Les superbes clichés de Alfred Eisenstaedt

C'est très compliqué de rendre hommage à Marilyn Monroe sans aborder Norma Jean Baker. Très compliqué de parler de la plus grande star que Hollywood aura connu sans parler de sa vie tragique qui pourtant n'aurait du regarder qu'elle. Je suis le premier à me désintéresser de la vie des artistes que j'apprécie, parce qu'elle ne me concerne pas tout simplement. Pourtant avec Marilyn, je ne sais pas vraiment si je peux lui dédier un article expliquant pourquoi malgré le fait qu'elle est vécu à une toute autre époque, qu'elle soit décédée bien avant ma naissance, je l'aime autant que la planète a pu l'aimé lorsqu'elle était en vie, sans parler ne serait-ce qu'un peu de sa vie.

Il y a d'excellentes biographies sur cette icône. J'en ai lu deux ou trois (plus ou moins courtes ou illustrées) et toutes abordent le mythe sous le même angle ; la femme la plus adulée de la planète manquait à la fois de confiance en elle et d'amour. Ce qui, en terme de filmographie, ne semble être qu'une montée en puissance est en fait une constante poursuite du bonheur de désillusion en désillusion. Elle aurait pu (et aurait du) avoir toutes l'affection que le monde pouvait lui donner, ça n'aurait probablement pas changer le fait qu'elle était irrémédiablement malheureuse.

Ce qui reste aujourd'hui, c'est son sourire et son visage qui captive toujours l'audience. Je suis presque persuadé que si elle demeure le sex-symbol absolu d'Hollywood (qui de nos jours à vite fait de mettre sur un piédestal puis d'enterrer les stars) beaucoup de personnes n'ont jamais vu un film où elle apparaît. Il y a donc une chose à affirmer une bonne fois pour toute, elle était encore plus incroyable en mouvement qu'en photo, et ce n'est pas peu dire.

My Week With Marilyn (dont je vais reparler plus bas) donne un aperçu des dizaines de témoignages des personnes ayant travaillé avec elle dans les années 50 (je rappelle que sa « vraie » carrière cinématographique n'a durée qu'une dizaine d'années) et qui étaient à la fois accablé par son manque de professionnalisme et ses désistements à répétition, dus entre autre à sa dépression constante et la dose de pilules qui allaient avec, et en même temps subjugué par la moindre de ses scènes, certes dures à tournées mais aujourd'hui toutes cultes par l'intensité de sa présence.

Je n'ai personnellement pas vu l'intégralité de sa filmographie pour la simple raison que tout n'est pas bon à prendre. De ses début pour la Columbia où elle était payé 75$ pour Ladies of the Chorus, en passant par Love Happy et son titre extrêmement ironique (compte tenu de la vie sentimentale qui l'a mené à trois divorces), on compte nombre de films où elle est exploité pour son minois et son charisme de bimbo. Pourtant il y a beaucoup plus à voir en elle que la simple candide dont on associera les caractéristiques à la blonde moyenne...des stéréotypes qui ont encore la vie dure aujourd'hui. Alors voici ma petite sélection des immanquables de Marilyn Monroe, celle qui par sa simple présence transformait une comédie en classique du cinéma avec son naturel, sa beauté lumière et son jeu sans faux semblants.

 

 

Number 01 - Some like it hot - Certains l'aiment chaud (1959)

Le film de Billy Wilder raconte l'histoire de deux musiciens presque sans le sou, Joe et Jerry (Tony Curtis et Jack Lemmon) qui par malchance vont assister à une fusillade (une exécution même) dans le Chicago des années 30. Poursuivi par la mafia qui cherche à éliminer les deux témoins, ils tentent de s'échapper en se travestissant sous les traits de Josephine et Daphne et en intégrant un groupe de musiciennes en partance pour la Californie. C'est dans ce groupe qu'ils rencontreront la superbe Sugar (Marilyn Monroe) qui les fera définitivement craquer.

C'est l'un de mes films préférés et 50 ans après sa sortie, il garde une somme incroyable de scènes surréalistes, extrêmement drôles et de répliques mémorables. Si Marilyn y incarne le rôle d'une fille un peu romantique et candide, elle apporte ce qu'il faut de romance au film qui pour information est dans trois Top 100 de l'American Film Institute. Meilleure comédie de tous les temps, 14ème meilleur film de tous les temps (juste devant Star Wars) et 48ème meilleures répliques de tous les temps avec « Well, nobody's perfect » qui d'ailleurs donne au film la meilleure réplique finale qu'on pourra jamais écrire. Ne serait-ce que pour la scène du tango de Daphne et la séquence incroyable où Joe parvient à faire supplier Sugar de l'embrasser, c'est un film absolument inoubliable.

 

Number 02 - The Misfits - Les Désaxés (1961)

Écrit par Arthur Miller célèbre écrivain américain et dernier époux de Marilyn Monroe, le film de John Huston (The African Queen, Asphalt Jungle) raconte l'histoire d'amour d'une jeune divorcée (Marilyn) qui va rencontrer un cowboy soixantenaire (Clark Gable) sur fond d'extinction complète du Grand Ouest.

Au moment du tournage en 1960, on est seulement deux ans avant la mort de Marilyn et quelques mois avant celle de Clark Gable, sa dernière figure paternelle. The Misfits est un film en noir et blanc et c'est le dernier à sortir où apparaîtra Marilyn (puisqu'elle décédera avant de finir Something's git to give). Le film a une saveur très particulière, teintée d'amertume. C'est le plus grand rôle réellement dramatique de Marilyn ; le plus triste c'est qu'elle y est brillante. Le film a été moyennement bien reçu par la presse et le public à l'époque alors qu'aujourd'hui il est considéré comme la meilleure performance de Clark Gable (Autant en emporte le vent) et de Marilyn Monroe. Une scène particulière est extrêmement poignante parce qu'on sent que comme à son habitude, Marilyn puise en elle pour nourrir le personnage et qu'à ce moment là, elle est au bout du rouleau.

Marilyn s'en voudra pour la mort de Gable suite à une crise cardiaque apparemment provoquée par la fatigue du tournage.

Certains diront, peut-être à juste titre que le film a surtout l'aura de son contexte morbide. Malgré tout, pour l'avoir revu récemment, c'est un très bon drame interprété à merveille. Qu'il soit difficile à détacher de l'histoire de sa production est une chose, mais ça n'en demeure pas moins la plus belle performance de Marilyn.

 

 

Number 03 - Gentlemen prefer Blondes - Les hommes préfèrent les Blondes (1953)

L'histoire assez loufoque des deux meilleures amies du monde, chanteuses et danseuses de revues qui ne partagent pas du tout le même point de vue sur l'amour. Lorelei (Marilyn) choisi les hommes pour la sécurité financière et les étourdis d'un battement de cil en jouant les sottes. Dorothy (Jane Russell) s'éprend du premier beau gosse venu. Une brune et une blonde toujours prêtes à pousser la chansonnette.

C'est une comédie musicale, donc forcément ce n'est pas fait pour tout le monde. Dans son genre pourtant, c'est un classique au même titre que Singing in the Rain. Les numéros musicaux sont super bien écrits et souvent très drôles comme la plupart des répliques qui ne sont pas chantées d'ailleurs (Marilyn en a deux ou trois particulièrement savoureuses). La plus connues reste « Diamonds are a girl's best friend » qui sera reprise par Nicole Kidman dans une autre comédie musicale bien plus récente de Baz Luhrmann...Moulin Rouge !

 

 

Number 04 - The prince and the showgirl - Le Prince et la danseuse (1957)

En 1911, peu de temps avant le couronnement d'un nouveau Roi d'Angleterre une danseuse de cabaret (Marilyn) est remarquée par un prince d'un pays balkanique (Lawrence Olivier), invité pour l'événement. Celui-ci la fait venir dans son ambassade pour la séduire et s'en suivent des imbroglios et quiproquos multiples.

C'est une comédie bien légère, pas forcément mémorable et d'époque mais je l'aime beaucoup tout simplement parce que pour moi c'est dans ce film que Marilyn est la plus belle. 90% des plans dans lesquels elle apparaît sont bons pour être encadrés et mis dans un hall of fame. Encore une fois, elle y est drôle et attire tout les regard dès qu'elle entame une réplique.

Le tournage du film a été un calvaire pour Sir Laurence Olivier qui en tant que réalisateur et acteur principal devait composer avec une Marilyn en grande détresse suite à son mariage insatisfaisant avec Arthur Miller (qui écrira donc The Misfits). Ce tournage est d'ailleurs le sujet du film My Week With Marilyn.

 

 

Number 05 - The Seven Year Itch - Sept ans de réflexion (1955)

Alors que sa femme est déjà partie dans le Maine où il doit lui même l'y rejoindre pour terminer leur déménagement, Richard (Tom Ewell). Malheureusement, en proie à ce qu'un docteur un peu fumeux appelle « la démangeaison de la septième année » (qui donne le titre original) celui-ci se laisse séduire par une magnifique jeune femme (Marilyn of course).

Une autre comédie qui vaut plus par certaines séquence très drôles (je pense notamment à cet incroyable slogan pour le dentifrice) que par le propos un peu dépassé sans doute. Le film est réalisé par Billy Wilder (Some Like it Hot) un vrai gage de qualité. De plus tout le monde a une image du film gravé dans son cerveau sans le savoir, puisqu'il s'agit du fameux film où Marilyn montre ses splendides jambes lorsque sa robe se soulève au dessus d'une bouche d'aération. Il vaut encore le détour ne serait-ce que pour ce passage extrêmement marquant qui définie le mot sexy à lui tout seul.

 

J'en resterais à ce Top 5 mais si vous tombez sur How to marry a millionaire, Niagara, River with no return ou Bus Stop, ce sont encore des films très bons chacun dans leur style mais que je n'ai plus vraiment en tête au moment où j'écris ceci (je n'ai pas tout revu pour écrire l'article). Avant de conclure je voulais faire un dernier éclairage sur la postérité récente de légendaire Blonde...car oui on n'arrêtera jamais de parler d'elle.


En 2001, la 20th Century Fox a délivré une version montée de 35 minutes de Something Got's To Give intégré dans une sorte de reportage avec un narrateur. L'histoire est forcément incompréhensible puisque de grandes parties du scénario n'ont jamais été filmée, mais cela reste un sentiment particulier de visionner ces images qui ont mis tant d'années à être montrées.

En 2010 paraissait Fragments aux éditions Seuil, un ensemble d'écrits et de poèmes que Marilyn a toujours gardé pour elle. Pour ceux qui n'ont jamais rien lu sur elle, on y découvre sa face sensible loin de la pulpeuse superstar intouchable et souriante que les médias propageaient de son vivant. Le prix est un peu élevé pour ces écrits parfois très décousus, mais les fans apprécieront. Un an plus tard, c'est Mémoires inachevées qui sort chez Robert Lafont, et cette fois, c'est un peu plus intéressant je trouve, puisque c'est elle qui se confie contrairement aux autres Biographies qui forcément prennent des citations et des témoignages un peu plus extérieurs. Je trouve également que ces confessions sont un moins voyeuriste que Fragments qui est peu ou prou une sorte de viol du journal intime de l'actrice.

Pour finir si Paris Match titrait en Décembre 2011 « 2012 L'ANNÉE MARILYN » ce n'est pas pour rien. Le magazine propose une biographie rapide qui met en avant son intellect et sa soif de culture (rien de nouveau pour les fans ceci dit) mais annonce également qu'en effet, cette année est la sienne. Le Festival de Cannes a choisi la belle pour son affiche officielle des 65 ans et bien entendu c'est également l'année du biopic réalisé par Simon Curtis My Week With Marilyn.

C'est Marilyn qui souffle les 65 bougies du Festival de Cannes.

Le film vient de sortir le 4 Avril 2012

Pour l'avoir vu hier, je peux en faire une rapide critique. Si le film n'a pas de qualités cinématographiques incroyables, notamment parce que Simon Curtis n'est pas vraiment un grand réalisateur, il faut admettre que le casting par contre est vraiment topissime. Étant le premier à m'être insurger de voir Michelle Williams prendre le rôle alors que franchement (et c'est même pas fanatisme que je le dis) on sait très bien que seule Scarlett serait à la hauteur d'une telle incarnation, je dois bien admettre qu'après un quart d'heure à douter, j'ai été subjugué de retrouver quelques éclats de Marilyn dans les mimiques de Michelle Williams qui parvient à nous faire oublier qu'elle ne lui ressemble pas. Comme je le disais, elle n'est pas la seule à remonter le film sinon assez plat ; si Eddie Redmayne incarne un Collin pas forcément intéressant, en revanche Kenneth Brannagh est juste génial en Sir Laurence Olivier au bord de la crise de nerf et pourtant si dingue de Marilyn ; la meilleure scène du film pour moi est d'ailleurs apporté par cet acteur. Autre coup de cœur pour Judi Dench et son personnage exquis et d'une élégance rare. Pour mon avis pas plus complet je vous renvoie vers senscritique.

Voilà j'arrive à la fin de ce qui est un des articles les plus compliqués que j'ai écrit. Tout a été dit sur elle, et c'est toujours un calvaire d'exprimer son affection pour une telle star sans faire de répétition et en lui rendant correctement hommage. Comment pourrais-je conclure autrement que par un « I wanna be loved by you, Marilyn ».