Voilà enfin LE film dont je voulais me faire un avis précis. 2001: A Space Odyssey...parmi la foultitude de films encensés et considéré comme cultissimes par beaucoup, celui ci à une place très particulière. A l'instar d'un David Lynch, le film de Kubrick divise. Il y a d'un côté ceux qui diront qu'il est prodigieux, immanquable, le top de la science-fiction spatiale et une pierre angulaire dans le cinéma. De l'autre il y aura ceux qui parleront d'une imposture, d'un film surévalué et chiant de manière incompréhensible. Je suis malheureusement bien mal assis, puisque j'ai le séant entre deux chaises.

Mon ressenti sur l'œuvre général de Kubrick est comme je le précisais dans les commentaires de mon article précédent loin d'être en sa faveur. Eyes Wide Shut est sans conteste l'un des films les plus inintéressants que j'ai pu voir dans ma vie. Le rythme implacable de mollesse a réussi a me faire détester un film où figure en tête d'affiche Nicole Kidman. Croyez moi, ce n'était pas une entreprise facile. Mais surtout, The Shining a réussi à me fâcher avec Jack Nicholson pendant dix bonnes années...jusqu'à ce que je vois enfin One Flew Over the Cuckoo's Nest. Par conséquent c'est toujours à reculons que j'aborde un film de réalisateur dont Orson Welles même disait qu'il y voyait «un géant». Trois films sur sa filmographie me paraissaient à voir pour la culture au moins, et pour se faire son avis surtout: A Clockwork Orange, Full Metal Jacket et 2001: A Space Odyssey. J'ai donc rayé le dernier de la liste des films à voir...alors?

Comme je le disais mon avis est extrêmement mitigé. Je ne saurais être parfaitement racoleur en détruisant le film (au risque aussi de me prendre un retour de bâton de Kain dans la tête) ou parfaitement dans la ligné des deux précédents articles en l'encensant. 2001 est...présomptueux. Se voulant réellement différent, se voulant réellement nouveau dans le genre science fiction en 1968 (rappelons-le un an avant les premiers pas d'un américain sur la Lune), le film prend des allures d'expérience cinématographique, une sorte de pièce d'art vidéo plus que de cinéma.

Ayant été maintes fois prévenu du rythme du film, je dois avoué ne pas avoir été déçu de ce côté là. Ce n'est pas péjoratif. Le film est lent certes, mais je m'en étais fait une idée nettement plus pataude et inintéressante. Tout prend des plombes dans 2001. Kubrick donne l'impression de vouloir tout rendre en temps réel. Les ellipses, c'est pour les cons. Par conséquent quand par deux fois les astronautes doivent sortir s'occuper de leur antenne, on a le droit à deux scènes de dix bonnes minutes en apesanteur (pourvu que les secondes soient des heures, disait Calogero). Dit comme cela avec le mot «cons» dans la phrase et une référence à un chanteur français, on pourrait croire que j'ai vu cela d'un mauvais œil. Pas vraiment.

La qualité principale du film pour moi, c'est de savoir montrer l'espace et d'en rendre l'image que l'on peut s'en faire. Cela passe d'abord par des effets spéciaux extrêmement impressionnants. La précision visuelle est effarante. Pour être simple, le film a été tourné dans l'espace et s'il ne l'a pas été, je ne vois sincèrement pas comment cela peut bien fonctionner. Plus que les scènes d'apesanteur, c'est vraiment l'intérieur des vaisseaux et leur qualité de rendu (la gravité est d'un réalisme) qui force le respect. Par ailleurs il est bon de rappeler que le film n'a eu qu'un Oscar, mais que celui-ci concerne les effets spéciaux.

Le rendu de l'espace infini passe aussi par une utilisation minutieuse du son. Le film passe par énormément de moments de silences ou de simples plans séquences sur un objet, un tableau de bord, l'intérieur ou l'extérieur d'un vaisseau etc. Encore une fois, l'effort d'ambiance est payant à de nombreuses reprises. Malheureusement, il y a pour moi un vrai problème de son et qui va révéler le gros souci du film.

Les premières notes d'introduction sont légendaires. Même si vous n'avez pas vu le film, vous les avez entendu ailleurs, servant souvent de support parodique. Les premières scènes spatiales sont accompagnées de musique classique. Encore une fois même si vous n'avez jamais écouté de Strauss, vous connaissez le Beau Danube Bleu (l'un des rares morceaux de musique classique dont je connaisse le nom à vrai dire). La mise en commun des images de ces mélodies est parfaite en ce qui concerne donc le tout début, la première scène spatiale ainsi que le final. Cependant je dois avouer qu'il y a une chose que je déteste quand je regarde un film, c'est de me torturer pour continuer de regarder. C'est pour cette raison entre autre que je ne comprendrais jamais que l'on acclame le bel étron cinématographique qu'est Irreversible par exemple.

Malheureusement, Kubrick a fait un choix sonore qui m'aura rendu plusieurs scènes extrêmement pénible. Il y a en filigrane de la narration qui n'en est pas vraiment une, un mystérieux monolithe noir (non pas une PlayStation2) qui à chaque apparition est accompagnée d'une horrible montée de vocalises. En plus de ne servir aucun but autre que de prendre le cerveau, ces vocalises reviennent à plusieurs reprises durant le film, mais également de façon anarchique, sans qu'on ne comprenne bien ce que vient faire le monolithe là où il est.

Ca y est j'ai mal au crâne...

C'est là la ligne droite qui m'aura vraiment laissé perplexe devant le générique de fin de 2001. Enormément de passages du film n'ont strictement aucun sens. On pourra me rétorquer d'aller lire un peu des analyses de film, ce que j'ai fait. Je ne parvient cependant pas à comprendre ce que je viens de voir. C'est à ce niveau là que je situerais vraiment le caractère très pompeux et prétentieux de 2001. S'il s'était contenté de faire le film sur ce rythme lent avec en histoire principal basé sur l'intelligence artificielle et l'homme, j'aurais sans doute crié au génie. Me concernant, le vrai film se situe entre 50 minutes et 1 heure 54 minutes: le troisième chapitre en somme, c'est à dire une heure fantastique. Tout le reste est un amas d'expérimentation avec des plans sans intérêt. Les quinze premières minutes du film sont par exemple de très long arrêt sur un décor, suivis de singes (j'entends par là des mecs déguisés en singes) qui se tapent pour un point d'eau. A l'opposé de cela la fin est un trip sous LSD qui aboutit à une allégorie du temps qui passe dans une pièce futuro-victorienne. WHAT THE FUCK?

Je vois pas comment je pourrais décrire plus ce que j'ai pensé de 2001. Il est trop expérimental pour être considéré comme un film (de science-fiction ou pas d'ailleurs) et beaucoup trop narratif pour être une expérience vidéo artistique. L'aspect sonore est régulièrement brillant tout comme les effets spéciaux (récompensés à juste titre) mais tombe parfois dans la tentative d'originalité simplement exaspérante, à l'instar de l'histoire (si l'on peut employer ce terme). Parfois très grosse tête sans raison particulière, je reproche avant tout à 2001 d'encourager la réflexion sans jamais avoir l'intention de la récompenser. Comme je n'aime pas particulièrement m'échauffer les neurones dans le vide, je vais donc laisser aux amateurs de bizarreries cet OFNI (objet filmique non-identifié) malgré quelques moments très prenants. Je retourne sur Star Wars, Blade Runner et autres Alien pour moi nettement plus cultes.