Elle a fait la bonne fortune de Nintendo pendant 15 ans. Sony s'empressa de copier cette heureuse stratégie pour asseoir la domination de ses deux premières consoles. L'explosion des budgets de développement suivie de l'émiettement de l'offre logicielle (DLC) pousseront Microsoft à l'appliquer avec une durée limitée. Elle, c'est l'exclusivité, le privilège, l'apanage des constructeurs en quête de critères de différenciation concurrentielle. Qu'elle soit arrachée à un éditeur à plusieurs millions d'euros (les contenus additionnels de GTA IV) ou le fruit d'un heureux hasard (GTA III sur PStwo), cette onéreuse stratégie semble avoir trouvé ses limites d'après Adam Boyes, vice-président du pôle relation éditeur/développeur au sein du groupe Sony.
 
Chahuté par Microsoft sur la génération sortante, Sony envisage de resserrer à nouveau la vis sur PlayStation 4. Et pour cause, cette stratégie est très impopulaire auprès de la communauté des petits studios indépendants. Ils sont d'ordinaire hostiles à toutes sortes de rouages appliqués à contrôler en sous-main leur ligne éditoriale, un recentrage forcé en faveur d'un constructeur provoquerait automatiquement une levée de boucliers. Lors de son grand oral à l'IndieCade, un colloque dédié à la scène indé, Adam Boyes a fait acte de contrition calculée : "les exclusivités sont juste un moyen pour un constructeur de gonfler le torse. En définitive, personne ne gagne à signer une exclusivité permanente".
 
Signe de la fin d'une pratique anti-concurrentielle ? En leur temps, Sega, Atari réglaient au tribunal cette politique confiscatoire emmenée par un Nintendo ivre de puissance. Aujourd'hui Sony se conforte dans la nuance quand Microsoft verse dans le spectaculaire (1 milliard pour sécuriser sa priorité éditoriale sur celle de son adversaire). Deux logiques opposées en apparence. Fort de ses treize studios internes, le constructeur japonais est en mesure de s'offrir une gamme de titres exclusifs.
 
Ce stratagème est donc loin de disparaître.