Vous le savez depuis un moment, je suis fort bon publique en général. Certes j'ai fait un classement de dix films qui feraient mériter le pilori à leur réalisateur et je me suis récemment fait rembarrer pour avoir dit que Usual Suspects était dépassé, mais pour ce qui est d'aimer le cinéma et de dire du bien de ce que j'aime parfois forcément avec beaucoup d'enthousiasme je suis toujours le premier. Alors aujourd'hui je vais simplement dire (enfin simplement...pas vraiment) que Christian Bale mérite des éloges et ce depuis un bout de temps déjà. Personnellement j'ai connu le mec en premier dans le costume moulant du plus grand des super héros sous la direction de Christopher Nolan en 2005. Batman Begins puis The Dark Knight m'ont convaincu qu'il avait largement les qualités pour être un acteur admirable. Puis j'ai eu l'électrochoc The Prestige qui s'est automatiquement mis en troisième position de mes films préféré de tout les temps, un film que je ne cesse d'aimer encore plus à chaque visionnage.

Malgré tout, il n'y a pas eu le déclic que j'ai pu avoir avec Brad Pitt, Edward Norton, Morgan Freeman ou encore Tom Hanks...ce moment ou je prends n'importe quel film de la filmographie et je découvre des perles à chaque fois. Je ne sais pas pour quelle raison je n'arrivais pas à m'intéresser de près à cet acteur, si bon soit-il dans chacun des films où je l'ai vu au cinéma. Mais j'ai enfin décidé avec ma tête de pioche d'essayer autre chose que Christian Bale + Nolan. Et ça donne American Psycho et The Machinist...

American Psycho

Vous connaissez Dexter? Ce policier expert des dépôts de sang dans la journée et tueur en série le reste du temps? Et bien il y a un peu d'American Psycho dans cet série. Prenez le générique par exemple qui joue sur le même délire faussement gore ou encore la dualité du personnage et son incapacité à ressentir la moindre empathie. Seulement la comparaison s'arrête là.

Le film de Mary Harron sorti en 2000, reprend en fait la trame d'un livre de Bret Easton Ellis. N'ayant pas lu le livre en question je me garderais bien sûr de juger de la qualité de l'adaptation. En revanche je peux vous dire ce que je pense du film. Christian Bale donne ses traits à Patrick Bateman. Pour reprendre une vanne d'un autre gamebloger, il est donc passé de Bateman à Batman...Bateman est un homme dont la vie n'est qu'apparence. Son ego et son sens du hype sont ce qu'il a de plus précieux. Tout doit être impressionnant et au top pour lui. Il s'entretient physiquement, il a une relation dont il se contrefout avec une femme de bonne société appelée Evelyn Williams (Reese Witherspoon) et il n'a que des costumes chics et un appartement hors de prix qu'il a largement les moyens de s'offrir grâce à son emploi de golden-boy à Wallstreet.

On pourrait croire qu'il n'est qu'un connard prétentieux dans un mode de vie qui lui convient, mais Bateman est bien plus que ça. Il a une très légère tendance à la psychose et au meurtre. Un pauvre clochard dans une ruelle...un coup de couteau règle le "problème". La hâche, la tronçonneuse, le couteau ou même un revolver. Il aime varié. On pourrait croire alors qu'il ne s'agit que d'un banal film gore. Pour moi il y a bien plus que ça dans American Psycho. Tout d'abord l'interprétation de Bale est juste fantastique et la direction d'acteur ainsi le script y sont pour beaucoup. La plupart du temps on comprend Bateman sans vraiment le comprendre. Les scènes sont sans cesse plus surréaliste les une que les autre mais surtout, le film est terriblement drôle.

Certaines scènes tiennent du pur génie. Il y a par exemple un passage où chaque collègue de Bateman montre sa nouvelle carte professionnelle. Ce moment est hilarant car il tient au fait que le personnage est choqué au plus profond de lui que quelqu'un d'autre puisse avoir une nouvelle carte professionnelle plus belle que la sienne...le visage de Bale à ce moment précis, suant et tremblant est juste priceless. On comprend parfaitement pourquoi il est affecté mais on ne comprend pas comment on peut être affecté par quelque chose d'aussi stupide. Le film tient alors beaucoup à ça. Les humeurs changeantes de Bateman, son imprévisibilité et sa capacité à sortir des répliques hallucinantes font tout le film. La critique musicale de l'album de Phil Collins avant et pendant une scène de triolisme par exemple, juste hors de propos et à mourir de rire.

Cette scène c'est juste n'importe quoi!

Bien sûr il y a également certaines scènes de meurtres souvent gores. Là encore Marry Harron a parfaitement su maîtriser son sujet pour en faire un élément comique à part entière sans jamais en venir au spoof. De plus les autres personnages donnent parfois le change. Personne ne sait vraiment ce que fait Bateman de sa vie quand il n'est pas en train de prétendre faire partie des hautes sphères de la société New-Yorkaise. Par conséquent le contraste entre leur attitude elle aussi prétentieuse mais simplement de surface et celle de Bateman prétentieux mais au plus profond de lui-même construit un peu plus le fossé de folie qui sépare Patrick Bateman des gens normaux.

Pour terminer sur ce film, la fin en plus se permet un très bon twist qu'évidemment je vous laisserais découvrir (si vous voulez en parler en commentaire n'oublier pas un SPOILER alert). Au final, je tiens à dire que c'est un fil assez hors du commun et parfaitement drôle sans être foncièrement une comédie (si ça fait sens pour quelqu'un). Il y a pas mal de violence, de sexe, mais le vrai attrait du film c'est Christian Bale qui est juste hallucinant. Pour faire une comparaison, il est pour moi dans la veine de Nicholson dans The Shining.

The Machinist

Suite à une interview paru à la sortie de The Dark Knight dans Première (oui j'ai une bonne mémoire) j'avais gardé à l'esprit un film dont Christian Bale parlait avec une certaine désillusion. La question qui lui était posée était simplement de savoir si le succès changeait quelque chose à sa satisfaction personnelle, ce à quoi l'acteur à répondu non, simplement parce que s'il devait juger ses prestation au nombre de personnes qui l'ont vu et apprécié il ne saurait pas quoi penser de certaines d'entre elles assez confidentielles. Ajoutant d'ailleurs que celle dont il était le plus fier était son rôle dans The Machinist.

J'ai retenu ce nom pendant deux ans et voilà qu'enfin je le vois. Alors première chose à savoir sur le film, c'est que Christian Bale a failli donner sa vie pour celui-ci. L'acteur à perdu 28 kilos pour incarner Trevor Reznik et si vous le connaissez un peu, vous savez que tout ce qu'il à perdre c'est du muscle. La transformation physique est impressionnante. Le film joue en partie d'ailleurs sur cette effet malsain que cet homme horriblement maigre peut nous inspirer. The Machinist raconte en fait l'histoire de cette homme qui en plus d'avoir un gros problème de nutrition est insomniaque. Il n'a pas dormi depuis...un an.

Evidemment la moindre personne un peu au courant du métabolisme humain saura  que les cellules du cerveaux meurent très rapidement après trois jours non stop d'éveil. Trevor ne dort pas vraiment. Il a des micro sommeil de quelques secondes, une minute tout au plus. Le film n'appui jamais sur le côté scientifique et de toute façon ce n'est pas le propos. Tout ce que l'on peut dire, c'est que sa vie ne ressemble pas à grand chose de réjouissant. Sa balance compte les livres qu'il perd jour après jour. Le dernier chiffre affiché est 119 pounds (54 kilos). Il travail malgré tout dans une usine comme manutentionnaire sur d'énormes machines. En dehors de ses collègue qu'il ne fréquente pas vraiment, sans pour autant être renfermé sur lui-même, il n'y a que deux personnes dans sa vie. La première est Stevie, une prostituée chez qui il passe beaucoup de temps, parfois seulement à parler et qui de toute évidence a fait de lui son client favori et Marie, sa serveuse au café de l'Aéroport. Malgré un certain vide et ces problèmes de poids et d'insomnie, sa vie a un quotidien qui suffit à le faire avancer. Jusqu'à la rencontre de l'étrange Ivan.

Le nouvel employé de la boîte qui se retrouve en permanence dans le chemin de Trevor voit son arrivée coïncider avec d'étranges phénomènes comme des post-it qui apparaissent chez lui collé sur son frigo, ou un accident à l'usine. Le rythme du film commence alors à s'intensifier. Attention, The Machinist ne repose pas sur une avalanche d'événements mais plutôt sur un rythme assez lent et une certaine paranoïa. Plus on avance et plus on nous donne les pièces d'un puzzle dont on a aucune idée de ce qu'il peut être. En fait il n'y a presque pas d'intrigue à proprement parler et c'est là que Brad Anderson est plutôt fort d'un point de vu mise en scène. Les couleurs rappellent Saw premier du nom et l'ambiance globale est loin de la fête de plage, mais étrangement Trevor ne semble pas être le gars particulièrement dérangé. Certes sa vie est foutraque et son corps d'une maigreur affolante, mais il ne semble pas au delà de ça avoir un vrai problème crucial. Pourtant on sent peu à peu la paranoïa qui le gagne, les signes de quelque chose d'important qui est en train de se jouer.

Encore une fois la fin est un twist. Pas forcément des plus ingénieux mais suffisamment inattendu et peu expliqué pour qu'on ne veuille pas en savoir plus. Comme pour American Psycho, The Machinist repose vraiment sur la performance incroyable de Christian Bale. Je ne parle même de sa perte de poids, mais simplement de son interprétation de ce personnage qui n'a pas de vie au final mais qui continu quand même. Le réalisateur a tout mené à la perfection. Le film joue sur son atmosphère, son personnage et une intrigue en filigrane pour parler de l'être humain et de ses travers. Sans entrer dans des détails intellectualistes, il faut le voir vraiment. C'est un thriller qui sort des sentiers battu. Il n'y a pas de meurtre, pas de menace, mais un quelque chose qui fait cogiter et ce perpétuel sentiment étrange à la vu du héros si chétif. Sincèrement un must-seen.

Avec ces deux films, je peux vraiment affirmer que Christian Bale est un acteur de génie et qui n'a pas seulement un talent de block-busters si bons soient-ils. American Psycho montre sa capacité à partir complètement en folie puis à redescendre sur des sujets extrêmement terre à terre. Il y a un vrai talent à la Jack Nicholson. The Machinist est certes un peu plus intimiste mais n'en ai pas moins un film qui se regarde très bien et qui à la fois une qualité visuelle et un propos très bien maîtrisé. Le film montre également le talent de Bale dans un registre nettement plus retenu et bien sûr son don d'adaptation physique, car entre Trevor Reznik et Patrick Bateman, il y a des kilos de muscles de différence. J'oublie également à chaque fois de le préciser pendant la critique mais l'ambiance sonore des deux films est géniale en particulier celle d'American Psycho qui est signée par John Cale. En tout cas c'est officiel je suis fan de Christian Bale.