Quand on touche à ce Silent Hill, on s'attaque forcément à un point sensible pour les fans. Silent Hill est l'une des séries vidéoludiques que je respecte le plus. Par sa maîtrise visuelle et sonore et son langage porté sur le sous entendu et la mise en abyme, beaucoup on sue y voir une vrai œuvre, un jeu d'auteur comme il a été dit lors du podcast de GameBlog sur la peur dans les jeux vidéo. Personnellement je n'ai goutté à cet enfer que pour le quatrième épisode de la franchise, sous-titré The Room, même si j'ai entrevu plusieurs fois des passages du troisième. L'expérience prenante et angoissante, poussant à son paroxysme la notion de paradoxe. Jamais je n'ai eu autant envie d'éteindre ma console et de continuer de jouer en même temps. Cet épisode de l'avis générale est le moins réussi (sauf semblerait-il pour le Moggy Aspi Show) de la tétralogie réalisée par la Silent Team japonaise.

Malgré tout j'y ai trouvé plus que mon compte en terme d'emprisonnement et de suffocation mentale. Cependant, la mise en sommeil (ou la mort?) de la Silent Team depuis cet opus à donner l'occasion à Double Helix (société américaine) de réaliser l'épisode HD de la saga, Homecoming. Les fans se méfiaient de ce changement d'équipe de développement et pour beaucoup la déception a été cruelle. J'ai pue lire énormément de chose sur le titre à travers divers tests, reportages et podcasts. Clairement tout le monde s'accorde à dire que le titre, plus orienté action, moins fin moins maîtrisé est moins bon que ces prédécesseurs. Mais n'étant moi même pas fan de la série au sens strict, je lui ai donné sa chance. Et je vais essayer de faire un petit test continu au fur et à mesure de mes pérégrinations morbides, de faire part de mes appréciations certes subjectives, mais néanmoins privées de la notion de comparaison avec le reste de la saga.

D'abord sachez que j'aime le survival/horror mais que j'ai un peu de mal à y jouer. En fait ce que j'aime c'est surtout l'ambiance, la trame et les personnages, les révélations et le système de notes placées à droite à gauche pour approfondir l'histoire. C'est d'ailleurs ce qui m'a tant plut dans Silent Hill 4: The Room. Le personnage et son histoire qui se dévoile peu à peu, la frontière entre réalité et cauchemar étant suffisamment flou pour que l'on puisse interpréter ce que l'on veut. Bref ce que je n'ai pas aimé c'est d'avoir peur finalement...embêtant quand on veut faire un survival je sais. Voilà après cette introduction (qui sera plus longue que les premières impressions en elles même finalement) je vais pouvoir passer au deux premières heures de jeu. Je vais probablement spoiler quelques fois, même si je tenterais de rester vague histoire de ne pas gâcher les surprises.

Première remarque certes anodine, le livret du jeu montre une des infirmières, ennemi emblématique de la série. Alors pour le coup le design est sans équivoque malheureusement. Autant celles de The Room sont à mon goût complètement ratées, autant celles ci sont carrément sexy. Décolleté plongeant, jupe "ras la salle de jeu" comme disent les plus classes et position Bayonettesque, on se dit que finalement sans le masque de tissus, on serait près pour une petite lap-dance. Je passe malgré tout sur cette première impression et mets le jeu dans la console. Le démarrage est rapide, et on sent directement que l'on est dans un titre américain. Le début du jeu fait inévitablement penser à un Hostel. Personnellement je rentre tout de suite dans le bain.

Première bonne surprise, le jeu est beau. Les éclairages dynamiques, les textures, le grain si propre à la série. Je suis convaincu. Certes la modélisation des visages va se montrer plus loin nettement moins réussi que dans (notament) le troisième volet, mais franchement on est très très loin du désastre que j'avais pu lire sur certains forums. La musique de Yamahoka se fait un peu plus présente que sur l'épisode quatre avec des mélodies à la guitare dégageant une vraie ambiance et le son est dans l'ensemble bien géré, ce qui n'est pas pour me déplaire. De plus la prise en main est plus souple. Pour moi ça roule, même si la rigidité propre aux survivals depuis Resident Evil ne m'a jamais posé de soucis. Le personnage ne dégage par contre pas spécialement quoi que ce soit. En fait le début paraît très vide. On sait juste que l'on est dans un hôpital, et qu'un gamin du nom de Josh, que le personnage connaît de toute évidence, est également présent et ne semble pas s'inquiéter outre mesure d'être là.

Ce premier passage est vraiment intrigant et je pense que c'est d'ailleurs l'adjectif qui va décrire l'ensemble de mes premiers pas dans ce Silent Hill. On a pas spécialement peur, bien que deux passages fassent sérieusement flipper. On a dès le début du jeu (au bout de même pas une demi heure) un aperçu de la dualité des mondes de Silent Hill. Ici l'inspiration est directement extraite du film. Moi j'adore, esthétiquement c'est vraiment réussi, mais encore une fois c'est nettement moins subtil. Tout comme la présentation sous forme de cut-scenes de chaque nouvel ennemi. Dommage. Cependant les combats sont plus précis, certains le regretteront, mais comme je l'ai expliqué, n'étant pas un acharné de la série ce virage ne me pose pas de soucis. On ne peut plus fuir (enfin j'ai pas vraiment essayé mais cela semblait difficile) mais de toute façon j'aime être tranquille dans une salle vide et pas à me demander si j'ai laisser un truc la dernière fois que je suis passé. Ce passage avec effet de déchirure et d'accumulation express de rouille s'accompagne de la rencontre d'une infirmière précédemment décrite, et là une autre bonne surprise, l'animation est vraiment réussie même si le design est ce qu'il est (un peu trop sexy). Le rendue est particulièrement fluide et je dois avoué que j'ai trouvé ça vraiment glauque. D'ailleurs l'une des salles dans la suite de ce démarrage s'avèrera être pour l'instant (sur trois heures de jeu) l'un des meilleurs moment du jeu.

Par la suite, je découvre le premier décors en extérieur, l'arrivée du héros dans sa ville natale. La narration prend alors un peu plus le pas. Visuellement, c'est encore très beau (à mon goût bien sûr). La rencontre avec les premiers personnages du jeu paraît tout à fait normale. On arrive à un autre passage que j'ai particulièrement aimé sur ces premières heures, la visite de la maison d'Alex (oui on apprend son nom un peu plus tôt). Contrairement au côté relativement démonstratif du début (certains cadavres sont visibles et pas juste dans des sacs comme auparavant) ce moment se révèle assez subtil et met un peu mal à l'aise vis à vis de son personnage lorsque l'on prend le temps de tout regarder. Encore une fois rien d'angoissant ou d'effrayant, mais le tout est vraiment bon en terme de suspens. Les quelques éléments donnent vraiment envie d'avancer et d'en voir plus.

Alors pour un début, je trouve que le jeu se débrouille très bien. On a envie de voir la suite et la trame à l'air suffisamment riche et bien distillée pour que l'on veuille en voir le bout. Je comprends cependant pleinement la déception de la communauté de fans. Le jeu pour le moment ne fait pas peur et fait preuve de quelques éléments peu subtil dans la mise en scène, mais attention tout ceci est à mettre en relief avec le fait que le jeu est américain. Le style me plait et à la rigueur le manque d'angoisse est presque un avantage, car on a envie d'y revenir (ce que j'ai faillit ne pas faire sur Silent Hill 4). Pour l'instant la découverte et l'exploration prennent largement le pas sur les quelques combats. Espérons que le titre tienne le rythme ou au moins gère bien son histoire. C'est tout ce que je lui demanderais. Pour le savoir, je vais retourner jouer!