J'avais eu très peur d'être passé à côté de l'occasion d'une avant-première pour le nouveau bébé de Pixar, encore une fois offerte gracieusement par le Club300 Allociné. Heureusement, malgré mon ratage initial du au fait que je n'ouvre pas mes mails assez souvent, j'ai eu la chance d'être repêché aux rattrapages et de voir donc Brave quelques jours après sa sortie américaine et un peu plus d'un mois avant sa sortie française, le 1er Août 2012.

Brave (Rebelle en France) nous conte l'histoire d'une jeune princesse rouquine et pleine de caractère, Merida, fille d'un roi écossais qui veut être tout sauf une princesse. Lassée des leçons incessantes de sa mère qui veut lui inculquer les bonnes manières d'une lady, elle décide de trouver un moyen de changer son destin qui est tracé depuis sa naissance ; épouser un fils de chef de clan. Je n'en dirais pas plus sur l'intrigue, pour le reste vous le verrez vous même dans les salles obscures.

L'intrigue part avec un côté Mulan écossais, mais avec une relation avec les parents assez géniale.

Avant de donner mon avis complet sur le film, je tiens à dire que cette avant-première était surtout l'occasion d'avoir un question-réponse à la suite du film avec le réalisateur Mark Andrews et la productrice Katherine Sarafian. On nous a donc invité à rester à la fin pour éclaircir quelques interrogations. Comme je n'avais pas assez de place sur la SD de mon téléphone pour tout filmer, je vais vous résumer en substance ce qui a été abordé et ce qui a été répondu, souvent avec beaucoup d'humour.

Principalement, les gens étaient intéressés par les influences qui ont mené Brave à être le film qu'il est. Évidemment, Mark Andrews a parlé des deux voyages en écosses qui ont servi à préparer le film. C'est une coutume chez Pixar, la documentation est un vrai mantra. Selon le réalisateur, un bon cinéaste doit être un expert dans le domaine qu'il veut montrer à l'écran. Plus précisément, certains dans la salle ont évoqué des airs de Miyasaki (Mononoke Hime en tête), de Robin des Bois (la version de Disney de 1973) ou de Asterix (pour le côté celtique). Sans jamais se défendre des nombreuses influences qui font sa patte, Mark Andrews a tout de même précisé que c'était évident que « princesse forte dans une forêt » faisait penser à Mononoke, que le concours d'archerie rappelait Robin des Bois etc...cependant pour lui cela reste de l'influence et jamais des idées reprises traits pour traits. La seule chose qu'il concède, c'est une toute petite séquence directement prise de Porco Rosso.

La référence n'est pas évidente à voir dans le feu de l'action, mais elle est effectivement là.

D'autres questions ont également été abordées. Déjà j'ai appris quelque chose sur le processus de création du film. J'imaginais que tout était fait main, mais d'après Katherine Sarafian, Pixar a préféré pour Brave prendre le temps de faire un moteur procédural de création pour les décors. Deux raisons à cela : déjà on gagne beaucoup de temps et d'argent sur la création en elle-même puisqu'une fois le moteur fait, on peut construire dessus avec les personnages sans avoir à refaire vingt-mille arbres. Ensuite, l'idée était aussi de faire le moteur de telle manière que la création par ordinateur ne donne pas des décors trop lisses et droit. Sans entrer tout de suite dans le détail, le choix était très judicieux.

Autre chose toujours très intéressante, quelqu'un a soulevé la question des thèmes un peu plus grave dans les films d'animation américain (en l'occurrence le traitement du mariage arrangé) dont Pixar semble être les seuls à se préoccuper avec par exemple le deuil dans Up (ou Là-Haut par chez nous) ou l'écologie dans Wall-E. Le réalisateur nous a assuré que si les films d'animations en CGI étaient globalement tel qu'ils sont, c'est à dire à base d'animaux qui glissent sur la banquise, ou qui dansent dans la savane, c'était en partie à cause du marché américain qui traite encore le film d'animation comme un genre et non un medium. Pour lui, le Japon a tout compris avec des films d'animations aux sujets beaucoup plus sensibles et variés (tout en ne se privant pas des films plus enfantins d'ailleurs), de même pour l'Europe. Cependant le marché américain, le principal quand on est une boîte d'animation américaine comme Pixar, Blue Sky (l'Âge de Glace) ou Dreamworks (KungFu Panda) le film d'animation est un genre pour enfant et non un moyen, un médium pour raconter une histoire, drôle ou triste, mature ou enfantine...Espérons qu'avec leurs poussées régulières, les gars de chez Pixar changent la donne pour ce marché.

S'il y a bien une chose qu'on ne peut pas reprocher à Pixar c'est de tenter de parler à la fois aux adultes et aux enfants.

Maintenant que j'ai fait mon compte-rendu, je vais pouvoir vous donner mon avis sur ce nouveau film du studio affilié à Disney, film de princesse qui plus est. Brave est...

...MERVEILLEUX!!!

Pour commencer, graphiquement le film est bien beau. J'ai presque envie de dire que c'est la partie facile pour le studio. La technique est superbe, des effets de lumières, aux cheveux, en passant par les effets de particules, la forêt etc. On ne voit pas de fausse note au tableau technique, ceci dit, Pixar nous a toujours habitué sinon au top (Toy Story ou Némo à leurs époques respectives) au moins à une vraie qualité qui fait jeu égal avec la concurrence (si on excepte le rendu photo-réaliste de Rango). Le film a aussi, je trouve, une partie de la douceur visuelle de Tangled (Raiponce) qui a mon sens est le film d'animation 3D le plus beau dans son rendu, sans même parler de la direction artistique.

En s'appuyant sur une technique très solide habituelle de la boîte, le film propose des plans qui serviraient de wallpaper environ toutes les minutes.

Ce qui compte, surtout, c'est que la partie artistique est topissime. De ce point de vue, je n'ai pas toujours été très fan de tous les Pixar de manière systématique, mais plus en fonction des films. Je suis dingue de Wall-E, Toy Story ou Monstre et Cie, mais je n'ai pas d'affection particulière pour Cars ou Ratatouille par exemple. Pour moi Brave est fantastique dans le domaine artistique. Bien évidemment le design de Merida est déjà très particulier et nul doute que certains n'adhéreront pas. Pourtant en mouvement, l'ensemble des personnages sont géniaux et pleins de charisme, la princesse en première bien évidemment. Si l'on ajoute à cela les doublages aux accents scotish tout bonnement excellent, on arrive à un film qui déjà capte l'attention rien qu'avec ses personnages. En plus de cela, l'aspect Écosse moyenâgeuse et magique est vraiment réussi. Les paysages aux forteresses délabrées, la petite chaumière perdue dans les bois, le cromlech (cercle de menhirs), les feux follets, tout est fait pour que chaque image soit superbe tant dans le design que dans l'aspect technique. Tout cela est en plus accompagné par des musiques composées à merveille et deux chansons qui franchement ne sont pas envahissantes (pour ceux à qui ça ferait peur).

Des têtes de vainqueurs!

Pour le reste, l'histoire, le déroulement du film, j'ai été surpris à ne pas forcément rire aux moments censés clairement rendre hilare, même si je me suis beaucoup amusé en regardant le film. En revanche, toute la partie dramatique m'a vraiment touché à de nombreuses reprises et si ma fierté de mâle alpha ne m'avait pas retenu, j'aurais très probablement lâché une larme lors d'une des séquences finales, tant la relation entre Merida et sa mère est joliment contée et construite.

Le film joui vraiment de personnages bien fait et très bien interprétés vocalement. L'histoire n'en devient que plus touchante.

Pour faire clair, Brave est un excellent Pixar, réussi sur tous les points, artistiques (visuel comme musical), techniques et bénéficiant en sus de doublages anglais d'une très grande qualité. Comme tous les films de Pixar oserais-je dire. Et comme tous les films de Pixar il ne sera pas apprécié de la même manière par tout le monde. Typiquement Up, Ratatouille ou Cars ne me font rien de particulier, en revanche, je suis un fan inconditionnel de Toy Story (surtout du premier et du troisième) de Wall-E et de Monstre et Cie. Et Brave ? C'est désormais mon Pixar préféré juste après Toy Story et juste avant Monstre et Cie...rien que ça !

PS : La 3D était plus ou moins comme d'habitude. J'aime toujours ça, donc je n'y vois rien à redire, mais elle est dispensable.

PS2 (non pas la console) : Avant la diffusion du film, on a également eu droit à Luna, le nouveau court qui précède chaque Pixar. C'est un très jolie petit film avec un thème assez poétique qui vaut le coup d'oeil. C'est je pense le meilleur court du studio avec Extra-terrien et Drôle d'oiseau sur une ligne à haute-tension.