ado/pré-ado mais ça tombe pas dans le mièvre rose-bonbon ce qui est une excellente chose, même si parfois ils ont des accès de très grandes maturités mais c'est expliqué par l'histoire et le caractère de ces enfants. Aang est un personnage insouciant mais savoir que le sort du monde repose sur lui le met dans un état particulier de tension qui si ce n'est pas tout le temps présent se rappelle bien au personnage. Sokka est le comique et la matière grise du groupe, étant le dernier « guerrier » du pôle Sud il doit faire face au rôle que lui ont laissé les hommes de sa tribu. Katara est la mère du groupe et la moralisatrice qui cherche d'une certaine façon à éduquer deux garçons.

Au niveau de l'animation à proprement parlé, je trouve l'ensemble terriblement bon, c'est fluide super bien étudié, les design sont sobres et élégants (contrairement à certains auteurs japonais on se sent pas obligé de mettre des gros seins à des nana pour leur donné un style). A propos du design, les créateurs nous ont pondu quelques exemples de faunes assez déroutant, entre le bison à queue de castor volant qui sert de monture aux trois héros, le lémurien volant, le porc-coq, et l'ours-ornithorynque ça donne un ensemble bien reconnaissable et absurde. Et on passe pas à côté de certains archétypes niveau personnage mais ça reste très bon. Pour ce qui est des combats c'est un régal, ça bouge dans tous les sens c'est ultra dynamique et ça reste très lisible. Alors bien sur ça choque toujours un peu de voir des enfants bottés les fesses de soldats adultes mais il y a tout de même une montée en puissance des personnages, ils ne sont pas surpuissants à la base et même si l'entraînement qui leur permet d'évoluer est court il est tout de même présent. Et on évite le syndrome Dragon Ball Z/Olive et Tom avec des combats qui durent des plombes. Là où Avatar pèche le plus c'est pour moi sur la musique. Attention c'est loin d'être mauvais mais je n'ai retenu aucune mélodie particulière, les musiques font leur travail en annonçant certains personnages avec leur thème et il y a une intention de rendre hommage à l'Asie via certains types de sons.

L'histoire qui a l'air basique au premier abord nous fait avancer dans un monde qui devient de plus en plus riche avec son histoire et sa culture. Le scénario s'épaissit et les personnages aussi.

Je ne peux que vous conseiller ce dessin-animé à plus forte raison si vous avez des enfants, c'est un bon moment à passer en famille.