Comme je le dis souvent, le cinéma c'est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber...bon okay c'est à mon ami Forest que je l'ai emprunté. La reprise d'une année normale va me donner moins de temps pour les jeux vidéo mais plus pour le cinéma (forcément des heures de jeux contre une heure trente de bobine). J'ai donc décidé de combler les ENORMES lacunes que j'ai dans ma culture cinématographique et j'ai commencer cet après-midi par le mindfucker The Usual Suspects qui m'a été conseillé il fut un temps lors d'un article sur ce genre de film (je vous y renvoie par ce lien!). Et là...

Déception. Oui ce sera surprenant pour certains, mais Bryan Singer ne m'a pas convaincu avec son thriller. Je vais quand même faire un commentaire un peu complet sur le film avant de mettre en avant ce qui m'a vraiment posé soucis. Avant de commencer je tiens à préciser que je risque de spoiler le film en long en large et probablement en travers, par conséquent toute personne qui n'a pas vu le film est invité à esquiver cette critique.

Spacey, t'es toujours plus malin qu'on veut nous le faire croire. Se7en, American Beauty, David Gale...

L'histoire part donc d'un braquage de camion...enfin non, il démarre sur un lendemain de fusillade meurtrière sur des quais. Deux survivants sur plus d'une vingtaine de personnes mises en causes. L'un, brûlé grave par le feu qui a ravagé le bateau lieu de l'échange de balles, est sur le point de rendre l'âme. L'autre...Verbal bien vivant, va nous expliquer les événements qui ont précédé cette fusillade. Et pour cela il revient bien en arrière au fameux braquage de camion qui a rassemblé une fine équipe. Cinq suspects habituels dans ce genre d'affaire...

Le premier truc qu'on remarque, c'est évidemment le casting d'enfer. Benicio Del Toro en jeune premier sûr de lui qui peine à sortir un anglais compréhensible (qui d'ailleurs m'a rappelé Brad Pitt dans Snatch), Stephen Baldwin (l'un des frangin de la famille la plus hollywoodienne qui soit) et surtout l'excellent Kevin Spacey. Même les acteurs inconnus pour mon bataillon comme Gabriel Byrne sont très bons dans leur rôle. Bryan Singer ou qui que soit le casteur, ne s'est pas trompé dans ses choix. Les dialogues sont du coup fluides, plutôt vulgaires et drôles ou assez mémorables pour la plupart. Cependant ce n'est pas pour ça que j'ai mis la galette dans mon lecteur. Si j'ai démarré le film c'est pour son légendaire «vous ne devinerez jamais la fin». Il n'y a qu'une chose à ajouter. Si un jour vous faites un film, ou que vous vous retrouvez à promouvoir un mindfucker, ne tentez jamais le diable parce que le spectateur va trouver la fin avant qu'elle n'arrive.

Keyser Söze, parce qu'il le vaut bien...qu'on est compris trop vite la fin.

Car oui à mi-parcours j'avais déjà une idée de ce que devait être la fin, mais la réalisation m'empêchait d'être formel sur mon intuition. Et c'est là que vient ma plus grosse plainte envers le film. Bryan Singer se fout de ma gueule depuis le début. Il ne me manipule pas, il triche. Le film tient son suspens sur l'identité du fameux Keyser Söze. Quand on connaît un peu la carrière de Spacey, on a l'habitude de le voir dans ce genre de rôle extrêmement intelligent et manipulateur. Par conséquent j'étais déjà sûr que «the man with the plan» était à l'origine de cette histoire sanglante avant qu'il ne le dise clairement. Mais le problème majeur, c'est que Singer l'a choisi pour raconter l'histoire et que par conséquent, le mec peut inventer ce qu'il veut on doit le croire sur parole. La fin perd donc toute impact. Il aurait pu nous dire qu'il avait découvert à cinq un virus japonais qui transforme les iguanes en Godzilla, on aurait du le croire. Je veux donc en venir au fait que le film est simplement trompeur et pas si minfuck que ça.

Je vais me référer à l'exemple suprême qu'est The Sixth Sense. Encore une fois, ceux qui n'auraient pas vu le film et qui n'ont pas été déjà spoilé devrait éviter ce paragraphe. La fin du film de Shymalan nous apprend que depuis le début, le personnage de Bruce Willis n'est en fait qu'un fantôme de plus que le jeune homme voit. Le retournement de situation est incroyable au premier visionnage. Seulement, si vous regardez de nouveau le film, vous constaterez qu'à aucun moment le réalisateur ne nous a floué. Chaque plan où apparaît Bruce Willis avec quelqu'un d'autre que le jeune Haley Joel Osment, il n'y a que des suggestions d'interactions mais jamais de vraies interactions. Par conséquent, au premier abord on n'y voit que du feu. Le deuxième visionnage nous permet de nous rendre compte qu'en réalité il n'y a pas d'interaction, pas d'échange et à ce moment précis, on sent que le réalisteur a simplement été très malin, en nous mettant sous les yeux le twist pendant tout le film sans qu'on puisse le déceler.

Le secret n'est pas si bien caché...c'est ce qui fait qu'on ne le cherche pas. Brillant.

Dans le cas de The Usual Suspects, la réalisation nous montre à plusieurs moments que clairement Verbal ne peut-être Keyser Söze. En fait je pense particulièrement à une séquence précise ou pour moi Singer a triché. Lorsque l'objectif de la fusillade est assassiné, on nous montre dans le même temps Verbal sur un ponton en train d'attendre. Au delà même de ce plan, je serais tenté de parler du moment où on a un constant zoom sur une zone pleine de cordes pendant que Dean Keaton (Gabriel Byrne) se fait abattre froidement. Alors certes le réalisateur à la malice de nous montrer un tas de cordes parmi lesquelles on ne voit rien, étant donné que Verbal/Keyser Söze est déjà sur le pont du bateau il ne peut pas être derrière en même temps; en revanche on nous montre clairement ce même Verbal en train de courir se planquer derrière les cordes qui apparaissent dans le plan suivant. Par conséquent même en ayant déjà l'intuition qu'il est le tueur, Singer nous met joyeusement un doigt dans le rectum en nous prouvant qu'il ne peut pas l'être pour finalement retourner sa veste dans les dernières minutes...

Ce plan sur les cordes m'a rendu fou!

On pourra me rétorquer à la rigueur que la séquence où Verbal se cache est raconté par le flic et non par Verbal en personne, mais cela n'enlève pas la séquence de meurtre de la cible (à travers un hublot) qui montre clairement qu'il ne peut-être le tueur de cette cible, chose encore une fois infirmé par le dernier retournement.

Au final, Usual Suspects à le mérite de faire cogiter un peu. J'ai revu les séquences qui me posaient souci immédiatement après histoire d'être bien certain qu'on s'était payé ma poire et surtout de ne pas accuser le réalisateur de tromperies sans raison. Malheureusement, je trouve l'excuse pour un tel twist assez pauvre au final. Le narrateur a simplement menti...mouais. Il reste quand même au film une bande sonore de très grande qualité composée par John Ottman (Kiss Kiss Bang Bang, Gothika) et des acteurs vraiment convaincants et très bien choisis. Mais il n'entre pas pour moi au panthéon des mindfuck où se côtoient Fight Club, The Others, The Sixth Sense et autre Shutter Island.