Ne pas tout prendre au pied de la lettre c'est important.

Vous le savez tous au fond de vous, les enfants des élites deviennent des élites et les enfants de classe populaire restent dans la classe populaire. Ce n'est pas implacable certes. On a parfois des exceptions assez formidables, véritables fiertés, comme le truculent Booba, ce chanteur des rues aujourd'hui richissime, qui a élevé si ce n'est son niveau de langage, au moins son niveau de vie. Pourtant, les faits sont là, statistiquement, il y a quelque chose qui maintien les élites en place et fait que peu d'élus vraiment débrouillards parviennent à partir d'en bas de l'échelle sociale, pour arriver en haut.

C'est ce que Pierre Bourdieu, véritable divinité de la sociologie, nous exprimait dans son livre co-signé par Jean-Claude Passeron, intitulé les Héritiers. Se focalisant avant tout sur les étudiants des universités françaises dans les années 1960, l'auteur et son acolyte ont cherché à montrer un visage de l'école loin de l'outil de démocratie, ouvert à tous et lieu propice à l'égalité des chances. Pour eux, l'école était avant tout un moyen de reproduction sociale. Mettant notamment en avant le concept de culture légitime, c'était-à-dire peu ou proue celle de l'élite, surtout littéraire, ils avançaient ainsi l'idée que les enfants dont les parents avaient un rang social élevé, étant en contact avec la culture de l'élite, orientée vers le théâtre, les musées et la lecture, ils bénéficiaient d'un avantage à la fois non négligeable mais également difficilement remplaçable comparé aux enfants moins exposés à cette culture. Pour cause, l'école réclamerait en implicitement de connaître ou d'avoir déjà entendu parlé de Balzac, Molière ou le Caravage ; des références qui sans doute sont beaucoup plus familière aux enfants de la classe supérieure qu'aux autres, gavés qu'ils sont par Bob l'Éponge, le football et les jeux vidéo parfaitement puériles (ajoutez un rire sardonique et bourgeois).

Bob l'Éponge, le fléau du 21ème siècle.

L'idée a souvent été remise en cause comme pratiquement toutes les idées en sociologie. Certains ont plus tenté de nuancer le propos peut-être un peu moins irrémédiablement vrai aujourd'hui (notamment parce que les sciences ont devancé la littérature en terme de valeur scolaire). L'un d'entre eux est Bernard Lahire qui s'est proposé de lever le voile un peu magique, si l'on regarde la théorie bourdieusienne, de la transmission de la culture légitime...et parfois de sa non-transmission. Dans Tableaux de Familles, il nous parle, au travers d'une vingtaine portraits de familles assez diversifiés, de la relation de l'enfant à la lecture et par la même à l'écriture, qui selon lui serait ce qui catalyse la réussite de la transmission de la culture et par conséquent ce qui favorise également son apprentissage à l'école quand la famille ne peut que « transmettre la bonne volonté culturelle » (cf Bourdieu, les Héritiers).

L'idée pour simplifier, serait que la simple présence de beaux livres, d'une bibliothèque fournie à la maison, ne serait pas suffisant et parfois même pas nécessaire pour que l'enfant aime la lecture et donc développe un goût pour la culture que celle-ci permet de transmettre. Si l'entourage ne transmet pas une certaine passion pour la lecture, ou s'il exprime une certaine frustration quant à l'écriture, il y a de forte chance que le transfert se fasse mal. On peut être bourgeois, pété d'euros à ne plus savoir qu'en faire, vivre dans le 16ème arrondissement de Paris ; si on n'aime pas lire, malgré une « bonne » éducation, il y a de forte chance, selon Bernard Lahire, que son enfant ressente la même chose. Le mieux restant d'être de "bonne famille" et amoureux de la lecture bien évidemment.

Quand on pousse un enfant à la lecture, il fait quelque chose de sa vie.

A l'E3, Sony a donc montré la clé vers l'élitisme. Enfin nous allons pouvoir acheter un instrument qui transformera notre enfant, potentiel loser de classe populaire ou moyenne (oui je parle à toi le prolo!) en une bête de concours, prête à réussir sans effort à l'école. Cette clé, c'est Wonderbook. Beaucoup riront sans doute de la proposition et de sa présentation, mais met avis que déjà pour une petite tribu, l'idée d'animer un livre est sans aucun doute assez brillante. En fait, WonderBook proposera un livre dans lequel on trouvera un énorme QR-code à chaque page. Proposant de scanner ces QR-code par le PlayStation Eye, la télévision permettra de visualiser des mondes qui mettront en images par la réalité augmentée, ce qui pourrait être tout simplement écrit dans le livre. Si je ne m'abuse, le principe serait de non pas faire une collection de WonderBooks, mais bien d'en garder un seul exemplaire qui servirait de périphérique à des histoires téléchargeables sur le PlayStation Store. Le premier volume numérique, fourni avec le périphérique WonderBook, sera Book of Spells, écrit par la très chère à mon cœur J.K.Rowling, qui profitera de son vaste univers créé pour Harry Potter pour nous permettre d'apprendre des sorts, PSMove en main.

Vannez la à l'envie, elle m'a apporté tellement de joie avec ses sept bouquins que je ne la remercierais jamais assez.

Grâce au QR-code du Wonderbook et au PSMove...

...vos enfants aimeront les livres!

Au delà de l'aspect familiale, cela développera donc le rapport de l'enfant au livre et par ricochet, à la lecture (puisqu'il y aura aussi du texte à l'écran). Si l'on en revient à Bernard Lahire : « Lorsque l'enfant connaît, même oralement, des histoires écrites lues par ses parents, il capitalise (ndr terme typiquement boudieusien) et ce, dans la relation affective avec ses parents, des structures qu'il pourra réinvestir dans des lectures ou dans des actes de production écrite ». Sony nous offre donc la possibilité de mettre dans le tête de nos chères petites têtes blondes (cette expression raciste!) que les livres sont funs (ce qu'ils ne sont pas). Ne vous contentez donc pas simplement de lire des histoires à vos enfants ; montrez leur par le biais de votre console que tenir un livre c'est parfois magique, d'autant plus quand on est jeune et que c'est J.K.Rowling qui l'a écrit (ceci est un tease d'un article que je meurs d'envie de faire sur Harry Potter).

 

Ne donnez pas raison à Bourdieu ! Le changement c'est maintenant, sur PlayStation 3. Achetez WonderBook à votre enfant et développez son amour du papier; il ne manquera plus qu'une carte de bibliothèque pour sceller son destin. Vous verrez, un jour il sera plus malin que vous et vous remercierez Sony d'avoir fait de lui un bourgeois insolent dans la gagne.

PS : je tiens à dire que j'ai vraiment aimé Book of Spells, pour de vrai (non mais sans rire, pour de vrai de vrai!).