This is the end. Hold your breath and count to ten. Les mots d'Adele résonnent encore dans ma tête quand je pénètre dans le cinéma et pour cause, en seulement quelques jours, j'ai écouté une cinquantaine de fois le titre phare de la bande originale de ce dernier James Bond. Je l'ai écouté cinquante fois parce que j'avais envie de voir ce film, vraiment. Oh je ne suis pas un grand fan de James Bond, non. J'ai aimé, étant môme, assister à la lutte érotique entre Pierce Brosnan et Famke Janssen dans le sauna de GoldenEye. J'ai aimé voir le même Pierce Brosnan conduire sa magnifique BMW serie 7 avec un paddle tactile (pourquoi on a toujours d'application pour ça?) dans Tomorow Never Dies. J'avais adoré le générique de Die Another Day, mais le film m'avait complètement dégoûté de James Bond par sa surenchère surréaliste. En fait avant, je n'étais pas fan de Bond. Mais ça c'était avant...

C'était avant Daniel Craig que j'avoue moi-même avoir conspué avant de voir sa performance. J'avais beau ne pas être le plus grand fan de James Bond, j'avais quand même mon idée sur la question et certainement, je ne le voyais pas grand carré, blond et aux yeux bleus acier. Seulement Casino Royale (qui est aujourd'hui de mes films préférés) m'a simplement retourné la tête. James Bond était redevenu une légende, le super-héros des agents secrets. Jason Bourne était passé par là avec son improvisation, son ''réalisme'' et James Bond devait donc paraître moins désuet et moins abusivement équipé ; le défi était rempli à merveille. Plus de classe et d'élégance, plus de séduction (le dialogue du train est une de mes scènes préférées, tous films confondus) et dans le même temps plus d'action brutale et sans fioriture et étincelle.

"Vesper Lynd: It doesn't bother you? Killing all those people?
James Bond: Well I wouldn't be very good at my job if it did"

Après ce qui a donc été un choc pour moi, Quantum of Solace a été une vraie déroute. Malgré un démarrage génial en terme de montage (le plan sur la gente de l'Aston Martin DBS) le film se perdait vite dans une histoire sans grand intérêt et un casting en petite forme, Daniel Craig mis à part. Donc j'attendais Skyfall, parce que je voulais croire en un Casino Royale bis, un nouveau hold-up pour Daniel Craig qui est par ailleurs devenu un de mes acteurs préférés (et mon sex-symbol si je m'avisais de devenir homosexuel un jour). Avec Sam Mendes aux commandes (American Beauty, Les Sentiers de la Perdition...) c'était un objectif complètement atteignable. BINGO.

Skyfall, c'est le James Bond qui tombe au mauvais moment. Il a tout pour être une réussite ultime dans son domaine et par sa seule composition (dans le sens de recette) sur laquelle je vais revenir, il condamne ses suites automatiquement au mieux à de la qualité, au pire à une comparaison navrante. Parce que Skyfall, c'est un peu l'épisode qui sonne comme le dernier avec tout ce que ça comporte de tristesse et de joie mêlées, d'épique et de mémorable.

Pour commencer, Skyfall c'est (comme l'avait très justement signalé Jonah dans son post) le retour de Roger Deakins en tant que Director of Photography. Pour ceux qui ne comprendraient pas quel rôle a ce personnage dans un tournage (comme moi je l'ignorais il y a quelques années) c'est simplement celui qui s'occupe de la lumière (d'où le terme « photography ») et des couleurs dans un film. Et Deakins n'est pas une bleusaille. Si vous n'en aviez qu'un seul à retenir dans ce domaine, c'est bien lui. Pour comprendre son génie, il faut voir True Grit, The Assassination of Jesse James by the coward Robert Ford, In Time ou encore In the Valley of Ellah. Ce ne sont que des films qui brillent au minimum pour leur esthétique splendide. Skyfall est donc sans surprise un bijou visuel dans le top des plus beaux films de cette année.

Si Roger Deakins est crédité "director of photography" vous pouvez être sûr que le film sera parfait visuellement.

Avec déjà cette longueur d'avance artistique, Sam Mendes a donc pu s'en donner à cœur joie au niveau de sa réalisation. Les plans larges sont impressionnants, toutes les séquences apportent leur ambiance et les effets de caméra sont brillants à chaque fois (la première image du film...), que cela soit dans les scènes d'action ou dans les phases plus parlées.

En terme d'action, l'ouverture fait dans le costaud avec une tentative clair de concurrencer le pré-générique de Casino Royal et sa course poursuite à pied mythique. Ici tout y passe et c'est une sorte de condensé de tous les véhicules de course poursuite qu'on aura pu voir dans le cinéma d'action (américain essentiellement) avec un rythme assez dingue. Quand la scène prend fin, je suis d'ailleurs personnellement déjà sur le cul (forcément je ne regarde pas le film debout dans la salle) et bouche bée. Ce n'est pas le générique qui me refermera la bouche puisque dès les premières notes de Skyfall chanté par Adele donc, on assiste à un défilé d'images à la James Bond classique finalement, mais très réussi. Je préfère tout de même à ce générique ci celui de Casino Royale et encore plus celui de Die Another Day, mais en terme musical, la partition d'Adele apporte une mélancolie qui colle parfaitement à la situation.

Téléchargé il y a trois jours...plus de 50 écoutes. La musique sur un bien beau générique, c'est immédiatement superbe.

Mais revenons en à l'action. Outre cette introduction, Skyfall va régulièrement pousser le spectateur à s'émerveiller devant des explosions et autres fusillades qui sont impressionnantes sans en faire des caisses. Skyfall gagne à ce sujet la palme de la meilleur séquence finale de toute la saga Bond à mon humble avis, mélangeant du suspens, des flammes à gogo, des dialogues bien sentis et donc une esthétique simplement parfaite.

Encore une séquence dantesque...qui est amenée à la perfection.

Alors comme ça, on a l'impression que je loue avant tout Skyfall pour sa percussion et son sens de l'action retrouvée, mais rappelez-vous de deux choses. Déjà j'ai aimé Casino Royal avant tout pour ses dialogues et son élégance plus que pour ses séquences musclées, que j'ai tout de même adoré entendons nous bien. Ensuite j'ai dit que Skyfall avait un goût de Gran Finale. Skyfall c'est une histoire qui se passe de toute implication géopolitique à la Tom Clancy qui ont tendance à noyer la narration et à perdre complètement de vue les enjeux. Ce James Bond est une histoire simple, de come-back, de bad guy et de vengeance. Ici c'est personnel, comme ça l'était dans la relation entre Vesper Lynd et Bond dans Casino Royale, mais à une autre échelle.

En sus de son histoire plus intimiste, Skyfall se veut un hommage au passé de la série qui fête ses 50 ans avec ce volet et dans le même temps, il plane comme un sentiment de retraite dans l'air. Les dialogues sont perclus de petites répliques qui saluent les anciens volets, parfois de manière satirique, souvent de manière mélancolique et les clin-d'œil sont souvent là pour rappeler qu'on est certes dans la lancée du reboot, mais que la concurrence plus jeune est passée dans le coin (qui a dit Ethan Hunt et Jason Bourne?). Le quatrième mur tremble donc régulièrement.

C'est avec plaisir qu'on retrouve la DB5. Au diable les Jaguar, James Bond roule en Aston Martin.

Pour finir sur quelque chose d'un peu essentiel au film et sur ses quelques défauts que j'ai décelé, le casting est présent et est dirigé de manière idéale. Daniel Craig se confirme à mes yeux comme le plus iconique des Bond, alternant les sarcasmes et les moments plus lourds émotionnellement avec brio. Encore une fois, je tiens à renouveler mes compliments à Judi Dench qui est définitivement une des actrices les plus classes qu'on puisse trouver ; elle trouve ici une place à la hauteur de son charisme. Javier Bardem est surprenant et pas seulement pour sa blondeur platine qui ébloui au premier abord, mais également pour son caractère pour le moins perturbant pour ne pas dire effrayant ; un bad guy comme j'en attendais pour ces nouveaux Bond. Le reste du supporting cast est aussi de qualité. Je reste cependant tempéré sur notre frenchy Bérénice Marlohe ou sur la non moins charmante Naomie Harris. Si les deux demoiselles jouent très bien (mention spéciale à Bérénice et à son tremblement de main vraiment convainquant) leurs rôles respectifs restent assez dans la lignée des anciennes James Bond Girl. À croire que définitivement, Eva Greene en Vesper Lynd restera le seul amour important de James.

Les acteurs sont très bien dirigés. Je tire encore une fois mon chapeau bas à Judi Dench qui étale sa classe dans ce volet.

Vous l'aurez constaté, j'ai fait un article assez long pour une review de film. Je préfère en général rester sur un format plus court, notamment parce que ça m'évite tout risque de spoiler (je pense avoir fait un job correct ceci dit de ce côté là). Mais Skyfall valait bien que j'en parle un peu plus. C'est clairement un de mes films de l'année. Je la trouve un peu pauvre en petits films coup de cœur (Moonrise Kingdom mis à part) mais niveau block-buster, c'est clairement la fête. Skyfall a un goût de James Bond Rises, de fin de série en beauté. Sans comparer la qualité de l'un avec l'autre (parce que je sens les vannes venir) je parle surtout du feeling qui est semblable. Une remontée de pente qui se fait avec panache pour retrouver le statut de légende et pas de simple héros. Skyfall c'est à la fois un hommage aux anciens Bond, une leçon de modernisation, une claque esthétique et un sentiment de travail accompli. Difficile de dire si je l'ai préféré à Casino Royale. Je dirais que chacun apporte son sentiment, mais que par son aspect ''définitivement, on ne fera pas mieux", Skyfall a une saveur épique exceptionnelle. Une chose est sûr, quand je voudrais me reprendre une claque action/mélancolie et filmée à la perfection, c'est Skyfall que je fourrerais dans mon lecteur Blu-Ray.