Cet article est écrit à une heure tardive (minuit passée) en début de semaine et une veille de cours bien entendu. L'auteur décline donc toute responsabilité concernant l'orthographe (comme si je prenais la responsabilité de mes fautes d'habitude). L'auteur a également anonymisé, de manière subtile et audacieuse, les personnes toujours impliquées dans le métier...question d'éthique.

Mon apprentissage de sociologue passe par différentes phases. Alors que la première année de ma licence a été centrée sur la communication des bases philosophique de la matière, via l'étude de Durkheim, Weber, Bourdieu ou Goffman pour ne citer qu'eux, la seconde année a été la première occasion de s'essayer à la pratique de terrain et à l'investigation, la vraie, loin des programmes pré-commandés et pré-écrits de France Télévision. C'est ainsi que l'année dernière, j'étudiais en compagnie de mes compagnons (true story) les Verts face à la campagne présidentielle (tout un programme) ou encore la vie dans une maison de retraite. Cette nouvelle année, l'actuelle, étant l'avant maîtrise, nous sommes un peu plus libre de penser et de réfléchir par nous même. C'est pourquoi j'ai décidé, à l'instar de mon idole Harry Roselmack, de partir en immersion totale pendant un week-end dans la peau...d'un journaliste de jeu vidéo. Je compte bien ainsi prouver l'existence de ce journaliste qui est loin de la légende urbaine.

M'inscrivant parfaitement dans la lignée de Park et de sa première École de Chicago, ma première étape a bien entendu été de trouver un informateur qui puisse me faire entrer sur le terrain. Je profitais ainsi Samedi de mes retrouvailles avec Cheuktof, Papaloup, TchiotBirout et Chaminos pour demander à ce premier s'il avait l'intention de se promener dans les allées du PGW (Paris Games Week pour les initiés) le Dimanche qui suivait. Il me disait que son départ vers une destination lointaine (sa maison quoi) lui donnait l'excuse parfaite pour se délester de son pass presse qu'il me tendait alors gentiment, me signifiant que le zèle n'étant pas la vertue principale des gardiens de l'entrée du salon, je n'aurais sans doute aucun mal à endosser sa sublime identité.

Un salon professionel de jeux vidéo.

C'est ainsi que Dimanche (le lendemain donc) je m'infiltrais dans le PGW avec un sésame pour à peu près tout et n'importe quoi. Rejoignant d'autres amis établis dans le salon à la fois bruyant et peuplé (quoique moins qu'en 2011) je me permettais même d'user d'un second atout caché dans ma besace : le certificat de millionnaire made in Nintendo. C'est ainsi que j'expérimentais pour la première fois la douce délivrance de l'esquive de fil d'attente que seuls les Fast Pass de Disneyland Resort Paris avaient pu jusqu'à lors me procurer. Lorsque j'entrais pour essayer ZombiU (un jeu électronique développé par une entreprise française nommée Ubisoft) j'étais donc seul dans la salle, face à mes deux écrans.

Cette première dégustation du pervers privilège ne s'est pas arrêtée là. Alors que je signifiais à mes deux acolytes infiltrés que la lourdeur sonore commençait à faciliter mon transite intestinal, l'un d'eux me signalait que les cartes pendues à nos cous avaient également la possibilité de nous laisser accéder à une zone de détente privilégiée et coupée de la partie bruyante du salon. C'est ainsi que nous nous retrouvions à flâner dans une pièce fort agréable et équipée en matériel informatique et en fauteuils blancs qui contrastaient largement avec notre absence de légitimité. La pression semblait alors à son comble quand nous culpabilisions de nous offrir cet pause, tandis que la plèbe se marchait sur les pieds pour atteindre un écran qui leur révélerait quelques images de Call of Duty Black Ops 2, un jeu très représentatif de ce qu'est le jeu vidéo dans son ensemble, violent, débilisant et à des années lumières d'être une possible façon de communiquer sur l'être humain.

Qu'on ne s'y trompe pas, le jeu vidéo est fait pour des débiles mentaux et des gens au mieux cynique et au pire alcoolique et dénué de tout sens critique.

Malgré cette douleur à effectuer ma tâche sans remord, je ne me décourageais pas quand mon second informateur Chaminos me proposait d'assister à la sortie de Anneau Quatre. Je sentais que de nouveau, je n'allais pas être dans les parfaites conditions pour jauger sans affectivité mon objet d'étude (le journaliste de jeu vidéo) mais je savais qu'il serait là et palpable (enfin si t'ose les toucher). Alors je prenais mon courage à deux mains et me rendait en compagnie de mon indic sur le lieu de célébration de la sortie. Accueilli par de charmantes demoiselles (blondes de surcroît) je sentais immédiatement mon pantalon se dilater (à moins que...) tandis que je pénétrais (oui oui) dans le lieu de rendez-vous. Une fois l'escalator monté, il a été demandé à toute l'assistance de patienter dans une ambiance de toute évidence tendue avec pour seul réconfort des amuses-gueule en petite quantité et des boissons en quantité industrielle (et sans alcool à ce moment là).

Après un certain temps d'attente que j'estimais long mais qui semblait ne pas affecter les journalistes qui m'entouraient (et que parfois je n'arrivais pas à dissocier des employés de Maxisoft l'éditeur de Anneau Quatre) nous étions invités à entrer dans une salle ou une projection pour le moins célesto-cosmique nous était présentée, histoire de nous remettre dans le bain de l'univers spatial du jeu (oui malgré ce que j'ai dit plus haut, il paraitrait que les jeux vidéo peuvent avoir une histoire...true story). Éclairant le plafond d'une fresque mouvante dont Michel-Ange (et pas Raphaël comme le moi de minuit et demi l'écrivait) aurait jalousé la luminosité (lui qui s'est cassé le dos sur sa Chapelle Sixtine) l'ensemble de l'audience journalistique entrait dans un état de silence qui semblait tenir du rituel (au sens Bourdieusien du terme).

Sortant de la salle avec un apaisement hypnotique, je me mouvais alors plus librement parmi mes objets d'étude. Je constatais que sans doute, ce rituel donnait une faim insatiable puisque les amuses-gueule étaient d'ores et déjà oubliés. Me rendant alors compte que moi-même j'étais plus intéressé par la confection des hot-dogs et l'apparition quasiment magique (on dirait que ça « pop » ou que ça « spawn » dans un le milieu vidéoludique) de mini-hamburgers fourrés au foi gras que par le jeu Anneau Quatre que l'on pouvait essayer sur de sacré écran de télévision, j'en profitais pour noter (intérieurement et pas sur papier de peur de me faire démasquer) que la communication entre pairs comptait plus que le produit fini en lui-même. La soirée révélait alors sa face sociale plus que rituelle (cela mériterait d'être approfondi).

Puisqu'en conséquence, les consoles et les écrans étaient relativement peu sollicités, j'ai décidé de m'employer moi-même à la découverte de Anneau Quatre, parfaitement investi que j'étais de mon rôle de journaliste de jeu vidéo. Le jeu m'a alors paru formidable et probablement, de meilleur facture que son prédécesseur, fait par des personnes de talent et d'une générosité sans borne, puisqu'en plus du couvert, ces derniers nous ont permi à moi et à mon informateur, de repartir avec le jeu (signé de la main d'un de ses artisans) ainsi qu'une figurine et un livre (les joueurs de jeux vidéo savent donc lire. CQFD) tirés de l'univers du jeu. Bref GotY 2012.

Anneau Quatre vaut donc sans doute une note optimale, cela va sans dire puisqu'il serait cynique de s'imaginer que toute cette organisation ne serait qu'une mascarade pour forcer les journalistes de jeu vidéo à entrer dans le jeu de manière positive, en repensant la panse pleine de mini-hamburgers au foi gras, à la gentillesse de la maison d'édition qui leur a fourni le titre.

Tain comment je t'ai tout anonymousisé! Je suis trop fier de ma démarche sociologique!

Note de l'auteur : Avant que les réactions acerbes des deux côtés (positivistes comme négativistes) ne viennent encombrées aussi immanquablement qu'inutilement les commentaires de cet article, je tiens quand même à dire que premièrement, je ne crache pas dans la soupe. J'ai apprécié la soirée, et je remercie mon informateur (anonymous absolu) d'avoir eu la douceur d'âme de m'emmener passer un peu de temps avec lui dans une telle soirée où j'ai par ailleurs vu certains mecs que j'apprécie beaucoup dans le métier (si, je vous jure que c'est pas juste une légende urbaine) et qui tiennent ici notre Arche commune. D'autre part et même s'il est évident qu'il y a une grosse part de démagogie dans l'histoire, destinée à mon avis avant tout aux plus petits poissons d'internet pas spécialisés dans le jeu vidéo, le jeu en question (lui aussi trop bien anonymousisé donc) est de mon point de vue vraiment bandant et promet de longues heures de jeu (non parce que j'y ai vraiment joué du coup), que je le paye au final ou pas; évidemment si je ne le paye pas c'est tant mieux pour ma pomme. Toujours est-il que si ce W-E prolongé VIP a été assez amusant pour son aspect ludique et récréatif, je compte bien un jour voir l'autre partie du théâtre, celui sur lequel on ne peut pas jeter de tomates pourries, à savoir les coulisses, là où la pression est réelle. Là où le public averti ne s'occupe pas de féliciter les bonnes initiatives, trop occupé qu'il est par ailleurs à commenter allègrement ce qui ne va pas.

Et non il n'y avait pas de Doritos et de Mountain Dew...