Pour une critique avec plus d'images à l'appui lien vers mon article sur GAMEBLOG :

https://www.gameblog.fr/article-lecteur_2234_pacific-rim-que-vaut-le-dernier-guillermo-del-toro

Avec PACIFIC RIM, Guillermo Del Toro veut tout à la fois embrasser l'univers japonais des Kaijus (né aprés les événements post-traumatiques liés à la bombe atomique) mais aussi réaliser un blockbuster efficace. Pour lui, il s'agit, et selon ses propres termes, de la meilleure production cinématographique sur laquelle il a travaillé. Reste à savoir si, pour les spectateurs, s'il s'agit du meilleur film catastrophe de l'année et/ ou du meilleur film du réalisateur.

 

Si la réponse à la seconde question semble évidente tant Le Labyrinthe de Pan reste incontestablement le meilleur film du réalisateur (un de ses chefs d'oeuvres d'une puissante mélancolie macabre et d'une poésie magistrale), la réponse à la premiére question l'est moins...quoique.

 

UN PROJET IDEAL POUR UN REALISATEUR DECU :

 

Guillermo Del Toro a été particulièrement touché par ses multiples projets qui n'ont pu aboutir ou repousser aux calendres grecques : son retrait à la réalisation du HOBBIT, HELLBOY 3 qui ne se fera pas et LES MONTAGNES HALLUCINEES annulé (malgré les soutiens de poids James Cameron et Tom Cruise). Le réalisateur a par la suite été contacté par Legendary pour réaliser un film de monstres dont le scénario fut esquissé par un certain Travis Beacham. Il paraîtrait que ce dernier en parcourant une plage de Californie a vu sous la brume des formes bizarres évoquant un combat d'un robot géant contre une immense créature, c'est là que l'idée de ce film lui est venu...
 

UN SCENARIO CONVENU - UN UNIVERS DECEVANT

 

Le scénario même fini est ultra-conventionnel au point que j'avoue avoir hésité à franchir la porte du cinéma pour visionner le film malgré le nom du réalisateur tant le synopsis me paraissait caricatural. En même temps, vous êtes prévenu dés le début, il s'agit d'un film de robots qui abattent de gros monstres bien dégueus qui sortent des profondeurs (hop clin d'oeil à Lovecraft tant aimé par Del Toro). La bonne idée est de commencer le film façon Cloverfield, avec les émissions de TV qui évoquent les attaques successives de Kaijus. On évite ainsi une introduction pompeuse où pendant la première demi-heure aucun morceau de monstre ne serait visible à l'écran.

 

En tant que passionné de monstres, on pouvait s'attendre à ce que le réalisateur mexicain se déméne, son équipe artistique ayant eu carte blanche. Mélange de lézards géants, gorilles, crocodiles, crustacés, requins et autres espéces aquatiques, les créatures sont plutôt bien conçues. Le fait que les humains les classent dans le film par catégorie comme les ouragans (la catégorie 4 étant plus grosse que la 3, etc.) donne une dimension dramatique qui est appréciable.

 

Le spectacle lorsque la tôle se froisse ou que les machoires des géants claquent impressionne. N'en déplaise à certaines mauvaises langues, Del Toro a su marier brillamment les plans larges et rapprochés de telle manière à ce que l'action soit toujours lisible pour le spectateur. Seule déception, les affrontements ne se déroulent qu'en pleine nuit généralement sous la pluie, sans doute pour accentuer le côté dramatique (les combats de jour ne sont montrés que sur des chaînes d'informations TV). Les équipes d'effets visuels se sont intelligement arrangés pour que les rues soient généralement désertes (on pense surtout au combat final) en partant du principe que toute la population est de toute manière cloîtrée dans les abris anti-kaijus.

 

Mais en dehors de ce délire visuel, les personnages principaux restent des caricatures tout comme certaines scénes (des beaux gosses qui se battent dans un couloir en rétorquant les "tu me parles pas comme ça", un commandant autoritaire mais sympa quand même, quelques répliques couillonnes de fin du monde devant une foule motivée, etc.). On évite de justesse l'histoire d'amour moisie. Le jeu des deux scientifiques qui opposent leurs théories aurait pu être séduisant si la direction d'acteurs avait été plus exigeante (Newt le scientifique à lunettes avait carte blanche pour improviser certaines scénes, son humour et son comportement trop "léger" face à la menace fait perdre la subtance dramatique du récit). Même Ron Perlman, acteur fétiche du réalisateur mexicain, semble hésiter entre prendre véritablement au sérieux son rôle (trafiquant d'organes de Kaijus) ou jouer au second degré, le spectateur ne le sait véritablement qu'à la fin (aprés le générique).

 

La musique de Ramin Djawadi (Games Of Thrones) parvient parfois à nous coller quelques petits frissons de plaisir quand la mélodie (un théme principal basique mais efficace) se met à rythmer les combats entre les colosses de fer et de chair.

 

Malgré tout, comment de pas être plus exigeant avec Del Toro? L'univers qu'il a développé et la mythologie qu'il a construite sont relativement décevants (notamment les origines des créatures, la passerelle neurale entre les humains et les Kaijus, etc.). Malgré quelques idées et détails bien sentis mais sous-exploités (la biologie particulière des Kaijus, les différents moyens de défense des humains notamment l'échec de la bombe nucléaire et des barrages, le systéme de "dérive" où les deux pilotes doivent être compatible pour utiliser les Jaegers, la variété des robots représentés par des nationalités différentes évitant l'habituel et irritant patriotisme américain), il n'en demeure pas moins que PACIFIC RIM reste un produit grand spectacle avec une saveur purement divertissante et sans grande profondeur.

 

Parce que c'est Guillermo Del Toro et pas Michael Bay, PACIFIC RIM déçoit.

 

En réalité, j'espérais avec ce long métrage, tel le mariage enfin célébré de la carpe et du lapin, un film à grand spectacle (au synopsis débile prétexte à un affrontement de titans) mais sur fond de personnages emblématiques et d'un univers bien étoffé et habillé par une poésie que seul Del Toro pouvait apporter dans ce type de divertissement. Un film plus intelligent.

 

Au final, le film est, certes maîtrisé avec un boulot impeccable sur les effets spéciaux, mais restera rangé dans la catégorie film à grand spectacle de geek.

 

 

"Certains Kaijus ont souvent un design et une démarche évoquant des animaux existants, ici le gorille"

 

 

UN FUTUR INCERTAIN :

 

Certains projets avortés sont toujours en suspens et Guillermo a pu le confirmer encore dans les toutes dernières interviews. Ainsi, vous ne verrez probablement pas (jamais) Hellboy 3 ou Les montagnes hallucinées (suite à l'annulation d'UNIVERSAL et au découragement de Del Toro, le script ayant trop de ressemblances avec Prometheus) avant un bon moment. En revanche, il va tourner pour janvier 2014 son film de fantômes Crimson Peak avec Emma Stone en guest star.

 

Sur l'avenir de la franchise, le réalisateur, les concepteurs des effets visuels (ILM) ainsi que les acteurs principaux (qui ont signé pour 3 épisodes) le confirment : en cas de succés au Box office, la suite sera lancée. Le script du second épisode est déjà achevé, reste à savoir s'il y aura un public suffisant pour cette franchise (succés mitigé aux U.S.A, pas en Chine, le film devrait rentrer dans ses frais).

 

POUR ALLER PLUS LOIN :

 

ARTBOOK : PACIFIC RIM DES HOMMES DES MACHINES ET DES MONSTRES : pour les amateurs du film, il faut sauter dessus, beaucoup de croquis sur la conception des robots et kaijus, pleins d'anecdotes sur le tournage, retour sur les expériences malheureuses de Del Toro, etc.

 

COMIC PACIFIC RIM TALES FROM YEAR ZERO : Une idée intéressante puisque le comic reprend les événements avant le film. Les dessins sont sympathiques mais les couleurs trop criardes et manquent de nuances. En anglais uniquement.

 

PACIFIC RIM LE JEU (360/PS3/IPhone et Android) : Testé sur android uniquement, un gameplay simple et efficace adapté au jeu smartphone (pas de contrôle du robot, seulement des coups infligés). Sachez qu'il est difficile (impossible?) de finir le jeu sans passer plusieurs fois à la caisse en achetant des armures.