Ça y est. 29 ans après une première tentative aussi jolie visuellement que stupide sur l'interaction, quelqu'un a réussi à faire un vrai mélange qui marche entre le cinéma et le jeu vidéo. Parce qu'entre 1983 et l'arrivée de Dragon's Lair et 2012, on a eu le droit à des dizaines d'essais sur les différents supports CD des années 80-90 (le Philips CD-i, le Sega CD, Super-CDrom² et j'en passe) et d'autres plus récents qui à mon avis n'avait pas vraiment trouvé le bon dosage pour que cela fonctionne avec une jolie mise en scène tout en impliquant le joueur. Je vais donc dédier un court test à ce jeu qui mérite amplement un peu d'attention, d'autant plus que la période de disette est installée pour l'été au niveau vidéoludique.

The Walking Dead c'est bien évidemment un comic-book et une série. Je ne reviendrais pas en longueur (dans ce post) sur qui est le meilleur. Simplement, je trouve que chacun dans leur domaine, les deux œuvres apportent leur pierre à l'édifice de l'univers des zombies dont je suis extrêmement friand. Pour moi le génie de l'adaptation en jeu de Telltale, c'est de proposer un croisement entre les deux ; le meilleur des deux mondes et en plus interactif.

Visuellement, le jeu ne se veut pas réaliste. Il reprend les traits noirs de Tony Moore et use de couleurs appliquées comme sur une BD. Le résultat est pour le moins très réussi, même si parfois on sent que le jeu n'est pas techniquement très bien foutu. C'est notamment sur les arrières-plans assez dégueulasses qu'on s'en rendra compte. Le choix reste grandement intelligent pour une raison, c'est que le jeu s'en serait sans doute beaucoup moins bien sorti avec une direction artistique réaliste qui voudrait singer la série de AMC. En l'état c'est très jolie et ça permet au fan du comic d'instantanément reconnaître les personnages qui sont vraiment bien rendu.

L'aspect comic est très bien rendu, mais efffectivement d'un point de vu technique, c'est un peu court jeune homme.

Car si le jeu n'adapte pas directement l'arc narratif de Rick Grimes, il s'attarde sur un nouveau personnage, Lee Everett, que l'on va suivre dès le début de la pandémie et non à retardement comme dans le comic-book ou la série. Lee aura donc l'occasion dans ce premier épisode de croiser des personnages récurrents de l'arc narratif qui débute avec le réveil de Rick à l'hôpital. Je vous laisse découvrir lesquels, mais c'est un vrai plaisir de les rencontrer juste avant les événements de la BD, d'autant qu'on les découvre parfois avant qu'ils ne réalisent l'ampleur du désastre.

Puisque le jeu n'est clairement pas adapté de la série, mais bien du comic, pourquoi donc parler de beau mélange ? Et bien simplement parce que par la mise en mouvement et la mécanique de jeu typée point&clic/action, Telltale rend très bien l'aspect que j'adore dans la série à savoir le mélange entre moments calmes de discussion et moments tendus et pressants où il faut réagir vite face à une situation donnée.

Le jeu alterne très bien les moments de tension où il faut réfléchir vite et les situations posées et plus d'ambiance. Il arrive même à être assez poignant à plusieurs reprises.

Le jeu, en gros, ne nous donne pas le contrôle du personnage (le faire bouger j'entends) très souvent, mais ce n'est pas extrêmement grave puisque les moments où l'on a le contrôle servent surtout l'ambiance. Soit on peut se déplacer pour chercher des choses dans le décor, façon point&clic, soit on a pas le contrôle du personnage mais on a toujours la possibilité d'interagir avec le jeu via un curseur lié aux touches principales de la manette. Si on passe le curseur sur quelque chose d'important, on peut par exemple appuyer sur Y pour que le personnage nous dise ce qu'il en pense, sur X pour qu'il en parle avec un autre personnage, sur A pour interagir directement avec, ou sur B si on a un objet dans l'inventaire à utiliser dessus. Les séquences plus actions qui consistent surtout à se sortir d'une misère, marchent sur ce principe avec la touche A qui est utilisée pour déclencher les actions ; le seul but dans ces moments est de réagir rapidement pour viser avec le curseur et matraquer A pour ne pas louper son coup.

Les interactions sont simples mais pas débiles. Elles servent de manière juste la situation.

Ici par exemple, ce n'est pas nécessaire de nous faire couper du bois avec le joystick...on s'occupe simplement de la discussion entre Lee et l'autre personnage.

Le dernier point du gameplay est le système de dialogue qui est franchement bien foutu. A l'instar d'un Alpha Protocol, on a une jauge de temps pour répondre à une personne ce qui permet d'avoir des dialogues fluides et assez naturels. On a juste assez de temps pour lire, mais pas assez pour réfléchir profondément à ce qu'on va répondre. D'ailleurs les réponses ne sont pas sur une échelle de bonté ou de méchanceté mais collent bien à différentes façon de parler qu'on pourra mélanger sans que ça choque. Surtout les discussions comme l'ensemble des actions ont une répercussion directe sur la suite des événements et sur la façon qu'auront les gens de se comporter avec le héros. Et le plus beau, c'est que le jeu parvient à mêler très habilement ce qui change la trame et ce qui est obligatoire, si bien qu'on ne voit pas la mécanique.

J'imagine que celui qui voudrait refaire l'épisode verrait sans doute où se situent les embranchements mais je pense que ça ferait perdre au jeu une grande partie de son intérêt puisqu'on est d'autant plus touché par l'histoire, simple mais crédible et bien écrite, qu'on y participe vraiment. En jouant, j'ai vraiment eu l'impression de contrôler ce que je faisais, sans frustration malgré les limite et ce même si je n'avais pas l'occasion d'y réfléchir longuement, ce qui pour moi tombe un peu à l'eau avec l'aspect QTE où l'on choisi sans jamais vraiment comprendre ce qu'on choisi.

Dernier point, le jeu n'est donc que le premier épisode d'une série. Le format est parfaitement adapté pour donner du plaisir et de la satisfaction narrativement et en terme d'interaction et le cliffhanger final est suffisamment bien vue pour qu'on attende la suite avec impatience. Telltale a définitivement trouvé la bonne formule qui peut être décliné à l'infini!

Je conseil donc énormément ce premier épisode de The Walking Dead qui coûte 400MS points (un peu moins de 5€). Pour cette somme modique, vous aurez un point&clic/action qui parvient à rendre enfin fun, prenant et pas débile en terme d'interaction, le concept de film interactif. Le jeu n'en fait pas des caisses sur les émotions et use parfaitement de son scénario et de ces personnages et donne 2h30 à 3h de vrai plaisir dans un univers de zombies, sans se sentir obligé de nous en faire blaster des milliers (ce qui est fun aussi bien sûr), mais en s'attardant vraiment sur les relations humaines. C'est justement cette retenue qui semble à chaque scène très juste, qui fait que j'ai apprécié énormément ce premier épisode. Seul gros bémol, le titre n'est pas traduit du tout en français, ce qui pour les anglophobes restent un scandale. Espérons que la question sera réglé pour le second épisode qui on l'espère ne tardera pas trop. Malgré cela, un must-have sorti de nul part et vivement la suite. D'autant que le jeu propose un extrait du prochain épisode (comme à la télé) où l'on entrevoit déjà les répercussion de ce qu'on a fait...CAN'T WAIT !