Je me rappelle d'un moment dans le jeu vidéo où tout était simple. Dans une mesure, ça l'est encore relativement sur la plupart des jeux consoles. On mettait une cartouche, un CD, un DVD dans la machine et pour peu que cette dernière ne soit pas sur le point de canner, le jeu démarrait. S'il ne démarrait pas, il n'y avait rien à faire, c'était de la merde et personne n'y jouait. Le PC avait sûrement ses petits soucis à lui déjà dans cette période. Tous les micro-ordinateurs ont eu leur lot de problèmes très propres à l'informatique. Des histoires de fichiers corrompus, d'incompatibilité système et/ou matériel. Des emmerdes dont on se passait bien sur console. Loin de moi l'idée de faire le candide, le mec qui débarque et ouvre les yeux sur ces soucis, mais j'ai un peu l'impression qu'on se fout de ma gueule. J'aime pas trop les voleurs et les fils de putes.

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Hier, je lis le test élogieux de Fumble au sujet de Papers, Please. Je lis le propos et le concept du titre et décide de me laisser tenter. Je me dis à ce moment là que le dématérialisé, c'est vraiment génial. Ça permet à des petits développeurs de prendre une idée et de la pousser un peu. Je vais y revenir dans un post dédié prochainement. Bref, je paye et télécharge le jeu ; j'y joue et là c'est juste fantastique. Un serious game comme j'aimerais en voir plus souvent mis en avant. Addictif et glauque, le jeu est intelligent et son gameplay, en plus de servir parfaitement son propos, joue vraiment sur les failles du modèle de gestion bureaucratique. Encore une fois, je vais y revenir dans un article dédié, parce que là, ça n'est pas le propos.

Ce matin, je me réveille très tôt pour une raison inconnue et me dit joyeusement : « je vais continuer ma partie de Papers, Please, ça fait plaisir ». Wait for it...stupeur et tremblement. RUNTIME ERROR. Quel est le foutre ? Pour quelle raison obscure obtiens-je cette fenêtre qui m'agresse de son langage informatique et anglophone ? Je viens en paix, je ne désire que jouer paisiblement et c'est comme ça qu'on me récompense. Alors je fouille un peu. Désinstalle, réinstalle. RUNTIME ERROR. Okay, donc je vais essayer en mode hors-ligne. RUNTIME ERROR. Je vais décocher la case mise à jour automatique et réinstaller le jeu. RUNTIME ERROR. Can't tell if trolling or just being a computer...

Direction internet ; je tape le message et tombe sur le fabuleux site Comment ça marche qui m'a déjà sorti de la mouise plus d'une fois. Sauf que cette fois-ci, trois pages de commentaires n'ont apparemment rien donné. On parle vaguement de mettre à jour C++ Visual mes couilles. Donc on change de stratégie et on va sur le forum dédié dans Steam. Je constate que je ne suis pas le seul à avoir le souci. Dieu merci, ça n'est donc pas mon PC qui s'est fait une pirouette d'update ni vu ni connu, jt'embrouille. Ceci étant dit, le problème ne semble pas réglé pour autant et ça fait déjà une demie-heure que je suis en train de chercher pourquoi le jeu à ses menstruations maintenant et me refuse l'entrée de son temple sacré. Il s'avère qu'après avoir tourné sur le forum sans succès (en réalité sans cliquer sur le bon lien posté en fin de topic) je suis allé voir directement le compte Twitter de Lucas Pope, développeur du titre Papers, Please et celui-ci indiquait qu'il fallait tester la version bêta du titre...qui elle fonctionne.

Le pire dans cette histoire, ça n'est pas tant d'avoir perdu trente minutes pour démarrer un jeu, le matin au réveil, encore en train de digérer mon chocolat et mes tartines de pain grillé. Le pire, c'est que le jeu marchait hier soir. Le pire c'est qu'il ait été mis à jour et que soudainement, la version bêta du titre est valable alors que la gold ne marche pas. Tout ça, par la magie d'une mise à jour. Moi ça me rappelle quelque chose. Une histoire entendue en Espagne, il y a de ça un an maintenant.

J'exagère sans doute puisque finalement la build bêta est tout à fait jouable, avec les sauvegardes de la version de sortie sans souci, mais là n'est pas la question. Le fait est qu'aujourd'hui, un jeu peut-être fonctionnel un jour et ne plus l'être le lendemain si, sur un coup de tête, sûrement partant avec de bonnes intentions, son créateur décide que telle ou telle chose doit être modifié. Le problème c'est qu'on peut rapidement se retrouver avec le phénomène George Lucas qui a juste réinventé le concept de restauration avec ses deux trilogies Star Wars. Ce qui me chagrine dans l'histoire, c'est à la fois la possibilité sortir un jeu qui ne marche pas pour faire de l'argent et le patcher par la suite que l'inverse, sortir un jeu qui marche et pour x ou y raison, le modifier et le rendre injouable chez certaines personnes. Au-delà même de l'aspect strictement technique, il y a une absence de pérennité de l'œuvre qui est assez alarmante. De nos jours, TOUS les jeux vidéos sont susceptibles de subir l'effet who shot first.

 

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Pas question pour moi d'étendre le sujet à une réflexion générale sur la transmission du patrimoine vidéoludico-artistique. Il est 8h45 du matin et normalement, je devrais encore être en train de dormir pendant quatre heures. Il est trop tôt pour philosopher. Simplement, c'est la seconde fois cette semaine que je suis « forcé » de taper la discut' avec des développeurs indépendants directement sur leur Twitter pour leur demander un coup de main pour simplement jouer au jeu. Plus tôt dans la semaine, j'ai du effectivement contacter le développeur de Saturn 9, un jeu d'horreur sur XBLA à 80 points microsoft (moins d'un euro), fort sympathique au demeurant mais qui crashait dès que je tentais une nouvelle partie ; il se trouve que j'ai trouvé la solution tout seul (le dev m'a répondu, mais ne voyait pas d'où pouvait provenir le souci) à savoir mettre la console entièrement en anglais pour la langue et la région. Toujours est-il que je vois là une succession d'affaires, deux mois après la sauvegarde plantée de TLOU, un problème de fond. Ils sont où les jeux stables ?