Cela fait deux années qu'un phénomène autrefois mineur a pris de l'ampleur dans le jeu vidéo et je me dois aujourd'hui de dénoncer ce qui n'est d'abord que de la violence gratuite, certes habituelle dans ce média mais tout de même, mais surtout de la violence gratuite ciblée sur différentes races de la même famille. Comme toujours ce sont les concernés qui doivent s'offusquer puisque sinon, personne ne bougera le petit doigt. Il se trouve qu'après avoir dénoncer une certaine idée du militarisme puant et avant ça, une certaine vision sexiste de notre média, je me vois aujourd'hui dans mon bon droit de dénoncer ce phénomène en pleine expansion : la chasse aux cervidés.

Avant que les équipes conjointes de Rockstar North et Rockstar San Diego ne mettent en route ce vicieux engrenage, le phénomène en question n'était déjà pas inexistant. Rappelons de triste mémoire que si l'on accusait Resident Evil 5 de racisme en 2009, cela faisait déjà plusieurs années que l'on tuait sans vergogne plus qu'une race, une famille complète à laquelle j'appartiens, dans de médiocre titres tchèques tels que Hunting Unlimited en 2002 qui n'a cessé d'avoir des rejetons jusqu'à Hunting Simulator 2012 où ma branche familiale canadienne, les caribous ont été particulièrement massacrés sans que cela ne gêne personne.

Apparemment, le quatrième opus fait de nous des stars. On s'en serait volontiers passé.

Quand cela ne se limitait qu'à d'obscurs jeux qui n'étendaient globalement leur marché qu'à un public de niche PC, allemand et friand de simulateur de trucs pas funs, la dérive restait légère. Déjà condamnable, mais légère. Seulement depuis 2010 et la sortie de Red Dead Redemption, c'est ni plus ni moins que la porte ouverte à tous les vasistas. La nouvelle franchise de la génération HD made-in Rockstar a vendu plus de 10 millions de copies, PlayStation 3 et Xbox360 réunies. Pour faire simple, 10 millions de personnes dans le monde ont pu ainsi découvrir le malsain plaisir de la chasse aux cervidés. Contactés par mon oncle Rudolphe Lerenne, Sam et Dan Houser se sont refusés à tout commentaire (évidemment) ou bien même à communiquer les chiffres de meurtres virtuels perpétrés sur notre famille que nous savons de source sûre qu'ils possèdent.

Un excellent jeu peut-être. Mais au niveau du propos, on repassera. Le jour où un congénaire avec des bois pareils choisira de fuir plutôt que de se battre, vous m'appellerez!

Pour rappel, contrairement aux humains, le meurtre de cerf, caribou ou élan n'est pas strictement interdit partout sur Terre ; vous comprendrez donc que cette incitation à la haine raciale nous émeuve particulièrement. Malgré tout si l'affaire en était restée là, nous aurions sans doute abandonné toute idée d'y faire quoi que ce soit, les lobbys de chasseurs ayant la main mise sur le pouvoir. Seulement la multiplication des séquences de chasse dans le jeu vidéo devient parfaitement inadmissible d'autant plus que chaque séquence proposée inclut un tir à l'arc finissant systématiquement soit dans les gigots soit directement dans la tête avec une violence inouïe (voire inuit quand elle se situe au Canada). Je tiens cependant à être clair sur un point : non je ne suis pas en train de plaindre le sort de représentations pixélisées de ma famille. En revanche, je commence à être profondément outré que nous soyons systématiquement considéré comme gibier potentiel, bon à croquer et tout simplement victimes dans les jeux vidéo. Nous ne sommes pas des cibles !

Ubisoft a frappé fort cette année en plaçant deux titres au top des ventes en prônant encore une fois que la place des cervidés est au bout d'une flèche. Avec Assassin's Creed III d'abord qui en plus de nous placer encore une fois en bas de la chaîne alimentaire, oublie complètement qu'historiquement la seule raison pour laquelle George Washington a pu signer la Déclaration d'Indépendance c'est parce que mon ancêtre Marty Boisdoré a pris une balle pour lui pendant qu'il dessinait avec sa pisse dans la neige à l'orée d'un bois. Cette anecdote est de toute façon oubliée d'une manière générale dans les livres d'Histoire humains pour le moins remplis d'inepties. Deuxième coup de couteau dans la venaison, Far Cry 3 qui sort même pas un mois après et qui de nouveau nous place en proie facile qui ne savent que sautiller comme des femmelettes pour échapper à une mort certaine.

Non mais faut arrêter de nous prendre pour des cons sérieusement! Quand un connard de natif américain (restons politiquement correct) nous suit dans la neige, on est pas débile au point de le laisser s'approcher d'aussi près sans rien faire!

Tout ça pour de toute façon finir en ragout...que suis-je censé dire à mes neveux devant des images pareilles?

On pourra me rétorquer que les cervidés ne sont pas les seules victimes de ce nouveau phénomène de mode barbare qu'est la chasse dans les jeux vidéos grand public. Les loups se prennent des rafales depuis au moins 1996 et la sortie de Tomb Raider premier du nom. Les ours ont également subit des tannées par la même aventurière qui je tiens à le signaler au passage extermine probablement les tous derniers dinosaures sans que personne ne trouve à y redire. Plus récemment, les félins ont également été pris pour cible avec des tigres, des pumas et des léopards qui se font troués la peau dans les mêmes jeux déjà précédemment cités. S'ils méritent également d'être plaint, on notera tout de même que contrairement à ma famille, ces autres concurrents du règne animal ne passent pas pour de la simple chair à canon bonne pour la boustifaille du petit déjeuner et pour faire des chaussons. Les caribous aussi savent se battre et méritent de ne pas être déconsidérés de la sorte.

Alors pourquoi j'en viens particulièrement à pousser ce coup de gueule aujourd'hui ? Tout simplement parce que celle qui perpétrait déjà des massacre d'animaux sur PlayStation dans les années 90-2000 revient à la charge l'année prochaine. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les développeurs n'ont strictement rien compris à ce que pouvait être la maturité dans le jeu vidéo.

Avec ce nouveau Tomb Raider, j'ai juste l'impression d'être encore dix ans en arrière niveau mentalité. Elle est belle la maturité du Jeu Vidéo.

Il serait temps d'arrêter de considérer la faune comme une simple distraction pour les tristes pantomimes de Mademoiselle Croft et ses acolytes. Nous pouvons jouer un plus grand rôle que cela comme l'a très bien compris Hayao Miyazaki. Nous ne sommes pas des cibles. Stop aux préjugés sur les cervidés. Stop à la chasse dans le jeu vidéo.