Le mois de mai fut assez généreux question jeux... Entre le sympathique Call of Juarez : Gunslinger, le défoulant Dead Island Riptide et l'enfantin et dispensable Wonderbook : Diggs Détective Privé, j'ai eu de quoi faire... Mais pas de véritable claque ni de vrai coup de cœur... Une poignée de jeux plus ou moins bons, mais rien qui ne mérite de se relever la nuit... Puis vint State of Decay le 5 juin dernier... Et là je me suis trouvé en face d'un très bon jeu et d'une excellente surprise... Un jeu de zombies comme j'en rêvais depuis longtemps... Un bon coup de cœur en puissance... Puis comme si cela ne suffisait pas, le 14 juin sortait le très attendu The Last of Us...
J'ai quelque peu hésité avant de me lancer dans l'aventure... Finir un State of Decay déjà pas mal entamé ou bien tout laisser tomber, éteindre ma 360 et allumer ma PS3...
 
 
Nous sommes le 14 juin, il est 23h30, Butcherette et Butcherette Junior sont couchées, les lumières du salon sont éteintes, j'ai mon casque sur les oreilles, le son à fond, et je suis là, sur mon canapé, sans le savoir encore, sur le point de me prendre l'une des mes grandes claques vidéoludiques de ces 32 dernières années... Le premier coup au ventre fut le prologue dont tout le monde parlait et parle encore à juste raison... Mon Dieu mais mon Dieu... Quelle entrée en matière... Magistrale, haletante, violente, perturbante, viscérale et super bien orchestrée... Dès les premières minutes je fus happé par ce jeu et par la mise en scène dynamique et unique de son prologue percutant... Et dès ce moment je me suis dit que ce The Last of Us semblait plus que prometteur...
 

 

Après 16 heures de jeu, je peux affirmer que The Last of Us est un coup de cœur et un sacré. Pas uniquement du mois de juin 2013, ni du premier semestre 2013, ni de l'année 2013 mais bien un coup de cœur vidéoludique comme j'en ai connu que trop rarement... Alors je vois déjà ceux qui partagent mon avis opiner du chef et ceux qui ont moins aimé ce jeu, voire pas du tout, ne pas en croire leurs yeux... Et oui je joue depuis 32 ans et des jeux j'en ai vu défiler, par wagons entiers et sur presque tous les supports commercialisés en France... Et oui j'affirme et je ré-affirme que The Last of Us fait partie et haut la main de mon top 10 des meilleurs jeux auxquels j'ai pu jouer...
 
 
L'ambiance mondiale actuelle et la peur inconsciente, ou très consciente pour le coup, de se voir contaminer par un virus mortel lors d'une pandémie explique d'une certaine façon ce regain d'intérêt pour les films, les séries, les livres, les comics et les jeux ayant pour sujet cette survie en milieu hostile infesté et ravagé... The Last of Us surfe sur cette vague avec maestria... Les influences cinématographiques qui sautent tout de suite aux yeux sont bien évidemment Les Fils de l'homme, Je suis une légende, Le livre d'Eli, La Route, Contagion, The Crazies, etc...
Alors j'ai lu de ci de là que le scénario n'était pas terrible ni très original. Certes, mais son point fort vient de la manière dont Naughty Dog nous implique et nous faire vivre cette aventure, ce voyage géographique et relationnel... Car plus que l'importance d'un scénario original ici ce qui compte c'est cette relation entre Joel et Ellie, et c'est vraiment ça l'intérêt du jeu. À l'instar de The Walking Dead où le principal intérêt du jeu et ce qui nous prenait aux tripes, nous touchait, nous donnait envie de continuer c'était bien sûr le "couple" Lee/Clémentine. Et dans The Last of Us cette relation est une véritable réussite. Le fait d'être IRL le père d'une petite file de 8 ans doit très certainement et absolument peser dans la balance et faire que ce genre d'aventure, où la « relation » avec un enfant à protéger est le centre du jeu, me touche si profondément et si viscéralement... Ce pourquoi, entre autre, The Walking Dead avait été mon jeu de l'année 2012 et ce pourquoi The Last of Us m'a tant plus...

 

 

Ce qui m'amène à parler de la narration qui est super bien foutue dans le fond et la forme. L'évolution de cette relation presque père/fille devient de plus en plus viscérale et on s'attache de plus en plus au fur et à mesure que l'on progresse dans le jeu à cette ado... Ce qui est également le cas de Joel qui finalement ne verra plus Ellie simplement comme un paquet à acheminer tout au long de l'aventure, mais bien comme un membre de sa famille. Et ça c'est super bien fait. Car dès le début du jeu on se fout un peu de cette ado bougonne et distante, puis, plus les heures passent en sa compagnie et plus on se surprend à avoir peur pour elle, à craindre pour sa vie et on s'étonne de vouloir la protéger coûte que coûte... Une véritable réussite!!!! Sans parler des dialogues parfaitement maîtrisés et sans fausse note.
Cette urgence, ce besoin de protection, étant palpable grâce au génie de Naughty Dog qui réussit d'une manière incroyable à créer constamment une ambiance lourde, pesante, glaude et à instaurer et imposer une tension perpétuelle. Même quand il ne se passe pas grand chose, lorsque l'on explore des maisons abandonnées, des rues vides, des égouts crades, des immeubles en ruines, l'ambiance reste tendue. Une fois de plus cela participe grandement à l'immersion proposée par The Last of Us...

 

 

Pour en revenir sur la forme, mon dieu que ce jeu est beau... Je suis souvent le premier à dire que les graphismes aussi beaux soient-ils ne font pas un bon jeu, mais là il faut bien reconnaître que la magnificence des graphismes de The Last of Us sublime cette aventure... Que c'est beau, mais que c'est beau, maîtrisé du début à la fin, sans faute de goût, nous proposant par moment de véritables pauses poétiques, oniriques et contemplatives... Plusieurs fois j'ai vraiment été subjugué et complétement émerveillé par certains décors, paysages, lumières... Je me suis surpris à m'arrêter de jouer et à rester là, en pleine contemplation, bouche bée, absolument en admiration devant la réalisation démentielle de ce jeu... Dans le cas de The Last of Us, les graphismes participent à la qualité du jeu, indubitablement...
La bande son est vraiment très bonne et la B.O. de Gustavo Santaolalla est une merveille et le thème principal, de nombreuses fois décliné durant le jeu est magnifique et fait partie des grands thèmes vidéoludiques...

 

 

Comme tout chef-d'œuvre, The Last of Us n'est pas privé de quelques défauts, minimes... En 16h de jeu, j'ai eu droit à une seule synchronisation labiale foireuse, un pop tardif de texture et un petit problème d'I.A. lors d'une phase d'infiltration qui a eu pour conséquence de me faire repérer... Et ce une seule fois... Pas de quoi me gâcher l'aventure ni dénigrer ce titre...

Un petit conseil pour profiter pleinement de ce titre et pour le savourer pleinement, il faut, autant que faire se peut, jouer la nuit, au casque et si possible durant des sessions d'un minimum de 2-3 heures... Ce genre de jeu ne supportera pas des sessions d'une demi-heure, de jour, avec votre mère qui vous demande de ranger votre chambre, de votre compagne qui vous parle pendant une cinématique ou de votre fille qui veut vous réciter ses devoirs...

 

 

Vous l'aurez compris The Last of Us est une révélation pour moi. Un peu moins pour certains, voire pas du tout pour d'autres, avec des réflexions, des justifications, des commentaires et des avis lus ici et ailleurs, très peu recevables pour moi... Mais bon, les goûts et les couleurs comme on dit... D'ailleurs, celui qui a découvert la fin avant la dernière image devrait s'acheter une boule de cristal et se lancer dans le commerce de la divination, il se ferait des millions...
Toujours est-il que je suis personnellement ravi d'avoir traversé ce petit bout des Etats-Unis durant plusieurs mois en compagnie de Joel et Ellie que j'ai appris à apprécier et à aimer de la même manière que l'on s'attache à des personnages de films, que l'on est triste de quitter, une fois le générique de fin terminé...

Je souhaite au plus grand nombre de pouvoir vivre cette aventure aussi viscéralement qu'il m'a été donné de le faire. Ravi d'avoir pu jouer à ce très grand jeu, à ce chef-d'œuvre, à cet incontournable.