L'article rétro d'aujourd'hui porte encore sur un poids
lourd du jeu vidéo, mais plus précisément dans le domaine du RPG. Nous sommes
en 1998, et Squaresoft s'apprête à sortir un RPG philosophique complexe
qui deviendra plus tard une saga : Xenogears.

I'm Alpha and Omega, the beginning and the end, the first and the last

Apocalypse 22:13 du Nouveau Testament, voilà par quoi
commence l'intro du jeu. S'en suit une scène présentant le vaisseau Eldridge
qui subit apparemment une perte de contrôle suite a une sorte de virus. Le
commandant donne l'ordre de quitter le navire, mais en vain car l'ordinateur
détruit les vaisseaux de secours un a un avec ses propres canons. N'ayant plus
d'espoir, le commandant engage donc l'autodestruction de l'Eldridge. Celui-ci
se crash sur une planète avoisinante, et parmi les débris, une femme se relève.
Elle est nue, et possède une très longue chevelure mauve.

Le jeu reprend par la suite dans un village nommé Lahan,
où un jeune homme amnésique du nom de Fei, qui a été amené quelques années plus
tôt en piteux états, s'apprête à célébrer le mariage de ses deux meilleurs
amis. Un soir de retour d'un bon repas dans la cité voisine, il voit débarquer
plusieurs Gears (robots de combat) qui engagent un combat. Lorsqu'il rentre
dans le cockpit de l'un d'eux qui n'a plus de pilote, il se met à le contrôler
précisément, et suite a une série de flash à cause de la mort en direct de son
ami, il réduit à néant le village dans une gigantesque explosion. Evidement,
lorsqu'il revient à lui, il se fait bannir par les survivants de son village.

Et nous voilà ainsi parti pour
une 50aine d'heures de jeu, dont le scénario, qui est a coup sur le plus
gros point fort du jeu
, nous émerveilleras de sa richesse.

Tetsuya Takahashi (FFVI, FFVII, Chrono, Parasite Eve,
etc...) signe ici sa première licence personnelle dont il a écrit le script dans
une minutie absolue. Directement inspiré par la philosophie contemporaine de
Freud, Nietzsche, Freud, Jung et cie, il créé un scénario d'une richesse
incroyable, terriblement complexe
, et dont les thèmes abordés en font un succès
au japon.

Il faut
savoir que rien n'a été fait au hasard. Chaque personnage, principal ou
secondaire, a son background très fouillé. Les rebondissements incessants, et
grâce à une mise en scène calculée au poil de fesse, nous forcent à tenter de
percer le mystère du scénario en vain.

Même si c'est correct pour l'époque, les graphismes sont
très loin d'égaler la surpuissance des musiques misent en scène. Yasunori
Mitsuda (Chrono Trigger, Chrono Cross) compose ici l'une des meilleurs œuvres
de sa carrière
. A tel point que vous allez vous surprendre à vous arrêter
pendant le jeu, uniquement pour écouter la mélodie. La présence des chœurs a
plusieurs reprises ajoute un coté poignant dont on est vraiment sous le charme.Une OST a écouter absolument !

Concernant son système de combat
ATB en tour par tour
, son originalité réside dans son attaque. Votre personnage
possède un certain nombre de point, et vous avez trois coups différents à
utiliser avec la manette. Un coup léger, moyen et fort, dont les nombres de
points requis varient en fonction de la puissance, ce vous obligera à choisir
les enchaînements et les attaques spéciales du personnage à bon escient.
Vous avez aussi la possibilité de
monter dans un gears, où vous utiliserez un système de réservoir, plutôt que
des points d'action, et vous ne ferez qu'une seule attaque, sauf si vous
économisez le coup pour faire une attaque spéciale au tour suivant, mais le
principe reste globalement le même. 

 

L'anecdote du jeu, c'est que le budget alloué à été trop
rapidement utilisé. Et cela se ressent à partir du CD2, où des donjons, des
gears, et la plupart des quêtes annexes ont été supprimés. Malheureusement, Squaresoft
qui n'avait aucune certitude sur l'accueil et le succès du titre, n'a pas
engagé d'enveloppe supplémentaire. Ce qui entacha l'épisode qui se voulait êtrele 5eme d'une saga de 6 opus, et qui créa une tension entre le studio et
Takahashi qui finira par carrément partir avec son équipe pour fonder son
propre studio, Monolith Software, et enfin commencé son œuvre comme il avait
toujours voulu le faire : Xenosaga !

Je finirai en vous proposant de lire un artbook
particulièrement soigné sur ce jeu : « Xenogears Perfect
Works
 ». Ces 300 pages d'une qualité supérieure vont vous présenter en
profondeur les planètes, les religions, les schémas précis des personnages et
des gears, etc...
Ultra
complet, cet ouvrage a demandé quatre mois de travail à un courageux afin de le
traduire le plus précisément possible pour en ressortir toute la richesse de
leur travail. A lire ici

Images : Xenogears, SquareSoft / Screenshots, SquareSoft / Perfect
Works, DigiCube / XenoSaga